Informations principales
Vilfredo Pareto est un sociologue et économiste italien né le 15 juillet 1848 à Paris, en France et mort le 19 août 1923 à Céligny, en Suisse.
Il a apporté de nombreuses contributions importantes dans les domaines de la sociologie et de l’économie. Dans cette dernière, il a notamment contribué à l’étude de la distribution du revenu et de l’analyse des choix individuels. Il a par exemple introduit le concept d’efficacité et à aider au développement de la microéconomie avec l’idée de courbes d’indifférence. Son nom est resté grâce au Principe de Pareto (ou Loi des 80-20) qui est une observation selon laquelle environ 80 % des effets sont le produit de seulement 20 % des causes. Il est également à l’origine de l’optimum de Pareto, situation dans laquelle aucun agent économique ne peut améliorer son cas sans dégrader celui d’un autre individu.
D’un point de vue sociologique, il a étudié les actions logiques et non-logiques et a inventé le concept de circulation des élites.
Il a succédé à l’économiste français Léon Walras à la chaire d’économie politique de l’Université de Lausanne, en Suisse.
Léon Walras et Vilfredo Pareto font partie des principaux représentants du courant néoclassique (avec William Stanley Jevons et Carl Menger) et plus particulièrement de l’École de Lausanne, dont Pareto participera activement à la renommée. Par ailleurs, il a été un fervent défenseur du libéralisme économique.
Les écrits de Pareto ont significativement été influencés par les idées de Léon Walras. En effet, comme son prédécesseur, Pareto considère que l’économie est essentiellement une science mathématique, ce qui aura une grande incidence sur ses réflexions.
Un nouveau principe de la valeur-utilité et les courbes d’indifférence
Vilfredo Pareto a laissé à la littérature économique un certain nombre d’ouvrages majeurs comme, par exemple, son Cours d’économie politique, publié en 1896, ou encore son Manuel d’économie politique, publié en 1909.
L’un de ses apports les plus importants a été de modifier les principes de la valeur-utilité chez les néoclassiques. Avant sa contribution, l’un des principes néoclassiques était l’existence d’une fonction d’utilité cardinale, à savoir que l’individu rationnel est capable de déterminer le niveau absolu d’utilité d’un produit. Cela signifie donc que chaque consommateur est rationnel, et qu’il maximise son utilité, c’est-à-dire la satisfaction qu’il retire de la consommation d’un bien.
Selon cette théorie, le consommateur est également capable de chiffrer le degré d’utilité de chaque bien consommé. Sauf que Vilfredo Pareto, quant à lui, considère que le degré d’utilité ne peut pas être mesuré de manière absolument exacte. Il décide donc de remplacer l’utilité cardinale par un principe jugé plus réaliste, à savoir celui de l’utilité ordinale, selon lequel l’individu rationnel est seulement capable de hiérarchiser ses préférences, c’est-à-dire de dire s’il préfère le produit A au produit B ou inversement. C’est à partir de ce raisonnement que Pareto va utiliser les courbes d’indifférence, imaginées quelques années auparavant par l’économiste irlandais Francis Edgeworth. Le concept de la courbe d’indifférence représente l’ensemble les combinaisons de deux produits, ce qui permet d’obtenir une utilité donnée.
Chaque consommateur construit une échelle de ses préférences, dans le but de pouvoir comparer les différents niveaux d’utilité que lui procurent les combinaisons de biens. Si le raisonnement porte sur deux biens, pour un niveau d’utilité totale donné, alors cela implique qu’il existe une infinité de combinaisons de ces deux biens qui vont lui procurer la même utilité. À ce moment-là, on dit que le consommateur est indifférent à telle ou telle combinaison parce que chacune de celles-ci lui procure la même utilité. Cette analyse conduira Vilfredo Pareto à représenter, de manière graphique, toutes les combinaisons des deux biens grâce à des courbes d’indifférence, chacune d’elles assurant au consommateur le même niveau d’utilité tout le long de la courbe.
Grâce à ces apports, Vilfredo Pareto se positionne en père de la microéconomie moderne, ce qui ne l’empêche cependant pas de rompre avec l’alliance faite entre l’économie et la philosophie utilitariste. Alors que cette dernière recherche le plus grand bien pour le plus grand nombre, Pareto considère, quant à lui, que le bien ne peut pas être mesuré. Il décide donc de remplacer le concept d’utilité par la notion d’optimum de Pareto, qui correspond à une situation où le bien-être d’un individu ne peut pas être augmenté sans réduire le bien-être d’un autre individu. Dans une boîte d’Edgeworth (c’est-à-dire le graphique qui permet de montrer l’équilibre), l’ensemble des points de tangence des courbes d’indifférence de deux individus représente un optimum de Pareto.
L’optimum de Pareto
Vilfredo Pareto fait partie des principaux théoriciens néoclassiques. Il a pensé à une approche originale et nouvelle de la notion d’utilité (c’est-à-dire de la satisfaction des individus) qui l’a amené à élaborer une théorie qui permet de trouver une situation qui puisse satisfaire tous les individus.
C’est sur la base de ce raisonnement qu’il développe ainsi le concept d’optimum de Pareto. Cet optimum correspond à une situation dans laquelle il n’est pas possible d’améliorer la satisfaction d’un individu sans réduire la satisfaction d’un autre individu. Cette situation, qui est optimale sur le plan économique, ne signifie pas forcément qu’il y a une répartition équitable des ressources entre les différents individus.
En effet, pour atteindre cet optimum parétien, il est nécessaire que toutes les ressources soient utilisées de façon optimale, ce qui ne veut pas dire que la répartition sera juste ou équitable, sachant que cela est possible seulement si le marché est en situation de concurrence pure et parfaite. L’optimum ne prend alors pas en compte, par exemple, la répartition inégalitaire des richesses entre les individus.
Il est donc essentiellement question d’un critère d’efficience, étant donné que dans cette situation, tout le monde maximise sa satisfaction en tenant compte de ce que font les autres. Cependant, même si cette situation est optimale d’un point de vue économique, elle ne relève pas forcément d’une situation juste ou équitable. Par exemple, si un seul individu possède toutes les ressources, il s’agit quand même d’un optimum de Pareto puisque cette personne ne voudra rien céder pour améliorer la satisfaction des autres. S’il donne une partie de ses richesses, cela va détériorer sa fortune et donc faire s’effondrer l’optimum. Vilfredo Pareto juge que l’économie de marché doit tendre vers l’optimum, car tout le reste, tel que la redistribution par exemple (qui permettrait de réduire les inégalités) relève, selon lui, de choix politiques qui n’ont rien à voir avec le travail que réalise l’économiste.
En créant l’optimum de Pareto, ce dernier a donné une référence aux économistes néoclassiques pour leur permettre de démontrer, d’un point de vue mathématique, la supériorité théorique de la concurrence pure et parfaite sur les autres modèles économiques alternatifs (tels que celui du monopole, de l’oligopole, etc). Néanmoins, s’il y a des externalités (c’est-à-dire des effets externes), alors la concurrence n’est plus un optimum de Pareto.
Dans la mesure où l’optimum de Pareto est un état jugé efficace, cela amène à préconiser, d’un point de vue économique, le laisser-faire. Dans ce contexte, cela implique que l’État n’a aucune légitimité à intervenir dans l’économie, puisque le mécanisme des marchés suffit à assurer l’allocation optimale des ressources. C’est, entre autres, sur la base de ce raisonnement que Pareto se pose en défenseur du libéralisme économique, car il considère que c’est le système le plus producteur de richesses, ce qui conduit à l’enrichissement de toute la société.
Le principe de Pareto ou Loi des 80-20
Lors d’une étude sociologique des inégalités de revenus en Italie, Vilfredo Pareto a constaté que 20 % de la population italienne possédait 80 % des richesses.
Cette observation a ensuite été étendue à d’autres domaines sous le terme de Principe de Pareto, distribution de Pareto ou encore Loi de Pareto. Vilfredo Pareto note que ce constat est bien plus qu’une observation ponctuelle, puisque selon lui, il s’agit en réalité d’une régularité statistique observable dans de nombreux domaines. Cette loi stipule donc, d’une manière générale, que 20 % des causes produisent 80 % des effets. En effet, en économie par exemple, il a été observé qu’environ 80 % des richesses mondiales sont détenues par 20 % de la population. Dans le domaine du management, il y a l’exemple des compagnies aériennes dont près de 20 % des passagers représentent 80 % du chiffre d’affaires (CA). Ou encore pour le sujet des impôts, 80 % des recettes fiscales qui viennent des cotisations de seulement 20 % des citoyens imposables.
Cette régularité statistique est très utile pour prendre en compte les différences entre les individus et ainsi adapter au mieux la mise en place d’une politique publique ou d’une stratégie d’entreprise.
Par ailleurs, Vilfredo Pareto juge que rien ne peut infléchir une loi mathématique, ce qui signifie que, partager les richesses par exemple, serait inutile et ne modifierait en rien l’organisation de la société.
Par extension, on nomme Diagramme de Pareto un type d’histogramme qui permet de classer des phénomènes par ordre d’importance.
De nombreux travaux dans le domaine de la sociologie effectués par Vilfredo Pareto
En plus de la science économique, Vilfredo Pareto a réalisé de nombreux travaux dans le domaine de la sociologie.
Les actions logiques et non-logiques
Dans son principal ouvrage sociologique intitulé Traité de sociologie générale, publié en 1916, Pareto réalise un important développement sur les actions logiques étudiées à travers l’économie et non-logiques étudiées à travers la sociologie. Il considère que les actions non-logiques sont constituées de résidus, ce qui représente tous les affects (c’est-à-dire les émotions et les sentiments) inhérents à l’être humain.
Vilfredo Pareto s’est tourné vers la sociologie afin de comprendre pourquoi les mathématiques dans l’économie ne fonctionnaient pas systématiquement. Pour lui, cela vient du fait que des facteurs sociaux non visibles, ou même incontrôlables interviennent. Sa vision sociologique soutient donc que la plupart des actions sociales sont non logiques (à l’inverse des actions logiques en économie) et que beaucoup d’individus donnent de fausses raisons logiques, à des actions non rationnelles.
C’est sur la base de ce raisonnement qu’il explique que les Hommes sont conduits par des “résidus”, ou des dérivations de ces résidus, c’est-à-dire par tous les affects (les émotions, les sentiments, les sentiments, les humeurs, etc) propres à l’Homme et qui viennent des actions non logiques.
D’autres économistes ont apporté des explications plus précises, notamment sur la définition des termes de résidus et de dérivations. Les résidus sont, dans le raisonnement de Pareto, constitués par des habitudes sociales persistantes et qui ne sont pas soumises à des questionnements, comme par exemple les habitudes, les croyances et les hypothèses. Les dérivations, quant à elles, sont constituées par les explications, les justifications et la rationalisation que les individus font d’elles.
Deux classes sociales : la masse et l’élite
Vilfredo Pareto distingue deux classes sociales, à savoir la masse et l’élite, sachant que cette dernière est elle-même séparée entre l’élite non-gouvernementale et l’élite gouvernementale (c’est-à-dire qui appartient à un gouvernement). De la masse montent constamment de nouvelles élites, que l’élite en place a le choix, soit de combattre, soit d’intégrer, jusqu’à ce qu’elle soit finalement défaite et remplacée.
Pareto juge que toute élite qui n’est pas prête à livrer bataille pour défendre ses positions, se trouve en plein déclin, jusqu’à sa disparition. Il ne lui reste alors plus qu’à laisser sa place à une autre élite qui a, elle, les qualités viriles, selon ses propos, qui lui manquent. Il estime aussi que c’est illusoire pour l’élite en place de penser que les principes humanitaires qu’elle a proclamés lui seront appliqués. Vilfredo Pareto juge que c’est cette lutte qui fait l’histoire, ce qui l’amène à dire que « L’histoire est un cimetière d’aristocraties« .
En effet, Pareto pense que l’histoire des sociétés humaines est, en grande partie, l’histoire de la succession des aristocraties. Et pour lui, c’est la sélection qui rend possible cette succession, car sans son intervention, toutes les races d’êtres vivants tomberaient en décadence (c’est-à-dire déclineraient jusqu’à disparaître) et la race humaine n’échappe pas à cette loi. Il juge que dans chaque race naissent des “éléments de rebut”, qui doivent être éliminés par la sélection. Les douleurs causées par cette destruction n’est que le prix du perfectionnement de la race, et pour lui, c’est l’un de ces nombreux cas dans lesquels le bien de l’individu est en opposition avec le bien commun.
Il estime que la distinction qu’il fait entre l’élite et la masse s’applique à toutes les sociétés dans des proportions similaires. Il explique aussi que la répartition des richesses est inégalement la même partout, ce qui implique, selon lui, que la seule manière d’enrichir les plus pauvres est d’enrichir la société toute entière, et cela, plus rapidement qu’elle ne s’accroît.
L’épistémologie
À rebours des préjugés de certains défenseurs de la science de son époque (c’est-à-dire les scientistes), opposés aux défenseurs de la foi religieuse, Vilfredo Pareto considère que la science n’a pas la faculté de définir un système politique, une morale et une religion, idéaux. Pour lui, le scientisme dénature la science en la surestimant, dans la mesure où la science ne peut pas déterminer les fins humaines.
Pareto se montre cynique et pessimiste en estimant illusoire d’organiser rationnellement la société, de penser que l’Homme est dirigé par la raison et que la vertu va progresser avec l’accroissement de la raison dans la société.
Vilfredo Pareto se montrera également très critique envers les moralistes qui développent, en vain selon lui, des théories pour accorder les intérêts particuliers et les intérêts collectifs. Pour lui, le maximum d’utilité pour la collectivité n’est pas équivalent au maximum d’utilité de la collectivité.