
Le patrimoine de la France attire une attention particulière en cette fin d’année 2025. Selon la nouvelle étude publiée par l’Insee et la Banque de France ce jeudi 6 novembre, la richesse nationale a atteint 19 559 milliards d’euros à la fin de l’année 2024. Ce chiffre colossal marque un rebond positif de 2,6 % après le recul observé en 2023. Malgré un environnement compliqué et incertain, cela montre que le patrimoine économique français reste très solide.
Plus concrètement, cette progression s’appuie sur une amélioration de la valeur des actifs financiers, dopés par la bonne tenue de l’épargne des ménages. À l’inverse, la composante immobilière du patrimoine, longtemps moteur de la richesse nationale, ralentit sous l’effet de la baisse du foncier. En fait, la valeur de la pierre se stabilise, voire diminue légèrement, tandis que la finance prend un peu plus de place.
Derrière ces chiffres, la répartition du patrimoine de la France reste très inégale. Les ménages concentrent encore plus des trois quarts de la richesse totale, avec un patrimoine largement fondé sur la propriété immobilière et l’épargne longue. Les entreprises, elles, ont vu leur situation s’améliorer grâce à une meilleure valorisation boursière, tandis que les administrations publiques voient leur patrimoine net reculer, pénalisé par une dette qui ne cesse de croître.
La France est toujours un pays vraiment riche, mais cette richesse s’accompagne de déséquilibres croissants. L’accumulation d’actifs privés contraste avec l’endettement public, et les inégalités patrimoniales s’accentuent. Le patrimoine économique français reste donc un pilier de la stabilité nationale, mais il est aussi le reflet de certaines fragilités structurelles. Pour que l’avenir soit plus serein, voire même prospère, la valeur accumulée compte, mais la capacité à la préserver et à la faire croître compte peut-être davantage.
Qu’est-ce que le patrimoine de la France ?
Le patrimoine de la France représente l’ensemble des richesses que le pays possède, qu’il s’agisse d’actifs matériels ou financiers. Autrement dit, il s’agit de la valeur totale de tout ce que les ménages, les entreprises et les administrations publiques détiennent, diminuée de leurs dettes. C’est un indicateur essentiel pour mesurer la richesse nationale et comprendre la santé économique du pays.
Chaque année, l’Insee et la Banque de France publient une étude détaillée sur ce patrimoine économique national. Ces institutions évaluent la valeur des actifs non financiers (comme les terrains, les logements, les bâtiments ou les équipements) et des actifs financiers (épargne, actions, obligations, créances, etc.). En soustrayant les dettes correspondantes, elles obtiennent ce que l’on appelle le patrimoine net de la France.
Cette approche globale permet d’aller bien au-delà des simples revenus ou de la production annuelle mesurée par le PIB (Produit Intérieur Brut). Le patrimoine national reflète la solidité économique à long terme, puisqu’il traduit ce que la France a accumulé au fil du temps, et pas seulement ce qu’elle produit chaque année. On y retrouve donc la trace de décennies d’investissements, de croissance, mais aussi d’endettement.
Le patrimoine économique français est en fait un véritable miroir de l’histoire économique du pays. Il met en lumière la répartition des richesses entre les ménages, les entreprises et l’État, mais aussi la part croissante des actifs financiers dans l’économie. À travers ce patrimoine, on peut donc savoir comment la France finance son développement, gère sa dette et construit sa prospérité future.
Le patrimoine de la France atteint 19 559 milliards d’euros en 2024
Selon les dernières données publiées conjointement par l’Insee et la Banque de France ce jeudi 6 novembre 2025, le patrimoine de la France s’élevait à 19 559 milliards d’euros à la fin de l’année 2024. Après un recul de -2,5 % en 2023, la richesse nationale a enregistré une hausse de +2,6 %, ce qui lui permet de retrouver une trajectoire positive. Malgré un contexte compliqué marqué par des crises en tout genre et un ralentissement de l’activité, cette évolution confirme la résilience du patrimoine économique français. Il est à noter que le patrimoine économique national était de 13 000 milliards d’euros en 2014. Il y a donc eu une progression de plus de 50 % en seulement une décennie.
Ce rebond s’explique d’abord par la valorisation des actifs financiers, portée par la bonne tenue des marchés et la progression de certains placements des ménages et des entreprises. À l’inverse, la composante immobilière du patrimoine national, qui représente encore l’essentiel de la richesse française, a stagné. La valeur des terrains a reculé de 2,7 % (après -8,6 % en 2023), tandis que celle des constructions s’est légèrement redressée.
En comparaison avec le produit intérieur brut (PIB), estimé à 2 919 milliards d’euros en 2024, le patrimoine national reste considérable. Il représente également presque 6 fois le niveau de la dette tricolore. Ces chiffres illustrent donc la capacité de la France à conserver une base économique solide, avec des actifs conséquents et durables qui gardent de la valeur, même dans les périodes de tension. C’est l’une des raisons pour laquelle les investisseurs continuent de prêter à la France malgré ses déficits constants. Ils savent qu’il y a, au niveau global, plus d’actifs que de dettes.
Cette situation illustre toutefois des contrastes importants entre les différents acteurs économiques. Si le patrimoine des ménages continue de progresser, celui de l’État se dégrade sous l’effet de la dette publique. La dynamique des entreprises, quant à elle, profite des effets de valorisation boursière et d’un redressement de leur patrimoine net.
Comment se compose et se répartit le patrimoine de la France ?
Le patrimoine de la France ne se limite pas à une somme globale. Effectivement, il se décompose en plusieurs grandes catégories d’actifs et se répartit entre différents acteurs économiques. Selon l’Insee et la Banque de France, la richesse nationale française repose d’abord sur un socle immobilier et foncier très important, mais aussi sur une part croissante d’actifs financiers détenus par les ménages et les entreprises.
En 2024, la valeur totale des actifs non financiers atteignait 19 627 milliards d’euros, soit près de 80 % du patrimoine national. Ces actifs regroupent les terrains, les bâtiments, les logements, les infrastructures publiques et les équipements productifs. Leur poids reste dominant dans le patrimoine économique français, même si leur croissance s’est essoufflée avec la stabilisation du marché immobilier.
Les terrains ont par exemple vu leur valeur diminuer de 2,7 %, alors que les logements ont progressé, ce qui traduit une certaine résistance du secteur du bâti malgré les crises, le manque de confiance et la hausse des coûts et des taux immobiliers.
À côté de ce grand pan immobilier, la part financière du patrimoine de la France a poursuivi sa progression. En 2024, les actifs financiers nets (c’est-à-dire l’épargne, les placements, les actions et les obligations) ont augmenté grâce à la reprise des marchés et à la croissance de l’épargne des ménages. Cette évolution a permis de compenser le ralentissement du patrimoine immobilier, et de faire croître le patrimoine global.
Le patrimoine financier représente aujourd’hui près d’un cinquième de la richesse nationale. La France devient donc un pays où la finance pèse de plus en plus dans la constitution du patrimoine.
Par ailleurs, la répartition du patrimoine national reste très concentrée. Les ménages français en détiennent la plus grande part, avec 14 953 milliards d’euros, soit plus des trois quarts de la richesse totale. Leur patrimoine repose largement sur l’immobilier résidentiel et l’épargne financière.
Les entreprises non financières (c’est-à-dire toutes les entreprises hors secteur de la finance) possèdent environ 3 860 milliards d’euros, soit près de 20 % du total, en forte hausse grâce à la valorisation de leurs actifs boursiers. Enfin, les administrations publiques ne représentent que 3,5 % du patrimoine net, soit 690 milliards d’euros, un chiffre en recul du fait de l’alourdissement de la dette publique.
Cette répartition souligne la dualité du patrimoine de la France. En effet, le pays est riche, mais cette richesse est surtout détenue par les ménages et le secteur privé, tandis que le patrimoine de l’État continue de s’éroder. Et cela est important, puisque l’évolution de cette composition influence directement la capacité du pays à investir, à emprunter et à soutenir la croissance.

Le patrimoine des ménages : de l’épargne et beaucoup d’immobilier
Le patrimoine de la France repose avant tout sur celui des ménages, qui en détiennent plus des trois quarts. Fin 2024, leur patrimoine total atteignait 14 953 milliards d’euros, soit 76,5 % du patrimoine national. C’est une part considérable, qui illustre le poids des citoyens dans la richesse économique du pays.
Le patrimoine des ménages français est composé en grande majorité d’actifs non financiers, principalement de biens immobiliers. L’immobilier résidentiel demeure la première source de richesse, malgré un ralentissement du marché. En 2024, la valeur des logements des ménages a progressé de +1,2 %, tandis que celle des terrains a reculé de –3,2 % sous l’effet de la baisse des prix du foncier.
La pierre reste au cœur du patrimoine économique français des ménages. Elle constitue un actif tangible, transmis souvent de génération en génération, et perçu comme une protection contre les risques de la vie ou les incertitudes financières. Les Français adorent l’immobilier et les sondages montrent depuis des années que plus de 80 % d’entre eux rêvent de devenir propriétaire, c’est un vrai objectif de vie.
À côté de l’immobilier, la part du patrimoine financier des ménages continue d’augmenter. D’après l’Insee et la Banque de France, leur patrimoine financier net atteint désormais 4 986 milliards d’euros (c’est-à-dire en enlevant les dettes), pour un total d’actifs financiers évalué à 7 096 milliards, avec 2 112 milliards d’euros de dettes.
Cette progression s’explique par la bonne tenue des placements, que ce soient les assurances-vie, les livrets d’épargne, les actions ou les droits à pension. Ces derniers, qui correspondent à de la retraite par capitalisation à travers les régimes de retraite collectifs obligatoires et les PER collectifs liés à l’emploi, ont notamment contribué à la hausse globale, avec une valeur estimée à 234 milliards d’euros, soit 3,3 % des actifs financiers.
Malgré ces chiffres impressionnants, les inégalités patrimoniales restent marquées. La concentration du patrimoine s’accentue. Effectivement, une minorité de ménages détient une part croissante de la richesse totale, portée par la hausse des prix immobiliers passés et la valorisation des actifs financiers.
En moyenne, le patrimoine des ménages français représente 8,2 fois leur revenu disponible net, un niveau historiquement élevé. Mais derrière cette moyenne se cachent des écarts importants entre générations, territoires et types d’actifs détenus. Les riches ont tendance à devenir plus riches et les pauvres plus pauvres.
L’État et les entreprises : un patrimoine financier net négatif
Si le patrimoine de la France reste globalement élevé, toutes ses composantes ne progressent pas au même rythme. En 2024, les données de l’Insee et de la Banque de France montrent un contraste marqué entre les secteurs privés, portés par la valorisation des actifs financiers, et le secteur public, dont le patrimoine net continue de se dégrader.
Les sociétés non financières, c’est-à-dire toutes les entreprises en dehors du secteur de la finance, ont enregistré une nette amélioration de leur patrimoine total en 2024. Leur patrimoine net a atteint 3 860 milliards d’euros, en hausse d’un remarquable +11,6 % après une forte baisse en 2023 (-7,1 %). Ce rebond s’explique principalement par la reprise des marchés boursiers et la revalorisation de leurs actifs financiers.
Leur patrimoine financier net reste toutefois négatif (-2 537 milliards d’euros), ce qui signifie que leur endettement dépasse encore la valeur de leurs actifs financiers. Mais cette situation s’améliore, puisque l’écart s’est réduit par rapport à 2023. En d’autres termes, la santé financière des entreprises se redresse, même si leur richesse repose encore largement sur des actifs non financiers comme les bâtiments, les machines ou les terrains.
Ce redressement contribue à renforcer la solidité du patrimoine économique français, puisque les entreprises jouent un rôle essentiel dans la création de la valeur et dans la modernisation du tissu productif. Leur patrimoine reflète aussi la capacité de l’économie à investir et à se transformer face aux défis industriels et environnementaux.
Du côté des administrations publiques, la tendance n’est pas fameuse. Leur patrimoine net est estimé à 690 milliards d’euros, en baisse de 50 milliards sur un an. Leur patrimoine non financier, constitué des bâtiments, infrastructures et terrains publics, reste stable à 2 821 milliards d’euros, mais leur patrimoine financier net continue de se dégrader, atteignant -2 132 milliards d’euros.
Cette évolution est le résultat de la progression de la dette publique, qui a augmenté de 203 milliards d’euros en 2024. Le poids croissant de cette dette pèse sur la valeur nette du patrimoine public, ce qui réduit, année après année, la marge de manœuvre budgétaire de l’État. En d’autres termes, la France reste un pays riche, mais son secteur public est devenu structurellement déficitaire sur le plan patrimonial.
Ce déséquilibre entre un secteur privé valorisé et un secteur public en difficulté illustre la dualité du patrimoine de la France. Il y a d’un côté des entreprises et des ménages qui accumulent des actifs, et de l’autre, un État qui s’endette pour soutenir la croissance, la transition écologique et les dépenses sociales. Pour rappel, le dernier budget à l’équilibre de la France (incarné principalement par l’État) remonte à 1974. Depuis, il y a eu constamment des déficits qui ont créé la dette publique que l’on connaît aujourd’hui.

La France reste un pays riche, mais la dette publique pèse de plus en plus lourd
Malgré ses fragilités, le patrimoine de la France demeure l’un des plus élevés d’Europe, et même du monde. Avec 19 559 milliards d’euros fin 2024, la richesse nationale reflète une économie encore solide, soutenue par la valeur de son immobilier, l’épargne des ménages et la reprise des actifs financiers. En comparaison du produit intérieur brut, le patrimoine national représente près de six années de production, un ratio qui place la France parmi les pays les plus dotés en actifs réels et financiers.
Mais cette richesse cache des déséquilibres croissants. D’un côté, les ménages concentrent l’essentiel du patrimoine économique français, grâce à un héritage immobilier conséquent et à un niveau d’épargne toujours élevé. De l’autre, les administrations publiques (principalement l’État) voient leur patrimoine net se réduire sous le poids de la dette publique, qui s’alourdit année après année. Ce phénomène creuse le fossé entre un secteur privé de plus en plus valorisé et un État dont la situation financière se détériore.
La Banque de France et l’Insee soulignent que la progression de la dette a désormais un impact direct sur le patrimoine national, puisque plus la dette publique augmente, plus elle réduit la richesse nette du pays. Cette tendance limite la capacité de la France à financer ses politiques publiques sans alourdir encore ses engagements financiers.
À cela s’ajoutent les inégalités patrimoniales, qui continuent de se renforcer. Si une partie de la population a vu son patrimoine croître grâce à la hausse des actifs financiers et à la stabilité immobilière, une autre reste à l’écart, faute de moyens pour investir ou épargner. Ces écarts de patrimoine influencent non seulement la cohésion sociale, mais aussi la dynamique de consommation et d’investissement du pays.
Le patrimoine de la France illustre donc une réalité à deux visages, avec une richesse globale importante, mais fragilisée par l’endettement public et la concentration du capital. La solidité économique du pays dépendra désormais de sa capacité à préserver ses actifs, à mieux répartir la richesse et à contenir une dette publique qui, malgré la richesse nationale, pèse de plus en plus lourd sur les finances publiques et qui risque de finir comme une bombe qui explose.