Biographie de William Petty

 

William Petty
William Petty

 

Informations principales

William Petty est un économiste et philosophe britannique, né le 27 mai 1623 à Romsey en Angleterre et mort le 16 décembre 1687 à Londres, dans le même pays. Durant sa vie, il a exercé de nombreux autres métiers tels que médecin, scientifique, membre du Parlement, membre de la Société Royale, homme d’affaires, etc.

Il est essentiellement connu pour son travail sur l’arithmétique politique et l’ouvrage qui en découle, publié en 1676. Grâce à cela, il a posé les fondements de l’économie politique et de la démographie en proposant d’utiliser les statistiques dans la gestion publique.

Il est également considéré comme étant l’initiateur de la philosophie du laissez-faire, d’un point de vue gouvernemental.

William Petty a réalisé ses raisonnements et ses écrits avant le développement réel et significatif de l’économie politique de la part des auteurs classiques comme Adam Smith. Par conséquent, une partie de ses revendications peut être d’une qualité imparfaite.

Il est considéré comme l’une des plus grandes figures de la pensée économique d’avant Adam Smith. Il est également considéré comme faisant partie du courant mercantiliste.

 

William Petty : l’un des précurseurs de la science économique

Les travaux de William Petty ont été marqués par deux influences philosophiques majeures. Tout d’abord, celle du philosophe anglais Thomas Hobbes qui considérait que la théorie devrait permettre d’établir les conditions nécessaires à la paix civile et à l’abondance matérielle. Alors que Thomas Hobbes s’est consacré à la paix, William Petty préfère choisir la prospérité.

Puis celle du philosophe anglais Francis Bacon qui a développé une théorie empiriste de la connaissance, c’est-à-dire dans laquelle la connaissance se base sur l’expérience.

Autant Thomas Hobbes, que Francis Bacon étaient convaincus que les mathématiques et les sciences physiques devaient être les fondements de toutes les sciences rationnelles.

William Petty était passionné par l’exactitude, ce qui l’a amené à considérer que sa pratique scientifique utilisait uniquement des phénomènes qui peuvent être mesurés, et permettait de rechercher une précision quantitative. Le but était d’éviter de se fonder sur des comparaisons. Cela l’a amené à créer un nouveau sujet qu’il a appelé l’arithmétique politique.

William Petty a également été marqué par la croyance à des lois naturelles. En effet, à travers ses études d’anatomie, il a conclu qu’il y avait une supériorité des lois naturelles (c’est-à-dire les lois qui régissent la nature) sur les lois positives (c’est-à-dire toutes les règles applicables dans un espace juridique déterminé comme celui d’un État par exemple). Il considérait les lois civiles positives stériles, à côté de celles de la nature.

 

Un raisonnement basé sur l’analogie

William Petty sera, en Angleterre, l’un des auteurs qui permettra une évolution en mettant en avant l’idée de circuit économique. L’Angleterre connaissait à cette époque une série de problèmes que la pensée mercantiliste ne permettait pas de comprendre et d’analyser. C’est ce qui l’a amené à penser qu’il fallait raisonner plutôt par analogie, c’est-à-dire rechercher les symptômes visibles pour en déduire l’affection invisible. Dans ce cadre, la monnaie n’est, pour lui, qu’une sorte de graisse. De plus, autant la société que l’individu doivent rechercher l’optimum (c’est-à-dire le mieux possible), synonyme de bonne santé, plutôt que le maximum (c’est-à-dire le plus possible). Pour atteindre ce but, il faut, selon William Petty, que l’État intervienne pour aider au développement, ainsi que pour lever les obstacles aux activités commerciales. Le but doit être d’assurer à chacun un minimum vital et d’équilibrer les rapports entre la monnaie, les finances et les échanges.

 

La comptabilité nationale

Grâce à ses calculs, William Petty a introduit dans son ouvrage Verbum Sapienti, publié en 1665, les premières analyses sérieuses et rigoureuses de la richesse et du produit national, représenté par davantage que simplement de l’or et de l’argent.

Pour cela, il a tout d’abord établi une estimation du revenu personnel moyen par an, pour toute la population, ce qui lui a permis d’obtenir le produit national. Il a ensuite fait des estimations concernant les différentes composantes du revenu national, en prenant en compte la terre, les propriétés personnelles, les logements et les navires.

Il a ensuite distingué d’un côté les fonds et valeurs, et de l’autre, les flux qui en découlent. La différence entre ces flux et l’estimation qu’il a faite du revenu national l’amène à considérer que cette différence venait de la valeur de la force de travail et du stock de travail. Tous ces calculs lui ont permis d’obtenir le montant de la richesse totale de l’Angleterre pour les années 1660.

Son analyse sous-entend que les facteurs de production sont pour lui le travail, qu’il considère comme le père de la richesse, et la terre, qu’il considère comme la mère de la richesse.

Ses travaux, ainsi que ceux de son confrère français François Quesnay ont servi de base à l’analyse moderne du revenu.

 

La fiscalité, thème majeur pour William Petty

Le sujet de la fiscalité a été un thème majeur pour les personnalités politiques du 17ème siècle. William Petty considère qu’un pays bien géré ne doit pas dépenser plus que ses revenus. Au moment de la guerre entre l’Angleterre et la Hollande, il a cherché à établir dans son ouvrage Traité des taxes et contributions, publié en 1662, les principes importants de la taxation et de la dépense publique, que doit suivre le monarque quand il finance des opérations militaires.

Dans son analyse, William Petty établit la liste des six sortes de dépenses publiques que sont pour lui l’administration, le domaine de la défense, l’éducation, l’encadrement religieux, la prise en charge et l’accompagnement des individus invalides, et enfin, le Bien universel.

Il a ensuite essayé de déterminer les causes, autant générales que particulières, de l’évolution des dépenses concernées. Pour lui, il est possible de réduire les dépenses dans les secteurs de la défense, de l’administration, de l’éducation et de l’encadrement religieux. Il recommande, au contraire, d’augmenter les dépenses sociales, c’est-à-dire qui concernent les malades, les personnes âgées, les orphelins, etc. Il préconise aussi de créer des emplois publics de manière massive.

 De plus, concernant l’augmentation des impôts, William Petty défend les taxes sur la consommation, plutôt que les impôts sur les revenus. En effet, il recommande que les taxes générales soient suffisantes, afin de couvrir les dépenses publiques. Pour lui, elles doivent être régulières, proportionnelles et équitables. Il ajoute que les dépenses publiques doivent être horizontales, c’est-à-dire dont l’objectif est d’assurer une solidarité, par exemple entre les bien-portants et les malades (qui s’oppose à la redistribution verticale dont l’objectif est de réduire et limiter les inégalités de revenus).

Il désapprouve les impôts locaux qu’il considère comme étant très inégalitaires, ainsi que les droits indirects sur la bière, qu’il juge comme taxant, de manière excessive, les plus pauvres.

Par ailleurs, il plaide pour une meilleure qualité de l'information statistique, dans le but d’augmenter les taxes, mais de manière plus juste.

Pour lui, les importations doivent être taxées, mais uniquement pour les mettre au même niveau que celles des productions locales.

À l’époque de William Petty, les économies étaient en train de se transformer, passant d’une économie de troc à une économie monétarisée (c’est-à-dire basée sur la monnaie). En fonction de cela, il est conscient que la monnaie est encore quelque chose de rare et recommande donc que les taxes puissent être payées sous d’autres formes. Il trouve que trop d’importance est accordée à la monnaie.

 

L’offre de monnaie et sa vitesse de circulation, l’anticipation de la théorie quantitative de la monnaie par Petty

William Petty considérait que le montant du stock de richesse détenu par le pays était en contradiction avec l’offre de monnaie en or et en argent. En effet, il pensait qu’il était nécessaire, pour chaque nation, d’avoir à sa disposition un montant minimal de monnaie afin de pouvoir réaliser son commerce. Un pays pouvait se retrouver sans assez de monnaie en circulation dans l’économie, ce qui avait pour conséquence de contraindre les individus à se contenter du troc. L’inverse était aussi possible, à savoir trop de monnaie en circulation dans l’économie. William Petty s’est demandé, pour le cas de l’Angleterre, si l’offre de monnaie en or et en argent était suffisante pour financer le commerce, encore plus dans une situation où le roi voudrait emprunter d’autres fonds afin de financer la guerre avec la Hollande.

Pour lui, la réponse se trouve dans la vitesse de circulation de la monnaie. En effet, en reprenant la formule de Jean Bodin selon laquelle Y = MS x v, William Petty a établi que si la production de richesse (Y) augmente, alors que l’offre de monnaie (MS) est déterminée et constante, cela signifie qu’il faut que la vitesse de circulation de la monnaie (v) soit plus élevée. L’activité bancaire, entre autres, pourrait permettre ce phénomène.

William Petty considère que, ni l’accroissement de la masse monétaire, pas plus que sa baisse ne sont la réponse universelle à tous les objectifs de l’État. Pour lui, cette réponse passe par une vitesse accrue de la circulation de la monnaie. Il considère donc que la monnaie n’est pas une fin, mais un moyen.

 

La théorie de la valeur et la notion de taux d’intérêt

William Petty a développé une théorie de la valeur qui est basée sur les intrants, c’est-à-dire sur ce qui entre. Pour lui, les biens peuvent être évalués à partir de la terre et du travail. En effet, il considère ces deux éléments comme étant la mère et le père de la production. Il a donc cherché à déterminer la relation qu’il existait entre les deux, et à en exprimer la valeur.

Petty a également inclus dans son argumentation la productivité générale, constituée pour lui de l’art et de l’industrie

Il a alors appliqué son raisonnement de la valeur à la rente. Selon son analyse, le loyer naturel de la terre correspond à l’excès de ce qu’un agriculteur produit en une année, une fois retiré ce qu’il consomme pour lui-même et ce qu’il a vendu pour acheter des biens essentiels, c’est-à-dire de première nécessité. À partir de cela, William Petty a dégagé la notion de profit, qu’il définit comme étant un surplus des différents coûts liés aux différents facteurs de production.

De plus, pour lui, le taux naturel du loyer est lié à l’usure. À cette époque, une majorité d’auteurs religieux condamnent les intérêts, qu’ils considèrent comme un péché. William Petty a alors souhaité donner son avis sur ce sujet. Il a alors émis l’analyse que les intérêts peuvent se voir comme un paiement qui permet de compenser l’absence de perception immédiate de sa rémunération, de la part du prêteur. En mettant ce raisonnement dans sa théorie de la valeur, il affirme que, dans la situation où il y a une sécurité parfaite, alors le taux d’intérêt doit être égal au loyer de la terre que celui qui prête pourrait acheter. Dans une situation où la sécurité est plus banale, la rémunération doit donc être plus importante, dans le but de récompenser le risque pris.

Par ailleurs, il s’est positionné contre une régulation des taux d’intérêt de la part de l’État, en partant du principe qu’il est stérile de vouloir faire des lois positives, contre les lois de la nature.

 

Les concepts du laissez-faire, du commerce extérieur et du contrôle des changes

Le concept du laissez-faire est majeur dans les écrits de William Petty. Durant sa vie, il a pratiqué de nombreuses activités, dont celle de médecin. Cela l’a amené à faire un parallèle entre l’économie et le corps humain. En effet, il a mis en garde contre tout excès dans l’intervention de l’État et du Gouvernement dans la sphère économique. Il a comparé cette situation à celle d’un médecin, qui ne doit pas, selon lui, intervenir de manière excessive sur ses patients. Ce raisonnement est également valable, pour lui, au commerce de marchandise, aux monopoles et au contrôle des exportations d’argent. Il considère qu’une intervention publique trop importante est, au final, nuisible à la nation.

Concernant les sorties d’espèces, William Petty pensait qu’il était inefficace, et même dangereux d’essayer de les contrôler. En effet, son raisonnement se base sur le fait que contrôler les sorties d’espèces revenait à laisser les marchands décider quels biens une nation achète, mais avec un montant de monnaie réduit, ce qui est négatif pour la nation. Il a remarqué, durant ses travaux, que les pays qui disposent de beaucoup d’or n’avaient aucune lois restrictives dans ce domaine.

Sur le sujet des exportations d’une manière générale, William Petty considérait que les décisions interdisant l’exportation de laine et de fil étaient fâcheuses. Il estimait que des restrictions plus importantes coûteraient beaucoup plus cher que la simple perte des commerces concernés.

Dans ses travaux, il a également abordé le sujet de l’interdiction des importations en provenance de la Hollande. Il a jugé que ces restrictions ne faisaient qu’augmenter les prix. Cela aurait été utile seulement dans la situation où les importations excéderaient massivement les exportations.

Pour lui, le commerce est préférable, si cela peut permettre d’apporter du travail aux citoyens. Il a résumé sa pensée en considérant qu’il est préférable de vendre des vêtements, dans le but d’acheter des vins étrangers, plutôt que de laisser des tailleurs au chômage.

 

Le plein-emploi et la division du travail

Atteindre le plein-emploi était un sujet primordial pour William Petty. En effet, il a établi que le travail correspondait à la source principale, pour les individus, de leur richesse. Par prolongement, il considérait que le travail constituait la plus grande richesse, et le plus grand pouvoir pour le royaume.

Il a, à ce titre, repris son raisonnement selon lequel il est préférable de vendre des vêtements, dans le but d’acheter des vins étrangers, plutôt que de laisser des tailleurs au chômage. Concrètement, il juge qu’il vaut mieux employer des individus et ensuite brûler leur production, ou de les engager dans la réalisation de travaux publics inutiles ou extravagants, plutôt que de les laisser au chômage. Cela signifie pour lui, que ce n’est pas la charité ou la mendicité qui apporte la réponse, mais l’emploi public, qui permet par exemple de construire et d’entretenir des routes et des ponts, de s’occuper des rivières, ou encore des mines.

Par ailleurs, dans son ouvrage Arithmétique Politique, publié en 1676, William Petty a abordé la notion d’économies d’échelle. Il écrit à ce propos que la division du travail permet d’obtenir des biens qui sont moins chers et de meilleures qualités. Pour que cela soit possible, il faut que beaucoup d’individus y travaillent. Il considérait que, plus le gain était grand, et plus cela signifiait que la manufacture concernée était forte.

Pour appuyer ses raisonnements, il a notamment réalisé une étude pratique dans les chantiers navals hollandais concernant la division du travail, dans le but de démontrer son existence et son intérêt. Normalement et d’une manière générale, les travailleurs construisent dans les chantiers les bateaux à l’unité, c’est-à-dire un par un. Ils terminent d’abord un bateau, avant d’en commencer un nouveau. Toutefois, il a constaté que les hollandais avaient plutôt organisé plusieurs équipes, chacune d’entre elles réalise les mêmes tâches, mais sur des bateaux différents. Cela permettait, par exemple, aux individus qui effectuaient des tâches particulières, de découvrir de nouvelles méthodes.

 

Les fondations de la démographie statistique

William Petty a réalisé des travaux sur la croissance de la population de la ville de Londres, ainsi que sur l’Angleterre. Il a projeté la croissance de Londres sur les décennies suivantes et évalué qu’elle serait équivalente en 1840 à celle de tout le reste du pays. Il juge donc nécessaire que la croissance de la population londonienne s’interrompe dans la période précédente, vers l’année 1800. Le but étant de ne pas déséquilibrer le pays.

De plus, à travers ses calculs, il a voulu démontrer que la vitesse de croissance de la population était variable, en opposition à la vision linéaire et constante des théologiens.

William Petty, à travers ses raisonnements, a posé les bases d’une étude quantitative de la population (notamment anglaise et irlandaise). Les recensements ne se faisaient pas, il a alors proposé les premières estimations réalistes de la population britannique, c’est-à-dire du nombre d’habitants. Il a réalisé cela en exploitant les statistiques démographiques et les registres fiscaux. Il a aussi analysé les divers mécanismes de la croissance de la population ce qui l’a amené à formuler des lois mathématiques pour expliquer la fécondité et la mortalité.

 

La contribution de William Petty au mercantilisme

William Petty, en publiant en 1676 son ouvrage Arithmétique politique, a produit la première analyse économique qui a cherché à quantifier la population et la richesse de son pays, l’Angleterre. Cette analyse était destinée au souverain, c’est-à-dire au roi.

Afin d’avoir une meilleure connaissance et évaluation de la richesse, l’État peut, selon Petty, intervenir dans l’économie de façon plus efficace. Il prône donc pour atteindre cet objectif un ensemble de mesures mercantilistes en matière commerciale, d’éducation, de défense, de travaux publics et d’aides aux plus nécessiteux.

La mission principale de cette arithmétique politique vise à fournir une meilleure compréhension des lois naturelles et par conséquent, d’ajuster la politique économique.

Il développe, pour cela, une analyse de la valeur dans laquelle il allie le travail et la terre, qu’il désigne comme étant les principaux facteurs de la création de richesse. Il explique notamment que c’est le travail qui donne à la terre la plus grande partie de sa valeur. En effet, sans lui, elle ne vaudrait pratiquement rien.

Lorsqu’il étudie la manière dont les prix sont déterminés, il différencie, d’une part le prix en or et en argent des biens, caractérisé par le prix courant qui évolue en fonction des circonstances et d’autre part, le prix naturel, dont la valeur est déterminée par le travail et la terre qui sont nécessaires à la production. Selon lui, le prix courant varie aux alentours du prix naturel. Il retire que la cherté ou le bon marché des biens dépend de l’abondance ou de la rareté de la main-d’œuvre.

William Petty était également médecin. À ce titre, il a établi un parallèle entre l’économie et le corps humain. Cela l’a amené à comparer la monnaie à la graisse du corps abondant. Cela implique que, selon lui, elle ne doit pas être trop abondante parce que c’est mauvais, mais en même temps, pas trop insuffisante.

Avec ses travaux, il a également mis à jour le concept de vitesse de circulation de la monnaie, qui sera ensuite repris dans la théorie quantitative de la monnaie.

Enfin, il met en évidence que la valeur des métaux précieux peut dépendre de leur coût d’exploitation. Cela implique que la découverte de nouveaux gisements, plus facilement exploitable, aura pour conséquence de réduire les coûts de production. Cela causera mécaniquement une moindre valeur des métaux en question.

 

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