Biographie de Francis Ysidro Edgeworth

 

Francis Ysidro Edgeworth
Francis Ysidro Edgeworth

 

Informations principales

Francis Ysidro Edgeworth est un économiste et avocat irlandais, né le 8 février 1845 à Edgeworthstown, dans le Comté de Longford, en Irlande et mort le 13 février 1926 à Oxford au Royaume-Uni.

Durant toute sa carrière, il a exercé de nombreuses responsabilités. En effet, il a été titulaire de la chaire d’économie à l’Université d’Oxford durant plus de trente ans, entre 1891 et 1922. Il a assuré la vice-présidence de la Royal Economic Society, société savante britannique en sciences économiques, qui édite notamment la revue scientifique The Economic Journal, pour laquelle Edgeworth a d’ailleurs été rédacteur à partir de 1891.

Il est considéré comme l’un des principaux représentants de l’École néoclassique, courant de pensée économique dont l’idée centrale est que les marchés disposent de mécanismes autorégulateurs qui, en l’absence d’intervention extérieure comme celle de l’État, conduisent à l’optimum économique. Cela implique donc que l’État en question n’a qu’un rôle très mineur à jouer dans le domaine économique.

Edgeworth a été le premier à appliquer certaines techniques mathématiques formelles à la prise de décision individuelle en économie. Il a participé au développement de la théorie de l’utilité en introduisant la courbe d’indifférence et la boîte d’Edgeworth. Il est également connu pour la conjecture d’Edgeworth, selon laquelle le cœur d’une économie se réduit à l’ensemble des équilibres concurrentiels à mesure que le nombre d’agents dans l’économie augmente.

Par ailleurs, dans les années 1880, Edgeworth a réalisé d’importantes contributions aux méthodes statistiques, telle que la série Edgeworth.

Les contributions d’Edgeworth à l’économie étaient étonnantes par leur originalité et leur profondeur. Mais il était notoirement incapable d’exprimer ses idées d’une manière compréhensible pour la plupart de ses contemporains. En effet, il écrivait généralement des phrases longues, complexes et sophistiquées, avec des références classiques et littéraires parfois obscures. Il avait aussi l’habitude d’inventer des mots, sans en donner une définition claire. Tout cela rend son travail parfois confus, ainsi que complexe et difficile à appréhender.

 

La psychologie mathématique

Dans son ouvrage majeur intitulé Mathematical psychics, an Essay on the application of Mathematics to the Moral Sciences, qu’il a publié en 1881, Francis Edgeworth a beaucoup recours au raisonnement mathématique.

Dans ce livre, il critique la théorie de Jevons sur l'échange de troc, en montrant que dans un système de « recontrats », il y a en fait de nombreuses solutions, ce qu’il appelle une « indétermination du contrat« .

Le livre était notoirement difficile à lire. Il fait fréquemment référence à des sources littéraires et entrecoupe ses écrits de passages rédigés dans plusieurs langues, dont le latin, le français et le grec ancien. Les mathématiques étaient également difficiles, et un certain nombre de ses applications créatives des mathématiques à des questions économiques ou morales ont été jugées incompréhensibles.

Edgeworth a également formulé ce qui est finalement devenu connu sous le nom de “conjecture d’Edgeworth”, à savoir qu’à mesure que le nombre d’agents dans une économie augmente, le degré d’indétermination diminue. Il a soutenu que dans le cas d’un nombre infini d’agents (ce qui correspond à la concurrence parfaite), le contrat devient pleinement déterminé et identique à “l’équilibre” des économistes. Quand le nombre d’intervenants augmente, la courbe de contrat se rétrécit, jusqu’à n’être plus qu’un point lorsqu’il tend vers l’infini. Cette proposition a provoqué beaucoup d’intérêt dans les années 1960 et 1970.

Cependant, comme les situations de concurrence parfaite sont très peu susceptibles de se réaliser dans la vie réelle, Edgeworth a soutenu que la seule façon de résoudre cette indétermination du contrat était de faire appel au principe utilitariste qui consiste à maximiser la somme des utilités des commerçants sur la fourchette des règlements définitifs. C’est d’ailleurs dans ce livre de 1881 qu’Edgeworth a introduit en économie la fonction d’utilité généralisée, U(x, y, z, …), et a dessiné la première courbe d’indifférence. 

 

L’utilitarisme exact

Dans son premier livre, intitulé New and Old Methods of Ethics, publié en 1877, Edgeworth a combiné ses intérêts en appliquant les mathématiques (notamment le calcul des variations et la méthode des multiplicateurs de Lagrange) aux problèmes de la philosophie utilitariste. Sa principale préoccupation sur ce sujet était la notion d’utilitarisme exact, qui correspond à l’allocation optimale des ressources qui maximise le bonheur d’une société

Il a soutenu qu’en fin de compte, cela dépend de la « capacité de plaisir » des membres d’une société. Il a reconnu qu’en cas d’incertitude, il fallait supposer une « capacité égale ». Cependant, il a poursuivi en affirmant que certaines catégories de personnes ont à l’évidence une plus grande capacité de plaisir que d’autres (par exemple, les hommes plus que les femmes) et qu’un certain degré d’inégalité est donc justifiable sur la base des principes utilitaires. En tentant de paraître optimiste, il a affirmé que les capacités évolueraient avec le temps de telle sorte que la solution égalitaire deviendrait justifiable à l’avenir.

 

La courbe d’indifférence

Francis Edgeworth est l’inventeur de la courbe d’indifférence dans le domaine de la microéconomie. Une courbe d’indifférence est le lieu géométrique qui représente les différentes combinaisons de deux biens qui procurent à un individu donné (le consommateur) le même niveau d’utilité.

Ce concept amènera plus tard les économistes Vilfredo Pareto et Irving Fisher à construire la carte d’indifférence, qui est censée définir entièrement pour un individu et un temps donné, son système de préférence. Cette carte est composée de tout un ensemble de courbes d’indifférence.

En 1894, Edgeworth publie une étude de la théorie du commerce international dans une série d’articles dans l’Economic Journal. Avec ces écrits, il s’est positionné comme un pionnier de l’utilisation de courbes d’offre et de courbes d’indifférence communautaire pour illustrer ses principales propositions, y compris par exemple concernant le droit de douane optimal. 

 

La boîte d’Edgeworth

La boîte d’Edgeworth, aussi appelée boîte Edgeworth-Bowley est un graphique qui permet d’illustrer les possibilités d’échange de deux biens entre deux individus. Chacun des individus est doté de ses cartes d’indifférence qui sont représentées dans un rectangle selon des axes inversés.

Cette boîte est essentiellement utilisée pour représenter l’équilibre général dans une économie d’échange. Elle est par exemple utilisée dans le premier théorème de l’économie du bien-être.

 

Le Théorème d’Edgeworth

À partir de 1883, Edgeworth a commencé à apporter des contributions majeures à la théorie des probabilités et aux statistiques. Dans son livre de 1885, il a présenté l’application et l’interprétation des tests de signification pour les comparaisons de moyennes. Dans une série d’articles de 1892, il a examiné les méthodes d’estimation des coefficients de corrélation. Parmi ses nombreux résultats figurait notamment le Théorème d’Edgeworth qui donne les coefficients de corrélation de la distribution normale multidimensionnelle. 

 

Une fiscalité progressive : le Paradoxe de la fiscalité

En 1897, Edgeworth publie une longue étude sur la fiscalité dans laquelle il formule le Paradoxe de la fiscalité. Ce dernier stipule que la taxation d’un bien peut en réalité entraîner une baisse du prix. Malgré la réserve de ses confrères économistes, certains d’entre eux ont réussi à prouver rigoureusement, plusieurs années après, qu’il avait raison.

Edgeworth a aussi posé les bases utilitaristes d’une fiscalité fortement progressive, en affirmant que la répartition optimale des impôts devait être réalisée de telle manière que la désutilité marginale qui est subie par chaque contribuable est la même.

 

Modèle d’oligopole de Bertrand-Edgeworth

En 1897, dans un article sur le sujet de la tarification monopolistique, Edgeworth a critiqué la solution exacte de Cournot au problème du duopole avec ajustement des quantités, ainsi que le résultat « instantanément concurrentiel » de l’économiste français Joseph Bertrand dans un modèle de duopole avec ajustement des prix. 

Face à ce raisonnement, Edgeworth a montré comment la concurrence par les prix entre deux entreprises ayant des contraintes de capacité et/ou des courbes de coût marginaux croissantes aboutissait à l’indétermination. C’est avec cette analyse qu’est né le modèle d’oligopole de Bertrand-Edgeworth.

 

Critique de la théorie de la productivité marginale

Edgeworth a critiqué la théorie de la productivité marginale dans plusieurs articles datant de 1904 et de 1911. Cela l’a poussé à tenter d’affiner la théorie néoclassique de la distribution en lui fournissant une base plus solide. 

Pendant la Première Guerre mondiale, Edgeworth s’intéresse plus particulièrement aux questions de financement de guerre. Ses travaux dans ce domaine, bien que très originaux, étaient un peu trop théoriques et n’ont pas eu l’influence pratique qu’il espérait.

 

Le sujet des contrats

Edgeworth a travaillé sur le sujet des contrats. C’est dans ce cadre qu’il affirme que la négociation (cela fonctionne aussi lors de la renégociation) des contrats conduit progressivement les parties prenantes vers un accord où l’utilité totale est la plus grande. Ce raisonnement sera ensuite repris par John Rawls lors de sa réflexion éthique dans son ouvrage intitulé A Theory of Justice, publié en 1971.

Francis Edgeworth a aussi mis au point la Courbe des Contrats, qui correspond à l’ensemble des points où il n’est plus possible de satisfaire davantage l’un des deux consommateurs concerné, sans léser l’autre.

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