Biographie d’Aristote

 

Aristote
Aristote

 

Informations principales

Aristote est un philosophe et polymathe grec de l’époque de l’Antiquité, né en 384 avant Jésus-Christ et mort en 322 avant Jésus-Christ.

Il a été le disciple de Platon à l’Académie, avec qui il est considéré comme l’un des penseurs les plus influents de son époque, mais également de l’histoire. Aristote est également l’un des rares intellectuels à avoir étudié pratiquement tous les domaines de connaissance et de savoir de son époque, à savoir la physique, la logique, la métaphysique, la biologie, la politique, la poétique, la rhétorique, l’éthique et l’économie.

Aristote considère notamment que la philosophie, qui correspond à l’amour de la sagesse, doit être appréhendée dans un sens plus ample, c’est-à-dire comme une recherche du savoir pour lui-même. De plus, selon lui, la vertu éthique se trouve en équilibre entre deux excès, à savoir qu’un individu courageux ne doit être, simultanément, ni téméraire, ni lâche. Cela signifie donc que l’éthique, selon Aristote, est très impactée par les notions de sagesse, de prudence et de mesure. Cela implique alors pour lui que l’éthique, mais également la politique et l’économie doivent être dirigées vers la recherche du Bien.

Dans ces différents domaines, Aristote a intensément influencé les divers penseurs des générations suivantes.

Suite au développement qu’il a fait du naturalisme, selon lequel tout ce qui existe peut être expliqué par des causes ou des principes naturels, il considère que la cité équivaut à une entité naturelle qui ne peut pas durer dans le temps, sans justice et sans amitié. Il va également faire une distinction importante entre d’une part l’économie, et d’autre part la chrématistique qui s’apparenterait à une acquisition artificielle, en opposition avec l’acquisition naturelle.

Aristote a développé une réflexion assez importante pour l’époque, en ce qui concerne l’économie, la société et la politique, avec notamment les concepts de division du travail, de détermination de la valeur ou encore de l’émergence et des fonctions de l’argent. Ses théories vont servir à initier l’économie moderne.

De nombreux économistes, tels qu’Adam Smith, Karl Marx, John Maynard Keynes ou encore Amartya Sen se pencheront sur ses travaux et se baseront même parfois dessus pour élaborer leurs propres raisonnements et théories.

 

De la dimension éthique à la dimension politique

Dans la vision du monde qu’a Aristote, autant la politique que le domaine économique sont dépendants, et même subordonnés à l’éthique. C’est d’ailleurs dans son ouvrage intitulé Éthique à Nicomaque qu’il y a ses réflexions les plus poussées sur les notions de valeur et de monnaie. Selon lui, l’éthique est elle-même soumise à la supériorité de la nature. En effet, ce qui est naturel à l’individu, mais également à la famille, au village et d’une manière plus générale, à la cité, c’est la recherche du bonheur, qui passe par le bien vivre. Cependant, le bonheur implique, avant tout, la satisfaction des besoins matériels. Il s’appuie donc sur l’activité agricole, l’élevage, la pêche, la chasse et la fabrication d’objets pour un usage courant.

Dans ce domaine, comme dans les autres, Aristote met l’accent sur les vertus de la modération. En effet, il considère qu’il ne faut pas faire d’excès dans la consommation des biens matériels. Envers ces derniers, Aristote prône même une certaine frugalité, ce qui n’empêche pas le plaisir et les raffinements. Toutefois, selon lui, l’Homme d’esprit peut trouver le bonheur en recherchant la vérité, en contemplant la beauté, et en cultivant des relations amicales et amoureuses. Cette analyse se retrouvera ensuite dans les travaux du philosophe britannique George Edward Moore, dont John Maynard Keynes se servira ensuite à son tour.

Selon Aristote, les individus recherchent, ensemble, le bonheur. La cité, qui les regroupe, est un organisme naturel, comme le sont la famille et le village. En effet, pour Aristote, l’Homme est un animal politique (et civique). Le terme “politique” tient son origine du mot grec polis, qui signifie “cité”. La cité correspondait à la forme de l’État dans la Grèce antique. La cité équivaut à un rassemblement de multiples citoyens qui en gèrent le fonctionnement. Ces citoyens pratiquent également diverses activités sportives, militaires, artistiques, littéraires et philosophiques. Par ailleurs, pour Aristote, le travail manuel est incompatible avec ces activités. Pour lui, l’institution qui permet de résoudre les problèmes liés à cette situation est l’esclavage. En effet, il considère que ce dernier est une institution naturelle, qui s’exprime même physiquement avec notamment pour les esclaves, une taille trapue, un maintien courbé et une force physique supérieure.

 

De l’économique à la chrématistique

Le mot “économie”, quant à lui, est un dérivé du grec oikosnomos, qui est composé de oikos signifiant “maison”, et de nomos signifiant “usage, règle, loi”. Concrètement, il correspond donc à l’art de bien administrer une maison ou un domaine. Il aurait été utilisé avec ce sens, pour la première fois vers 360 av. J.-C, par Xénophon, dans un ouvrage rédigé. Le terme “économique” a ensuite pris le même sens. 

Aristote considère que l’économique est différent de l’éthique et du politique, mais sans être non plus indépendant de ces autres dimensions qui traitent de l’activité humaine.

Aristote considère que la situation idéale correspond à l’autosuffisance économique, idéalement au niveau du domaine familial, ou au moins au niveau de la cité. Néanmoins, il ajoute que c’est un idéal inatteignable, dans la mesure où tout ce qui est nécessaire à la survie et à la subsistance des individus ne peut pas être produit à un seul et même endroit. C’est sur la base de ce raisonnement qu’est tiré le concept de l’échange et de la division du travail, et par prolongement, celui de la valeur et de la monnaie. Cette analyse d’Aristote servira ensuite de base à la réflexion économique moderne.

Il distingue tout d’abord deux usages spécifiques à chaque chose. Il y a d’une part, un usage propre qui est conforme à sa nature (par exemple, un soulier sert à chausser), et d’autre part, un usage non naturel, qui correspond à celui d’acquérir un autre objet, grâce à la vente, ou par l’échange. La distinction qui est faite entre la valeur d’usage et la valeur d’échange sera ensuite reprise par les économistes classiques et par Karl Marx.

Une question essentielle se pose alors, à savoir ce qui détermine le rapport d’échange entre deux biens distincts. Dans son ouvrage Éthique à Nicomaque, Aristote apporte deux grandes réponses qui vont créer deux visions différentes pour les économistes des siècles suivants. D’un côté, Aristote affirme que, derrière l’échange, par exemple une maison contre des chaussures, se déroule un échange entre, en réalité, le travail de l’architecte et celui du cordonnier. Cette vision sera à l’origine de la théorie de la valeur travail d’Adam Smith, David Ricardo et Karl Marx.

D’un autre côté, Aristote ajoute que le fondement de la valeur d’un objet se trouve dans le besoin qui est ressenti pour l’individu, ce qui sera à la base de la théorie de la valeur fondée sur l’utilité, vision notamment défendue au moment de la Révolution marginaliste.

Aristote a apporté une analyse moderne pour l’époque sur les sujets de la nature, de la genèse, ainsi que du rôle et des fonctions de l’argent. En effet, pour lui, la monnaie découle, de manière naturelle, de la division du travail et de l’échange. Elle équivaut donc à une institution humaine qui est nécessaire. Néanmoins, il ajoute que la monnaie n’est pas naturelle, mais légale, ce qui signifie que sa valeur correspond à celle qui lui est donnée, d’où son appellation “nomisma”.

C’est à travers ce raisonnement qu’Aristote présente, de manière claire, les différentes fonctions de la monnaie, encore expliquées de la même manière aujourd’hui, à savoir qu’elle sert de mesure de la valeur, de moyen de paiement, ainsi que de réserve de valeur. Pour lui, c’est cette dernière qui amène des problèmes et incite à faire des excès. En effet, quand la monnaie sert de réserve de valeur, cela signifie qu’elle se détache de son usage courant pour devenir un objet de désir, ce qui ouvre la porte à de nombreuses difficultés.

C’est à ce moment-là qu’Aristote fait la distinction entre d’un côté l’économique, et de l’autre côté, la chrématistique. Cette dernière tient son origine du mot grec “chrémata” qui signifie l’argent et la richesse et de “chrématistikos” signifiant “qui concerne les affaires”. Aristote donne à la chrématistique le sens d’acquisition artificielle (c’est-à-dire l’acquisition de la richesse pour elle-même, sans viser une utilité en particulier), ce qu’il oppose à l’acquisition naturelle des biens qui sont nécessaires à la vie, autant de la famille, que de la cité. Il estime que l’acquisition naturelle est restreinte par le fait que les besoins humains sont limités. Autant dans les maisons des individus que dans les institutions publiques, il n’est pas possible d’accumuler, sans fin, des biens et des instruments qui subviennent à la vie humaine. Il considère au contraire que l’accumulation d’argent n’a pas de limites.

 

La vision du commerce et de l’argent d’Aristote

Concernant le commerce, Aristote l’accepte quand il sert à échanger des biens. Néanmoins, il considère que cette activité est condamnable lorsqu’elle vise, de manière exclusive, l’enrichissement. Le commerce devient alors, pour lui, une sorte de profession entièrement consacrée à l’argent, ce dernier étant la fin, ce qui entretient la cupidité. Toutefois, il estime qu’il y a encore pire que le commerce, à savoir le prêt à intérêt. Ce dernier permet, selon Aristote, d’obtenir, à partir d’une somme d’argent, une somme encore supérieure uniquement par le fait de s’en séparer temporairement. Il juge donc qu’il s’agit d’un gain contre nature, car l’argent ne doit pas se reproduire pour croître. Aristote condamne fermement ce qu’il qualifie de trafic d’argent, à savoir donner de l’argent pour avoir au final, davantage. Il estime que cela a pour effet de détourner la monnaie de sa destination primaire.

Il met en garde sur le fait qu’il n’y a pas de limites à la cupidité et au désir de richesses pour ceux qui désirent l’argent pour lui-même et qui mesurent tout en fonction de cela. Aristote considère que l’argent en vient à s’éloigner et à se détacher du monde réel et de la nature, et peut même mener à la mort.

Pour illustrer cette analyse, il prend pour exemple le mythe de Midas, dans lequel le roi Midas a demandé au Dieu du vin, en récompense après avoir rendu un service, le pouvoir et la capacité de changer en or tout ce qu’il touchait. Sauf que même la nourriture et l’eau se transformaient, ce qui fait que Midas a failli mourir de faim et de soif. Cette histoire sera reprise également par Karl Marx, Sigmund Freud ou encore John Maynard Keynes dans leurs réflexions sur l’argent. Aristote craignait en fait que l’argent pourrisse la société de l’intérieur et mène cette dernière à la destruction.

Finalement, plusieurs siècles après ce raisonnement, ce qu’Aristote redoutait est arrivé, à savoir une généralisation de la production dans l’objectif de générer du profit, un triomphe et une suprématie de l’argent, de l’ordre marchand et du commerce lucratif. Tout cela a mené à une séparation de l’économique et du social, le premier prenant le pas sur le second.

 

Deux types de justice selon Aristote

Dans son ouvrage Éthique à Nicomaque, Aristote distingue la justice distributive (dianemetikos) qui traite de la façon dont les biens, les honneurs, et autres doivent être répartis, de la justice corrective (diorthotikos). 

En ce qui concerne la justice distributive, elle ne consiste pas en une répartition égale entre personnes inégales, mais plutôt à un équilibre qui est perçu comme juste

En ce qui concerne la justice corrective, Aristote fait la distinction entre les échanges volontaires et les échanges involontaires. Dans ce dernier cas, la justice intervient uniquement s’il y a eu une fraude, elle ne doit donc pas chercher à savoir s’il y a eu un juste prix ou non.

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