Biographie de Karl Polanyi

 

Karl Polanyi
Karl Polanyi

 

Informations principales

Karl Polanyi, né sous le nom de Károly Pollacsek, est un économiste austro-hongrois, né le 25 octobre 1886 à Vienne, en Autriche-Hongrie (en Autriche actuelle) et mort le 23 avril 1964 à Pickering, au Canada.

Il est généralement considéré comme un économiste socialiste, voire marxiste, mais d’inspiration humaniste et chrétienne. Globalement, il est placé dans la catégorie des penseurs hétérodoxes, c’est-à-dire qui n’est pas conformiste.

Suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 et au vu de l’influence de l’Allemagne sur l’Autriche, il décide de quitter son pays pour l’Angleterre, puis pour les États-Unis en 1940, et pour le Canada à la fin de sa vie. Il sera d’ailleurs naturalisé dans ces deux derniers pays.

Il a été pendant plusieurs années professeur et chercheur au Bennington College, université dans le Vermont, aux États-Unis, et à l’université Columbia à New York, dans le même pays.

Son principal ouvrage est intitulé La Grande Transformation, publié en 1944. Dans ce livre, il remet en cause les concepts d’homo œconomicus, de marché ou encore de compétition. Il juge que ces concepts ne sont pas issus d’une construction naturelle et universelle comme le pense la grande majorité des penseurs et économistes de son époque. L’ouvrage traite des origines politiques et économiques de l’expansion, puis de l’effondrement de la civilisation du 19e siècle, et par prolongement, de la grande transformation que cela a provoquée. Il explique qu’avec le développement du libéralisme et du marché autorégulateur, il y a ce qu’il appelle un “désencastrement” de l’économie, ce qui correspond à la séparation de la sphère économique d’avec les autres composantes de la société. L’économie dirige alors tout et explique tout, jusqu’à créer des tensions qui peuvent amener à des régimes fascistes et au retour du social, ce qu’il appelle le “réencastrement”.

Dans un autre ouvrage publié en 1977 après sa mort et intitulé La Subsistance de l’homme, Karl Polanyi contribue à élaborer une histoire économique générale comparative qui rassemble les recherches sur les sociétés antérieures à la société de marché du 20ème et 21ème siècle. En s’inspirant des grands théoriciens de l’histoire économique et des fondateurs de l’anthropologie, Polanyi développe et précise sa conception en l’appliquant aux économies de l’époque de l’Antiquité. C’est dans ce cadre qu’il développe notamment le concept de substantivisme et qu’il défend le fait qu’une société doit garantir les conditions matérielles et morales de sa subsistance à chaque individu de la société en question.

La société idéale pour Karl Polanyi serait socialiste et démocratique et les activités seraient soumises à une réglementation politique de la part de la société en question. Les marchés auraient quand même leur place pour les produits, mais pas pour la détermination des revenus qui viennent du travail ou de la terre. L’autorégulation de l’économie de marché (comme cela se fait dans une société capitaliste) serait remplacée par un mélange équilibré de redistribution, de réciprocité et d’échange.

Par ailleurs, la religion est un sujet important pour Karl Polanyi. En effet, d’abord juif, il s’est reconverti en 1922, par conviction politique et éthique, au christianisme. Cela ne l’empêche cependant pas de soutenir un socialisme laïc. Pour lui, la religion chrétienne est l’une des doctrines qui défend le plus la justice sociale et la démocratie sociale moderne. Elle correspond également, selon lui, à une forme de social-libéralisme qu’il juge autonomiste et émancipateur, parce que chaque individu est libre de son destin. Cela implique que les individus en question assument la responsabilité morale qui en découle, prennent conscience de la liberté que cela implique et doivent donc être attentifs aux liens de solidarité qu’ils nouent avec les autres pour les accompagner dans cette épreuve.

 

L’émergence de l’économie de marché

Karl Polanyi a cherché à comprendre comment un important mouvement d’amélioration économique durant le 19ème siècle a pu s’accompagner de nombreuses catastrophes sociales majeures, engendrées par l’expansion peu ou pas contrôlée des marchés. 

La thèse centrale qu’il défend est celle de l’expansion incontrôlée des pratiques marchandes ce qui, selon lui, dissout la culture du vivre-ensemble. En effet, il considère que l’expansion du capitalisme est très immorale, parce qu’elle laisse penser qu’en échange d’une quantité illimitée de biens matériels, tous les problèmes des humains sont en capacité d’être résolus. Cela entraîne une transformation dans les mobiles d’action puisque le mobile de la subsistance doit se transformer en mobile du gain.

Ces nouveaux marchés sont émancipés de tutelles politiques, syndicales ou culturelles, ce qui pousse Polanyi à les caractériser de marchés autorégulateurs, c’est-à-dire dans lesquels la vie économique est gérée en interne, par les transactions et les prix, sans interférences régulatrices. Concrètement, cela signifie que la production des biens, et par prolongement, leur diffusion et leur consommation sont dirigées par les acteurs économiques dominants, qui refusent toute intervention extérieure, peu importe qu’elle vienne des syndicats, des coopératives, des associations culturelles, ou à travers l’intervention de l’État. Karl Polanyi explique alors que le dynamisme économique qui est impulsé par les marchés se désencastre en dehors de la vie commune.

À l’opposé de ces sociétés qui se transforment, dans les sociétés traditionnelles de marché, Polanyi constate que les relations sociales de l’Homme englobent, d’une manière générale, son économie. L’individu n’agit alors pas pour protéger son intérêt individuel à posséder des biens matériels, mais il agit pour conserver sa position sociale, ses droits et avantages sociaux. Cela implique que le système économique sera géré en fonction de critères qui ne sont pas économiques.

Dans les sociétés non-marchandes, une grande partie des actions économiques sont organisées par le principe de la redistribution (c’est-à-dire du centre vers la périphérie et du haut vers le bas) et par celui de la réciprocité horizontale (c’est-à-dire au sein de la famille). Ces actes ne sont pas motivés par l’appât du gain, ils sont récompensés d’un point de vue social, ce qui en fait une dimension importante de l’organisation sociale. À côté de ces processus, il existe quand même des marchés sur lesquels les biens et la monnaie sont échangés, mais ils sont étroitement surveillés par des dispositifs institutionnels. Cela signifie donc que la redistribution, les marchés et la réciprocité constituent des dispositifs institutionnels qui sont intégrés par les acteurs sociaux. Cela implique, selon Karl Polanyi, que les pratiques de marché sont encastrées au sein d’un environnement culturel, social, politique, voire religieux qui a une grande influence sur eux

 

La grande transformation

Selon Karl Polanyi, la civilisation du 19ème siècle reposait sur quatre institutions. La première correspondait au système de l’équilibre des puissances, ce qui a permis d’éviter, entre 1815 et 1914, toute guerre trop longue ou destructrice entre les pays européens. La seconde était le système de l’étalon-or qui permettait une organisation unique de l’économie internationale. La troisième correspondait au marché autorégulateur. Et enfin, la quatrième était l’État libéral. Selon Polanyi, ce sont ces quatre institutions qui ont donné à l’histoire de notre civilisation ses caractéristiques principales.

Parmi ces quatre institutions, celle de l’étalon-or a eu une importance décisive lors de la crise de 1929, puisque sa chute a participé à la catastrophe économique. Il a été abandonné par toutes les grandes puissances rapidement après, dans la mesure où la parité avec l’or était devenue intenable (en 1933 aux États-Unis, en 1931 au Royaume-Uni, en 1936 en France, etc). Pour Karl Polanyi, l’échec du système de l’étalon-or international a été le lien invisible entre la désintégration de l’économie internationale à partir du début du 20ème siècle et la transformation totale de la civilisation durant les années 1930. Toutefois, la chute de l’étalon-or ne permet pas, à lui tout seul, d’expliquer la Grande Dépression des années 1930 et l’anéantissement des institutions nationales du 19ème siècle.

Pour Karl Polanyi, la cause de l’effondrement, en 1929, du système est le marché autorégulateur. En effet, il explique cela par le fait que l’économie n’a, en réalité, jamais été vraiment autonome. Au contraire, il estime même que ce marché autorégulateur n’était qu’une sombre utopie et une tentative vouée à l’échec. Pour lui, c’est cela qui permet d’expliquer le krach boursier de 1929 et les dérives fascistes qui ont suivi durant les années 1930.

Le marché autorégulateur est une théorie selon laquelle l’économie se gère elle-même et se suffit à elle-même. Concrètement, cela signifie que les déséquilibres de marché ne peuvent se régler que sur le marché. Cela rejoint en fait la théorie de l’équilibre général, notamment défendue par les économistes néoclassiques (dont Léon Walras a été le chef de file). En effet, ces derniers analysent tout élément perturbateur de l’équilibre général du seul point de vue économique, sans prendre en compte d’autres composantes (sociales, historiques, sociologiques, etc). Leurs théories étudient donc les éléments avec un spectre relativement réduit, avec une grande utilisation des mathématiques et en laissant assez peu de place aux aléas du réel. Karl Polanyi explique que c’est comme si la sphère économique se désencastrait, en quelque sorte, de la sphère sociale.

Le marché autorégulateur s’est construit durant le 19ème, par la volonté politique et économique de connecter les marchés qui étaient jusque-là séparés, d’un point de vue géographique ou thématique. Cela aboutit alors à la réunion des marchés des matières premières, des marchés des produits finis, etc. Toutes ces modifications s’accentuent en même temps qu’a lieu la Révolution industrielle, ce qui n’est pas, pour Polanyi, un hasard. En effet, à cette époque, la pensée dominante, à savoir libérale, estimait que le passage de ces différents marchés à un marché unique n’était que le résultat naturel de l’extension des marchés.

À l’inverse de cette vision, Polanyi y voit la conséquence de l’effet de stimulants artificiels qui avaient été administrés à la société pour répondre à une situation créée par le phénomène artificiel de la machine. Cela implique, selon Polanyi, qu’à partir de là, c’est la société qui doit s’adapter à la sphère économique, et non plus l’inverse.

Le concept de marchandise est au cœur du mécanisme du marché. En effet, le concept de marchandise au sens large permet de quantifier le profit. Cela implique alors que le travail, l’argent ou encore la terre doivent, eux aussi, être considérés comme des marchandises et donc être organisés en marchés. Il qualifie ces trois éléments de marchandises fictives, puisque ces dernières ne peuvent pas vraiment être considérées comme des marchandises, étant donné que leur premier objectif n’est pas d’être vendu. Karl Polanyi estime donc que considérer ces trois éléments primordiaux de l’industrie et de la société comme de simples marchandises est une vision dangereuse. En effet, il juge que ces changements et ces transformations correspondent à la naissance de la domination du marché sur la société et sur son milieu naturel. Cela aurait pour résultat in fine, selon lui, de détruire la société

Ce raisonnement amène à la théorie du désencastrement et du double mouvement qui est le message principal de l’ouvrage de Karl Polanyi intitulé La Grande Transformation.

Selon lui, le désencastrement correspond au mouvement artificiel dans lequel la sphère économique se détache des sphères sociales et politiques. L’apparition d’un marché autorégulateur a favorisé cette évolution en permettant de régler tous les problèmes de la société à travers de simples interventions économiques. Dans le cas de troubles sociaux par exemple, les réponses seront financières (par le biais de primes ou de hausses de salaire) ou par l’amélioration des conditions de travail (le dimanche comme jour de repos, les huit heures de travail par jour au lieu de neuf, etc).

Karl Polanyi explique que c’est plus qu’un simple désencastrement, c’est un vrai retournement qui a lieu. En effet, jusqu’à ces changements, l’aspect économique était l’un des angles d’explication, parmi d’autres, des problèmes sociaux. Avec cette grande transformation, l’économie devient alors la seule explication considérée comme valable à tous les changements de la société. Cela implique donc, selon lui, que toutes les marchandises (ce qui comprend la terre, l’argent et les individus) sont soumises aux lois du marché.

En justifiant et en prônant l’émergence d’un marché autorégulateur, la doctrine libérale a permis le désencastrement de l’économie (et la technique qui va avec), c’est-à-dire leur séparation et leur autonomisation avec les autres pans de la société. Cela implique que la production et la distribution des marchandises au sens large ne sont alors plus sous le contrôle de la population, ni sous un contrôle politique et social quelconque, comme cela est le cas dans les sociétés traditionnelles. Elles se trouvent désormais aux mains d’intérêts privés qui se retrouvent en concurrence les uns avec les autres, dans le but d’engendrer le gain maximal.

Néanmoins, Karl Polanyi juge que cette dérégulation est utopique et l’équilibre qui en découle instable. Il estime que le coût social de ces changements est trop important et que la société va réagir pour protéger ses membres, notamment à travers la mise en place de protections sociales et la montée de barrières protectionnistes entre les États. Il considère que c’est la pression économique subie par la société qui a engendré les totalitarismes des années 1930 (et notamment le nazisme d’Adolf Hitler en Allemagne). Lui-même en a connu les conséquences, puisqu’étant d’origine juive (avant de se convertir au christianisme), il a préféré fuir son pays, l’Autriche. Il a analysé la montée du fascisme comme un effet de la crise de la société de marché, en quelque sorte, un contrecoup du libéralisme.

Selon Polanyi, le fascisme avait un esprit de destruction et proposait une façon d’échapper à la situation institutionnelle d’un marché qui étouffait la société, sans issue apparente pour les citoyens. Ce sont ces troubles sociaux majeurs qui ont, pour lui, abouti à la Seconde Guerre mondiale. En effet, la montée du protectionnisme social et commercial entre forcément, selon lui, en contradiction avec les exigences d’un marché autorégulé.

Ce sont ces contradictions qui ont mené à la crise économique des années 1930, à l’effondrement des systèmes monétaires, à la montée des régimes autoritaires (comme le fascisme, le nazisme, etc) et à l’intervention accrue de l’État (comme dans le cas du New Deal par exemple, la politique mise en place aux États-Unis pour lutter contre les effets de la Grande Dépression). Avec tous ces événements qui débouchent sur la Seconde Guerre mondiale, Karl Polanyi y voit la fin du libéralisme économique et la montée d’une nouvelle classe responsable de l’économie, à savoir les bureaucrates.

La sphère sociale redevient ainsi, de manière brutale, centrale. C’est ce que Polanyi appelle le réencastrement, qui s’est fait, selon lui, par la guerre et la destruction de nombreuses institutions du 19ème siècle que cela a engendré. Cela signifie donc que le fascisme est un réencastrement de l’économie dans le social, tout comme le New Deal ou le stalinisme. Ces trois systèmes politiques sont trois tentatives, chacune différente et à leur manière, de faire se rejoindre l’économie et la société.

 

La catastrophe culturelle (ou la fabrique du diable) et la montée des fascismes

Pour Karl Polanyi, l’Homme n’est pas seulement un acteur économique (ou un Homo œconomicus), dans la mesure où il a d’autres intérêts que ceux qui ne sont que pécuniaires. En effet, il est intégré dans un cercle plus large fait d’interactions sociales, culturelles et politiques, mais également d’enjeux et de rapports de forces. Il explique que ces enjeux touchent les individus de beaucoup de manières différentes, par exemple en tant que membres d’une profession, en tant que sportifs, consommateurs, voisins, patients, randonneurs, jardiniers, parents, piétons, utilisateur d’une ligne de chemin de fer, etc. Les individus en question sont donc susceptibles d’être représentés par presque n’importe quel type d’association locale ou d’organisation fonctionnelle qui reposent sur de larges principes d’adhésion, par exemple des communes, églises, syndicats, clubs, confréries, partis politiques, etc.

Selon Karl Polanyi, le capitalisme a un caractère agressif et destructeur, puisqu’il fait du travail, une valeur marchande. Il juge que cela anéantit toutes les formes organiques de l’existence et les remplace par un type d’organisation différent, qui est individuel et sans cohésion. Cela implique que les organisations fondées sur la parenté, le métier, le voisinage, ou encore la religion, devaient être supprimées, puisqu’elles exigent l’allégeance de l’individu et limitent sa liberté. Ce phénomène de dérégulation est appelé par Polanyi la catastrophe culturelle (ou la fabrique du diable). Il précise que ce n’est pas l’exploitation économique qui est la cause de la dégradation, mais la désintégration de l’environnement culturel de la personne. Avant d’être économique, la perte est celle des dégâts causés aux institutions qui encadrent son existence sociale. 

Le résultat de cette dégradation est que l’individu, la classe ou le peuple concerné ne va plus se respecter lui-même et va perdre ses critères moraux, et peu importe que le processus vienne d’un conflit de culture ou d’un changement de position d’une classe à l’intérieur de la société.

Pour Karl Polanyi, le capitalisme, qu’il juge destructeur des valeurs sociales, facilite l’émergence des fascismes. En effet, pour lui, le fascisme est la réponse à l’impasse dans laquelle a mené le capitalisme libéral. Pour lui, le fascisme équivaut à une réforme de l’économie de marché, réalisée au prix de la suppression des institutions démocratiques, autant dans le domaine industriel, que politique. Les populations sont alors soumises à une rééducation dans le but de les dénaturer et de les rendre incapables de fonctionner de manière responsable et politique.

Polanyi juge qu’il y a trois réponses qui se présentent pour contrer le régime libéral du laisser-faire, à savoir le fascisme, mais aussi le socialisme et le New Deal (dans le cas des États-Unis).

Il explique la montée du fascisme comme une tentative de résoudre les blocages de la société de marché, en écrasant ses adversaires socialistes sur le plan politique, et en abandonnant les principes du laisser-faire sur le plan économique, c’est-à-dire en abandonnant la vision libérale selon laquelle le travail, la monnaie et la terre sont des biens marchands. En effet, pour lui, le fascisme ne gagne et ne se développe que dans les moments de crise majeure de la société de marché. Il n’est, au final, qu’une solution de rechange pour les sociétés industrielles qui sont bloquées par l’affrontement sans issue du capital et du travail.

Cela s’accompagne d’inconvénients majeurs, puisque le travail n’est plus considéré comme une marchandise et il n’y a plus de contrats de travail, le travailleur se retrouve alors comme un esclave soumis aux volontés et aux intérêts du patron. De plus, la monnaie est contrôlée, la terre devient une propriété de l’État, en étant valorisée par celui-ci.

Polanyi explique qu’en mettant au même niveau le socialisme et le capitalisme, qui seraient tous deux les descendants de l’individualisme, le fascisme se pose devant la population comme l’ennemi des deux. Le ressentiment de la population contre le capitalisme libéral est, de cette manière, détourné de manière efficace contre le socialisme sans aucune répercussion sur le capitalisme non-libéral (c’est-à-dire sous la forme corporative). Au final, le libéralisme est d’abord identifié et associé avec le capitalisme, avant d’être décrié. Mais in fine, Polanyi juge que le capitalisme n’est pas atteint et continue même son existence, mais sous une autre forme.

 

L’éducation des ouvriers soutenue par Karl Polanyi

Lors de son séjour en Angleterre, Karl Polanyi s’est interrogé sur l’enseignement et sur l’accès à l’éducation de la classe ouvrière du pays. Il a alors constaté qu’il y avait une segmentation sociale, qui a été causée par la révolution industrielle. 

Face à l’ampleur de la situation, il décide de mettre en place des programmes d’enseignement à destination des ouvriers, dans le but de casser, au moins en partie, la justification du pouvoir par la classe dominante, à savoir qu’ils détiennent le savoir. Il va même considérer que l’enseignement prodigué doit être fait selon les règles et les normes de la classe ouvrière, pour qu’elle lui soit parfaitement adaptée.

Dans le cadre de ce travail, il compare le système de classe anglaise à un système de caste, dans la mesure où c’est extrêmement compliqué de changer de classe, tant la différence d’éducation entre les différentes classes en question est importante.

 

Le lien entre la sociologie et la religion fait par Karl Polanyi

La religion a été un sujet assez important pour Polanyi puisque, d’abord juif, il décide de se reconvertir au christianisme, par conviction politique et éthique. En effet, il estime que la religion chrétienne est l’une des doctrines qui défend le plus la justice sociale et la démocratie sociale moderne. Elle correspond également, selon lui, à une forme de social-libéralisme qu’il juge autonomiste et émancipateur, parce que chaque individu est libre de son destin. Cela implique que les individus en question assument la responsabilité morale qui en découle, prennent conscience de la liberté que cela implique et doivent donc être attentifs aux liens de solidarité qu’ils nouent avec les autres pour les accompagner dans cette épreuve.

Lors de son passage en Angleterre entre 1933 et 1940, Karl Polanyi va essayer de montrer que le socialisme et les Évangiles ont des bases communes et ne devraient, par conséquent, pas être autant opposés. Il défend la vision d’un socialisme laïc, tout en critiquant durement les personnes athées, ce qui vexera certains marxistes, défenseurs de l’athéisme. Durant cette période, Polanyi va s’intéresser davantage aux écrits de Karl Marx, et va même participer à diffuser son ouvrage intitulé Manuscrits de 1844. Il trouve dans ce travail en particulier une analyse moins fermée au christianisme que dans le reste des écrits de Marx.

Cet approfondissement du sujet de la religion à ce moment-là de sa vie était probablement un moyen pour Karl Polanyi d’expliquer le fascisme et le manque d’humanité qui se développait durant cette période.

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