Le Post-keynésianisme

 

Michal Kalecki, Roy Forbes Harrod et Paul Davidson, trois des principaux représentants du Post-keynésianisme
Michal Kalecki, Roy Forbes Harrod et Paul Davidson, trois des principaux représentants du Post-keynésianisme

 

Informations principales

Le post-keynésianisme est un courant de pensée économique qui s’est développé à partir des années 1930 aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il est considéré comme le courant le plus proche des idées originelles de John Maynard Keynes.

Le post-keynésianisme ne correspond pas à un ensemble homogène d’économistes, mais plutôt à une diversité d’auteurs qui ont un socle d’idées communes, mais qui ont développé des pensées diverses. Les distinctions entre les courants à l’intérieur du post-keynésianisme sont changeantes à cause de l’absence de formalisation des différentes familles de cette école. Il y a par exemple les keynésiens de longue période (tels que Roy Forbes Harrod et Evsey Domar), la macroéconomie kaleckienne qui fait la synthèse entre le marxisme et le keynésianisme (incarnée par Michal Kalecki), l’École du circuit qui schématise la circulation de la monnaie sous la forme d’un circuit (incarnée notamment par Frédéric Poulon et Marc Lavoie), les post-keynésiens américains (tels que Paul Davidson et Hyman Minsky), etc.

Malgré la diversité de branches au sein même du post-keynésianisme, il y a des thèmes communs centraux pour tous les économistes de cette école. Ces thèmes sont le temps et la monnaie, le principe de la demande effective, les fondements macroéconomiques, l’incertitude et la critique de l’hypothèse d’anticipation rationnelle. Concernant la monnaie, le temps et l’incertitude, ce sont des caractéristiques majeures d’une économie monétaire de production, notion importante dans le raisonnement post-keynésien.

Il ne faut pas confondre le Post-keynésianisme avec la Nouvelle économie keynésienne, ce sont deux courants différents. La Nouvelle économie keynésienne allie la Synthèse néoclassique (ou néokeynésianisme) et le néo-classicisme, alors que le Post-keynésianisme se rapproche beaucoup plus du keynésianisme originel de John Maynard Keynes.

 

La méthodologie théorique

Le courant post-keynésien est considéré comme une école hétérodoxe, c’est-à-dire qui souhaite se différencier des autres théories conformistes et dominantes. Cela le rend particulièrement difficile à expliquer et à clarifier, au vu de la diversité des raisonnements de ses économistes. Pour se différencier, le courant post-keynésien prend et adopte des positions nettes concernant son épistémologie, c’est-à-dire concernant l’étude de la connaissance scientifique. Les économistes post-keynésiens refusent par exemple l’instrumentalisme, ce qui signifie qu’ils souhaitent que les hypothèses qu’ils utilisent soient les plus réalistes possibles. Pour eux, il ne s’agit pas d’utiliser des hypothèses fausses, sous prétexte qu’elles pourraient prévoir, mais d’utiliser des hypothèses et des principes réalistes, dans le but d’obtenir des résultats conformes au réel.

Les économistes post-keynésiens ne vont donc pas utiliser les hypothèses de rationalité absolue ou même de rationalité limitée.

Ils vont également s’appuyer sur le contexte d’incertitude radicale (ou incertitude fondamentale) afin de rejeter les modélisations économiques qui se basent sur un comportement unique et maximisateur (c’est-à-dire entièrement rationnel) des agents économiques.

Les économistes post-keynésiens vont avoir une approche holiste, c’est-à-dire en prenant l’économie dans son entièreté, et non pas de manière individuelle. C’est pour cela qu’ils basent leurs raisonnements sur des bases macroéconomiques (sur des grands ensembles), plutôt que microéconomiques (c’est-à-dire en se basant sur les individus et leurs relations).

L’École post-keynésienne ne cherche pas, comme l’École néo-classique peut le faire, à résoudre des problèmes liés à l’allocation des ressources rares. Elle cherche plutôt à placer au cœur de son analyse les problèmes de production, de reproduction, de croissance et de circulation des revenus, des marchandises et de la monnaie.

Par ailleurs, la théorie post-keynésienne fait une distinction entre le temps logique qui n’a pas d’épaisseur, et le temps historique qui est irréversible. Pour les post-keynésiens, la véritable rareté est celle du temps. La voie empruntée après une modification est primordiale, car la tendance de longue période n’est, au final, que le résultat de la succession d’une suite de courtes périodes.

Sur la base de ce raisonnement, les économistes post-keynésiens mettent en avant la nécessité de construire des modèles dynamiques, c’est-à-dire qui prennent en compte l’évolution, à travers le temps, des stocks d’actifs physiques, des dettes, et de la richesse financière. Ces modèles doivent aussi pouvoir expliquer le réaménagement de la structure productive. C’est ce qui est nommé le temps dynamique. L’équilibre atteint en longue période n’est pas indépendant du chemin emprunté pour y arriver.

 

Raisonnements généraux

Le post-keynésianisme est défini par l’affirmation selon laquelle le principe de la demande effective de John Maynard Keynes dans sa Théorie générale de 1936 est valide, autant à court terme qu’à long terme. Cela signifie concrètement que dans une économie monétaire et capitaliste, l’activité économique est menée par la demande et il n’existe pas de mécanisme bien établi qui permet de garantir la pleine utilisation des capacités de production, ainsi que le plein-emploi.

Les économistes post-keynésiens rejettent, de manière unanime, les différentes versions de la pensée néo-classique. En effet, ils les considèrent comme inappropriées pour l’analyse d’une économie monétaire et capitaliste. Ils veulent donc essayer de construire une théorie économique alternative plus appropriée pour analyser ce type d’économie, ainsi que leurs caractéristiques, qui comprennent le chômage, les crises financières, les dépressions économiques, les cycles économiques, les inégalités de développement, le changement technologique, etc.

Selon eux, l’économie est structurée par des institutions comme les entreprises, les réglementations du Gouvernement, les syndicats, les contrats de travail et de crédit, etc. Ce sont ces institutions qui déterminent largement le comportement économique de chaque agent. C’est pour cela que les économistes post-keynésiens accordent une grande priorité aux analyses macroéconomiques et mésoéconomiques (c’est-à-dire une analyse intermédiaire entre la macroéconomie et la microéconomie).

D’un point de vue microéconomique, le post-keynésianisme avance que le futur est, de manière fondamentale, incertain. Cela implique que les individus ne sont pas des agents maximisateurs (c’est-à-dire très rationnels), qu’ils ne peuvent pas tout voir et tout connaître. Au contraire, ils prennent plutôt des décisions qui sont basées sur des règles de comportement qui leur permettent de mieux faire face à des informations complexes et incomplètes.

Ces règles de comportement sont très influencées par les normes sociales et les conventions, ce qui peut amener, autant à la stabilité (par exemple celle des prix grâce aux contrats salariaux) qu’à l’instabilité (par exemple sur les marchés financiers à cause des opérations de groupe tel que « l’effet mouton »). Selon ces économistes, l’incertitude fondamentale façonne le comportement des entreprises qui opèrent sur des marchés qui sont concurrentiels, mais de manière imparfaite. Cela fait de ces entreprises des faiseuses de prix et des preneuses de quantité.

L’École post-keynésienne étudie une large variété de domaines économiques, autant de la macroéconomie à court terme (comme par exemple le chômage, la production économique et l’inflation), que la macroéconomie de long terme (comme par exemple la croissance et la répartition), ou encore que de l’économie monétaire, de la finance et du système monétaire international.

Cette école s’intéresse aussi à des questions microéconomiques telles que la théorie de l’entreprise, la théorie de la consommation, la financiarisation, ou encore la théorie des taux de change.

Les économistes post-keynésiens ont cherché à apporter un ensemble de propositions politiques qui cherchent à s’éloigner des conseils habituellement proposés par les économistes de l’école dominante.

Par exemple, pour les économistes post-keynésiens, la politique budgétaire doit être un outil principal de lutte contre les récessions économiques à court terme. De plus, les Banques Centrales doivent maintenir des taux d’intérêt bas et réglementer le système bancaire, au lieu de se concentrer essentiellement sur la lutte contre l’inflation. Celle-ci n’est pas uniquement néfaste et peut avoir des effets positifs. Ces économistes pensent aussi que les institutions du marché devraient encourager la négociation collective des salaires et établir un salaire nominal qui ne pourrait être diminué ensuite par personne. Cela obligerait les entreprises à être compétitives au niveau de la qualité et de la productivité, mais sans baisser les salaires, ce qui provoquerait sinon une déflation.

 

La conception post-keynésienne de l’économie

L’École post-keynésienne cherche à analyser les économies capitalistes qui partagent certaines caractéristiques communes. En effet, les économies capitalistes sont des économies monétaires de production dans lesquelles, par l’intermédiaire du crédit, de la monnaie est avancée par les banques (et d’autres institutions financières) à des entreprises. Cela permet à ces dernières d’investir dans du capital physique et de payer les travailleurs pour produire des biens et des services. Ces biens et services sont ensuite vendus afin d’obtenir un profit qui va permettre de rembourser les dettes et intérêts qui ont été contractés pour financer l’investissement.

Ce circuit monétaire établit un flux circulaire de revenus entre les principaux secteurs et acteurs de l’économie, mais également relie les unités économiques entre elles, comme les ménages, les entreprises, ainsi que les Gouvernements par le biais de leurs structures d’actifs et de passifs. Selon les économistes post-keynésiens, la macroéconomie capitaliste forme alors un système qu’il faut analyser de manière systémique, c’est-à-dire que ce qui se produit dans un secteur de l’économie a également des effets sur d’autres secteurs.

 

Les périodes d’expansion et de récession de l’économie

Les économistes post-keynésiens conçoivent les économies capitalistes comme étant très productives, mais en même temps instables et conflictuelles. L’activité économique est déterminée par la demande effective, mais cette dernière est généralement insuffisante pour accéder au plein-emploi et à la pleine utilisation des capacités productives. Pour eux, les fluctuations et les évolutions de la demande effective sont essentiellement dues à des changements dans les dépenses d’investissement, et plus particulièrement de l’investissement résidentiel qui sont très influencées par les anticipations des agents. En effet, les anticipations des différents agents économiques sont influencées par les conventions sociales, les normes, et les règles diverses de comportement, à cause de l’incertitude fondamentale au sujet de l’avenir.

Dans une période où il va y avoir des anticipations majoritairement optimistes, la demande d’investissement va être généralement importante et cela va enclencher une forte croissance du crédit, une accumulation du capital et une génération de revenus. Cela implique que de nouveaux crédits vont être créés afin de financer les dépenses d’investissement. Le niveau de la demande d’investissement va influencer le marché des biens, ce qui va avoir un impact sur la production économique et l’emploi. L’argent qui est dépensé en investissement correspond à un revenu pour les entrepreneurs et les ménages.

Cela signifie qu’il y a un mécanisme qui lie le crédit, l’investissement et le revenu et que la demande d’investissement consiste à créer une épargne correspondante. Le revenu qui est généré par la production de nouveaux biens d’investissement va stimuler la demande de consommation. Si tout marche correctement, les anticipations des agents sont validées quand les paiements vont être réalisés, ce qui est un signe de prospérité pour l’économie.

Le raisonnement de l’École post-keynésienne suppose donc qu’il y a un équilibre économique potentiel déterminé par des facteurs à la fois monétaires et réels. Cependant, des changements soudains dans les anticipations peuvent avoir pour conséquence de sortir l’économie de l’équilibre.

Les périodes durant lesquelles l’économie connaît une forte croissance à la suite d’anticipations optimistes peuvent laisser place à des ralentissements majeurs, généralement à la suite d’anticipations pessimistes, de conflits de distribution, ou bien de fragilité financière. Cette situation déprime alors l’investissement et les dépenses de consommation, invalide les anticipations de revenu et entraîne une période de défauts de paiement des dettes. Tout cela cause une crise économique.

Ces phases d’expansion et de récession de l’économie sont considérées par les économistes post-keynésiens comme étant des caractéristiques systémiques des économies monétaires de production. Cependant, ces caractéristiques systémiques peuvent être, selon eux, réduites ou atténuées uniquement par des institutions et des politiques économiques qui ont la capacité d’aider à soutenir les anticipations et l’activité économique, ce qui va permettre de réduire l’incertitude au sujet de l’avenir.

 

Les classes sociales et leurs revendications

Selon les économistes post-keynésiens, l’emploi n’est pas déterminé par le marché du travail, mais par la demande de main-d’œuvre, qui est elle-même déterminée par la demande globale sur le marché des biens, et donc pas par le taux de salaire réel. Cependant, le marché du travail détermine quand même les salaires nominaux et donc l’unité nominale des coûts de la main-d’œuvre. Cela a une grande influence sur le niveau général des prix et donc sur l’inflation, ainsi que sur la répartition des revenus.

Contrairement à l’économie orthodoxe, pour l’École post-keynésienne, le niveau des prix n’est pas déterminé par le niveau de l’offre de monnaie, et le taux d’inflation n’est pas déterminé par le taux de croissance de l’offre de monnaie. Par conséquent, les économistes post-keynésiens ne considèrent pas que l’inflation est un phénomène monétaire. Pour eux, l’inflation est plutôt le résultat d’un conflit distributif qui n’a pas été résolu. Ce conflit est notamment causé par des revendications qui amènent à des conflits sur la répartition des revenus entre les principales classes sociales.

Ces classes sociales sont les salariés de différents secteurs ou industries, les entrepreneurs et les rentiers qui correspondent à ceux qui tirent des revenus du capital immobilier ou financier, et le reste du monde dans le cadre d’une économie ouverte. Par exemple, s’il y a un conflit entre les travailleurs ou les syndicats qui veulent un certain salaire réel et les entreprises qui visent un certain profit, l’augmentation des salaires nominaux va se répercuter sur celle des prix, ce qui va amener de l’inflation si les entreprises ont le pouvoir de fixer les prix. L’inflation est un résultat normal et habituel du processus de négociation salariale, mais elle peut être accélérée par des augmentations soudaines et brusques du coût de certains éléments tels que les prix des produits de base (ou à cause de dépréciations monétaires par exemple).

La recherche du profit fait du système capitaliste un système dynamique qui croît à travers l’investissement et les changements techniques. Cependant, la dynamique de croissance est fortement influencée par la performance économique à court terme, qui est essentiellement déterminée par la demande globale. L’économie se développe alors dans le temps historique, ce qui implique que le passé a un effet qui persiste sur l’avenir. Des chocs temporaires défavorables peuvent réduire la production potentielle de manière permanente, tout comme un chômage qui est élevé peut faire augmenter le taux de chômage à inflation stable. Il est également possible que le taux de croissance de la production qui est réalisé ait une influence sur le taux de croissance naturel. Cela signifie que les effets de court terme influencent fortement le développement économique à long terme.

 

Les structures sociales et leur impact sur l’économie

L’École post-keynésienne suppose sur les économies capitalistes sont composées de certaines structures sociales qui existent de manière indépendante de l’observation scientifique, c’est le point de vue réaliste.

Plus concrètement, pour les économistes post-keynésiens, les structures sociales les plus importantes sont les classes sociales (comme par exemple les travailleurs, les capitalistes ou les rentiers) qui vont largement déterminer les comportements économiques des agents économiques, les institutions sociales (par exemple l’argent, les valeurs, les normes de consommation ou les réglementations du marché du travail), et les organisations sociales (par exemple les Gouvernements, les entreprises et Banques Centrales). Pour ces économistes, ces structures sociales forment la nature de l’économie capitaliste monétaire de production, notion qui est au cœur de l’analyse économique de l’École post-keynésienne.

Les économistes de cette école pensent que les économies capitalistes ont des régularités qui sont générées par des mécanismes qui provoquent des causes et qui peuvent être expliquées par des théories économiques. Néanmoins, ils appréhendent davantage l’économie comme étant un système dynamique qui est soumis à un changement permanent dans le temps historique. Par conséquent, sur la base de ce raisonnement, les régularités constatées peuvent changer, ce qui fait que les théories économiques ne peuvent pas être considérées comme des lois universelles, qui seraient applicables partout et tout le temps.

Pour les économistes post-keynésiens, les structures sociales reposent sur l'action humaine, ils rejettent donc l’idée que les structures sociales ou que les phénomènes macroéconomiques peuvent être réduits aux comportements des individus. Au contraire, ils pensent que les individus agissent toujours en prenant en compte le contexte institutionnel qui façonne leurs actions et leurs croyances. Ce contexte constitutionnel permet aussi de relier les différentes classes d’agents ou types d’unités économiques entre eux.

Les structures sociales et les phénomènes macroéconomiques entraînent des causes qui affectent le comportement humain, qui à son tour détermine des macro-phénomènes. Pour ces économistes, les macro-phénomènes, ainsi que les institutions peuvent avoir des propriétés nouvelles qui ne peuvent pas être entièrement expliquées par la somme des actions individuelles. Les post-keynésiens s’opposent donc aux néo-classiques pour qui seule l'action individuelle a un effet et peut provoquer des causes.

 

Le principe de la demande effective

Le principe de la demande effective est une notion capitale dans le raisonnement de John Maynard Keynes (puis pour Michal Kalecki dans les années 1930). Ce principe veut que la production s’ajuste à la demande. Cela implique que l’économie est menée par la demande, et non pas par les contraintes qui viennent de l’offre et des dotations existantes. Les économistes néo-classiques valident ce raisonnement à court terme, mais ils sont persuadés que sur le long terme, l’économie est menée par des contraintes reliées à l’offre.

Les économistes post-keynésiens, quant à eux, ne considèrent pas que les facteurs liés à l’offre puissent constituer une contrainte, y compris sur une longue période. Pour eux, le principe de la demande effective s’applique en tout temps, étant donné que l’investissement détermine l’épargne. Ainsi, il existe une multitude d’équilibres de longue période possibles, qui vont dépendre des contraintes imposées par la demande et par les institutions mises en place. Au final, les facteurs liés à l’offre vont s’ajuster grâce à des changements dans les mouvements de population ou par l’accélération du progrès technique.

 

La monnaie au sein de l’économie

Pour les économistes post-keynésiens, l’économie est forcément monétisée. L’existence d’une économie monétaire de production exclut les relations de troc et exige des transactions qui se déroulent en monnaie dans l’unité de compte déterminée par l’État. Cela implique également des contrats exprimés dans l’unité de compte en question et la détention d’actifs réels sous une forme monétisée, c’est-à-dire les actifs financiers.

Dans le raisonnement post-keynésien, la monnaie et le crédit jouent un rôle essentiel. En effet, ils sont intégrés dès le départ dans le processus de production. Le rôle des banques est donc primordial puisqu’elles fournissent les avances requises par les entreprises productrices pour lancer la production, ou pour inciter les ménages à consommer. C’est pour cette raison que les économistes post-keynésiens accordent une grande importance aux flux de crédit. Ces derniers permettent d’expliquer l’évolution de la production nationale, les stocks de dettes et par ricochet, les chutes soudaines de revenus et les crises financières.

Les modèles de stock-flux cohérents (SFC) de Wynne Godley et de Marc Lavoie permettent de mieux analyser les économies monétisées. En effet, ces modèles intègrent les flux et les stocks financiers, ainsi que les transactions entre les différents secteurs, tout en prenant en compte les flux réels de l’activité économique.

Par ailleurs, pour les économistes post-keynésiens, la monnaie peut être désirée pour elle-même, c’est la notion de « préférence pour la liquidité » reprise à Keynes.

 

Les liens entre la monnaie, l’inflation, le chômage, et la croissance

La monnaie est considérée par les économistes post-keynésiens comme étant endogène au système économique, c’est-à-dire qui est issue de l’intérieur de l’économie. En effet, par le biais du crédit, l’offre de monnaie va s’adapter aux besoins de l’économie. Ce raisonnement concernant l’offre de monnaie a des conséquences capitales sur l’instabilité des fluctuations, l’inflation et les politiques économiques. Effectivement, comme la monnaie est endogène, l’excès de crédit peut provoquer à terme un retournement brutal de l’activité, ce qui va conduire à une dépression qui aura des conséquences non négligeables

De plus, concernant l’inflation, l’offre de monnaie n’en est pas la cause, mais au contraire, la conséquence. En effet, les économistes post-keynésiens l’expliquent par les conflits qui portent sur la répartition des revenus. Ces conflits sont le reflet d’un rapport de force qui est exacerbé par la politique monétaire. Dans ces conditions, la croissance endogène de l’offre de monnaie permet d’approuver des hausses de salaires et de prix. En outre, une politique de revenus adaptée peut favoriser la stabilité des prix quand elle est indexée sur l’évolution des prix.

Selon les post-keynésiens, dans une économie monétaire dans laquelle règne l’incertitude, les politiques de gestion de la demande (c’est-à-dire la politique budgétaire et la politique monétaire) qui sont accompagnées d’une politique de revenus adaptée permettront de stabiliser l’activité économique. Cela signifie que, dans le raisonnement post-keynésien, le cycle économique, s’il a des origines réelles (c’est-à-dire des variations de la demande effective et des conflits sur la répartition), a aussi des origines monétaires. Cependant, les variations de l’offre de monnaie endogène sont elles-mêmes fonction des variables réelles. Le cycle économique est donc, de manière fondamentale, lié aux évolutions des variables réelles de l’économie. Dans une économie monétaire, il n’est alors pas possible de négliger les changements monétaires et leurs conséquences.

 

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