Biographie de Ronald Coase

 

Ronald Coase
Ronald Coase

 

Informations principales

Ronald Coase est un économiste britannique né le 29 décembre 1910 à Willesden, dans la banlieue de Londres et mort le 2 septembre 2013 à Chicago, aux États-Unis.

Il est diplômé de la London School of Economics en 1931, école dans laquelle il s’est progressivement converti aux théories libérales.

Il est considéré comme le fondateur de la théorie des coûts de transaction (qui est une sous-branche de la nouvelle économie institutionnelle). C’est en démontrant l’importance des coûts de transaction et des droits de propriété dans la structure institutionnelle, ainsi que dans le fonctionnement de l’économie qu’il a obtenu, en 1991, le prix Nobel d’économie.

Il fait partie des économistes qui ont favorisé le développement de l’analyse économique des institutions, l’analyse économique du droit et le courant néo-institutionnel qui étudie notamment les interactions entre le comportement des individus et les institutions ou organisations qui font partie de leur environnement. De plus, ses idées ont permis de faire évoluer les droits de propriété sur la bande de fréquence (à savoir la radio, la télévision et la téléphonie).

 

Les coûts de transaction, concept important de Ronald Coase

Selon la vision classique héritée d’Adam Smith et ensuite formalisée par la théorie orthodoxe, le système économique est coordonné par le mécanisme des prix. Concrètement, il existe des marchés sur lesquels sont échangés des produits. Les quantités échangées et leurs prix sont déterminés par le libre jeu de l’offre et de la demande. Cela signifie donc que la libre concurrence mène à une allocation optimale des ressources, ainsi qu’à la satisfaction la plus élevée possible des différents participants.

Lors de son séjour aux États-Unis à 21 ans, Ronald Coase a enquêté sur les entreprises et s’est rendu compte que leur fonctionnement interne était à l’opposé de celui du système économique global. En effet, les activités y étaient généralement planifiées de manière rigoureuse, sans qu’un quelconque système de prix intervienne. Il n’y avait jamais vraiment eu de théorie économique sur ce sujet.

Avec ses réflexions, Ronald Coase remet en question l’une des hypothèses néoclassiques qui veut que les marchés sont parfaits et l’information, elle aussi, parfaite et transmise de manière instantanée. En effet, il juge que cela ne reflète pas la réalité puisque recourir au marché engendre un certain nombre de coûts (en termes de temps, d’argent et d’énergie notamment) qui sont liés à la coordination nécessaire entre les agents (par exemple la collecte de l’information, la négociation des contrats, etc.), c’est ce qu’il appelle les coûts de transaction.

Il considère qu’une organisation hiérarchique (ce qui suppose qu’il y a la signature d’un contrat de travail) peut permettre de réaliser certaines économies en évitant le recours au marché, ce qui permet de supprimer ces coûts de transaction. Ronald Coase explique que c’est ce qui permet aux entreprises de se développer, ce que la théorie néoclassique ignore. Néanmoins, la hiérarchie engendre des coûts d’organisation (tels que le management, la gestion des ressources humaines, etc.) qui sont comparés, par les dirigeants, aux coûts de transaction afin de prendre, soit des décisions d’internationalisation quand l’entreprise est plus efficace que le marché, soit des décisions d’externalisation quand l’entreprise est moins efficace que le marché

Ronald Coase montrera plus tard que les coûts de transaction, sur lesquels repose la productivité du système économique, dépendent du fonctionnement du système politique, du système juridique, du système d’éducation, de la culture, ainsi que de divers autres facteurs.

L’économiste américain Oliver Williamson reprendra ensuite les analyses de Ronald Coase afin de les développer.

 

Les externalités et les droits de propriété

Les externalités correspondent aux effets que l’activité d’un agent économique produit sur d’autres agents, et cela, sans compensation financière. Elles peuvent être négatives (comme par exemple dans le cas d’une usine qui pollue une rivière ou un terrain) ou positives quand un agent économique bénéficie des effets positifs d’une activité économique, mais sans en payer le prix (par exemple, un événement qui est organisé dans la ville a des effets positifs pour les commerçants). 

Au lieu d’utiliser la taxation ou la réglementation pour corriger les externalités négatives qui touchent les biens publics, Ronald Coase préconise que l’État attribue des droits de propriété. Le droit de propriété est un droit légal qui, en plus de la possession, inclut par exemple le droit de disposer de quelque chose. Si ces droits peuvent être échangés de manière libre, et s’il n’y a pas de coûts de transaction, alors la négociation et l’échange entre les différents agents économiques concernés donneront un résultat optimal, tant en termes de production que d’allocation des ressources. De plus, la valeur, ainsi que la composition de la production nationale seront les mêmes, et cela, quelle que soit l’allocation initiale des droits de propriété entre les agents économiques.

Dans le cas de la rivière polluée par une usine par exemple, l’État attribuerait des droits de propriété aux usagers de la rivière. Cela signifie qu’il y aurait une négociation entre les différentes parties, à savoir les propriétaires et l’usine, pour que la possibilité de polluer la rivière entraîne une allocation optimale.

 

Le théorème de Coase

À partir de l’article écrit par Ronald Coase en 1960 intitulé Le problème du coût social, plusieurs économistes ont développé leur propre version du théorème de Coase. Il a tout d’abord été énoncé par George Stigler en 1966. Ronald Coase conteste dans un premier temps la paternité de ce théorème, avant de finalement l’accepter.

Selon le théorème de Ronald Coase, dès que les coûts de transaction sont nuls, alors, une attribution initiale de droits de propriété, peu importe comment elle est, aboutit systématiquement à une allocation optimale des ressources. Cela signifie donc qu’il contredit l’argument politique selon lequel le recours à la réglementation est nécessaire afin de corriger une mauvaise attribution des droits de propriété. Son théorème a notamment été utilisé pour justifier certaines politiques libérales. Cependant, cela peut aussi défendre une politique interventionniste dans la mesure où, comme l’attribution des droits de propriété initiale importe peu, l’État peut choisir de les attribuer à ceux qui souffrent le plus et qui subissent le plus d’inégalités.

Concrètement, dans son raisonnement, Ronald Coase pose le sujet de la définition et du coût des droits de propriété. Jusqu’alors, c’est le principe du pollueur-payeur de Pigou qui était appliqué dans lequel l’intervention de l’État est toujours nécessaire, car si le “coût social” d’une pollution est supérieur au “coût privé” pour l’entreprise, alors il doit taxer, et dans le cas inverse, subventionner.

Toutefois, l’État privilégie ses propres préférences à celles des particuliers. Mais dans la mesure où il ne peut pas en avoir, puisque c’est une institution, ce sont les individus qui composent l’État en question qui en ont. Ronald Coase montre donc que le principe établi par Pigou se base sur un modèle néo-classique dans lequel il n’existe pas de coûts de transaction. Cela signifie donc que, dans ce cas uniquement, il est plus efficient, selon lui, de laisser le pollueur et celui qui est pollué négocier entre eux, et cela, peu importe la répartition initiale des droits de propriété (c’est-à-dire qu’elle soit à l’une des parties, au pollueur ou au pollué).

Par exemple, si une usine possède un droit de propriété sur l’air des environs qui lui permet de polluer librement, les propriétaires d’un camping pas loin vont préférer transformer ce dernier en champ de pommes de terre. Si tous les acteurs concernés (les propriétaires de l’usine et du camping) ont un droit sur l’air environnant, ceux du camping vont le vouloir non pollué. Cela va donc les pousser à s’entendre et à négocier avec les propriétaires de l’usine afin que ces derniers leur achètent leur droit, de sorte que l’usine puisse continuer à polluer autant qu’elle le souhaite.

Pour Ronald Coase, peu importe l’attribution des droits de propriété au départ, si on laisse les différentes parties négocier de manière libre, alors la solution choisie sera la même dans tous les cas, et sera la plus efficiente. Cela signifie donc que les droits vont se déplacer vers les agents économiques pour qui ils ont la plus grande valeur, sachant que Coase juge également ce déplacement efficient.

Selon Ronald Coase, ce raisonnement est valable seulement si les coûts de transaction sont nuls. Si ce n’est pas le cas, les négociations entre les propriétaires de l’usine et du camping seront probablement longues et difficiles. C’est alors dans cette situation que l’intervention extérieure est nécessaire.

Cela signifie, pour Coase, que les institutions n’existent pas seulement pour réduire les coûts de transaction, mais parce que les coûts de transaction ne sont pas nuls. C’est pour cela qu’il veut prouver qu’il existe sur le marché beaucoup de situations dans lesquelles les entrepreneurs exercent leur talent afin de faciliter l’internalisation des coûts de transaction, c’est-à-dire des individus qui vont utiliser leurs compétences dans le but de réduire ces coûts pour les entreprises, tels que les assureurs ou les agents immobiliers par exemple. Cela signifie pour Ronald Coase que l’État en tant qu’institution n’est pas obligé d’intervenir pour régler toutes les situations dans lesquelles il y a des coûts de transaction, puisque le marché peut finalement s’en charger, il est par contre nécessaire de juger les situations au cas par cas.

Cela implique aussi pour lui que l’entrepreneur existe parce qu’il existe aussi des coûts de transaction, ce qui est particulièrement marqué dans les activités de négoce. Si l’État est considéré comme le seul qui est capable d’agir, il empêche l’émergence de solution par des individus (c’est-à-dire des entrepreneurs) et donc, cela mène à la faillite du marché.

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