Budget 2026 : ce que François Bayrou a annoncé pour réduire le déficit public

 

Budget 2026 : ce que François Bayrou a annoncé pour réduire le déficit public
Budget 2026 : ce que François Bayrou a annoncé pour réduire le déficit public

 

Alors que la France affiche un déficit public parmi les plus élevés de la zone euro, François Bayrou a pris la parole ce mardi 15 avril pour poser les bases du budget 2026. Son message est clair, puisqu’il a sonné l’heure des économies massives, mais sans pour autant parler de politique d’austérité brutale.

Tout d’abord, l’ancien Haut-commissaire au Plan a dressé un constat alarmant sur la situation actuelle des finances publiques. Avec un déficit qui dépasse les 5 % du PIB et une dette qui continue de s’alourdir, François Bayrou estime que la situation budgétaire est “intenable” et appelle à un sursaut collectif. Pour lui, c’est même la survie de notre pays dont il est question.

Face à ce constat, le gouvernement fixe un cap ambitieux pour 2026, à savoir réduire les dépenses publiques de 40 milliards d’euros. Un effort d’ampleur, présenté comme indispensable pour redresser les comptes, et cela, sans augmenter les impôts ou recourir à encore plus d’endettement. François Bayrou a estimé que notre pays ne produisait pas assez et ne travaillait pas assez, ce qui limite la capacité de l’État à financer ses politiques sans creuser davantage sa dette.

La question se pose alors de savoir où trouver ces 40 milliards d’euros. François Bayrou a évoqué plusieurs pistes telles que la refondation de l’action publique, la réduction des dépenses des ministères, la maîtrise des prestations sociales ou encore la lutte contre les doublons administratifs. Il a aussi évoqué la “vitalité économique” qui doit passer, selon lui, par de l’innovation, de la simplification et la formation aux métiers d’avenir. Autant de leviers qui seront détaillés dans le projet de loi de finances 2026, dont il souhaite avoir annoncé les grandes mesures avant le 14 juillet.

Cette rigueur affirmée ne doit cependant pas se traduire par une austérité mal vécue par les Français. François Bayrou a insisté sur le fait d’avoir une démarche équilibrée, qui préserve les plus fragiles et n’affaiblit pas les missions essentielles de l’État. Il a notamment annoncé un effort supplémentaire de 3 milliards d’euros pour la défense l’année prochaine, de ne pas vouloir augmenter les impôts, de faire en sorte que l’argent public soit mieux dépensé au profit des Français et de rétablir les comptes publics pour les générations qui viennent. Il prône donc de la rigueur, mais pas à n’importe quel prix. François Bayrou veut passer par davantage de négociations avec toutes les parties prenantes et les partenaires sociaux.

Les conséquences économiques et sociales de ces mesures pourraient être importantes. Si elles rassurent les marchés et les institutions européennes, elles poseront aussi la question du pouvoir d’achat, de l’emploi public et de l’acceptabilité sociale. Certaines mesures en discussion (comme par exemple la suppression de l’abattement de 10 % des retraités) sèment déjà le trouble parmi la population et les politiques.

Cette conférence et les annonces de François Bayrou ne constituent qu’une première étape. En effet, les arbitrages auront lieu dans les mois à venir, jusqu’à la présentation officielle du budget 2026 à l’automne. Un exercice politique délicat, où l’équilibre entre crédibilité budgétaire et soutien public sera crucial.

 

Une situation jugée « intenable » par François Bayrou

Mardi 15 avril 2025, François Bayrou a dressé un constat sans détour sur l’état des finances publiques françaises. Le Premier ministre a qualifié la situation budgétaire du pays “d’intenable« , en alertant sur un niveau de déficit public et de dette publique qui menace à terme la stabilité économique de la France. Cette déclaration au sommet de l’État est importante, à un moment où la pression européenne et financière devient de plus en plus forte, avec des intérêts à payer chaque année qui augmentent.

En 2024, le déficit public s’est élevé à 5,8 % du Produit Intérieur Brut (PIB), soit l’un des plus hauts niveaux de la zone euro. La dette, elle, dépasse désormais les 3 300 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB. Pour François Bayrou, cette trajectoire est insoutenable si la France veut continuer à assurer son destin, préserver sa crédibilité économique, attirer des investisseurs et peser dans les décisions européennes. Il a même fait le constat que la France est “le pays du monde qui dépense le plus d’argent public” et qu’il devait faire face à une ascension himalayenne.

La France fait ainsi figure de très mauvais élève au sein de l’Union européenne. Alors que plusieurs pays comme l’Italie, la Belgique, la Pologne ou la Roumanie reviennent progressivement sous la barre des 3 % de déficit, la France reste en décalage. Or, la Commission européenne a réactivé au 1er janvier 2025 les règles réformées de discipline budgétaire du Pacte de stabilité, qui avaient été suspendues depuis la crise sanitaire. Cela implique que le gouvernement français va devoir présenter des engagements sérieux à Bruxelles pour éviter des sanctions ou des tensions sur les marchés.

Cette alerte budgétaire n’est pas nouvelle. La Cour des comptes a, à plusieurs reprises, mis en garde contre le manque de pilotage clair des finances publiques et l’accumulation de dépenses exceptionnelles non compensées. Son président Pierre Moscovici a récemment évoqué la nécessité de reprendre le contrôle du budget national, au risque de voir la France perdre toute marge de manœuvre dans les années à venir. En ce mois d’avril 2025, Pierre Moscovici a même menacé de ne plus certifier les comptes de l’État si ses recommandations ne sont pas davantage prises en compte par le gouvernement.

C’est dans ce contexte que François Bayrou est devenu Premier ministre en décembre dernier avec pour mission centrale, d’abord de faire voter le budget 2025, ce qu’il a fait, mais de manière plus globale, de ramener la France sur une trajectoire soutenable. Sa légitimité et son positionnement centriste lui permettent d’afficher une ligne de rigueur assumée, sans pour autant renier les priorités sociales ou écologiques du pays. Lors de sa conférence, il a estimé que « seule une prise de conscience de nos concitoyens, la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation, peut soutenir une action déterminée”. Pour lui, le pays a besoin d’un « sursaut de responsabilité collective« , qui doit passer par le travail et par davantage de production, pour ne pas faire porter l’effort uniquement sur les classes moyennes ou les services publics.

C’est pour toutes ces raisons que François Bayrou insiste sur la nécessité de rétablir les comptes publics. Il a aussi souligné que l’augmentation de la charge de la dette était déjà un fardeau, puisque plus de 50 milliards d’euros d’intérêts ont été versés en 2024 au titre de la dette publique, soit un montant qui se rapproche du budget de l’Éducation nationale, premier poste budgétaire de l’État. Si rien n’est fait, cette somme pourrait encore croître, ce qui réduira les marges de manœuvre pour investir dans l’avenir.

 

Le cap du budget 2026 : 40 milliards d’euros d’économies annoncées

Lors de sa conférence du 15 avril 2025, François Bayrou a annoncé que le budget 2026 sera construit autour d’un objectif central, à savoir la réduction du déficit public grâce à la réalisation de 40 milliards d’euros d’économies. Un chiffre très important par son ampleur, et qui va demander des efforts majeurs. Il justifie cela en expliquant que la France est le pays du monde qui dépense le plus d’argent public. Or, selon lui, “l’excès de dépenses publiques ne fait pas le bonheur des peuples et les Français n’en ont pas pour leur argent ».

L’objectif affiché est clair, à savoir ramener le déficit public de 5,4 % du PIB cette année à 4,6 % du PIB en 2026. L’horizon reste bien sûr de respecter les critères de Maastricht, qui imposent d’être sous les 3 % du PIB, objectif qui devrait être atteint, selon les prévisions, en 2029.

Pour cela, le gouvernement vise une réduction progressive des dépenses publiques, tout en préservant certaines priorités comme l’éducation ou la défense. Il ne s’agit pas, selon François Bayrou, de tomber dans l’austérité, mais de mettre fin à une décennie de laxisme budgétaire, exacerbée par les crises successives. Le Premier ministre veut mettre l’accent sur le travail et la production, estimant même que « la politique de retour de la production et de réindustrialisation doit devenir une obsession pour notre nation”. 

Selon lui, « si notre production par habitant était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n’aurions pas de déficit budgétaire », déplorant aussi « un taux d’emploi plus faible » chez les jeunes et les seniors.

Le Premier ministre a évoqué un réexamen complet des dépenses de l’État, des collectivités et de la Sécurité sociale. Il a insisté sur la nécessité d’un changement de méthode, puisque désormais, chaque euro dépensé devra être justifié par son efficacité, son utilité et sa soutenabilité. D’habitude, pour élaborer le budget de l’année à venir, on reprenait le budget précédent en l’ajustant. En clair, il ne s’agit plus de faire des économies générales ou arbitraires, mais de mener une revue de dépenses en profondeur, avec l’appui de la Cour des comptes et d’une commission d’évaluation indépendante.

François Bayrou a également rappelé que la France ne pourra pas compter sur une forte croissance pour rééquilibrer ses comptes. Le contexte économique, marqué par un ralentissement de l’activité, des taux d’intérêt élevés et des tensions géopolitiques, rend illusoire tout retour rapide aux excédents budgétaires. Il faudra donc agir sur la structure même des finances publiques, en repensant certains dispositifs et en ajustant les priorités.

Ce cap des 40 milliards d’euros d’économies dans le budget 2026 vise aussi à envoyer un signal clair aux partenaires européens et aux marchés financiers. En montrant sa volonté de reprendre le contrôle de ses comptes, la France espère éviter une dégradation de sa note souveraine et garder des conditions de financement acceptables sur les marchés. À travers la stabilité financière et la confiance des investisseurs, c’est aussi notre souveraineté et notre capacité à faire nos propres choix qui se jouent.

 

Budget 2026 : ce que François Bayrou a annoncé pour réduire le déficit public
Budget 2026 : ce que François Bayrou a annoncé pour réduire le déficit public

 

Quelles sont les pistes concrètes pour faire ces économies ?

L’annonce de 40 milliards d’euros d’économies dans le budget 2026 suscite une question immédiate : où et comment le gouvernement compte-t-il les réaliser ? Lors de sa conférence, François Bayrou a dessiné plusieurs pistes concrètes qui devraient structurer l’action gouvernementale dans les mois à venir, tout en appelant à un effort partagé entre l’État, les administrations, les collectivités territoriales et les organismes de protection sociale.

La première piste évoquée concerne le réexamen des dépenses fiscales, c’est-à-dire les exonérations, réductions, ou crédits d’impôt, accordés aux ménages comme aux entreprises. La France en compte aujourd’hui plus de 460, dont certains qui ne concernent que quelques centaines de personnes, et pour un coût annuel estimé à plus de 80 milliards d’euros. L’exécutif entend donc supprimer certaines niches fiscales jugées inefficaces, ou dont les effets économiques ne sont pas clairement mesurés. Au total, 250 niches fiscales ont chacune coûté moins de 9 millions d’euros, leur total ne dépassant pas les 400 millions d’euros. Un travail de sélection est déjà en cours, et devrait aboutir à des premières décisions dans le projet de loi de finances 2026.

Le deuxième levier évoqué est celui des dépenses de fonctionnement de l’État. François Bayrou souhaite une baisse des coûts liés à la gestion administrative, aux services généraux et aux doublons entre administrations centrales et déconcentrées. L’objectif est de rationaliser les structures, mutualiser certaines fonctions, et limiter les embauches dans les ministères, tout en maintenant celles jugées prioritaires (dans l’Éducation nationale, la Santé ou la Défense). Cette démarche s’inscrit dans une volonté de moderniser la fonction publique, plutôt que de la réduire brutalement.

Le gouvernement envisage aussi un meilleur ciblage des prestations sociales, sans toucher à leur montant pour les bénéficiaires les plus modestes. Des économies pourraient être réalisées en réduisant le non-recours aux droits, mais aussi en renforçant la lutte contre les fraudes sociales et fiscales, thème que François Bayrou a jugé « essentiel pour rétablir la confiance ». L’exécutif espère ainsi récupérer plusieurs milliards d’euros, sans réduire les droits légitimes des Français.

François Bayrou a aussi insisté sur la nécessité d’impliquer les collectivités territoriales. Celles-ci représentent près de 20 % des dépenses publiques (l’État 34 % et la Sécurité sociale 46 %), et le gouvernement souhaite les associer pleinement à l’effort de redressement budgétaire. Des discussions sont prévues dans les prochaines semaines avec les associations d’élus pour identifier des marges de manœuvre, notamment dans la gestion des compétences partagées ou des grands projets d’investissement locaux. Certains montants évoqués vont jusqu’à 8 milliards d’euros d’économies qui leur seraient demandées.

Le gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les impôts, mais il devrait quand même s’appuyer sur la fiscalité des hauts revenus pour trouver de l’argent. Le ministre de l'Économie, Eric Lombard, a dit souhaiter que la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire (seulement une année) et qui fixe un taux minimal d’imposition de 20 %, soit pérenne dans un souci d’équité. Cependant, cette contribution ne devrait pas rester telle quelle et être réformée.

Les retraités devraient aussi être sollicités, puisque le gouvernement envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % dont ils bénéficient. Cette suppression pourrait rapporter 4 milliards d’euros et aurait l’avantage de se concentrer sur les plus riches, ceux qui payent l’impôt. Le gouvernement pourrait aussi réfléchir à ne plus indexer les pensions sur l’inflation.

Concernant le sujet du chômage, même si le gouvernement assure ne pas préparer de nouvelle réforme, le sujet a été évoqué lors d’une réunion à l’Élysée avec l’objectif de faire des économies, et donc de réduire les déficits publics. À travers ce genre de réforme, le gouvernement cherche des moyens d’augmenter le taux d’emploi, c’est-à-dire la proportion de Français qui travaillent. Cela permettrait de dégager de nouvelles ressources à travers notamment les cotisations sociales et de réduire les dépenses liées au chômage ou à l’inactivité.

En ce qui concerne la Sécurité Sociale, le gouvernement envisage une réforme pour rembourser les soins en fonction des revenus, ce qui permettrait de faire des économies, sans pénaliser les plus démunis. La Cour des comptes dans son dernier rapport invite à repenser le champ des soins remboursés par l'Assurance-maladie obligatoire en fonction du revenu des assurés, ou alors à rembourser selon l’efficacité des traitements et des médicaments. La Cour estime ainsi que les patients pourraient être davantage mis à contribution « sur des actes ou produits de santé dont les effets ont une activité limitée », en citant par exemple les médicaments à service médical faible ou les cures thermales.

Parmi les autres pistes évoquées se trouvent la fusion ou la suppression de certains opérateurs publics, une action contre la dérive des arrêts maladie, ou encore la révision du mécanisme des achats publics afin de faire baisser les prix.

 

De la rigueur, mais pas à n’importe quel prix ?

En annonçant un objectif de 40 milliards d’euros d’économies dans le budget 2026, François Bayrou a voulu envoyer un signal de rigueur budgétaire, mais il s’est également efforcé de rassurer. Pour le Premier ministre, il est impératif de rétablir la confiance dans les finances publiques sans pour autant fragiliser les services essentiels, ni aggraver les inégalités sociales. Une ligne d’équilibre difficile à tenir, mais politiquement assumée.

Le Premier ministre a à cœur de mettre à contribution tous les acteurs économiques à travers des discussions et des concertations, d’où sa volonté de s’y prendre aussi tôt, alors que les budgets ne sont normalement votés qu’à l’automne. Il a estimé que ce calendrier allait permettre de rassembler toutes les contributions, toutes les suggestions, toutes les consultations pendant quelques semaines autour de l’avenir et des choix à faire.

Cette ligne de conduite n’exclut toutefois pas les arbitrages difficiles. Le Premier ministre a reconnu que certains choix ne seraient pas toujours populaires, mais il a affirmé que l’État ne pouvait plus différer les réformes nécessaires. Il a expliqué l’importance qu’il porte à ne pas transmettre un fardeau toujours plus lourd aux générations futures.

 

Quelles conséquences pour l’économie et les Français ?

Le cap fixé par le gouvernement pour le budget 2026, à savoir 40 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public, ne sera pas sans effets sur la vie des Français et sur la dynamique de l’économie nationale.

Pour l’économie française, cette politique d’économies vise à restaurer la crédibilité des finances publiques auprès des marchés et des partenaires européens. Une trajectoire de dette mieux maîtrisée pourrait permettre à la France d’éviter une nouvelle dégradation de sa note par les agences de notation, et donc de limiter les coûts d’emprunt. C’est un élément crucial dans un contexte où les taux d’intérêt restent élevés. Sur le moyen terme, la maîtrise du déficit est également censée créer un environnement plus stable, propice à l’investissement et à la croissance.

Rétablir les finances publiques est également primordial pour avoir des marges de manœuvre pour investir, préparer l’avenir, ou même pour faire face à d’éventuelles nouvelles crises. En effet, quand l’État dépense plus de 50 milliards d’euros uniquement en intérêts de la dette publique, c’est autant d’argent en moins pour les Français, pour investir, soutenir les entreprises et les ménages, etc.

À court terme, ces mesures de réduction des dépenses publiques pourraient peser sur l’activité économique si elles freinent certains secteurs. Les collectivités locales, les organismes publics ou encore les entreprises dépendantes des marchés publics pourraient être affectés par les coupes budgétaires. Au-delà du secteur public, les entreprises pourraient être directement impactées, avec un impact sur leurs activités. La question est donc de savoir si la politique menée freinera la croissance économique ou si elle parviendra à réorienter les dépenses vers des domaines jugés plus stratégiques.

Pour les Français, les effets seront variables selon les choix précis qui seront faits dans les mois à venir. Une réduction des aides, des prestations ou des subventions pourraient affecter certaines catégories de population, en particulier les plus modestes. Le gouvernement assure vouloir éviter cela, mais les arbitrages restent à venir. La vigilance est d’autant plus forte que les ménages ont déjà vu leur pouvoir d’achat mis à rude épreuve ces dernières années, entre inflation, hausse des prix de l’énergie et baisse de certaines aides ponctuelles.

Reste également la question du moral des ménages et de la consommation. En période de rigueur, les Français peuvent avoir tendance à réduire leurs dépenses, ce qui pèserait sur la demande intérieure, et donc sur la croissance économique, moteur traditionnel de la croissance française. C’est pourquoi l’exécutif affirme vouloir préserver les investissements d’avenir et soutenir l’emploi, afin de ne pas casser la dynamique économique.

Si les mesures d’économies étaient trop brutales, cela pourrait créer un cercle vicieux. En effet, en faisant porter une charge trop lourde sur les ménages, ils risquent de moins consommer, ce qui aura un impact négatif sur les entreprises qui verront leur chiffre d’affaires diminuer et investiront moins, et sur l’État qui percevra moins de revenus des impôts et taxes. Cela va encore davantage dégrader les finances publiques, ce qui risque de pousser l’État à prendre de nouvelles mesures qui pénaliseront les ménages et entreprises, et ainsi de suite.

Le gouvernement doit donc trouver un équilibre délicat, à savoir rétablir la santé des finances publiques, mais sans casser l’activité économique, ni fragiliser les Français. Un pari à haut risque, dans un contexte international incertain, avec notamment les mesures de Donald Trump, et à un moment où le pouvoir d’achat reste une préoccupation majeure.

 

Et après ? Les prochaines étapes du budget 2026

La conférence de François Bayrou ne marque que le début d’un processus budgétaire qui s’annonce long et complexe. Si le cap est désormais fixé, avec 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026, il reste à traduire cette orientation en décisions concrètes, ligne par ligne, dans les différents ministères et programmes publics. C’est ce travail que va désormais conduire le gouvernement dans les mois qui viennent.

La prochaine étape décisive sera la présentation du projet de loi de finances pour 2026, à l’automne. Ce texte précisera les économies identifiées, les missions concernées, les crédits alloués et les éventuels arbitrages. Il sera ensuite débattu au Parlement, dans un contexte politique tendu, où chaque choix budgétaire risque d’être vivement contesté. La question du recours au 49.3, comme ce fut le cas pour les précédents budgets, pourrait à nouveau se poser si la majorité peine à trouver un consensus. En voulant adopter le budget sans vote de cette manière, le gouvernement pourrait être renversé avec les motions de censure de l’opposition.

Parallèlement, l’exécutif entend poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux et les représentants des territoires, pour éviter des blocages ou un sentiment d’injustice. François Bayrou veut que les mesures soient prises équitables et concertées. Cela signifie que des consultations auront lieu dans les semaines à venir avec les collectivités locales, les syndicats, les fédérations professionnelles et les grands opérateurs publics. Sans compter que le Conclave sur les retraites est toujours en cours et devrait s’achever fin mai.

En toile de fond, le gouvernement devra aussi convaincre ses partenaires européens et les marchés financiers que la réduction du déficit public est crédible et durable. La France s’est engagée à ramener son déficit sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2029, ce qui suppose une trajectoire continue d’économies sur plusieurs années. Le budget 2026 est donc une étape clé, mais il ne sera pas suffisant à lui seul, d’autres efforts seront nécessaires par la suite.

Enfin, reste à savoir comment les Français recevront cette stratégie. L’acceptabilité sociale sera un élément central. Le gouvernement joue une carte politique importante. S’il parvient à démontrer que ces économies ne sont pas synonymes d’austérité brutale, mais d’un recentrage de l’action publique, il pourrait regagner une certaine crédibilité. Dans le cas contraire, les tensions pourraient vite resurgir, et peut-être même mener à son renversement si les oppositions se réunissent pour cela.

Le budget 2026 est donc bien plus qu’un simple exercice comptable. Il engage l’avenir des finances publiques, mais aussi celui des citoyens et de notre futur commun. La suite dépendra autant des choix techniques que de la capacité à en expliquer le sens, les objectifs et les limites.

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