Informations principales
Sir Roy Forbes Harrod est un économiste anglais, né le 13 février 1900 à Londres, en Angleterre et mort le 8 mars 1978 à Holt, dans le même pays.
Il a fait ses études à l’Université d’Oxford, avant d’y devenir professeur. Il a ensuite rejoint l’Université de Cambridge où il a fait la connaissance de John Maynard Keynes.
Harrod est rattaché au courant post-keynésien, école de pensée apparue dans les années 1930 et qui se présente comme le courant le plus proche des idées originales de John Maynard Keynes.
Il a publié des travaux d’une grande variété, en explorant et étudiant divers aspects de la science économique. Une partie importante de ses travaux traite de l’analyse de la croissance économique, mais il a aussi réalisé des recherches sur la monnaie et l’inflation. De plus, il a réalisé de nombreux travaux sur la théorie de la connaissance et sur le sujet de la mémoire. Enfin, Harrod a également contribué à la microéconomie, et plus particulièrement sur les sujets de la concurrence et de l'équilibre du producteur.
Il a acquis une certaine notoriété grâce au développement, avec son confrère Evsey Domar, du Modèle de Harrod-Domar, modèle économique qui explique la croissance économique de manière formalisée. Ce modèle étudie notamment les conditions d’une croissance équilibrée sur le long terme.
Par ailleurs, au-delà de ses activités économiques, il a participé à la vie politique anglaise, en tant que conseiller de Winston Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale, puis de Harold Macmillan, Premier Ministre conservateur entre 1957 et 1963.
Le Modèle de Harrod-Domar
Le Modèle Harrod-Domar est un modèle économique qui apporte des explications à la croissance économique, et cela de manière formalisée (par exemple grâce à l’usage des mathématiques). Il est considéré comme l’un des ancêtres des modèles de la théorie de la croissance exogène (c’est-à-dire qui cherche à expliquer la croissance économique par des variables externes au système économique lui-même) et il a ouvert la voie aux modèles modernes de la croissance, et plus spécifiquement au modèle de Solow.
Le Modèle Harrod-Domar s’inscrit dans une logique keynésienne, ce qui implique qu’il considère que l’économie est instable, et que la croissance a tendance à ralentir à cause d’une insuffisance du facteur capital par rapport au facteur travail. Ce modèle incite donc les décideurs publics (et notamment l’État) à soutenir l’épargne et par prolongement, l’investissement.
Alors que les travaux keynésiens originaux se concentraient sur le court terme, ce modèle adapte partiellement la Théorie générale de John Maynard Keynes au long terme.
Il cherche à expliquer la croissance économique en se basant à la fois sur la croissance exogène et sur la croissance endogène. En effet, la production est créée par le facteur travail et par le facteur capital, or le taux de croissance démographique (faisant partie du facteur travail) est considéré comme exogène au modèle, et le facteur capital est considéré comme endogène, car basé sur une fonction d’épargne de la population et sur le ratio capital-production.
Ce modèle affirme que la production se fait avec des facteurs complémentaires, ce qui implique qu’il faut, en même temps, du capital et du travail pour que la machine capitaliste fonctionne. Étant donné que la croissance démographique est considérée comme exogène (c’est-à-dire qu’elle n’est pas déterminée par le modèle), arriver au plein-emploi nécessite d’avoir une augmentation du stock du capital au même rythme que la croissance démographique en question pour que toute la force de travail soit employée. Si ce n’est pas le cas, alors cela engendre une augmentation du chômage. À l’inverse, si le stock de capital progresse plus rapidement que la croissance démographique, alors une partie des capacités de production ne sera pas utilisée, à cause d’un manque de main-d’œuvre.
Dans la mesure où le facteur travail et le facteur capital sont déterminés indépendamment l’un de l’autre, l’équilibre de plein-emploi des facteurs de production ne peut qu’être le résultat d’une coïncidence bienvenue. Selon ce modèle et ses deux auteurs, il n’y a aucun moteur au sein du système capitaliste qui permet d’assurer un équilibre permanent entre les deux facteurs. Ils arrivent donc à la conclusion que le modèle fait ressortir le caractère instable de la croissance économique, aussi nommée par le terme de croissance déséquilibrée.
Pour Harrod et Domar, la déduction de ce modèle est qu’une intervention publique (de l’État par exemple) est nécessaire. En effet, quand le ratio entre le capital et le travail passe sous un certain seuil, la politique économique la plus favorable pour la croissance sera celle qui favorise l’épargne, et donc par prolongement, l’investissement.
La théorie de la connaissance
Roy Forbes Harrod a étudié la théorie de la connaissance, qui est la branche de la philosophie qui étudie la nature de la connaissance, ainsi que sa relation avec le monde. Il a principalement exposé ses réflexions dans un livre qu’il a publié en 1956, intitulé The Foundations of Inductive Logic.
Dans cet ouvrage, Harrod contredit les arguments du philosophe et économiste écossais David Hume qui critique l’induction comme mode de connaissance. L’induction est une opération qui consiste à passer des observations à une proposition qui en rend compte.
Selon David Hume, l’observation de cas particuliers n’implique pas que l’on peut déboucher sur l’énoncé d’une proposition générale. Par exemple, il n’est pas possible de conclure, sous prétexte qu’on a vu uniquement des cygnes blancs, que tous les cygnes sont blancs. Harrod remet en cause le scepticisme de Hume, qui critique l’induction, en mettant en avant ce qu’il appelle le “principe de l’expérience”. Selon ce dernier, il y a de fortes probabilités que des événements qui se sont produits un grand nombre de fois se reproduisent encore à l’avenir.
C’est sur la base de ce raisonnement que Harrod justifiait, grâce à l’utilisation des probabilités, l’expérience qu’il voulait le fondement des théories de la connaissance, ce qui a forcément eu un impact sur l’ensemble de ses travaux.