Le monétarisme

 

Image de Milton Friedman, fondateur du monétarisme
Image de Milton Friedman, fondateur du monétarisme

 

Informations principales

Le monétarisme est une école de pensée économique qui a été fondée par l’économiste américain Milton Friedman au milieu du 20ème siècle. Il s’est développé en opposition avec le keynésianisme. Le courant monétariste a eu une grande influence auprès des décideurs publics dans les années 1970 et 1980, avant d’être dépassé par d’autres idées.

La thèse centrale du monétarisme est que la monnaie et la politique monétaire ne peuvent avoir aucun effet positif sur la croissance économique, ce qui signifie que pour eux, la monnaie est neutre. Ils soutiennent aussi que l’État et les Banques Centrales ne doivent pas intervenir sur les marchés, ils soutiennent donc la thèse de l’autorégulation selon laquelle il faut laisser faire le jeu de la concurrence à travers l’offre et la demande. Ils défendent également l’indépendance des Banques Centrales.

Les monétaristes considèrent qu’à long terme, les politiques laxistes de l’État en matière monétaire et budgétaire n’ont aucun effet sur l’activité économique. Cela est même l’inverse puisqu’elles créent de l’inflation qui est à l’origine de désordres économiques tels que du chômage et des ralentissements. L’inflation est par ailleurs pour eux un phénomène strictement monétaire.

Les économistes monétaristes, et spécialement Milton Friedman, préconisent une progression annuelle de la masse monétaire, en la calquant sur la croissance. En effet, le volume de la monnaie en circulation (c’est-à-dire la masse monétaire) doit être suffisant pour financer les transactions qui correspondent à l’activité économique d’un pays, mais pas davantage.

Milton Friedman a en partie basé ses raisonnements sur la théorie quantitative de la monnaie qui a été notamment développée par l’économiste américain Irving Fisher.

 

Les fondements théoriques du monétarisme

Le courant monétariste se fonde sur plusieurs hypothèses majeures. En effet, les économistes monétaristes considèrent que l’offre de monnaie (c’est-à-dire la masse monétaire) est exogène. Cela implique qu’elle est déterminée par la Banque Centrale.

Pour eux, les agents économiques ont une réelle rationalité, mais elle est cependant imparfaite. À partir de cela, ils procèdent à des anticipations adaptatives, ce qui diminue sur le long terme l’efficacité des politiques conjoncturelles.

Le monétarisme est fondé sur la théorie selon laquelle une hausse de la quantité de monnaie en circulation va se répercuter sur les prix en les faisant augmenter (c’est l’inflation donc), si elle n’est pas accompagnée d’une hausse du nombre de biens dans l’économie. À ce titre, Milton Friedman reprend et renouvelle la théorie quantitative de la monnaie déjà reformulée dans les années 1910 par Irving Fisher. Cette théorie stipule qu’une augmentation de la masse monétaire conduit nécessairement à une hausse des prix.

 

L’incohérence temporelle

L’École monétariste a créé le concept d’incohérence temporelle selon lequel le décalage entre la prise de décision d’une politique publique et le moment où cette politique publique a des effets concrets, la conjoncture change ce qui implique que la politique mise en place peut ne plus être efficace, et même parfois être nocive.

 

La règle d’or d’accroissement de la masse monétaire

Les économistes monétaristes considèrent que la monnaie n’a aucun effet sur les variables réelles. Elle peut cependant avoir un effet perturbateur en provoquant de l’inflation. Cette inflation brouille alors les anticipations des acteurs et empêche les prix de servir de signal, c’est la théorie du signal-prix

Les monétaristes préconisent alors une politique de ciblage de la masse monétaire, dans laquelle la puissance publique s’engage à augmenter à un rythme prédéterminé la masse monétaire.

Les économistes monétaristes défendent donc l’idée selon laquelle l’autorité chargée de la monnaie (la Banque Centrale, voire le Ministère des Finances si cette dernière n’est pas indépendante) doive mener une politique monétaire stricte dans le but de limiter la quantité de monnaie en circulation. À ce propos, Milton Friedman préconise de mettre en place la règle d’or de l’accroissement de la masse monétaire qu’il a formulé. Cette règle stipule que la quantité de monnaie doit croître de manière relativement stable et lente pour que cela soit facilement anticipable pour les agents économiques.

Concrètement, il suggère d’inscrire dans la Constitution de chaque pays un taux de croissance fixe en ce qui concerne la masse monétaire. Ce taux de croissance fixe doit correspondre au taux de croissance moyen de la production à long terme. Cela sous-entend que les taux d’intérêt sont fixés par la loi de l’offre et de la demande. En effet, dans le cas où la croissance économique ralentirait, l’offre de monnaie va être excédentaire et les taux d’intérêt vont diminuer, ce qui va permettre une reprise de la croissance. À contrario, si la croissance accélère au-delà du rythme qui était prévu, l’offre de monnaie sera alors insuffisante, ce qui va faire augmenter les taux d’intérêt et freiner la croissance. Les monétaristes en concluent que les politiques conjoncturelles, autant les politiques de relance que de rigueur sont inutiles. De plus, selon eux, leur méthode permet d’éliminer les risques d’inflation et de récession.

 

Le taux de chômage naturel

Les monétaristes ont retravaillé le concept du taux de chômage naturel. Pour eux, il correspond au taux de chômage d’équilibre vers lequel l’économie converge à terme. Cela sous-entend qu’il y a l’existence dans l’économie d’un taux de chômage minimal. Cela implique qu’il est impossible de s’en écarter de manière durable à travers des politiques budgétaires ou monétaires.

Pour les économistes monétaristes, le niveau du taux de chômage naturel dépend des entraves à la concurrence sur le marché du travail, comme par exemple, le salaire minimal. Seule une politique structurelle qui agit sur le fonctionnement du marché du travail peut faire baisser ce taux de chômage naturel.

 

La différence entre le revenu permanent et le revenu transitoire et l’inefficacité d’une politique budgétaire de relance

L’École monétariste met en avant les notions de revenu permanent et de revenu transitoire. Milton Friedman a publié un article à ce sujet dans lequel il distingue le revenu permanent des ménages qui est caractérisé par une moyenne des revenus engrangés pendant leur vie, du revenu transitoire qui est caractérisé par exemple par des subventions temporaires distribuées par l’État. Selon Friedman, les individus déterminent donc un revenu permanent qu’ils veulent obtenir tout au long de leur vie. Ils vont anticiper un revenu moyen de long terme et déterminer à partir de cela le niveau de l’épargne à un moment donné pour l’obtenir. Cela signifie alors que l’épargne n’est plus uniquement dépendante du taux d’intérêt ou du niveau de revenu actuel.

Ces deux notions de revenu permanent et de revenu transitoire sont essentielles dans le raisonnement monétariste qui critique, à ce titre, la relance budgétaire keynésienne. En effet, si les agents économiques prennent des décisions de consommation en se basant sur le revenu permanent, alors cela signifie qu’une politique de relance par la consommation est inutile et inefficace.

Les économistes monétaristes remettent donc en cause l'utilité d’une politique budgétaire de relance selon laquelle l’État augmenterait les dépenses publiques en distribuant de l’argent aux particuliers afin de stimuler l’économie. Dans ce cas de figure, le courant keynésien prévoit une stimulation de la consommation (c’est-à-dire de la demande), et donc une augmentation de l’offre de la part des entreprises, ce qui permet de relancer l’économie. Néanmoins, les monétaristes considèrent que les agents économiques prennent les décisions de consommation en se basant sur leur revenu permanent, et non sur le revenu transitoire qui correspond à une sorte de chèque de la part de l’État. Ils en concluent qu’une relance budgétaire ne permet pas de stimuler la consommation.

 

L’effet d’éviction

Les économistes monétaristes ont également travaillé sur la notion d’effet d’éviction. Selon cette théorie, les dépenses publiques sont d’autant plus nocives pour l’économie qu’elles absorbent l’épargne disponible qui aurait pu être utilisée de manière beaucoup plus productive par les entreprises si l’État ne les avait pas captées dans le but de financer ses dépenses.

 

L’inutilité d’une politique monétaire de manipulation des taux d’intérêt, sujet important du monétarisme

Les monétaristes sont opposés aux politiques monétaires conventionnelles qui consistent à moduler des taux directeurs. Cela signifie pour eux qu’une politique monétaire expansionniste, c’est-à-dire une politique qui vise la baisse des taux d’intérêt est inefficace. En effet, sur le court terme, l’augmentation de l’offre de monnaie fait baisser les taux, mais les agents économiques vont anticiper l’inflation à venir, ce qui va faire remonter les taux au même niveau qu’avant, si ce n’est davantage. Sur le même principe, une politique monétaire restrictive va faire augmenter les taux sur le court terme, mais étant donné que les anticipations d’inflation baissent, les taux vont alors baisser également.

Par ailleurs, les économistes monétaristes considèrent que la stabilité monétaire qui consiste à lutter contre l’inflation est suffisante pour assurer une stabilité financière, c’est ce qui est appelé l’hypothèse de Schwartz du nom de l’économiste monétariste qui l’a inventée, Anna Schwartz.

 

L’inflation est un phénomène monétaire et la théorie quantitative de la monnaie, concepts majeurs du monétarisme

Les économistes monétaristes considèrent que l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. Selon eux, elle est due à une augmentation trop rapide de la masse monétaire. Ce raisonnement rejoint la théorie quantitative de la monnaie selon laquelle la masse monétaire (M) peut seulement faire varier le niveau des prix (P), mais à la condition que la vitesse de la circulation de la monnaie (V) et le volume des transactions (T) restent constants. C’est Milton Friedman qui a réactivé cette théorie quantitative de la monnaie. Selon cette dernière, c’est bien l’augmentation de la masse monétaire qui est l’unique cause de la hausse des prix.

Le raisonnement de Friedman permet notamment d’expliquer le phénomène de stagflation qui est caractérisé par une croissance faible, mais une inflation forte. En effet, pour lui, il ne suffit pas de baisser les taux d’intérêt pour relancer l’investissement et la croissance, cela n’augmente en réalité que l’inflation en retour. Par conséquent, Friedman recommande tout d’abord de lutter contre l’inflation qu’il juge dangereuse et sans aucun bienfait à terme pour le fonctionnement de l’économie. Afin d’atteindre cet objectif, il faut selon lui réduire la masse monétaire en augmentant les taux d’intérêt.

Pour revenir à la théorie quantitative de la monnaie, elle expose une relation entre la quantité de monnaie en circulation dans une économie et les prix. Pour cela, il faut prendre en compte quatre variables. La masse monétaire (M), c’est-à-dire la quantité de monnaie en circulation, la vitesse de circulation de cette monnaie (V), c’est-à-dire la rapidité avec laquelle la monnaie circule dans l’économie, le niveau des prix (P) et le nombre de transactions effectuées dans l’économie (T). La théorie quantitative de la monnaie est une relation d’égalité entre le produit de la masse monétaire et la vitesse de circulation d’un côté, et le produit de l’indice des prix et du volume des transactions d’un autre côté. Cela donne M x V = P x T.

Dans cette théorie, la vitesse de circulation de la monnaie est considérée comme stable, ainsi que le volume des transactions. Il y a donc une relation directe entre la quantité de monnaie en circulation et les prix. Si la quantité de monnaie augmente, alors cela signifie que les prix augmentent aussi.

À partir de cette relation, les économistes monétaristes retiennent que la maîtrise de l’inflation se fait par le contrôle de la masse monétaire. Cela implique que pour ne pas augmenter l’inflation, il faut réguler la quantité de monnaie dans l’économie.

Dans la mesure où l’offre de monnaie est décidée par les Banques Centrales, ce sont donc à elles que revient le rôle de décider de la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. Afin d’augmenter la masse monétaire, elles vont réduire les taux d’intérêt. Cela a pour conséquence de rendre l’argent moins cher et donc d’inciter les entreprises à emprunter.

 

Milton Friedman considère que l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. Dans sa lancée, les économistes monétaristes considèrent que le plus grand fléau des économies de marché est l’inflation et que par conséquent, tout doit être mis en œuvre pour lutter contre. Cela signifie pour eux que les dirigeants doivent mettre en place des politiques économiques qui n’ont pas d’effets inflationnistes et des politiques monétaires afin de lutter contre l’inflation.

Milton Friedman prône à ce titre un contrôle de la masse monétaire pour lutter contre l’inflation. En effet, pour lui, à travers ses taux directeurs et le montant des réserves obligatoires, la Banque Centrale d’un pays doit veiller à ce que le volume de la monnaie en circulation corresponde au volume nécessaire. Friedman propose même d’imposer une norme de croissance fixe de la masse monétaire pour juguler l’inflation, c’est la règle d’or d’accroissement de la masse monétaire. Sur les recommandations de Friedman, les États-Unis ont par exemple fixé des normes de croissance de la masse monétaire dans le but de lutter contre l’inflation après les pics des années 1970.

 

Le rejet de la courbe de Phillips

La Courbe de Phillips est une des bases du keynésianisme, car elle a permis de valider de manière empirique (c’est-à-dire par l’expérience) la relation inverse entre l’inflation et le chômage, et cela, jusqu’aux années 1970.

Cette courbe contredit de manière très explicite le monétarisme. En effet, elle met en avant le lien qu’il y a entre la sphère monétaire (c’est-à-dire l’inflation) et la sphère réelle (c’est-à-dire le marché du travail). Les économistes monétaristes vont par conséquent essayer de la réfuter.

Afin d’atteindre cet objectif, les monétaristes vont soutenir que la relation inverse entre l’inflation et le chômage est vraie, mais seulement à court terme. En effet, lorsque la masse monétaire augmente, et donc l’inflation avec elle, les autorités font croire et penser aux travailleurs que leur salaire réel a augmenté, ce qui amène ces derniers à augmenter leur offre de travail. À court terme, cela conduit à une baisse du chômage. Cependant, rapidement, les travailleurs vont s’apercevoir que les prix ont augmenté en même temps et ils vont donc diminuer leur offre de travail.

Pour les monétaristes, les agents économiques ont la faculté d’anticiper de manière adaptative (c’est la théorie de l’anticipation adaptative) l’inflation. Concrètement, quand ils remarquent que la masse monétaire augmente et donc que l’inflation arrive, ils négocient des hausses de salaire, ce qui permet de contrecarrer l’effet de l’inflation sur la baisse du chômage. Au final, le chômage est le même, mais le niveau des prix, quant à lui, a augmenté.

 

La flexibilité des taux de change, une des conséquences du monétarisme

L’École monétariste est favorable aux taux de change flottants, et cela, à partir d’un article de Milton Friedman de 1953. Cela implique pour eux que le taux de change nominal peut varier et donc s’ajuster selon les chocs extérieurs.

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