Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?

 

Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?
Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?

 

Choose France 2025, le sommet organisé à Versailles ce lundi 19 mai 2025 a de nouveau réuni les plus grands dirigeants économiques mondiaux autour d’une ambition, celle de faire de la France l’une des destinations les plus attractives au monde pour les investissements étrangers. Lancé en 2018 à l’initiative d’Emmanuel Macron, l’événement s’est imposé comme un rendez-vous économique majeur, qui mêle économie, diplomatie, stratégie industrielle et marketing territorial.

Au fil des éditions, Choose France s’est affirmé comme un levier central de l’attractivité économique française. Il incarne la volonté politique de montrer une France réformée, compétitive, connectée à l’innovation et ouverte sur le monde. À travers cet événement, l’exécutif cherche à renforcer l’image de la France à l’international et à convaincre les grandes multinationales que le pays constitue un choix stratégique de premier plan pour leurs investissements. Les résultats enregistrés depuis 2018 montrent une dynamique encourageante, avec une hausse régulière des projets annoncés et des emplois créés, et une confiance élevée des investisseurs.

L’édition 2025 s’est distinguée par son ampleur exceptionnelle, avec des promesses d’investissements étrangers qui ont atteint des niveaux records. En une journée, plus de 50 projets ont été officialisés, pour un total de plus de 20 milliards d’euros, notamment dans l’industrie, la technologie, l’énergie ou la logistique. Ces chiffres illustrent la capacité du sommet à mobiliser des capitaux internationaux dans un contexte économique mondial encore incertain. En plus de ce montant déjà très important, Emmanuel Macron a précisé que 17 milliards d’euros annoncés lors du Sommet pour l’Intelligence artificielle (IA) de février dernier ont été confirmés.

Mais au-delà des montants, ce sont les effets concrets sur le territoire qui donnent à Choose France toute sa portée. Les projets annoncés se traduisent par la création de milliers d’emplois, par l’implantation de nouvelles unités de production ou leur extension, et par le déploiement de technologies de pointe dans des domaines d’avenir. Le sommet agit ainsi comme un accélérateur des transformations industrielles et un outil qui permet de structurer les filières stratégiques françaises.

Toutefois, ce modèle n’est pas sans critiques. Miser largement sur les grandes entreprises étrangères soulève des interrogations : quelle autonomie conserve la France lorsqu’elle dépend de décisions prises à l’étranger ? Quelle place reste-t-il pour les PME françaises ? Et ces investissements seront-ils durables dans le temps ou soumis aux aléas conjoncturels ? Finalement, ce sommet n’est-il pas qu’un simple outil de communication ? Ces limites mettent en lumière les fragilités d’une stratégie qui repose potentiellement trop fortement sur l’attraction de capitaux venus de l’extérieur.

Choose France s’inscrit malgré tout dans une vision plus large de la stratégie économique française. En complément du plan France 2030, des sommets organisés sur des sujets divers et variés, du soutien à l’innovation ou encore des efforts de réindustrialisation et de compétitivité, le sommet joue un rôle de vitrine, mais aussi souvent de déclencheur. Il reflète un État qui veut assumer un rôle actif dans l’économie, en orientant les flux d’investissement vers des secteurs clés et en réaffirmant une ambition industrielle claire dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel et tourmenté.

 

Qu’est-ce que Choose France ?

Lancé en 2018 à l’initiative du président Emmanuel Macron, Choose France (“Choisissez la France” en français) est un sommet international annuel dédié à la promotion de l’attractivité économique de la France. Il réunit à Versailles des dirigeants des plus grandes entreprises mondiales, dans le but de leur présenter les atouts du territoire français en matière d’investissement. L’objectif est simple, à savoir celui de convaincre les multinationales d’implanter de nouvelles activités économiques en France, dans des secteurs stratégiques (mais pas forcément) comme l’industrie, les technologies, ou encore la transition énergétique.

Derrière cet événement à forte portée symbolique, le message envoyé par l’État est clair. En effet, la France veut être perçue comme un pays stable, innovant et compétitif, prêt à accueillir les capitaux étrangers. Le choix du château de Versailles comme lieu d’accueil n’est pas anodin. Il incarne à la fois l’histoire et le rayonnement de la France, tout en servant de décor prestigieux aux annonces économiques.

Choose France s’inscrit dans une démarche de long terme pour renforcer l’attractivité économique de la France. Il ne s’agit pas simplement d’un événement de communication, mais d’un outil présenté comme stratégique dans la politique industrielle et commerciale française. Chaque année, les annonces d’investissements étrangers y sont scrutées de près, car elles traduisent la capacité du pays à attirer des projets porteurs de croissance, d’innovation et d’emplois.

 

Un outil d’attractivité économique majeur

Depuis sa création en 2018, le sommet Choose France a un objectif clair, celui de faire de la France l’une des destinations les plus attractives au monde pour les investisseurs étrangers. Organisé chaque année par l’Élysée, cet événement vise à présenter les atouts économiques du territoire français et à convaincre les grandes entreprises internationales d’y développer leurs activités. En réunissant en un même lieu des dirigeants de grands groupes mondiaux, des ministres et des décideurs économiques français, ce sommet crée un espace privilégié de discussion, de négociation, d’engagements et de visibilité. Il permet à la France de valoriser ses atouts économiques et de démontrer sa capacité à accueillir de nouveaux projets.

Parmi les arguments régulièrement mis en avant, on retrouve la qualité des infrastructures, la présence d’un tissu industriel relativement dense, une main-d’œuvre qualifiée, un engagement fort dans la transition écologique, une énergie abondante et décarbonée ou encore un fort soutien public à l’innovation. Le sommet sert également à rassurer les investisseurs étrangers sur le cadre réglementaire, fiscal et social français, qui peut parfois apparaître complexe, lourd, ou instable. Il a contribué à faire de la France le premier pays le plus attractif d’Europe depuis plusieurs années pour les investisseurs étrangers.

Depuis sa création, le sommet a permis d’enregistrer des résultats significatifs. Effectivement, depuis 2018, Choose France représente 87,8 milliards d’euros d’investissements et plus de 163 000 emplois, selon le site de l’Élysée. Cela représente des dizaines et des dizaines de projets sur le territoire français. Ces projets ont concerné aussi bien des implantations industrielles que des centres de recherche, des infrastructures numériques ou des usines liées à la transition énergétique.

Mais au-delà des arguments économiques classiques, Choose France fonctionne aussi comme un puissant outil de communication internationale et joue un rôle essentiel dans l’image que la France renvoie au reste du monde. Il permet à la France de soigner son image à l’étranger, en mettant en scène un pays ouvert, ambitieux et modernisé. Cette dimension symbolique est loin d’être anecdotique, puisque dans un contexte mondial incertain, et même de plus en plus tourmentée, la capacité à envoyer des signaux de stabilité et de prévisibilité est devenue un critère déterminant pour les grandes entreprises. Par ailleurs, le choix du château de Versailles comme cadre n’est pas neutre. Il envoie un signal fort de durabilité, d’élégance, de puissance et de prestige

Loin d’être un simple rendez-vous de façade, le sommet s’inscrit dans une stratégie d’influence économique assumée, portée en grande partie par Emmanuel Macron. Il fait partie intégrante de la politique menée depuis plusieurs années pour renforcer l’attractivité du territoire, au même titre que les réformes fiscales sur les entreprises, la flexibilité intégrée au droit du travail, la simplification administrative ou le plan France 2030. Choose France est ainsi devenu, en quelques éditions seulement, un marqueur fort de la stratégie économique française à l’échelle internationale.

 

Choose France 2025 : un record d’investissements étrangers

L’édition 2025 du sommet Choose France, organisée le 19 mai au château de Versailles, placée sous le thème “France, terre de créativité”, a marqué un record historique en matière d’investissements étrangers annoncés en France. Selon les chiffres communiqués par l’Élysée et relayés par plusieurs médias économiques, pas moins de 20 milliards d’euros d’engagements ont été officialisés lors de cette seule journée. C’est la plus forte somme enregistrée depuis la création du sommet en 2018, confirmant le rôle central que joue désormais cet événement dans la stratégie économique française. En plus de ces 20 milliards, 17 milliards d’euros d’investissements annoncés lors du Sommet de l’IA de février dernier ont été confirmés.

Au total, 53 projets d’implantations ou d’extensions d’activités ont été dévoilés, couvrant un large éventail de secteurs stratégiques. Au-delà de l’intelligence artificielle, l’industrie, la transition énergétique, le numérique, la finance, l’agroalimentaire, ou encore la logistique figurent parmi les principaux domaines concernés. Parmi les entreprises impliquées, on retrouve des noms majeurs comme Cellnex, Netflix, le groupe SLB, MSC Croisieres, Amazon, GSK, Ikea, le groupe Mars, Ferrero, JP Morgan, ou encore la fintech Revolut. Ces annonces se traduiront à terme par la création de milliers d’emplois, évalués à plus de 13 000 directs ou indirects, mais aussi par le renforcement de certaines filières industrielles jugées prioritaires par la France.

Le choix de ces projets n’est pas anodin. Ils correspondent aux axes définis par la politique industrielle française, en particulier ceux du plan France 2030, qui vise à réindustrialiser le pays, tout en soutenant l’innovation technologique, la souveraineté nationale et la transition écologique. En attirant des investissements à haute valeur ajoutée, Choose France 2025 s’inscrit dans cette logique de souveraineté économique et de relocalisation ciblée.

Ce nouveau record intervient également dans un contexte mondial marqué par des incertitudes géopolitiques, une montée du protectionnisme (autant des États-Unis, que de la Chine) et une concurrence accrue entre les grandes puissances pour attirer les flux de capitaux. Le fait que la France continue, dans ce climat tendu, à se positionner comme une terre d’accueil privilégiée pour les investisseurs étrangers renforce son image de stabilité et de dynamisme économique, ce qui est forcément positif pour son économie.

 

Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?
Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?

 

De nombreux investissements, création d’emplois et développement de technologies

Au-delà des montants spectaculaires annoncés lors de l’édition 2025, le sommet Choose France se distingue par la nature des projets retenus, leur répartition sur le territoire et leur impact concret sur l’économie française. Ces investissements ne sont pas uniquement financiers. Effectivement, ils se traduisent par des implantations industrielles, la construction de sites innovants, de nombreux emplois, ou encore le renforcement de filières technologiques stratégiques. Si 40 % des invités étaient européens, les Américains restent la première nationalité représentée avec 19 %, malgré un contexte économique tendu sous la présidence de Donald Trump.

Parmi les projets les plus emblématiques annoncés cette année, on peut citer l’espagnol Cellnex qui investira 2,5 milliards d’euros d’ici 2030 afin d’accompagner le déploiement de la couverture réseau, avec la construction de plus de 5 000 nouveaux sites.

Le fabricant britannique spécialisé dans les métaux de terres rares et systèmes d’alliages complexes Less Common Metals Ltd prévoit d’investir 110 millions d’euros (avec 100 à 140 emplois), probablement à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, dans une usine de production de métaux et d’alliages de terres rares.

Dans le secteur de la défense, 100 millions d’investissements sont prévus en Occitanie pour un site d’ingénierie et d’assemblage de drones par le portugais Tekever, permettant la création d’une centaine d’emplois en France à horizon 2027.

Des discussions préliminaires ont été engagées entre Foxconn, Thales et Radiall afin d’explorer la possibilité de créer une capacité industrielle d’assemblage et de test dans le secteur des semi-conducteurs pour un investissement de 250 millions d’euros. Le projet a pour objectif de répondre au besoin du marché européen.

La culture n’est pas en reste puisque Netflix prévoit un investissement annuel de plus de 250 millions d’euros dans la production française. L’entreprise s’engage également dans l’éducation via des partenariats avec La Fémis ou Gobelins, ainsi que dans le soutien à l’égalité des chances dans l’accès aux métiers du cinéma à Marseille.

En ce qui concerne l’économie circulaire, 450 millions d’euros seront investis par l’entreprise américaine Circ, pionnière du recyclage chimique textile, pour une usine de dimension mondiale dans la Moselle. Cela représenterait 200 emplois directs et indirects d’ici 2028.

Avec les objectifs climatiques fixés par la France et l’Union européenne et dans le but de bâtir une industrie plus durable, le sujet de la décarbonation de l’industrie est devenu majeur. Ainsi, une joint-venture pour 1,5 milliard d’euros dans la production de carburant d’avion durable est prévue entre le français H2V et l’allemand Hy2gen, avec 165 emplois directs créés. L’irlandais Ecocem annonce aussi plusieurs investissements dans quatre nouvelles lignes de production de technologie innovante, en ciment décarboné, pour un montant total de 170 millions d’euros et la création de 60 emplois entre 2028 et 2030.

L’entreprise allemande EnBW va mobiliser 140 millions d’euros par an en 2026 et 2027. Sa filiale Valeco entreprend cette année, parmi d’autres projets, la construction d’une centrale solaire dans le Lot-et-Garonne. 

En ce qui concerne les mobilités, l’entreprise mondiale DP World (qui vient des Émirats arabes unis) va investir environ 260 millions d’euros en France dans les cinq prochaines années dans des projets de décarbonation et la transition énergétique sur son port maritime à Marseille et 140 millions d’euros dans un grand entrepôt en Alsace. L’entreprise MSC Croisieres annonce la commande de deux nouveaux navires construits par les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire pour un investissement global d’environ 3,5 milliards d’euros. Le fabricant de camions électriques chinois Windrose technology, dont le siège est en Belgique, investira 175 millions d’euros pour créer une usine dans le Nord avec 1 000 emplois à la clef.

L’entreprise Amazon a annoncé investir plus de 300 millions d’euros en France, avec la création de plus de 1 500 emplois en CDI dans les années à venir. Il s’agit pour elle de développer de nouvelles infrastructures logistiques dans le Centre-Val-de-Loire et en Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que de réaliser des investissements dans son réseau logistique.

L’entreprise Manpower prévoit d’investir plus de 200 millions d’euros sur trois ans dans des projets d’innovation et de formation en France. L’entreprise annonce également l’ouverture de son nouveau Hub dédié à l’intelligence artificielle dans le domaine des ressources humaines. L’entreprise britannique GSK prévoit d’investir 160 millions d’euros de plus en France (le total étant de 560 millions d’euros sur 2025-2027), pour renforcer ses sites d’Évreux, Mayenne et Saint-Amand-les-Eaux, et pour la recherche et développement.

Enfin, dans la finance, la fintech britannique Revolut va ouvrir un nouveau siège social pour l’Europe de l’Ouest à Paris, et déposera une demande d’agrément en tant qu’établissement de crédit en France. Elle investira plus d’un milliard d’euros dans notre pays au cours des trois prochaines années, créant ainsi plus de 200 emplois. La société Adia, filiale de l’Abu Dhabi Investment Authority, a conclu un accord, incluant un engagement financier de 600 millions d’euros avec la société de capital investissement PAI Partners, afin d’obtenir une participation minoritaire significative dans European Camping Group (ECG), un leader européen de l’hébergement de plein air.

L’entreprise ICON Infrastructure prévoit des investissements à hauteur de 500 millions d’euros en fonds propres au cours des trois années à venir dans la transition énergétique, les transports et la logistique, les infrastructures sociales, les télécoms ou encore le recyclage des déchets.

En ce qui concerne l’intelligence artificielle, de nombreux projets déjà annoncés ont été confirmés, ou de nouveaux ont été prévus. Ainsi, le canadien Brookfield a annoncé un investissement de 10 milliards d’euros pour un site d’infrastructures d’intelligence artificielle (IA) qui sera localisé à Cambrai, dans le Nord, avec près de 4 000 emplois directs et indirects à la clé. Le géant américain de la logistique Prologis va investir 6,4 milliards d’euros, en entrepôts et data centers. L’américain Digital Realty devrait confirmer ses engagements pris en février lors du Sommet pour l’IA, en investissant 2,3 milliards d’euros dans deux projets structurants de centre des données.

Par ailleurs, le fonds d’investissement émirati MGX, la banque publique d’investissement Bpifrance, l’entreprise française IA Mistral et le géant américain des processeurs graphiques Nvidia ont confirmé le lancement en Île-de-France de la première tranche, visant à être opérationnelle en 2028, d’un campus sur l’IA qui associe data centers, calcul de haute performance, éducation et recherche, d’une capacité de 1,4 GW d’ici 2030. Le montant d’investissement atteint 8,5 milliards d’euros. Ce campus devrait être le plus grand d’Europe en la matière. Il s’inscrit dans le cadre de l’accord-cadre entre la France et les Émirats arabes unis qui prévoit jusqu’à 50 milliards d’euros d’investissements.

Ces initiatives ont un impact direct sur l’emploi dans les territoires. Les implantations annoncées en 2025 devraient permettre la création de plus de 13 000 emplois, souvent dans des zones en reconversion industrielle ou en difficulté économique. Au-delà des emplois créés, ces projets participent à la montée en compétences de la main-d’œuvre locale, via des partenariats avec des écoles, des universités ou des centres de formation.

Choose France ne se limite pas à attirer des capitaux. Il oriente les investissements vers des secteurs stratégiques, soutient l’emploi, et accélère le développement technologique du pays. C’est un levier concret de transformation de l’économie française, source ensuite de croissance et de création de richesses. Tous les agents économiques nationaux ont donc à y gagner.

 

Les limites d’un modèle basé sur les grandes entreprises étrangères

Si le sommet Choose France permet d’attirer des investissements massifs et de renforcer l’image économique de la France, il n’est pas à l’abri des critiques. En effet, certains économistes et observateurs pointent les limites d’un modèle qui est fondé en grande partie sur l’implantation de grandes entreprises étrangères. Car si ces multinationales peuvent générer de la croissance et des emplois, elles apportent aussi leur lot de fragilités structurelles.

La première critique concerne la dépendance croissante à l’égard de capitaux extérieurs. En misant sur l’arrivée d’acteurs internationaux pour dynamiser son tissu productif, la France prend le risque de voir sa souveraineté industrielle s’éroder dans certains secteurs stratégiques, ou même de passer sous pavillon étranger. Le contrôle de technologies clés, la localisation des centres de décision ou encore l’accès aux données sensibles peuvent échapper au territoire national, notamment lorsque les sièges des entreprises restent à l’étranger.

Une autre limite est que les investissements annoncés ne garantissent pas toujours une pérennité à long terme. Certaines promesses peuvent être revues à la baisse, reportées ou même abandonnées en fonction de la conjoncture mondiale, de l’évolution de la situation nationale, des résultats financiers ou de stratégies internes. L’exemple d’entreprises qui ferment des sites quelques années après leur ouverture, ou qui suppriment des emplois, malgré les aides publiques reçues, alimente une forme de méfiance sur l’efficacité réelle de ces implantations.

Le modèle de Choose France soulève également des questions d’équité territoriale et économique. Les grandes entreprises étrangères ciblent souvent des zones déjà bien connectées, qui bénéficient d’infrastructures solides et de personnel qualifié, ce qui peut renforcer les inégalités entre territoires. Par ailleurs, les PME françaises, qui forment l’essentiel du tissu économique national, peuvent se sentir reléguées au second plan, moins soutenues ou moins valorisées dans la stratégie d’attractivité du pays.

Enfin, ce modèle peut donner l’image d’un pays en quête d’investissements extérieurs pour compenser ses fragilités internes, plutôt que de miser pleinement sur ses propres forces. Une telle perception peut être contre-productive à long terme, en particulier dans un monde où les logiques de souveraineté économique et de relocalisation prennent une place croissante.

Par ailleurs, ce sommet repose en grande partie sur un exercice de communication rondement mené. Certes, la France est le pays le plus attractif depuis plusieurs années maintenant pour les investisseurs internationaux, mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. À cause de la situation économique en France, mais aussi internationale, les investisseurs internationaux délaissent de plus en plus l’Europe pour s’implanter plutôt aux États-Unis où les coûts, notamment de l’énergie, sont moins élevés et les contraintes (légales ou environnementales) moins importantes. De plus, les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump ne vont faire qu’accroître cette tendance. Face à cette perspective, le géant français de la pharmacie Sanofi, par exemple, a annoncé qu’il comptait investir d’ici à 2030 au moins 20 milliards de dollars outre-Atlantique.

Ainsi, en France, les nouvelles implantations et extensions lancées par les groupes étrangers ont baissé de 14 % ces dernières années, même si les investissements sont supérieurs. En réalité, le poids des filiales des groupes étrangers dans la valeur ajoutée ne dépasse pas 15,6 % dans notre pays. Les 20 milliards d’euros d’investissements annoncés lors de ce sommet Choose France 2025 ne pèsent au final « que » 6 % du total des investissements annuels des entreprises dans l’Hexagone.

Cela ne remet pas en cause l’intérêt du sommet Choose France, mais invite à une réflexion plus large sur la place que doivent occuper les entreprises étrangères dans le développement économique national. L’enjeu est de trouver un équilibre entre l’ouverture aux capitaux internationaux et le renforcement de l’écosystème productif français, en prenant en compte les avantages et les inconvénients, la durabilité, l’indépendance, la souveraineté nationale et la cohérence territoriale.

 

Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?
Choose France 2025 : quel impact sur l’économie française ?

 

Choose France 2025 dans la stratégie économique de la France

Le sommet Choose France 2025 ne peut pas se comprendre sans prendre en compte les orientations économiques plus larges portées par le gouvernement français depuis plusieurs années. Il s’inscrit dans une stratégie cohérente, qui vise à mêler réindustrialisation, création d’emplois et de richesses, souveraineté économique, innovation technologique et attractivité internationale. Ce sommet est devenu un outil politique à part entière, au service d’une vision précise de l’avenir économique du pays, incarnée plus particulièrement par Emmanuel Macron.

Dans cette logique, Choose France vient par exemple renforcer les ambitions du plan France 2030, présenté par Emmanuel Macron en 2021, et qui prévoit 54 milliards d’euros d’investissements publics et privés dans des secteurs jugés prioritaires, tels que les énergies vertes, la mobilité électrique, la santé, le spatial, le numérique ou encore l’agriculture durable. Les projets annoncés à Versailles par des groupes étrangers viennent souvent compléter ou accélérer les objectifs définis dans ce cadre, en apportant des financements, des expertises et des capacités industrielles supplémentaires.

Le sommet joue aussi un rôle dans la compétitivité de la France face à ses voisins européens, notamment l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie ou l’Espagne, qui mènent également des politiques d’attractivité concurrentes. Dans ce contexte, le choix d’une diplomatie économique très visible, qui mise sur des événements symboliques comme Choose France, participe à la construction d’un récit national, à savoir celui d’une France modernisée, tournée vers l’avenir, et capable d’attirer les leaders mondiaux de l’économie et qui a tous les atouts pour cela.

Mais au-delà du symbole, Choose France 2025 illustre aussi l’évolution du rôle de l’État dans l’économie. Loin de se contenter d’un cadre fiscal ou réglementaire, les pouvoirs publics se montrent beaucoup plus actifs, avec le repérage des entreprises cibles, un soutien logistique aux projets d’implantation, des incitations financières, ou encore un accompagnement territorial. Cette posture d’État-stratège vise à orienter les investissements étrangers vers des secteurs et des zones géographiques prioritaires, avec pour objectif d’avoir un développement équilibré.

Enfin, ce sommet contribue à façonner l’image de marque économique de la France à l’échelle mondiale. Dans un monde globalisé où les décisions d’investissement dépendent aussi de la perception que les acteurs ont d’un pays, avec des critères comme sa stabilité, sa capacité à innover, la qualité de ses infrastructures ou de sa main-d’œuvre, Choose France joue un rôle de vitrine, d’autant plus qu’il se passe à Versailles. Il permet à la France de se raconter autrement, au-delà des stéréotypes, en mettant en avant ses réformes, son ambition industrielle et son ouverture maîtrisée.

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