
L’épargne des Français connaît en 2025 une transformation silencieuse, mais profonde. Après plusieurs années où le Livret A et le LDDS étaient des placements superstars, les comportements financiers des ménages évoluent nettement. Selon les derniers chiffres de la Caisse des dépôts, la collecte du Livret A a été négative en septembre 2025, atteignant même un montant record depuis 10 ans. Dans le même temps, l’assurance-vie retrouve un dynamisme impressionnant, avec une collecte nette de plusieurs milliards d’euros sur l’ensemble du 1er semestre 2025, un montant, lui aussi record, depuis 15 ans. Ces chiffres traduisent un mouvement clair, à savoir que les Français réorientent leur épargne vers des placements plus rentables.
Cette recomposition s’explique par un contexte économique et social en mutation. L’inflation, bien qu’en baisse, continue de réduire le rendement réel des livrets réglementés, ce qui pousse les épargnants à chercher des placements plus rentables. Les ménages cherchent aussi à s’adapter à une conjoncture incertaine, où l’instabilité politique, la baisse des taux, le pouvoir d’achat, les dépenses contraintes, l’angoisse de l’avenir et la fiscalité pèsent sur les décisions financières. Les retraits de fin d’année, liés au paiement des impôts et aux fêtes, pourraient encore accentuer le recul du Livret A, tandis que l’assurance-vie continuerait à attirer les nouveaux flux.
Ainsi, face à cette situation, les assurances-vie, généralement considérées comme des placements de long terme, retrouvent de l’attractivité, et donc l’intérêt des épargnants. Cela concerne plus particulièrement les fonds euros de ces contrats, où l’argent est entièrement sécurisé et qui sont donc en capacité de concurrencer les livrets réglementés.
Si cette tendance se prolonge, elle pourrait redéfinir durablement le visage de l’épargne française. En 2026, la hiérarchie entre les placements pourrait encore évoluer selon l’évolution de l’inflation, des taux d’intérêt, de la situation politique et économique, et de la confiance des ménages. Une chose semble cependant certaine, l’épargne des Français reste massive, mais elle devient plus exigeante et orientée différemment.
En 2025, l’épargne des Français change de visage
L’année 2025 marque un tournant pour l’épargne des Français. Après plusieurs années d’engouement exceptionnel pour le Livret A et son petit frère, le LDDS, la tendance semble s’inverser. Selon la Caisse des dépôts, la collecte du Livret A a été négative en septembre 2025, un signe clair que les ménages réorientent désormais une partie de leur argent vers d’autres placements, plus rémunérateurs. Ce changement de cap vient du fait que les ménages Français s’adaptent progressivement à un environnement économique qui a profondément évolué ces dernières années.
Les Français épargnent massivement, et même de plus en plus. Ainsi, le taux d’épargne des Français a atteint 18,9 % selon l’Insee au deuxième trimestre 2025, un niveau record depuis les années 1970. Cela s’explique principalement par des inquiétudes pour l’avenir et par les tensions internationales, ce qui pousse les épargnants à vouloir se protéger, préparer l’avenir et pouvoir faire face aux potentiels coups durs.
Ce qui diffère désormais est l’allocation de toute cette épargne. Ainsi, selon les derniers chiffres de la Caisse des dépôts, la collecte du Livret A a été négative en septembre 2025 (de 2,71 milliards d’euros), montant record depuis 10 ans. Cela confirme le ralentissement qui est amorcé depuis le début de l’année avec des collectes très faibles, voire même des décollectes en ce qui concerne le Livret A. Dans le même temps, l’assurance-vie retrouve un dynamisme impressionnant, avec une collecte nette de 26,6 milliards d’euros sur l’ensemble du 1er semestre 2025, un montant record depuis 2010.
En prenant en compte l’encours total, c’est-à-dire tout l’argent qui se trouve sur le placement en question, l’assurance-vie reste nettement en tête. Effectivement, l’encours total cumulé sur le Livret A et le LDDS atteint, selon la Caisse des Dépôts, 606,8 milliards d’euros à la fin du mois de septembre 2025. Pour l’assurance-vie, l’encours atteint 2 068 milliards d’euros à la fin du mois d’août 2025, dont 70 % pour les fonds euros. Cela s’explique par des objectifs différents. L’argent sur les livrets réglementés est très liquide et sécurisé, mais peu rentable, adapté pour une épargne de précaution, tandis que celui sur l’assurance-vie (en fonds euros) est plus rentable, aussi sécurisé mais moins liquide, ce qui convient pour préparer des projets à plus long terme.
Les choix d’investissement ne sont donc plus les mêmes. Le rendement du Livret A, à 1,7 % depuis le mois d’août, n’apparaît plus suffisamment attractif face aux taux d’intérêt plus élevés proposés sur les produits d’épargne à plus long terme. Dans le même temps, les ménages disposent d’une épargne accumulée depuis la crise sanitaire, qu’ils cherchent aujourd’hui à valoriser davantage.
Ce glissement progressif traduit aussi une évolution culturelle. L’épargne des Français se diversifie. Les produits réglementés, longtemps considérés comme des placements refuges, perdent en popularité au profit de solutions qui offrent un meilleur rendement, comme l’assurance-vie ou les fonds obligataires. Les épargnants ne se contentent plus de préserver leur capital, ils cherchent à l’optimiser, voire à préparer l’avenir dans un contexte de pouvoir d’achat contraint et de fiscalité en mutation.
Pourquoi le Livret A et le LDDS sont délaissés par les épargnants
En 2025, le Livret A et le LDDS perdent progressivement de leur attrait. Longtemps considérés comme les placements préférés des Français, ces deux produits d’épargne réglementée subissent les effets d’un contexte économique moins favorable. Après avoir battu des records de collecte les années précédentes, ils affichent désormais un repli marqué depuis le début de l’année, confirmé par les chiffres de septembre 2025 publiés par la Caisse des dépôts. Ce retournement illustre une perte de confiance relative des épargnants, davantage attentifs au rendement réel de leur argent.
Le principal facteur de désaffection réside dans le taux d’intérêt de 1,7 %, abaissé en août dernier et qui sera probablement encore diminué en février prochain. Ce taux pourrait sembler intéressant, sauf que l’inflation (hors énergie et alimentation) est prévue en 2025 par la Banque de France également à 1,7 % (mais 1 % tout inclus). Cela aboutit donc concrètement à un rendement réel nul, ou en tout cas très faible, pour les livrets réglementés.
En parallèle, la remontée des taux obligataires et monétaires rend d’autres supports plus attractifs, notamment les fonds euros de l’assurance-vie. Ainsi, selon les estimations, les fonds en euros de l'assurance-vie rapporteraient en moyenne 2,5 % pour 2025, mais les meilleurs contrats pourraient même afficher des performances nettement supérieures, jusqu’à potentiellement 4,5 % pour les taux boostés.
Le contexte budgétaire et social accentue ce phénomène. À l’automne, les ménages français doivent faire face à des dépenses importantes. Il y a notamment la rentrée scolaire, le paiement des impôts (et notamment de la taxe foncière), puis il y a la préparation des fêtes de fin d’année. Ces échéances pèsent sur la trésorerie et entraînent des retraits ponctuels sur les livrets réglementés, d’autant plus faciles que ces produits sont entièrement liquides. La baisse de la collecte observée en septembre 2025 traduit donc aussi une utilisation plus active de cette épargne de précaution pour faire face aux besoins immédiats.
Un autre point majeur est l’instabilité politique. La succession de gouvernements, la dette publique qui croît sans interruption, le déficit public toujours important, les économies prévues dans le budget 2026 et les efforts qui vont être demandés (avec potentiellement des hausses d’impôts) angoissent les Français. Cela se répercute sur la confiance des ménages qui, selon l’enquête mensuelle de l’Insee, a atteint un niveau de 87 en septembre, loin de sa moyenne de long terme qui est de 100. Cette inquiétude pour l’avenir pousse les ménages à épargner davantage sur les assurances-vie, par exemple pour préparer plus activement la retraite.
Enfin, le facteur psychologique joue un rôle non négligeable. Après plusieurs années d’épargne record, les Français semblent moins enclins à immobiliser leurs liquidités dans des produits faiblement rémunérés. Beaucoup se tournent vers des placements plus dynamiques, sans pour autant prendre de risques excessifs. L’assurance-vie en fonds euros, plus performante et toujours sécurisée, incarne parfaitement cette transition.

L’assurance-vie, grande gagnante de l’épargne des Français en 2025
L’année 2025 confirme le retour en force de l’assurance-vie dans le paysage de l’épargne des Français. Après avoir connu une période plus calme durant la hausse rapide de l’inflation et la ruée vers le Livret A et les autres placements réglementés qui semblaient plus intéressants, ce placement reprend désormais une place centrale dans les stratégies financières des ménages. Les chiffres publiés par la Caisse des dépôts font état d’une collecte nette de 26,6 milliards d’euros sur l’ensemble du 1er semestre 2025, un montant record depuis 2010.
Le succès actuel de l’assurance-vie s’explique d’abord par des rendements attractifs. Avec des taux d’intérêt plus élevés que ceux des livrets réglementés, les fonds euros, qui sont des supports sécurisés adossés à des obligations, offrent des rendements prévus à environ 2,5 % en 2025, et même parfois davantage selon les contrats. Ce niveau de rémunération dépasse largement celui du Livret A et du LDDS, tout en garantissant le capital investi. Dans un contexte où la prudence reste la règle, cette combinaison de sécurité et de rentabilité séduit les ménages désireux de faire fructifier leur épargne sans s’exposer aux aléas des marchés financiers.
Mais la popularité de l’assurance-vie repose aussi sur sa grande souplesse. Elle permet d’épargner à moyen ou long terme, de diversifier son portefeuille entre fonds euros et unités de compte (qui sont plus risquées, avec potentiellement une perte en capital), et de préparer des projets patrimoniaux, comme la retraite ou la transmission. De plus, la fiscalité de ce produit reste particulièrement avantageuse après huit ans de détention, ce qui en fait un outil d’épargne durable. Cette dimension patrimoniale explique pourquoi l’assurance-vie attire aussi bien les jeunes actifs que les retraités cherchant à protéger ou à transmettre leur capital.
Enfin, le mouvement observé en 2025 traduit un changement de mentalité plus profond. L’épargne des Français n’est plus exclusivement tournée vers la sécurité immédiate, mais vers la valorisation du capital. La stabilité des fonds euros, associée à des rendements redevenus compétitifs, renforce cette tendance. Même dans un contexte d’instabilité économique, l’assurance-vie apparaît comme un placement refuge moderne. Il est certes moins liquide que le Livret A, mais plus efficace pour préserver le pouvoir d’achat à long terme.
Quelles perspectives pour l’épargne des Français d’ici fin 2025 ?
À l’approche de la fin de l’année, l’épargne des Français devrait continuer à refléter les arbitrages observés depuis plusieurs mois. Les placements liquides comme le Livret A et le LDDS risquent de connaître une nouvelle baisse de collecte en raison des dépenses saisonnières, tandis que les produits d’investissement à plus long terme, comme l’assurance-vie, devraient poursuivre leur progression. La tendance engagée depuis plusieurs mois maintenant semble s’installer durablement. Les ménages cherchent à redonner du sens et du rendement à leur épargne, tout en gardant un certain niveau de sécurité.
La fin d’année est traditionnellement marquée par des retraits sur les livrets réglementés. Entre le paiement des impôts locaux, les dépenses liées aux fêtes de fin d’année et la hausse du coût de la vie, les Français utilisent une partie de leur épargne de précaution pour financer leur consommation. Les données de la Caisse des dépôts pour le mois de septembre 2025 laissent déjà entrevoir ce phénomène, puisque la collecte du Livret A et du LDDS est redevenue négative, et cette tendance pourrait s’amplifier jusqu’en décembre. Le niveau global d’épargne des Français restera toutefois élevé, signe d’une prudence toujours très présente dans un contexte économique incertain.
Parallèlement, l’assurance-vie devrait continuer à tirer son épingle du jeu. La stabilité du taux du Livret A à 1,7 % jusqu’au 1er février 2026 encourage les épargnants à arbitrer vers les fonds euros, dont le rendement attendu dépasse largement ce seuil. En plus de cela, et au vu de l’évolution de l’inflation et des taux de la Banque centrale européenne, le taux du Livret A et du LDDS devrait être abaissé à 1,5 % à partir de février prochain.
Cette évolution dans l’épargne des Français pourrait également être influencée par le contexte économique et politique. Si l’inflation reste contenue et que les taux se stabilisent, la confiance des ménages pourrait s’améliorer légèrement, favorisant une reprise de la consommation. Cela va aussi dépendre majoritairement de l’évolution de la politique, dont dépend l’économie. Si le gouvernement de Sébastien Lecornu ne parvient pas à faire voter un budget pour 2026 avant la fin de l’année, voire même s’il est renversé d’ici là, il y aura une nouvelle poussée d’incertitude et d’angoisse, ce qui se répercutera très probablement sur les actions d’épargne des Français.
Par ailleurs, l’évolution de la situation internationale, et les tensions géopolitiques auront aussi un effet déterminant. Si les entreprises sont affectées, ou si cela cause une remontée des prix de l’énergie, cela pèsera sur le moral des épargnants, avec de nombreuses conséquences en matière d’épargne.

Quelles perspectives pour 2026 si l’instabilité actuelle dure ?
Si l’instabilité économique et budgétaire persiste en 2026, l’épargne des Français pourrait rester marquée par la prudence et la recherche de sécurité. Les ménages, encore fragilisés par une inflation durable et un pouvoir d’achat sous pression, devraient continuer à privilégier les placements garantis. Toutefois, les mouvements entre les produits d’épargne pourraient continuer d’évoluer, avec l’assurance-vie qui conserverait son avantage sur le Livret A, sauf en cas de revalorisation sensible du taux réglementé.
Avec l’évolution à la baisse de l’inflation et des taux de la Banque centrale européenne, le taux du Livret A et de son petit frère le LDDS, devrait baisser à 1,5 % en février prochain, soit moins que le taux actuel. Cela risque de réduire encore son attractivité par rapport aux fonds euros de l’assurance-vie. Les évolutions déjà à l’œuvre ne devraient donc pas significativement changer.
Une des grandes incertitudes pour l’année 2026 vient du budget qui sera voté par les députés. Les Français ne savent pas encore à quelle sauce ils vont être mangés, quelles hausses d’impôts il y aura, quelles économies vont être faites, etc. Dans la mesure où la confiance est clé en économie, ne pas avoir de visibilité sur les prochains mois est forcément source d’anxiété, ce qui va se répercuter sur l’épargne des Français. Par conséquent, le taux d’épargne devrait rester toujours très élevé.
L’évolution de la situation internationale aura aussi un impact sur l’épargne des Français. Si cela s’améliore, avec par exemple une fin de la guerre en Ukraine, cela sera positif et les ménages pourront avoir davantage confiance en l’avenir, et donc consommer davantage. Mais si à l’inverse de nouvelles crises surviennent, comme une nouvelle guerre au Moyen-Orient par exemple, cela fera augmenter les prix du pétrole, ce qui pénalisera le pouvoir d’achat des ménages et donc leurs économies.
Un autre élément est l’inflation. Si cette dernière reste basse, les fonds euros des assurances-vie devraient rester plus intéressants. Mais si l’inflation repart à la hausse, les livrets réglementés pourraient redevenir intéressants.
En tout cas, la poursuite des tensions en tout genre va très probablement continuer à peser sur la confiance des ménages. Ces derniers devraient continuer à épargner massivement. L’assurance-vie va en profiter, mais peut-être aussi les livrets réglementés une fois les dépenses de fin d’année effectuées. En effet, les Français, par précaution, vont sûrement renflouer leurs livrets réglementés en début d’année prochaine, sans forcément délaisser leurs autres supports d’épargne (notamment l’assurance-vie).
Dans un tel scénario, où l’épargne de précaution resterait élevée, cela aurait pour conséquence de freiner la consommation et donc la croissance. Cela pourrait compliquer la tâche du gouvernement qui doit réduire le déficit public l’année prochaine et entraîner potentiellement de nouveaux impôts pour atteindre les objectifs, ce qui affecterait encore plus la confiance et créerait un cercle vicieux.
Au final, l’épargne des Français en 2026 devrait rester marquée par une grande prudence. Le Livret A conserverait son rôle symbolique de placement refuge, pour faire face aux coups durs et aux dépenses prévues (comme les impôts et les fêtes), mais l’assurance-vie continuerait d’attirer la majorité des nouveaux flux, confirmant une transformation durable du comportement des épargnants. Tant que l’incertitude, notamment économique, persistera, la quête d’un compromis entre la sécurité, le rendement et la flexibilité resteront au cœur des choix financiers des ménages français.