Biographie de Walt Whitman Rostow

 

Walt Whitman Rostow
Walt Whitman Rostow

 

Informations principales

Walt Whitman Rostow est un économiste et théoricien politique américain, né le 7 octobre 1916 à New York, aux États-Unis et mort le 13 février 2003 à Austin, dans le même pays.

Toute sa vie, il a cru en l’efficacité du capitalisme et de la libre entreprise. C’est à ce titre qu’il a été un fervent anticommuniste.

Il a acquis sa notoriété dans les années 1960, après avoir formulé sa théorie du développement et des conditions de la croissance. Il a exposé son raisonnement dans l’ouvrage qu’il a écrit, intitulé Les étapes de la croissance économique : un manifeste non communiste, publié en 1960. Ce livre a ensuite été utilisé dans plusieurs domaines des sciences sociales.

Dans les années 1960, il a été un important conseiller pour la sécurité nationale des présidents américains Kennedy et Johnson. Dans le cadre de ses fonctions, il a eu un rôle majeur dans l’élaboration de la politique étrangère américaine en Asie du Sud-Est. Il a d’ailleurs été un fervent défenseur de l’implication des États-Unis dans la guerre du Vietnam.

 

Les étapes de la croissance économique, apport majeur de Rostow à l’économie

Walt Whitman Rostow a publié, en 1960, son livre intitulé Les étapes de la croissance économique : un manifeste non communiste. Dans cet ouvrage, il propose un modèle du décollage de la croissance économique, qui deviendra ensuite l’un des principaux modèles historiques de croissance économique. Selon lui, le développement des sociétés industrielles suit cinq étapes fondamentales de durée variable. En effet, pour lui, il y a d’abord la société traditionnelle, puis vient les conditions préalables au décollage, le décollage, la phase de maturité, et enfin, l’âge de la consommation de masse.

Rostow considère que la société d’origine est une société traditionnelle, qui ne vit que de l’exploitation de la terre. Elle est assez hostile à toute forme de progrès et les hiérarchies sociales sont généralement figées. Cela implique donc que le produit intérieur brut (PIB) par habitant ne peut pas augmenter, et a même tendance à diminuer. Globalement, le taux d’investissement est à peu près le même que celui de la croissance démographique.

Cependant, la lente évolution de la société traditionnelle l’amène quand même, de manière progressive, à remplir les conditions préalables au décollage. Les changements y sont alors plus facilement acceptés, ce qui permet à la croissance économique de dépasser la croissance démographique, notamment grâce à la révolution agricole. En effet, cette phase s’accompagne d’une forte augmentation de la production et de la productivité agricole. Le travail (c’est-à-dire la main d’œuvre) peut alors être réaffecté à d’autres secteurs productifs. Il y a également l’apparition des premières formes d’accumulation capitalistique. Grâce à la formalisation de l’éducation et à la diffusion des compétences techniques, il y a une augmentation graduelle du capital humain. Cette phase est aussi caractérisée par de grands bouleversements politiques et religieux, tels que, par exemple, la Révolution française, la guerre d’indépendance des États-Unis, la Réforme protestante, etc).

L’étape suivante est à la fois la plus courte, mais la plus décisive, c’est celle du décollage. Les investissements massifs réalisés dans l’industrie pendant une vingtaine d’années permettent une amélioration majeure et durable du rythme de la croissance (de 0.2 % par an en moyenne avant le 18ème siècle à 1.2 % au 19ème siècle). L’impact de la technologie dans la croissance est alors décisif. Les forces du progrès économique dominent dorénavant la société, ce qui permet l’arrivée au pouvoir politique d’un groupe qui considère la modernisation de l’économie comme un sujet sérieux et important.

Rostow explique alors qu’environ une soixantaine d’années après, de nouvelles industries vont prendre la place des entreprises de la période du décollage. Pour les pays de la première révolution industrielle (avec notamment la machine à vapeur), cela correspond par exemple à la seconde révolution industrielle (marquée par la forte extension de l’usage de l’électricité et de l’industrie chimique et pétrolière). Cela permet une nette amélioration des niveaux de vie de la population.

Avec ces événements, le processus de croissance devient alors auto-suffisant. Ce qui n’était qu’une simple accélération économique avec la phase du décollage peut être, grâce à de nouvelles configurations socio-politiques, transformé en un processus d’accumulation générale, ce qui, au final, produit un accroissement du revenu individuel. Les sociétés ont, à ce moment-là, atteint la phase de la maturité. L’accélération économique se répand à d’autres secteurs économiques, qui n’étaient jusqu’alors pas concernés et n’avaient pas décollé. De plus, l’investissement compte pour une proportion de 10 % à 20 % du PIB (des chiffres qui seront remis en cause par d’autres économistes). Grâce aux forts investissements, la production (et donc la richesse générée) dépasse régulièrement l’augmentation de la population, ce qui permet une augmentation nette du revenu par habitant.

Lorsque la part de l’investissement commence à se réduire, un plus grand nombre de ressources est alloué à la consommation, ce qui favorise la croissance et permet d’atteindre la cinquième et dernière étape. En effet, la croissance et l’augmentation des revenus mènent à l’étape de la consommation de masse, caractérisée par exemple en France par les Trente glorieuses, après la Seconde Guerre mondiale. Cette évolution s’accompagne d’une meilleure répartition du pouvoir d’achat. La société de consommation est rendue possible, car les principaux secteurs de l’économie produisent des services et des biens de consommation durable. Cette phase arrive quand le revenu réel par habitant devient élevé, de sorte que les agents économiques peuvent consommer des biens allant au-delà de la nourriture de subsistance et des vêtements. Le tournant aux États-Unis, où cette phase a commencé vers 1913, correspond à la taylorisation dans les usines d’Henry Ford.

Au-delà de la consommation, Walt Whitman Rostow estime qu’il est difficile de caractériser ce qui n’existe pas encore, et donc de prolonger le raisonnement avec des étapes supplémentaires. Cependant, il trouve, dans la société américaine, des signes d’un essoufflement de la consommation. Il constate que les individus préfèrent passer du temps en famille, plutôt que de chercher à augmenter toujours plus leur revenu et ils cherchent également moins à consommer que par le passé. Cela l’a amené, en 1971, soit onze ans après la première version, à amender son modèle afin d’ajouter une sixième étape qui suit la société de consommation, celle de la “recherche de la qualité”.

Ce modèle, développé par Rostow, a reçu de nombreuses critiques. En effet, certains économistes ont contesté la distinction faite en différentes étapes considérant que, dans la réalité, le passage d’un stade à un autre ne se fait pas aussi simplement et clairement. Une des critiques les plus sérieuses a été réalisée par l’économiste américain d’origine russe, Alexander Gerschenkron. En reformulant la théorie du développement économique, il montre que les pays qui s’engagent plus tardivement dans le développement économique peuvent bénéficier de l’expérience des nations qui les ont précédés, ce qui leur permet de connaître un rattrapage accéléré, voire même de sauter certaines étapes.

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