Informations principales
Edward Christian Prescott est un économiste et professeur d’université américain, né le 26 décembre 1940 à Glens Falls, dans l’État de New York, aux États-Unis et mort le 6 novembre 2022 à Paradise Valley, dans l'État de l’Arizona, dans le même pays.
Durant sa carrière, il a exercé de nombreuses responsabilités comme professeur dans plusieurs universités, telles qu’à celles de Pennsylvanie, du Minnesota, de Chicago, ou encore celle de l’Arizona. De plus, il a été conseiller économiste à la Réserve fédérale de Minneapolis.
En 2004, il a obtenu le Prix Nobel d’économie, avec Finn Erling Kydland, pour leurs travaux sur la macroéconomie dynamique, et plus particulièrement sur l’incohérence temporelle des décisions de politique économique et sur les forces économiques qui sont responsables des fluctuations conjoncturelles.
Prescott est une figure importante de la macroéconomie, grâce à sa théorie des cycles réels et de l’équilibre général. Avec son confrère Finn Erling Kydland, il s’est demandé si les banques centrales devaient avoir des règles strictes, ou à l’inverse, bénéficier de choix discrétionnaires dans l’élaboration de la politique monétaire. Il est également connu pour avoir participé au développement du filtre Hodrick-Prescott, qui est utilisé pour lisser les fluctuations des séries temporelles.
Il est l’un des principaux représentants de la nouvelle macroéconomie classique, courant de pensée économique arrivé dans les années 1970 qui rejette le keynésianisme, mais sans pour autant rejeter l’intervention de l’État. Cette école de pensée se fonde sur des principes néoclassiques pour les actualiser et les mettre à jour.
Sur la base de ses contributions, le projet Research Papers in Economics l’a classé, en 2012, au 19ème rang des économistes les plus influents du monde.
Des travaux sur la macroéconomie dynamique avec Kydland et un Prix Nobel d’économie
Edward Christian Prescott et Finn Kydland ont reçu le Prix Nobel d’économie sur la base de deux articles, dont ils sont les auteurs. Ils ont étudié l’incohérence temporelle des décisions de politique économique et les forces économiques responsables des fluctuations conjoncturelles.
Dans le premier article, publié en 1977 et intitulé Les règles plutôt que la discrétion : L’incohérence de la planification optimale, Prescott et Kydland affirment que le but et les objectifs de la planification et de la politique économiques sont de déclencher une réponse souhaitée de la part de l’économie.
Cependant, ils ont aussi réalisé que ces secteurs sont constitués d’individus qui font des hypothèses et des prédictions sur l’avenir. Selon eux, même s’il existe une fonction d’objectif social fixe et convenue et que les décideurs politiques connaissent le calendrier et l’ampleur des effets de leurs actions, l’évaluation correcte de la situation finale n’aboutit pas à la maximisation de l’objectif social. En effet, ils ont précisé que les agents économiques prennent déjà en compte, dans leur prise de décision, la réponse supposée des décideurs politiques à un climat économique donné. De plus, ils considèrent que les décideurs politiques souffrent d’un problème de crédibilité, à cause de leur relation avec le gouvernement. Cela s’explique, selon eux, par le fait que le processus politique est conçu pour résoudre les problèmes et bénéficier aux citoyens d’aujourd’hui, et pas nécessairement ceux de demain.
Pour illustrer leur raisonnement, Prescott et Kydland ont pris l’exemple d’une zone qui est susceptible d’être inondée (une plaine inondable par exemple). Logiquement, le gouvernement déclare donc que le “résultat socialement optimal” est de ne pas construire de maisons dans cette zone, ce qui le pousse à annoncer qu’il ne fournira pas de protection contre les inondations (tels que des barrages, des digues, ou encore des assurances contre les inondations), puisque les agents rationnels ne vivront pas dans cette zone.
Néanmoins, Prescott et Kydland estiment que les agents rationnels sont prévoyants et donc, si eux et d’autres construisent des maisons dans la plaine inondable, le gouvernement, qui prend des décisions basées sur des situations actuelles, fournira alors une protection contre les inondations à l’avenir. Même s’ils n’ont jamais employé le terme, ils ont décrit ce qui est appelé un risque moral, notion qui pose le problème de l’opposition possible entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif.
Dans le second article, publié en 1982 et intitulé Délai de construction et fluctuations globales, Prescott et Kydland affirment que les changements dans l’offre, qui sont généralement causés par les changements et les améliorations technologiques, permettent d’expliquer les augmentations à long terme des niveaux de vie, mais aussi une grande partie des fluctuations à court terme des cycles économiques. Dans le but d’étudier cette hypothèse, Prescott a établi un modèle qui permet d’étudier l’évolution de la production, de l’investissement, de la consommation, de la productivité du travail et de l’emploi entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’année 1980. Grâce à ce modèle, Prescott et Kydland ont pu expliquer 70 % des fluctuations de la production par les changements et par la croissance de la technologie. Cependant, leur réelle contribution a été la manière qu’ils ont eue de modéliser les variables macroéconomiques, à l’aide de fondements microéconomiques.
Le cycle économique de Prescott
Edward Christian Prescott a affirmé que, sur plus d’un siècle, la croissance américaine suit une tendance de long terme de 2 %, ce qui est la manifestation du progrès constant de l’efficacité économique aux États-Unis. Il explique aussi que, sur le long terme, la tendance économique du pays qui est leader et le meneur ne peut pas être surpassée, à moins qu’il y ait un changement de leadership. En attendant, une économie qui croît et se développe à hauteur de moins de 2 % par an se trouve en dessous de ses capacités, ce qui signifie qu’elle est en crise virtuelle. Pour Prescott, ce style de crise est toujours engendré par une mauvaise politique économique.
Dans son modèle, la croissance est le résultat de la combinaison du capital, du travail et de l’efficacité. Il juge aussi qu’en Occident, la productivité et la répartition des capitaux sont homogènes, ce qui implique que c’est donc uniquement la quantité de travail qui fait la différence et qui permet d’expliquer les réels écarts de croissance.
Sur la base de son raisonnement, Prescott constate que depuis les années 1980, à efficacité comparable, les Américains travaillent davantage et donc s’enrichissent davantage, alors que les autres travaillent moins et s’appauvrissent relativement par rapport aux autres.
Ce constat l’a poussé à se demander pourquoi, à partir des années 1980, les Américains ont choisi, de manière collective, de travailler plus, alors que les Européens prennaient la décision inverse. Selon lui, l’explication se trouve dans l’impôt. En effet, les Américains et les Européens travaillaient autant en 1980, tout en prenant en compte que le niveau de l’impôt sur le travail était équivalent. Aujourd’hui (au moment où il a réalisé le raisonnement), les Américains produisent 40 % de plus que les Européens. Il justifie cela par le fait qu’en Europe, sur un gain de 100, les impôts prennent en moyenne 60, alors qu’aux États-Unis, ils ne prélèvent que 40. Il ajoute qu’en plus, c’est un taux marginal, c’est-à-dire qu’en travaillant davantage, un Américain conserve 60 % de ce qu’il gagne, alors qu’en Europe, ce n’est que 40 %.
Pour Prescott, seule l’augmentation du travail par l’offre conduit à une augmentation de la production. La nouvelle croissance créée doit ensuite permettre à l’État de prélever des impôts à un taux plus faible, mais sur une richesse plus importante, ce qui fait que l’État y gagne autant que les travailleurs.
Selon lui, des expressions souvent utilisées comme la “relance de l’économie” ou le “ralentissement de la surchauffe” n’ont aucun sens, parce que les agents économiques savent que les signaux ne sont que des signaux, et non pas des changements réels. Ils peuvent donc déjouer les politiques mises en place en anticipant les effets artificiels attendus par les gouvernements.
Si la tendance de long terme de la croissance économique baisse, Prescott estime qu’il ne faut rien faire. En effet, selon lui, le cycle de l’innovation dure approximativement 42 mois (c’est-à-dire 3 ans et demi), ce qui implique qu’il y a des creux. Ces ruptures provoquent, de manière inévitable, des contestations chez les perdants.
De plus, il explique que l’intervention des gouvernements, qui peut être une bonne idée, risque de transformer un cycle naturel en crise majeure, et aller même jusqu’à casser de manière durable la tendance de long terme de la croissance économique. Cela a été par exemple le cas de la politique mise en place par le président américain Franklin Delano Roosevelt avec son New Deal, qui visait pourtant à relancer l’économie lors de la Grande Dépression des années 1930. De plus, Prescott estime aussi qu’en France, le gouvernement de Léon Blum a prolongé la crise qui a suivi le choc de 1929 en réduisant le temps de travail et, simultanément, en augmentant les salaires.