
Alors que l’économie française peine à retrouver un rythme de croissance soutenu, de nombreux experts s’interrogent sur la manière de relancer la croissance économique en France d’ici 2030. Dans un contexte marqué par le ralentissement de l’activité, l’essoufflement de la productivité, le contexte mondial compliqué et les déséquilibres budgétaires persistants, le rapport de l’institut Rexecode propose une nouvelle lecture, mais surtout de potentiels leviers à actionner pour redonner un véritable élan à l’économie nationale.
Peu connu du grand public, l’institut Rexecode joue pourtant un rôle essentiel dans le débat économique français. En effet, organisme privé et indépendant d’études économiques, il produit depuis plus de soixante ans des analyses macroéconomiques utilisées par les entreprises, les institutions et les pouvoirs publics. Son approche se distingue par une lecture qui se veut pragmatique des grands équilibres économiques et une volonté affirmée de contribuer aux choix stratégiques du pays en enrichissant le débat avec ses études.
L’analyse de la situation actuelle révèle une dynamique de croissance insuffisante, voire même préoccupante. À cause d’une croissance atone, liée à de nombreux facteurs, la France souffre. Ainsi, le pays se retrouve dans l’impossibilité de répondre aux multiples attentes et besoins collectifs, et voit en plus ses finances publiques partir sérieusement à la dérive.
Dans ce contexte, plusieurs scénarios économiques sont envisageables à l’horizon 2030. Le scénario dit « tendanciel », dans lequel aucune réforme d’ampleur n’est engagée, mène à une croissance molle et à des finances publiques toujours plus fragiles. Un scénario de redressement par la baisse des dépenses pourrait rétablir progressivement l’équilibre budgétaire, mais au détriment de la croissance. Enfin, Rexecode met aussi en garde contre la tentation d’un choc fiscal, mêlant baisse des dépenses et hausse des impôts, qui aurait plus d’effets négatifs, que positifs. Face à ces scénarios, Rexecode défend une voie basée sur la stimulation de la croissance économique.
Au-delà des chiffres, une stratégie de croissance ambitieuse permettrait donc de corriger les déséquilibres structurels de l’économie française. Avec une véritable politique de l’offre fondée sur l’investissement, l’innovation et la productivité, la France pourrait réduire son déficit public, améliorer sa balance extérieure et baisser son chômage.
Quatre leviers principaux sont identifiés par Rexecode pour renouer avec une trajectoire de croissance durable : améliorer la productivité du travail et du capital, mobiliser davantage l’épargne privée vers les investissements productifs, accroître la participation au marché du travail et réindustrialiser les secteurs porteurs de valeur ajoutée. Ces priorités supposent des réformes ciblées, des choix politiques clairs et une action cohérente dans la durée.
Mais toute politique économique, aussi rationnelle soit-elle, reste soumise à des conditions politiques et sociales. La mise en œuvre de ces réformes exige une volonté politique forte et une acceptabilité sociale suffisante.
Relancer la croissance économique en France d’ici 2030 n’est pas une utopie, mais nécessite quand même des réformes. Cet article explore le constat et les pistes concrètes proposées par Rexecode pour avoir davantage de croissance et combler les déséquilibres de notre pays.
Qu’est-ce l’Institut d’études économiques Rexecode ?
L’Institut Rexecode, pour “Recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises”, est un organisme privé et indépendant d’études économiques fondé en 1957. Il est né de la fusion de Rexeco, centre d’analyse économique et de diagnostic conjoncturel pour les entreprises créé en 1957, et d’Ipecode, institut de prévision indépendant créé à l’initiative de Raymond Barre.
Sa mission principale est d’analyser la conjoncture économique nationale et internationale pour éclairer les décisions économiques des entreprises et des décideurs publics. Rexecode s’appuie sur une équipe d’économistes et sur des données rigoureuses.
Rexecode est financé par ses adhérents et ses clients, à savoir les grandes entreprises, les PME, les institutions financières, et les organisations professionnelles ou publiques. L’institut a à cœur de préciser que son financement ne dépend pas des pouvoirs publics et que la diversité de ses adhérents est le garant de leur indépendance et de leur liberté de jugement. Rexecode est généralement présenté dans la presse comme étant proche du patronat et des organisations patronales françaises.
Les analyses sont souvent reprises dans le débat public, notamment parce qu’elles offrent une vision indépendante de celles issues des institutions publiques. Pour autant, l’influence de cet institut dépasse le cercle patronal, puisque ses rapports, comme celui de juin 2025 sur les perspectives de croissance économique à l’horizon 2030, nourrissent la réflexion de nombreux acteurs économiques et politiques.
Une croissance économique française trop faible
La croissance économique française reste aujourd’hui nettement insuffisante pour répondre aux attentes collectives et pour donner un coup d’arrêt au déficit public, avec le risque que les finances publiques entrent dans une spirale incontrôlable. Selon Rexecode, il est possible, grâce à une politique de croissance, de sortir la France de la situation dans laquelle elle s’est empêtrée, caractérisée par un manque de productivité, trop de dette publique, et un écart qui augmente entre les besoins sociaux et les ressources économiques. Selon l’institut, la situation est donc préoccupante. La France est enfermée dans une dynamique de croissance faible, et les perspectives pour les prochaines années demeurent limitées si aucune politique ambitieuse n’est mise en œuvre.
En 2024, le produit intérieur brut (PIB) de la France a, selon l’Insee, à peine progressé de 1,1 %, un chiffre bien en deçà de son potentiel. Pour 2025, les prévisions tournent autour de 0,6 %, toujours selon l’Insee, puis environ 1 % les années suivantes. Cette faible croissance s’explique notamment par les restrictions budgétaires prévues et l’incertitude économique mondiale (par exemple l’ampleur des droits de douane imposés par Trump). Cela reste également très éloigné des performances enregistrées par certaines grandes économies européennes comme l’Espagne.
Pour expliquer cette faible croissance, Rexecode insiste aussi sur la faiblesse de la productivité, le recul du temps de travail, un appareil productif fortement affaibli par la désindustrialisation (ce qui a causé des déficits commerciaux importants) et une épargne privée pas assez mobilisée vers la production. En somme, l’économie française n’arrive plus à générer suffisamment de valeur ajoutée pour soutenir une dynamique de croissance solide.
Les attentes collectives augmentent (notamment pour la transition écologique, la défense nationale, la sécurité, les services publics et le pouvoir d’achat). Et la croissance économique est trop faible pour y répondre. En effet, le supplément de PIB dégagé chaque année en France est de 30 milliards d’euros, alors que les seuls besoins annuels d’investissements supplémentaires sont estimés à plus de 100 milliards d’euros (dont 70 milliards d’euros pour la décarbonation dont l’échéance est prévue à 2050).
La « politique de l’offre » mise en place il y a environ dix ans (caractérisée par la baisse des charges, la réforme du droit du travail, et la modification de la fiscalité du capital) a freiné la perte de compétitivité et enrayé la désindustrialisation. Mais, elle a en même temps laissé dériver les déficits publics et menace désormais le pays d’un « effet boule de neige », avec une augmentation du déficit public qui augmenterait encore la dette publique. Cette dernière engendrerait alors des intérêts à payer toujours plus importants, ce qui risque de peser encore davantage sur le déficit public et d’entraîner un cercle vicieux dont il sera difficile de sortir. Un tel scénario a déjà commencé et il faut donc le stopper tant qu’il est encore temps.
Rexecode considère donc que relancer la croissance économique en France d’ici 2030 est une condition impérative pour éviter l’enlisement économique et retrouver un cercle vertueux qui permet de répondre à toutes les attentes et besoins de notre pays et de ses habitants.

Les scénarios économiques et budgétaires d’ici 2030
Pour anticiper l’évolution de la croissance économique en France d’ici 2030, Rexecode propose trois scénarios budgétaires distincts, en tenant compte des arbitrages politiques possibles et de leurs effets sur l’activité économique. Ces trajectoires visent à éclairer les choix à venir et à mesurer l’impact de différentes stratégies de redressement des finances publiques.
Le scénario tendanciel repose sur l’hypothèse d’un statu quo en matière de politique économique. Sans réforme ambitieuse ni ajustement budgétaire significatif, les dépenses publiques resteraient sur une trajectoire ascendante, tandis que la croissance resterait faible. Dans cette configuration, il y aurait une croissance moyenne de 0,7 % à 1,0 % par an et un déficit public encore supérieur à 5 points de PIB en 2030. La dette publique atteindrait alors 130 % du PIB. Ce scénario expose la France à un risque accru de crise de financement à moyen terme et en plus de cela, aucun des problèmes actuels ne serait résolu.
Le scénario de forte baisse des dépenses publiques, quant à lui, envisage un ajustement budgétaire par la réduction rapide des dépenses de l’État. Dans ce cas, l’hypothèse retenue est un effort de 1,5 % du PIB, soit 45 milliards d’euros, ce qui permettrait d’amorcer un recul du déficit public. La croissance moyenne ne serait que de 0,5 % par an sur la période 2025-2030. Cette option permet d’améliorer significativement les comptes publics, mais au détriment de la croissance économique française et de la satisfaction des besoins de la population.
Enfin, un scénario de choc fiscal, qui combine une baisse des dépenses et une hausse des prélèvements obligatoires, permettrait un ajustement rapide des finances publiques, mais au prix d’une croissance potentielle encore plus affaiblie. Rexecode insiste sur les effets négatifs d’une telle stratégie, puisqu’elle nuirait à l’investissement, à l’emploi et à la compétitivité des entreprises françaises. Ce scénario irait en plus à l’encontre d’un compromis social de croissance.
Ces projections montrent que les approches purement budgétaires, qu’elles passent par la rigueur ou par l’augmentation des impôts, risquent d’aggraver le ralentissement économique actuel. Pour sortir durablement de l’enlisement de l’économie française, Rexecode recommande une autre voie, à savoir celle d’une politique économique fondée sur la croissance, qui permettrait à la fois de stimuler l’activité et de rétablir les équilibres budgétaires.
Une politique de croissance permettrait de réduire les déséquilibres de l’économie française
Face aux limites des scénarios de rigueur budgétaire, Rexecode plaide pour une politique de croissance ambitieuse, seule capable selon l’institut de répondre aux déséquilibres structurels de l’économie française. À l’horizon 2030, relancer l’activité serait le moyen le plus efficace de rééquilibrer les finances publiques, tout en répondant aux besoins de la population.
Rexecode rappelle que les déséquilibres de l’économie française ne se limitent pas à la dette publique. Le pays souffre aussi d’un déficit extérieur chronique, d’un recul de la productivité, d’un taux de chômage élevé et d’un appareil productif affaibli. Ces fragilités freinent la croissance potentielle, réduisent les marges de manœuvre budgétaires et nuisent à la résilience du modèle économique français. Les corriger suppose un changement de cap stratégique.
Une politique de croissance permettrait de sortir l’économie française de l’enlisement et faciliterait la réduction des trois déséquilibres constatés par l’institut : le déséquilibre entre les ressources et les besoins collectifs, le déséquilibre extérieur, et le déséquilibre entre les dépenses et les recettes publiques. Ainsi, selon Rexecode, le taux de croissance potentiel de l’économie française pourrait être porté progressivement d’environ 1 % par an à 2 %. Le supplément annuel de revenu national créé doublerait, en passant de 30 milliards d’euros par an à 60 milliards d’euros. Cela permettrait de couvrir les besoins collectifs prioritaires et d’atténuer sensiblement les conflits d’objectifs.
Si ce scénario était suivi, cela permettrait de ramener le déficit public à moins de 3 % du PIB avant 2030, et cela, sans nécessiter une baisse trop brutale du niveau de la dépense publique. Cela impliquerait toutefois une certaine réallocation de la dépense publique en faveur de mesures de croissance, et par conséquent des réductions au moins équivalentes d’autres postes de dépense, ce qui faudra faire accepter politiquement et socialement. En augmentant le revenu national distribuable, Rexecode juge qu’une politique de croissance serait favorable non seulement à la réduction du déficit public, mais aussi aux besoins de décarbonation, de réarmement et de pouvoir d’achat.
Cette approche repose sur un cercle vertueux : plus de croissance alimente plus d’emploi, ce qui réduit les dépenses sociales et augmente les recettes publiques. Elle implique toutefois de choisir les bons leviers d’action, capables de soutenir durablement la croissance économique française sans générer de nouvelles fragilités. C’est précisément l’objet des propositions que développe Rexecode autour de quatre axes majeurs : la productivité, l’épargne, le travail et la réindustrialisation.
Quatre leviers peuvent être mobilisés pour avoir plus de croissance économique : la productivité, l’épargne, le travail et la réindustrialisation
Relancer la croissance économique en France d’ici 2030 ne pourra se faire sans actionner simultanément plusieurs leviers fondamentaux. Pour Rexecode, quatre grands axes doivent structurer une véritable stratégie de croissance : renforcer la productivité, mobiliser davantage l’épargne privée, augmenter la quantité de travail disponible et réindustrialiser le tissu productif national.

Renforcer la productivité
Pour relancer la croissance économique en France d’ici 2030, le renforcement de la productivité constitue un levier fondamental. C’est en augmentant la richesse produite par heure travaillée que l’économie peut croître durablement sans générer d’inflation ou de déséquilibres budgétaires. Or, depuis plus d’une décennie, la productivité en France stagne, voire recule dans certains secteurs clés.
Selon Rexecode, cette faiblesse est l’un des principaux freins à la croissance potentielle. Elle résulte à la fois d’un déficit d’investissement productif, d’une diffusion incomplète de l’innovation, et d’un environnement réglementaire parfois dissuasif. Pour inverser la tendance, l’institut appelle à créer un contexte plus favorable à l’initiative, à la montée en gamme des entreprises et à l’adoption des technologies numériques et écologiques.
Accélérer les gains de productivité passe notamment par le soutien à l’investissement dans le capital physique (équipements, technologies, infrastructures) mais aussi dans le capital immatériel (Recherche et développement, logiciels, formation, organisation). La politique économique doit encourager l’innovation dans les PME et favoriser la transformation numérique des filières industrielles. Elle doit aussi fluidifier le fonctionnement du marché du travail pour permettre une meilleure allocation des compétences.
Rexecode insiste sur le rôle décisif de la compétitivité. Une économie productive est aussi une économie capable d’exporter davantage. Améliorer la productivité contribue à restaurer l’équilibre commercial, un autre déséquilibre structurel français. À moyen terme, ce surcroît d’activité permettrait de soutenir l’emploi, d’augmenter les salaires réels, et de renforcer les recettes publiques sans relever les taux d’imposition.
Mobiliser l’épargne privée
L’un des enjeux majeurs pour relancer la croissance économique en France d’ici 2030 réside dans une meilleure mobilisation de l’épargne privée au service de l’investissement productif. La France dispose d’un taux d’épargne des ménages élevé, mais une large part de cette épargne est aujourd’hui orientée vers des placements peu risqués et peu utiles à la croissance, tels que l’immobilier résidentiel, les produits garantis, les placements peu risqués et les comptes réglementés. En attendant, les entreprises françaises manquent de fonds propres pour investir. Ce déséquilibre pénalise l’innovation, la modernisation des outils de production et l’émergence de nouvelles filières industrielles.
Pour corriger cette situation, l’institut préconise de renforcer l’attractivité des instruments d’épargne longue orientée vers les entreprises. Cela suppose à la fois une fiscalité plus incitative, une meilleure information des épargnants, et un développement plus dynamique de la place financière française. L’objectif est de reconnecter les flux d’épargne aux besoins de transformation de l’appareil productif.
À ce titre, Rexecode propose notamment la création de fonds d’investissement à capital garanti (FCG), ce qui constituerait une innovation financière de rupture et lèverait les vrais obstacles à l’investissement de l’épargne dans les fonds propres d’entreprises de croissance. Les fonds devraient pouvoir être rachetables à tout moment, sans perte en capital. L’institut estime que les fonds à capital garanti pourraient attirer progressivement un volume d’épargne de 100 milliards d’euros, directement tournés vers les fonds propres et l’investissement des entreprises.
Rexecode met en garde contre toute mesure qui viendrait fragiliser la capacité d’épargne des ménages ou décourager leur engagement dans des actifs risqués. La stabilité fiscale, la simplicité des produits et la confiance dans les institutions financières sont des conditions essentielles pour canaliser l’épargne vers les investissements porteurs de croissance économique.
Augmenter la quantité de travail
Relancer la croissance économique en France d’ici 2030 durablement suppose non seulement de produire mieux, mais aussi de produire davantage. Pour cela, il est indispensable d’augmenter la quantité de travail, autrement dit de renforcer l’offre de travail sur le marché français. Or, selon Rexecode, la France souffre aujourd’hui d’un sous-emploi structurel qui limite ses perspectives de croissance. Le taux d’activité reste inférieur à celui observé chez plusieurs voisins européens, en particulier pour les seniors et les jeunes peu qualifiés.
Pour améliorer la situation, Rexecode recommande une stratégie globale qui vise à accroître la participation au marché du travail. Ainsi, cela nécessite un allongement progressif de la vie active en repoussant notamment l’âge de départ à la retraite, une lutte contre les trappes à inactivité, des incitations au travail pour les allocataires de minima sociaux, mais aussi des réformes structurelles du système de formation et de l’assurance chômage.
Par ailleurs, l’augmentation du temps de travail effectif, sans que cela signifie forcément de remettre en cause la durée légale, passe par une meilleure organisation du travail, une plus grande souplesse dans les entreprises et une simplification du droit du travail. Il s’agit aussi d’éviter que la fiscalité ou les dispositifs sociaux n’induisent des désincitations à travailler davantage.
Cette mobilisation accrue du travail est d’autant plus nécessaire dans un contexte de vieillissement démographique. Une croissance soutenue d’ici 2030 reposera nécessairement sur une hausse du nombre d’heures travaillées dans l’économie, en parallèle des efforts pour améliorer la productivité et l’investissement.
Investir dans l’industrialisation des secteurs les plus porteurs
Pour relancer la croissance économique en France d’ici 2030, Rexecode insiste sur la nécessité de renouer avec une véritable politique d’industrialisation ciblée. La France souffre d’un affaiblissement industriel structurel, marqué par la perte de parts de marché à l’export, une désindustrialisation de son territoire et une dépendance croissante vis-à-vis de l’étranger, y compris sur des produits stratégiques.
L’institut propose de faire de la réindustrialisation un levier central de redressement économique. Rexecode préconise de soutenir l’effort d’investissement dans les industries ou les services dont les perspectives d’expansion du marché mondial sont particulièrement favorables. Ainsi, aucun secteur ne doit être négligé. Certains d’entre eux existent déjà comme par exemple la chimie, la métallurgie, le médicament. Mais deux domaines en fort développement devraient être particulièrement soutenus : la décarbonation et la digitalisation.
Cela suppose des choix clairs de la puissance publique pour orienter les investissements vers ces filières stratégiques, à travers une politique d’offre assumée. Le rapport souligne notamment l’importance du soutien à la relocalisation des chaînes de valeur et du renforcement des capacités de production.
Rexecode alerte cependant contre une logique de subventions dispersées. En effet, l’efficacité passe par une vision industrielle cohérente, un cadre fiscal et réglementaire stable, et une mobilisation conjointe des capitaux publics et privés. Il est également essentiel de mieux articuler les politiques industrielles avec les politiques de recherche, de formation et d’innovation. Un doublement, voire un triplement du plan France 2030 stimulerait par exemple fortement l’avancée vers une nouvelle industrialisation.
À l’horizon 2030, investir dans l’industrie française ne répond pas seulement à une logique économique, mais aussi à des impératifs de souveraineté, de résilience et de transition énergétique. L’industrialisation des secteurs porteurs peut générer des emplois qualifiés, dynamiser les territoires, améliorer la balance commerciale et soutenir les finances publiques.

Au-delà de l’économie… la politique et le social
Relancer la croissance économique en France d’ici 2030 ne relève pas uniquement d’un programme économique ou budgétaire. Effectivement, c’est aussi un choix profondément politique et social. Le rapport de Rexecode met en évidence une réalité souvent sous-estimée. Même les meilleures stratégies économiques ne peuvent pas aboutir sans une volonté politique claire et une adhésion sociale suffisante.
Les réformes structurelles indispensables pour restaurer la compétitivité, assainir les finances publiques ou réindustrialiser la France impliquent des arbitrages difficiles, souvent impopulaires à court terme. Qu’il s’agisse de revoir les dépenses publiques, d’augmenter le temps de travail ou de modifier la fiscalité de l’épargne, aucune de ces mesures ne peut réussir sans un cap assumé par les décideurs et une pédagogie claire vis-à-vis des citoyens.
L’acceptabilité sociale devient alors un facteur clé. À défaut de soutien ou de compréhension, les réformes échouent, se figent ou suscitent des blocages. La question n’est donc pas seulement économique, elle engage la capacité à construire un projet de croissance partagé, où l’effort collectif est perçu comme équitable et porteur de perspectives.
Dans cette perspective, relancer la croissance économique en France d’ici 2030 exige une dynamique collective, où l’État, les entreprises, les ménages et les partenaires sociaux prennent part à un même effort de redressement. Sans vision politique de long terme, il n’y aura ni réformes durables, ni prospérité retrouvée.