Biographie de John Law

 

John Law
John Law

 

Informations principales

John Law de Lauriston, généralement simplifié par John Law est un économiste et banquier écossais, né le 16 avril 1671 à Édimbourg en Écosse et mort le 21 mars 1729 à Venise en Italie.

Il devient brièvement en 1720, Contrôle général des Finances du royaume de France, lors de la régence de Philippe d’Orléans qui a lieu après la mort du roi Louis XIV. Lors de cette mission, il a développé un système financier qui sera appelé ensuite Système de Law, dans le but de redresser les finances du pays suite aux dettes laissées par Louis XIV. Après la période du mercantilisme, il a essayé d’insuffler un changement de vision financière grâce à l’adoption du billet de banque et à travers l’installation d’un système boursier. Le système qu’il a créé était pionnier grâce au remplacement de la monnaie métallique par du papier-monnaie. Il a néanmoins ensuite fait banqueroute.

C’est également grâce à lui que la France réalise sa première expérience financière, à savoir une grande émission de titres, qui sera ensuite centrale dans l’histoire des bourses de valeurs.

Par ailleurs, il a fusionné diverses compagnies coloniales françaises, dont la Compagnie du Mississippi, dans le but de constituer la Compagnie des Indes.

À l’inverse du mercantilisme, il considère que la monnaie n’est qu’un moyen d’échange et ne correspond pas à une richesse en elle-même. Pour lui, la richesse nationale vient avant tout du commerce. John Law est donc considéré comme un précurseur de l’École classique.

 

Idée de banque et volonté de créer un nouveau système financier

Durant sa carrière, John Law a publié plusieurs essais théoriques sur le sujet de la masse monétaire dans l’économie. Cependant, ces travaux n’ont pas eu, à ce moment-là, un important retentissement.

Pendant de nombreuses années, il a parcouru l’Europe et découvert toutes les grandes villes en proposant ses idées, dans le but de les faire appliquer, mais en vain.

Lorsqu’il était à Venise, il a par exemple observé et étudié les jeux d’argent, ce qui lui a permis d’accumuler, de manière méthodique, une considérable fortune. Par la même occasion, il s’est aussi initié aux techniques bancaires les plus modernes et les plus à la pointe pour l’époque. Il a notamment constaté que les négociants vénitiens se séparaient sans difficulté particulière de leur monnaie sous forme d’or et d’argent, en échange de leur équivalent, mais sous forme de papier. Cela permettait de rendre les affaires plus faciles et ainsi d’accroître les profits.

C’est sur la base de ce constat qu’il a l’idée de créer une banque, dans l’un des royaumes d’Europe qui n’en ont pas. Les banques commerciales qui agissent déjà à Londres, à Amsterdam, à Stockholm et à Nuremberg émettent des billets à ordre, en contrepartie de monnaie métallique. Ce mécanisme permet d’assurer la convertibilité, à tout moment, des billets, ce qui est un gage de sécurité pour les clients. Cependant, cela implique pour la banque qu’elle ne peut pas prêter à grande échelle, dans la mesure où la monnaie métallique est limitée.

John Law a repris ce fonctionnement, mais tout en s’en distinguant. En effet, pour cela, il imagine un modèle dans lequel il est possible d’attester la fiabilité de billets grâce à des revenus d’une certaine quantité de terres agricoles. Ces dernières constituent alors le capital de base. Cela implique que la convertibilité en échange d’espèces métalliques ne serait pas garantie. Toutefois, les clients auraient l'assurance que la valeur énoncée sur chacun des billets émis correspondrait réellement à une richesse foncière qui existe.

Cette structure imaginée par Law était vraiment novatrice pour l’époque. De plus, elle a été fondamentale dans l’histoire de la monnaie en marquant une première étape vers le développement de la monnaie fiduciaire.

Son système, dans lequel une nouvelle monnaie peut remplacer l’or et l’argent, tout en étant indépendante de ces deux derniers, correspond à un véritable besoin des économies européennes de cette époque. En effet, elles avaient besoin d’avoir davantage de moyens de paiement, et en même temps, des moyens plus souples et plus modulables. L’Europe est alors sur le point d’entamer sa Révolution industrielle

Néanmoins, à cause de la réduction des arrivées de métaux précieux (notamment des Amériques), la monnaie devient de plus en plus rare, ce qui a un impact négatif sur les économies. Cela confirme donc les théories mercantilistes qui stipulent que la prospérité dépend de la quantité d’or et d’argent en circulation dans l’économie. Un des autres avantages que Law énonce pour son système était de pouvoir adapter l’émission de la nouvelle monnaie en prenant en compte les besoins de l’économie et de l’État. Selon lui, plus il y aura d’argent en circulation et plus les échanges commerciaux augmenteront, et par conséquent, avec eux, la croissance. La solution pour Law passe donc par le remplacement de l’or et de l’argent, qui sont des métaux rares, c’est-à-dire disponibles en faible quantité, par des billets et du crédit bancaire.

John Law a proposé ses idées à plusieurs dirigeants de pays, tels que le roi de Sicile, au duc de Savoie, ou encore au roi de France Louis XIV, qui les ont systématiquement refusées.

 

Le Système de Law entre 1715 et 1720

À la mort de Louis XIV en 1715, John Law revient en France pour proposer ses services au régent Philippe d’Orléans, en tant qu’économiste. La situation financière du royaume est à ce moment-là critique, à cause des dettes laissées par les guerres et les constructions de Louis XIV. De plus, les inégalités sont importantes avec d’une part, quelques riches et d’autre part, une part importante de pauvres.

Après quelques hésitations, le régent décide de suivre les théories de Law, même si elles sont considérées comme très audacieuses pour l’époque. Il espère que cela va permettre de régler le problème de l’endettement et de relancer l’activité économique du pays. Ce dernier est en même temps paralysé par d’importants impôts et un manque de confiance en l’économie du pays. Cette situation incite alors davantage les individus à mettre de l’argent de côté ou cas où, plutôt qu’à consommer ou à investir.

 

Création de la Banque générale

En 1716, John Law a le droit de créer la Banque générale et par la même occasion, à émettre du papier-monnaie en contrepartie d’or. Philippe d’Orléans lui-même souscrit des actions de cette nouvelle banque. Cette dernière n’est pas une banque foncière (qui a pour objectif d’acquérir et de mettre en valeur des terres et des exploitations), mais une banque ordinaire, comme ce qui se fait en Hollande à ce moment-là.

La mission de cette nouvelle banque est donc d’échanger de la monnaie métallique contre des billets, et cela, sans frais de courtage. La banque tire alors ses bénéfices du change et des opérations d’escompte. Cette Banque générale connaît rapidement un engouement, car la monnaie qui est émise représente un gain d’efficacité pour les négociants. Cela lui permet ensuite d’augmenter le volume de ses émissions et donc d’émettre davantage de papier-monnaie que la quantité d’or et d’argent détenue en dépôt. La création monétaire est cependant garantie grâce à plusieurs revenus que la banque peut se garantir grâce au soutien du régent.

 

Le commerce avec l’outre-mer

John Law décide en 1717 de se lancer dans le commerce avec l’outre-mer. Pour cela, il crée la Compagnie d’Occident, suite à son rachat de la Compagnie du Mississippi qui avait été fondée en 1713 pour notamment investir et gérer la Louisiane française. Law va promouvoir sa Compagnie en soutenant la colonisation et en faisant valoir auprès de la population la participation financière qu’il a lui-même investi sur ce lointain territoire. Néanmoins, il a surtout fait cela pour accroître la confiance, condition nécessaire pour un investissement, plutôt que par réelle volonté de développer ces terres en Louisiane. De plus, toujours dans le même objectif, il a exagéré la réelle valeur des terres de la Louisiane, présentant cette dernière comme un endroit qui regorge de richesses.

 

Création de la Compagnie perpétuelle des Indes

Assez peu de temps après, en 1718, la Banque générale devient une Banque royale, étant ainsi garantie par le roi. John Law réalise ensuite plusieurs transactions immobilières et en 1719, la Compagnie d’Occident absorbe plusieurs autres compagnies coloniales françaises, telles que la Compagnie française des Indes orientales, la Compagnie du Sénégal et la Compagnie de Chine.

Suite à ces absorptions, elle devient la Compagnie perpétuelle des Indes. Cette dernière gère alors par exemple le port de Lorient, très rentable à cette époque. Elle renégocie aussi, pour le compte du Royaume de France, une partie de la dette de celui-ci à des taux plus bas. En effet, la Compagnie a prêté à la France la somme d’argent nécessaire pour réaliser l’opération de rachat de ses dettes, mais en échange d’une annuité de 3 % du total, payés en billets de banque. Les nouvelles souscriptions connaissent un bon accueil, dans la mesure où les nouveaux billets ont une valeur qui est supérieure à leur équivalent en monnaie métallique. Cela engendre alors un début d’inflation, qui est cependant caché par l’appréciation des billets-papier.

Au milieu de l’année 1719, en août, la Compagnie obtient, de la part de l’État, un privilège pour pour fabriquer de la monnaie et pour percevoir les impôts indirects, ce qui permet de décharger l’État de cette mission. De plus, l’intégralité de la dette publique est convertie en actions de l’entreprise, qui s’occupe alors de sa gestion.

 

Nomination en tant que Contrôleur général des Finances, puis banqueroute du Système de Law

Par la suite, le 5 janvier 1720, John Law est nommé Contrôleur général des Finances du Royaume de France, puis Surintendant général des Finances, ce qui va entraîner, sur la lancée, la fusion de la Banque royale et de la Compagnie perpétuelle des Indes en une seule structure.

Durant ce mois de janvier 1720, énormément de livres (monnaie de l’époque) de billets de banque sont émis, ce qui augmente considérablement le capital de la société. Néanmoins, les deux principaux ennemis de John Law, à savoir le Prince de Conti et le duc de Bourbon poussent à une spéculation à la hausse, dans l’objectif de provoquer un effondrement du système. Cela fonctionne, puisque le prix de l’action de la compagnie s’envole, en étant multiplié par 40. Face à cette situation, certains des détenteurs de billets les plus importants commencent à demander d’échanger leurs avoirs contre des pièces d’or et d’argent, ce qui provoque presque instantanément l’effondrement de la confiance dans le système.

Dès le 24 mars suivant, le système de Law se trouve dans une situation de banqueroute. Une partie des individus qui avaient déposé des espèces métalliques en échange de papier-monnaie souhaite les récupérer, ce qui n’est pas possible dans la mesure où la société ne les a plus.

Cette crise va être l’un des premiers krachs de l’histoire et provoquer la ruine des individus qui avaient déposé leur argent, et donc une rupture totale de la confiance. John Law n’a donc pas réussi à relancer l’économie française, mais son système a toujours, encore aujourd’hui, une influence importante sur la théorie monétaire moderne, à travers des nombreux concepts clés qui en découlent.

 

La fuite à l’étranger et les conséquences de la banqueroute

À la fin de l’année 1720, John Law est ruiné et contraint de fuir la France pour se réfugier à Venise, en Italie.

Déjà dans une situation financière précaire avant l’arrivée de Law, le royaume de France se trouve encore plus appauvri, notamment chez les riches actionnaires. D’autres, moins nombreux, ont eu accès à certaines informations, ce qui leur a permis de s’enrichir.

Malgré le fait que ce système ait fait perdre toute confiance envers le papier-monnaie, et par ricochet, envers l’État, il a quand même permis d’assainir la dette de l’État en la déplaçant sur de nombreux épargnants. L’économie de la France ne connaît plus un endettement généralisé, ni une pénurie de liquidités, ce qui l’empêchait de se développer. Cela vient notamment du fait que l’inflation a permis d’alléger de manière importante les dettes privées.

D’une manière générale, les principales victimes de la banqueroute sont les rentiers (hors secteur de l’immobilier), mais cela a permis, en même temps, de redynamiser un peu l’économie, ce qui a amélioré la situation des plus défavorisés.

 

Actions de John Law en tant que Contrôleur général des Finances

En tant que Contrôleur général des Finances, John Law a mis en place de nombreuses réformes, qui se sont révélées bénéfiques et dont certaines ont même eu un effet durable, tandis que d’autres ont été rapidement supprimées. Il a par exemple voulu diviser les grandes propriétés foncières au profit des paysans, il a aboli les péages intérieurs sur les routes et les canaux, il a encouragé la construction de nouvelles routes, il a favorisé le lancement de nouvelles industries (en faisant venir des artisans et en offrant des prêts à faible taux d’intérêt), et a promu la relance du commerce avec l’outre-mer. Ces mesures ont permis à l’industrie de croître significativement, et par ricochet, d’augmenter les exportations.

Par ailleurs, Law a contribué au refinancement, en 1719, de la Compagnie française des Indes.

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1 réflexion sur “Biographie de John Law”

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