Budget 2025 : que contient-il vraiment ?

 

Budget 2025 : que contient-il vraiment ?
Budget 2025 : que contient-il vraiment ?

 

Le budget 2025 de la France s’inscrit dans un contexte budgétaire et politique particulièrement tendu. Avec un déficit public toujours au-dessus des 5 % du PIB (Produit Intérieur Brut) et une dette dépassant les 115 %, la nécessité de redresser les comptes publics est devenue un impératif pour le gouvernement. Face aux oppositions et à l’impossibilité de trouver une majorité à l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a une nouvelle fois eu recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter ce projet de loi de finances sans vote. Ce passage en force a provoqué de vives réactions dans l’hémicycle et dans l’opinion publique, ce qui a cristallisé encore davantage les tensions autour de la politique budgétaire du gouvernement. Après des négociations avec les oppositions et des concessions, celles-ci ont décidé, majoritairement, de ne pas voter les motions de censure déposées. Après des semaines de retard, le budget pour 2025 a enfin été définitivement adopté.

L’objectif de ce budget est clair, puisqu’il prévoit de réduire le déficit public à 5,4 % (contre 6,1 % en 2024), tout en maintenant le financement des priorités régaliennes de l’État. Pour y parvenir, l’exécutif a opté pour une combinaison de mesures, à savoir la diminution des dépenses publiques dans plusieurs secteurs et l’augmentation ciblée des recettes fiscales, notamment pour les entreprises et les ménages les plus aisés. Certaines prestations sociales seront ajustées comme celles pour l’apprentissage, tandis que les collectivités locales devront, elles aussi, participer à l’effort budgétaire. En parallèle, le gouvernement met en avant la nécessité de préserver les moyens des forces de l’ordre, de la justice et de la défense, au vu du contexte international incertain. Le pouvoir d’achat des Français est aussi relativement épargné avec la revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu et des retraites sur l’inflation.

Mais ces choix budgétaires ne font pas l’unanimité. Si l’exécutif défend un budget de responsabilité, l’opposition dénonce des coupes qui risquent d’affecter la qualité des services publics, le quotidien des Français et la compétitivité des entreprises. Ces dernières s’inquiètent des nouvelles taxes mises en place pour accroître les recettes de l’État, les jugeant trop pénalisantes, voire même facteurs de délocalisation. Les économistes quant à eux s’interrogent sur l’impact de ces mesures sur la croissance, les entreprises et le pouvoir d’achat. Des mesures d’économies trop radicales pourraient en effet pénaliser la croissance.

Le but de cet article est d’abord de voir dans quelles conditions s’est inscrit ce budget, avant d’examiner les principales mesures adoptées, autant en ce qui concerne les économies réalisées, que les recettes supplémentaires générées. Enfin, nous verrons les perspectives à plus long terme pour les finances publiques françaises et le rôle que joue l’Union européenne.

 

Un budget sous contrainte : la nécessité de réduire le déficit public

Le budget 2025 de la France s’inscrit dans un contexte économique marqué par une forte contrainte budgétaire. Après plusieurs années de déficit public élevé, la nécessité de rétablir l’équilibre des finances publiques est devenue une priorité pour le gouvernement. En 2024, le déficit public a atteint un niveau préoccupant, à plus de 6 %, ce qui représente une part significative du produit intérieur brut (PIB). Cette situation s’explique par une augmentation des dépenses publiques, en partie liée aux mesures exceptionnelles prises ces dernières années et non clôturées, par les crises encore de cours, par les projections financières des années précédentes mal réalisées, ainsi que par une croissance économique insuffisante pour générer des recettes fiscales à la hauteur des besoins de l’État.

Face à ces défis, le gouvernement vise une trajectoire de réduction du déficit public, avec l’objectif de le ramener à 5,4 % du PIB en 2025 (et une dette à 115,5 % du PIB). Cet effort s’inscrit dans une dynamique plus large, qui vise à respecter les engagements européens en matière de finances publiques. En effet, la France est sous surveillance des institutions européennes, qui appellent à une réduction progressive des déficits afin de garantir la stabilité économique de la zone euro. Le retour sous le seuil des 3 % du PIB, fixé par les règles européennes, demeure un horizon encore lointain, prévu dans les projections pour 2029, mais cette première étape est jugée essentielle pour éviter une perte de crédibilité financière. Le déficit de l’État s’élèverait tout de même encore, en 2025, à 139 milliards d’euros.

Cette volonté de redressement budgétaire impose des choix difficiles. Le gouvernement a dû arbitrer entre la nécessité de maîtriser les dépenses publiques et celle de maintenir un niveau de service satisfaisant pour les citoyens, sans négliger la croissance et le pouvoir d’achat. Ainsi, le projet de loi de finances pour 2025 repose sur une combinaison de mesures qui visent à limiter les dépenses, tout en augmentant certaines recettes fiscales. Cette approche vise à contenir la dette publique, dont la progression constitue une préoccupation majeure pour les économistes et les marchés financiers. Une dette trop élevée pourrait en effet entraîner une hausse des taux d’intérêt et donc réduire la capacité de l’État à financer de futurs investissements stratégiques, sans parler du coût actuel des intérêts qui se monte à plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Il s’agit également d’une question de souveraineté, dans la mesure où une grande partie de la dette publique française est détenue, et encore aujourd’hui souscrite, par des investisseurs internationaux. S’ils perdent un jour confiance en la capacité financière de la France, cela générerait de gros problèmes à notre pays pour financer son déficit et le renouvellement de sa dette. Cela imposerait à la France des mesures drastiques et difficiles, si bien sûr cela arrive et que rien n’est fait avant, ce qui ne semble pas être le cas au vu de ce budget.

Ce cadre budgétaire contraint a suscité d’intenses débats au sein de la classe politique et de la société civile. Certains estiment que les efforts demandés sont nécessaires pour garantir la viabilité économique du pays à long terme, tandis que d’autres craignent que ces restrictions n’affectent la croissance, le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises.

Après de vifs débats parlementaires et un contexte politique particulièrement tendu, le budget 2025 a finalement été adopté par le biais de l’article 49.3 de la Constitution. Le Premier ministre François Bayrou a engagé la responsabilité de son gouvernement pour faire passer ce texte sans vote, faute de majorité suffisante à l’Assemblée nationale. Ce recours, bien que constitutionnel, a alimenté les tensions démocratiques et suscité de nombreuses critiques de l’opposition, qui y voit une négation du débat parlementaire. Les motions de censure déposées n’ont finalement pas été adoptées, grâce à l’abstention du Parti Socialiste (PS) et du Rassemblement National (RN).

Le budget 2025 marque ainsi une étape cruciale dans la politique économique du gouvernement, qui doit jongler entre discipline budgétaire et impératif de justice sociale.

 

Les principales mesures du budget 2025

Sur le fond, ce budget s’inscrit dans une double contrainte, à savoir celle de réduire le déficit public, tout en maintenant des dépenses jugées essentielles. Le gouvernement a donc élaboré un ensemble de mesures qui combine des économies budgétaires et des hausses de recettes fiscales pour un montant total de 50 milliards d’euros. Si certaines décisions visent à maîtriser la dépense publique, d’autres reposent sur une contribution accrue de certains contribuables et des entreprises. L’ensemble de ces mesures repose sur plusieurs grands axes : une réduction des dépenses publiques, une augmentation des recettes fiscales, un soutien aux missions régaliennes et des prestations sociales généralement maintenues.

Par ailleurs, la croissance économique prévue dans le budget pour 2025 s’élève à 0,9 %, avec une inflation 1,8 %. Ces données sont importantes, puisque la croissance représente la création de richesse supplémentaire. Le niveau de l’inflation est déterminant pour les barèmes de l’impôt sur le revenu ou pour les aides sociales.

 

La réduction des dépenses publiques

Plusieurs ministères devront ajuster leurs dépenses en fonction des priorités définies par l’exécutif. Certaines subventions et aides publiques seront réexaminées afin de mieux cibler les dispositifs les plus efficaces. L’objectif est de contenir la progression des dépenses tout en préservant les services essentiels.

Comme en 2024, l’enseignement scolaire est le premier poste budgétaire de l’État, avec au total 88,6 milliards d’euros de crédit de paiement (contre 86,8 en 2024), qui prennent en compte les contributions aux pensions de l’État. Dans le détail, 27,4 milliards d’euros seront consacrés à l’enseignement public de premier degré et 39,4 milliards au second degré. Le privé (premier et second degrés confondus) est lui financé à hauteur de 8,9 milliards d’euros.

La suppression de 4 000 postes dans l’éducation nationale, proposée à l’automne par le gouvernement Barnier, ne figure pas dans la version finale du budget.

De plus, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche va s’élever à 26,7 milliards d’euros pour 2025. Au total, en prenant en compte les contributions aux pensions de l’État et malgré l’inflation, le total atteint 30,9 milliards d’euros en 2025, contre 31,8 milliards d’euros en 2024, soit une baisse d’environ 1 milliard d’euros.

Créée en 1983 et désormais première niche fiscale de France pour les entreprises, le Crédit d’impôt recherche (CIR) permet aux entreprises de défiscaliser une grande partie de leurs dépenses de recherche et développement. Il a coûté à l’État 7,7 milliards d’euros en 2024. La version finale du budget resserre les dépenses éligibles et supprime certaines dispositions. Les activités liées à la veille technologique et aux brevets sortent ainsi du champ des dépenses éligibles à ce crédit d’impôt. Il y a également la suppression du dispositif “jeunes docteurs”, qui permettait de doubler la déclaration de rémunération des docteurs fraîchement diplômés. L’ensemble de ces mesures diminuent le coût de ce dispositif de 400 millions d’euros, dont la moitié pour les start-up.

Dans le prolongement du CIR, le Crédit d’impôt innovation (CII), dont la suppression était prévue, est finalement maintenu jusqu’au 31 décembre 2027. Néanmoins, son taux passe de 30 % à 20 %, ce qui pourrait diminuer son nombre de bénéficiaires par deux. Réservé aux entreprises de moins de 250 salariés, ce crédit d’impôt concerne les coûts liés à la construction de “prototypes et installation de pilotes pour de nouveaux produits”. La réduction du taux du CII devrait faire économiser environ 100 millions d’euros à l’État.

Toujours en matière d’investissement, la coupe budgétaire la plus lourde concerne le plan d’investissement France 2030, dévoilé en 2021 et doté de 54 milliards d’euros sur cinq ans, qui se retrouve amputé de 2 milliards d’euros. Le gouvernement a indiqué que le plan allait s’étaler à hauteur de 5 milliards d’euros annuels jusqu’en 2027, plutôt que de concentrer les crédits sur 2025 et 2026.

Le budget de la transition écologique est aussi concerné, puisque les dépenses liées à l’écologie vont reculer de près de 14 %, passant de 24 milliards d’euros à 21 milliards d’euros. Le Fonds Vert est notamment réduit de 2,5 à 1,1 milliards d’euros.

Le budget consacré à MaPrimeRénov’, l’un des principaux dispositifs de soutien de l’État à la rénovation énergétique, baisse lui aussi de 3,1 à 2,1 milliards d’euros, montant qui était celui de 2023. Le gouvernement a précisé que malgré les apparences, le dispositif MaPrimeRénov’ n’avait pas été raboté puisque les paramètres d’attribution des aides ne changent pas. De plus, les réserves de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) pourront être mobilisées.

En baisse de 150 millions d’euros, le budget de la culture se retrouve à 4,45 milliards d’euros. À part les montants pour la création culturelle, les montants alloués au patrimoine, à la “transmission des savoirs et la démocratisation de la culture” et le Pass culture voient leur budget diminuer. Il est à noter que les collectivités territoriales dépensent généralement deux fois plus que l’État dans le secteur de la culture. Au-delà de ces dispositifs, l’audiovisuel public recevra moins d’argent, puisque le budget pour France Télévisions et Radio France va baisser. Ces deux entreprises, mais aussi France Médias Monde (France 24, RFI, MCD), ont déjà terminé 2024 dans le rouge, ce qui risque de compliquer encore davantage la situation.

Le budget alloué au sport est également en baisse par rapport à 2024, pour un montant de 108 millions d’euros. Au total, la « mission sport » du ministère dispose d’un budget de 593 millions d’euros, contre 775 millions en 2024. Il faut y ajouter les crédits issus des « taxes affectées », soit près de 240 millions d’euros en 2025, en hausse par rapport à 2024 (+74 millions). En outre, une ligne de 9,2 millions d’euros a été inscrite pour préparer l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises.

Une baisse de 89 millions d’euros va toucher plusieurs programmes destinés à la jeunesse et à la vie associative, dont le service national universel (SNU), mais aussi le service civique ou encore les vacances apprenantes. Ce choix budgétaire résulte notamment de l’opposition de nombreux députés au SNU, décrié depuis sa création en 2019 pour son coût élevé et son succès très relatif auprès des jeunes.

Les aides à l’apprentissage, quant à elles, sont réduites à 5 000 euros pour les PME et 2 000 euros pour les entreprises plus grandes, au lieu des 6 000 euros pour toutes. L’État espère réaliser 1,2 milliard d’euros d’économies grâce à ce recentrage.

Les parlementaires ont décidé de geler les crédits de l’aide médicale d’État (AME) à destination des sans-papiers, que le gouvernement Bayrou prévoyait d’augmenter de 9 % en 2025, en raison de l’inflation et de la hausse attendue du nombre de bénéficiaires.

Cette coupe, décidée sous l’impulsion de la droite, ne s’accompagne toutefois d’aucun durcissement des conditions d’accès, ni de plafond contraignant de dépenses.

L’aide au développement est amputée de plus de 2 milliards d’euros, soit près de 40 % de baisse. Comme prévu dans la première version du projet de loi, le budget 2025 acte aussi la fin de l’affectation automatique à l’aide au développement d’une partie des taxes sur les transactions financières et du tarif de solidarité sur les billets d’avion.

Enfin, la réforme de la gestion des finances publiques s’accompagne d’un encadrement plus strict des dépenses locales et d’un contrôle renforcé sur les finances des collectivités territoriales. Ces dernières seront incitées à participer à l’effort de réduction du déficit à travers une modération de leurs budgets et une meilleure optimisation des ressources existantes. Le budget prévoit une diminution de 2,2 milliards d’euros des dotations aux collectivités locales, à travers une augmentation des prélèvements de l’État sur leurs recettes.

Pour les travailleurs de la fonction publique d’une manière générale, le taux d’indemnisation des arrêts maladie a été réduit à 90 %, au lieu de 100 %. Cela signifie que, durant leur arrêt maladie, les agents ne percevront plus 100 % de leur rémunération, mais 90 %, sauf en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. Cela est censé rapporter 900 millions d’euros en 2025.

Il est également prévu qu’il n’y ait aucune augmentation générale des salaires des fonctionnaires en 2025. Une revalorisation du point d’indice, qui sert de base au calcul des salaires dans la fonction publique, aurait, selon le gouvernement, représenté un coût d’environ 3 milliards d’euros pour l’État.

Avec ces nombreuses mesures, le gouvernement espère réduire significativement le poids des dépenses publiques dans l’économie française. Toutefois, ces choix budgétaires suscitent des critiques. En effet, certains craignent qu’ils n’affectent la qualité des services publics et ne pèsent sur la croissance à moyen terme.

 

L’augmentation des recettes fiscales

Pour atteindre ses objectifs de réduction du déficit public, le gouvernement a également mis en place des mesures qui visent à augmenter les recettes fiscales. Le budget 2025 prévoit ainsi une hausse des impôts de plusieurs dizaines de milliards d’euros, ciblant principalement les ménages les plus aisés et les grandes entreprises.

Les grandes entreprises vont être particulièrement concernées avec une surtaxe exceptionnelle sur leurs bénéfices. En fonction de leur chiffre d’affaires, l’impôt sur les sociétés (IS) sera majoré de 20,6 % ou de 41,2 %. Pour un groupe comme LVMH, leader mondial du luxe, qui annonce payer 2,3 milliards d’euros d’IS, cela pourrait représenter un surcoût de 900 millions d’euros, ce qui a motivé la colère qu’a exprimée son patron Bernard Arnault. Cette surtaxe temporaire devrait concerner quelque 440 groupes dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard d’euros. Elle doit rapporter 7,8 milliards d’euros aux finances publiques en 2025, avant de disparaître en 2026.

De nombreux PDG de grandes entreprises ont protesté, expliquant que cela risquait de plomber la compétitivité de la France et d’inciter à la délocalisation.

Le budget prévoit d’instaurer pour 2025 une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises de fret maritime, qui doit rapporter 500 millions d’euros l’an prochain. Cependant, cette taxe ne s’appliquera qu’à l’entreprise CMA CGM, seule entreprise de ce secteur à dépasser le seuil de chiffre d’affaires d’un milliard d’euros prévu. Elle aussi ne devrait s’appliquer qu’une seule année et disparaître en 2026.

Une taxe sur les rachats d’actions est aussi prévue. Elle avait été initialement prévue par le gouvernement de Michel Barnier et finalement conservée. Le rachat d’actions consiste pour une entreprise cotée en Bourse à racheter ses propres actions pour les retirer du marché, ce qui accroît mécaniquement les parts de ses actionnaires et permet de les rémunérer indirectement, sans passer par des dividendes. Cette nouvelle taxe devrait rapporter 400 millions d’euros à l’État en 2025.

La taxe sur les transactions financières, aussi appelée Taxe Tobin du nom de son auteur, qui frappe les achats d’actions des grandes entreprises françaises cotées, est alourdie. Son taux va augmenter de 0,3 % à 0,4 % au 1er avril, ce qui devrait rapporter environ 600 millions d’euros supplémentaires par an.

La cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) est un impôt de production très critiqué par le patronat, qui concerne toutes les entreprises assujetties à la cotisation foncière des entreprises (CFE) et qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 500 000 euros. Sa suppression progressive, qui avait été votée, est finalement reportée de 2027 à 2030.

Sauf que, faute de vote du budget 2025 dans les temps, la baisse prévue du taux de la CVAE au 1er janvier était déjà entrée en vigueur. Plutôt que de revenir dessus de manière rétroactive, les parlementaires ont adopté une “contribution complémentaire”, dont l’objectif est d’annuler les effets de la baisse entamée. Au final, la CVAE devrait rapporter 4,24 milliards d’euros en 2025.

Parmi les mesures phares, il y a aussi l’instauration d’une contribution exceptionnelle pour les hauts revenus. Une surtaxe temporaire est instaurée pour les foyers dont le revenu fiscal de référence dépasse 250 000 euros pour une personne seule (et 500 000 euros pour un couple), qui vise à rapporter 1,87 milliard d’euros en 2025. L’objectif est de solliciter une participation accrue des ménages les plus aisés à l’effort national de redressement des finances publiques. Elle est d’ailleurs qualifiée “d’anti-optimisation fiscale”.

Concernant les autoentrepreneurs, il est prévu un abaissement du seuil d’exemption de TVA. Le plafond de chiffre d’affaires pour être exonéré de TVA est abaissé de 37 500 à 25 000 euros, ce qui va en impacter nombre d’entre eux. Face aux nombreuses protestations, le ministère de l’économie a toutefois annoncé, le 6 février 2025, suspendre la réforme le temps d’une consultation avec les parties prenantes concernées. La Fédération nationale des autoentrepreneurs avait alerté que 250 000 autoentrepreneurs supplémentaires allaient devoir collecter la TVA sur leurs prestations, ce qui est source de complexité pour eux. Cette mesure a été vue par les parlementaires comme un moyen de simplifier le système et de lutter contre les distorsions de concurrence, au détriment des PME et des autres entreprises européennes.

La taxe sur les billets d’avion, aussi appelée Taxe Chirac, du nom du Président qui l’a instaurée, est augmentée, avec de nouvelles catégories de vols surtaxées, notamment les destinations lointaines et l’aviation d’affaires. Le produit de cette taxe devrait passer de 460 millions d’euros en 2024 à près de 1 milliard en 2025. Elle devrait par exemple passer de 2,63 euros à 7,40 euros pour des destinations européennes en classe économique, et de 7,50 à 40 euros pour les destinations lointaines.

Le budget pour 2025 prévoit également que les départements qui le souhaitent peuvent relever le plafond des taxes sur les transactions immobilières, ou droits de mutation, de 0,5 point, sauf pour les primo-accédants. Les régions peuvent prélever sur les entreprises un “versement mobilité” jusqu’à 0,15 % pour financer les transports collectifs.

Concernant la fiscalité écologique, il est prévu que le malus auto soit renforcé à partir du 1er mars. La surtaxe se déclenchera quand le niveau d’émission de CO2 sera supérieur ou égal à 113 grammes par kilomètre, contre 118 aujourd’hui. Et pour les particuliers qui prévoient d’installer une chaudière à gaz, le taux de la TVA pour l’installation passera à 20 %, de même que le taux de TVA sur les abonnements de gaz (comme l’électricité), en raison de la réglementation européenne.

Par ailleurs, maintenant que l’État détient à 100 % l’entreprise EDF, il lui a demandé de lui verser un dividende exceptionnel de 2 milliards d’euros. Le gouvernement a préféré un dividende exceptionnel, plutôt que d’imposer une nouvelle taxe.

 

Le soutien aux missions régaliennes

Malgré les efforts de réduction des dépenses publiques, le budget 2025 prévoit une augmentation significative des crédits alloués aux missions régaliennes de l’État, ce qui reflète la priorité accordée à la sécurité, à la justice et à la défense. Cette orientation vise à renforcer les capacités opérationnelles des services essentiels, tout en répondant aux nombreux défis en matière de sécurité intérieure et extérieure.

Ainsi, le budget de la sécurité profite d’une hausse de ses crédits. En effet, le ministère de l’Intérieur voit ses crédits augmenter de 2,7 %, pour atteindre 26 milliards d’euros. Cet argent est destiné à financer les missions de la police, de la gendarmerie et de la sécurité civile.

L’armée, quant à elle, à travers le Ministère des Armées, bénéficie d’une hausse de 3,3 milliards d’euros, à plus de 50 milliards d’euros, conformément à la trajectoire définie par la loi de programmation militaire. Cette augmentation vise à moderniser les équipements, améliorer les conditions de vie des militaires et renforcer les capacités de cyberdéfense.

Le budget de la justice est lui aussi épargné par les efforts d’économies, puisqu’il va bénéficier d’une hausse de 400 millions d’euros, pour atteindre 10,5 milliards d’euros, conformément aux engagements de la loi de programmation de la justice votée en 2023. Cette hausse doit notamment permettre de financer le recrutement de 1600 agents supplémentaires en 2025.

En dépit des contraintes budgétaires, ces augmentations traduisent la volonté du gouvernement de préserver et de renforcer les fonctions régaliennes de l’État, considérées comme essentielles au bon fonctionnement de la société et à la protection des citoyens.

Par ailleurs, le budget des Outre-mer a été revalorisé à 3 milliards d’euros pour répondre notamment à l’impératif de la reconstruction de Mayotte. Ainsi, une nouvelle enveloppe de 100 millions d’euros a été adoptée pour cette île dévastée par le cyclone Chido, essentiellement pour couvrir de premiers besoins dans la reconstruction. Une loi d’urgence pour l’archipel, avec des mesures immobilières et sociales, est en parallèle examinée au Parlement. Une enveloppe de 200 millions d’euros pour la Nouvelle-Calédonie a également été adoptée pour faire face aux conséquences sociales et aux dégâts qu’a connus l’île ces derniers temps.

 

Des mesures pour protéger le pouvoir d’achat et des prestations sociales préservées

Dans le cadre du budget 2025, le gouvernement a aussi pris des mesures pour préserver le pouvoir d’achat des Français

Afin de tenir compte de l’inflation, les tranches du barème de l’impôt sur le revenu sont revalorisées de 1,8 %. Cette mesure doit permettre, selon le ministère de l’Économie et des Finances, à 619 000 contribuables de ne pas devenir imposables. C’est la principale modification qui était attendue par les plus de 18 millions de foyers fiscaux qui payent l’impôt sur le revenu. Revaloriser le barème sur l’inflation, permet d’éviter de pénaliser les personnes dont les revenus n’auraient pas augmenté plus vite que l’inflation. En l’absence d’une telle indexation, les particuliers auraient été redevables de 3,7 milliards d’euros d’impôts supplémentaires cette année.

Ainsi, sous 11 497 euros (11 294 euros en 2024), les revenus ne sont pas imposés. Le niveau de la tranche imposée à 11 % est désormais compris entre 11 497 euros et 29 315 euros. La fraction du revenu comprise entre 29 315 et 83 823 euros est imposée à 30 %. La quatrième tranche, imposée à 41 %, débute désormais à 83 823 euros et plafonne à 180 294 euros. Tous les revenus qui excèdent ce seuil sont imposés à 45 %.

Toujours pour suivre l’inflation, les pensions de retraite de base ont été revalorisées de 2,2 % au 1er janvier 2025

Les plafonds de ressources qui déterminent l’éligibilité à certaines aides sociales ont également été réévalués au 1er janvier 2025. Un arrêté du 23 décembre 2024 a fixé ces nouveaux seuils, dans le but d’ajuster les critères d’attribution aux réalités économiques actuelles. Cette mesure vise à garantir que les aides bénéficient aux ménages les plus nécessiteux, tout en maîtrisant l’enveloppe budgétaire qui leur est consacrée. Pour 2025, le projet de loi de finances et de financement de la Sécurité Sociale a, par exemple, prévu une hausse de 1,9 % du RSA à partir du 1er avril, un chiffre très légèrement supérieur à l’inflation.

Une autre disposition importante, censée relancer le secteur du logement, est l’extension à tout le territoire du prêt à taux zéro (PTZ) destiné aux primo-accédants. Il est donc dorénavant étendu à tout le territoire, sans distinction contrairement à avant, et pour tous les achats dans le neuf. Cela concerne les constructions collectives et individuelles, y compris les maisons.

Jusqu’à présent, le PTZ était accessible seulement aux logements neufs collectifs, en zone tendue. En revanche, les conditions d’achat dans l’ancien restent inchangées, c’est-à-dire sous conditions de rénovation énergétique.

Toujours dans le secteur immobilier, le budget 2025 instaure également une exonération de frais de succession sur les dons aux enfants ou petits-enfants si l’argent sert à financer l’achat d’une résidence principale neuve, ou la rénovation d’une résidence principale, dans la limite de 100 000 euros.

Des mesures pour le monde agricole sont aussi prévues, avec des déductions (comme l’épargne de précaution en cas de sinistre climatique ou sanitaire, ou pour les vaches laitières), le relèvement du taux d’exonération de la taxe foncière, le renforcement des exonérations en cas de cession au profit des jeunes agriculteurs, la reconduction du crédit d’impôt remplacement jusqu’à fin 2027, et l’annulation des hausses prévues sur le gazole utilisé pour les travaux agricoles et forestiers.

 

Les perspectives pour l’avenir des finances publiques françaises

L’adoption du budget 2025 marque une étape significative dans la stratégie du gouvernement pour redresser les finances publiques françaises. Toutefois, les défis restent nombreux, et la trajectoire budgétaire devra être rigoureusement suivie pour atteindre les objectifs fixés.

Malgré les difficultés, le gouvernement maintient son objectif de redresser les comptes publics. Le déficit public de la France pour 2026, anticipé jusqu’à présent à 4,6 % du PIB, sera révisé en hausse, mais restera sous les 5 %, selon le gouvernement.

De plus, le gouvernement a annoncé de nouvelles concertations sur la réforme des retraites de 2023 qui a notamment reculé l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans et qui doivent durer plusieurs mois. Les résultats de ces concertations seront scrutés avec attention, puisqu’elles pourraient avoir des conséquences très importantes sur toute l’économie du pays.

Transmis en octobre dernier à la Commission européenne, le plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) de la France prévoit un déficit public de 4,6 % du PIB en 2026, qui doit être réduit à 2,8 % en 2029. En effet, l’objectif est toujours maintenu de ramener en 2029 le déficit public sous le seuil maximal de 3 % autorisé par les règles européennes.

À cause de son déficit public et de sa dette publique très élevés, la France est soumise à une surveillance renforcée de son budget de la part de l’Union européenne. Effectivement, depuis le 26 juillet 2024, la France est en procédure de déficit excessif, décision prise dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance qui prévoit des plafonds de 3 % pour le déficit public et de 60 % pour la dette publique des États membres.

Comme tous les autres États membres, la France a présenté un “plan budgétaire et structurel national à moyen terme” (PSMT) pour la période allant de 2025 à 2029. Conformément aux règles européennes, ce plan précise globalement la trajectoire de dépenses publiques envisagée sur une durée de quatre ans, extensible à sept ans, ainsi que les réformes et investissements qui seraient mis en œuvre pour s’y conformer. Il décrit donc les mesures prévues pour retrouver une trajectoire soutenable et réduire le déficit public d’au moins 1 point de PIB par an. La Commission européenne doit valider ce plan, ce qui nécessite parfois des négociations.

Le respect par les pays de leurs engagements va ensuite être scruté chaque année. Au printemps 2025, Paris devra, comme tous les autres gouvernements européens, transmettre à la Commission un “rapport annuel d’avancement”. Celui-ci précisera sa trajectoire budgétaire et fera le point sur la mise en œuvre des réformes et des investissements sur lesquels la France s’est engagée. 

Au-delà des risques économiques et financiers que son niveau de déficit fait peser pour la France, le non-respect de ses engagements la place sous la menace de sanctions financières européennes, sanctions qui n’ont jamais été appliquées jusqu’à maintenant. Des amendes qui ne pourront être prononcées qu’en juin 2025 au plus tôt. Si la nouvelle version du Pacte de stabilité et de croissance les a sensiblement allégées, elles peuvent néanmoins atteindre 0,1 % du PIB chaque année, soit près de 3 milliards d’euros pour la France.

Les perspectives des finances publiques françaises dépendent de la mise en œuvre effective des mesures prévues et de la capacité du gouvernement à concilier rigueur budgétaire et soutien à la croissance. La trajectoire reste fragile, et une vigilance constante sera nécessaire pour ajuster les politiques en fonction des évolutions économiques et sociales.

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