Informations principales
Oliver Eaton Williamson est un économiste américain, né le 27 septembre 1932 à Superior, dans l’État du Wisconsin, aux États-Unis et mort le 21 mai 2020 à Berkeley, dans l’État de Californie, dans le même pays.
Il est essentiellement connu pour ses travaux sur la théorie des coûts de transaction (qui est une sous-branche de la nouvelle économie institutionnelle) développée initialement par Ronald Coase en 1937. C’est un spécialiste reconnu de l’économie des organisations et il est considéré comme l’un des fondateurs de la théorie néo-institutionnaliste.
Il a enseigné de nombreuses années à l’université de Californie à Berkeley, aux États-Unis.
Il a obtenu, en 2009, conjointement avec Elinor Ostrom, le prix Nobel d’économie pour leurs travaux sur la gouvernance économique et sur le sujet des frontières de l’entreprise.
La théorie des coûts de transaction d’Oliver Williamson
Le concept des coûts de transaction est développé pour la première fois en 1937 dans l’un des articles de l’économiste britannique Ronald Coase. La théorie des coûts de transaction implique que les divers agents économiques sont dotés d’une rationalité, mais celle-ci est limitée et qu’ils peuvent se comporter parfois de manière opportuniste.
Dans la pensée économique standard, la coordination entre les différents agents économiques est essentiellement marchande, c’est-à-dire qu’un agent qui veut satisfaire un besoin s’approvisionne sur le marché. La concurrence qui s’y trouve lui offre la garantie d’y trouver le prix le moins élevé possible ou le plus bas. Mais dans la réalité, Oliver Williamson note que la plupart des transactions entraînent des coûts préalables à leur réalisation, ce qu’il appelle les coûts de transaction.
Oliver Williamson et la théorie des coûts de transaction ont donc pour point de départ de considérer que toute transaction économique entraîne des coûts préalables à leur réalisation. Ces coûts peuvent être par exemple des coûts liés à la recherche d’informations, à des défaillances du marché, à la prévention d’éventuels comportements opportunistes d’autres agents économiques, à l’élaboration de contrats complexes, etc. Ainsi, certaines transactions qui ont lieu sur le marché peuvent générer des coûts de transaction très importants. Par conséquent, les agents peuvent chercher à mettre en place des formes de coordination alternatives au marché, c’est-à-dire des arrangements institutionnels qui permettent de minimiser ces coûts de transaction. À l’opposé du marché, Oliver Williamson distingue la “hiérarchie”, ce qui équivaut à l’entreprise. Entre le marché et l’entreprise, il avance qu’il existe de nombreuses formes “hybrides” telles que celles de la sous-traitance, de la concession, des contrats de partenariat, des franchises, etc.
Au-delà de ces formes hybrides, l’entreprise peut élargir son périmètre en procédant, par exemple, à des opérations de fusions-acquisitions, afin d’éviter des coûts de transaction trop élevés. Oliver Williamson s’est demandé ce qui pouvait pousser les entreprises à élargir leur périmètre, en réalisant des fusions-acquisitions. Dans le cas où il n’y aurait aucun coût de transaction, l’entreprise qui veut acheter un bien de production a tout intérêt à se tourner vers le marché, afin de faire jouer la concurrence entre les différents fournisseurs et ainsi, obtenir le meilleur prix possible. Cependant, dans certains cas, il peut être plus avantageux d’internaliser l’activité en question pour ne pas avoir à supporter des coûts de transaction qui peuvent parfois être très élevés.
Cela signifie donc qu’une entreprise doit constamment choisir entre la production en interne et l’achat sur le marché, c’est le dilemme du make or buy.
Par exemple, une entreprise qui doit faire un investissement sera potentiellement exposée au risque de comportements opportunistes de la part de ses partenaires, ce qui va l’obliger à adopter des dispositifs de protection qui vont lui coûter cher (comme réaliser des contrats complexes). Dans ce cas-là, l’entreprise en question peut avoir plutôt intérêt à intégrer cette activité, c’est-à-dire faire l’investissement elle-même. Cela se traduit quand même par des coûts, mais ce seront ceux de l’organisation interne à l’entreprise. Cette dernière doit donc comparer entre “faire faire” et “faire soi-même” (c’est-à-dire le make or buy).
À travers ses travaux, Oliver Williamson montre que la logique marchande n’est pas toujours suffisante pour expliquer le fonctionnement et la complexité des entreprises. Il juge donc qu’il faut également prendre en compte des facteurs organisationnels et institutionnels.
L’importance des facteurs organisationnels et institutionnels
En approfondissant le sujet, il se rend compte de l’importance des autres solutions, par exemple les contrats qui privilégient certains partenaires, comme cela peut l’être dans la franchise. Ces arbitrages complexes sont faits dans le cadre du principe de l’alignement qui veut que, dans une économie concurrentielle, les forces du marché poussent et incitent les différents agents économiques à chercher le mode d’organisation et les arrangements dans les contrats qui correspondent le mieux aux caractéristiques des transactions qu’ils doivent effectuer, tout en minimisant les coûts engendrés.
Cette analyse peut permettre d’expliquer, selon Oliver Williamson, l’importance du juridique dans le domaine économique. C’est à partir de cela qu’il s’est intéressé aux institutions qui encadrent les jeux d’acteurs. En effet, les contrats s’inscrivent dans un cadre légal décidé par le législateur, la réglementation peut contraindre ou faciliter les transactions, la protection des droits de propriété influence le mode d’organisation choisi, etc. Il estime que les décideurs publics ne peuvent pas ignorer l’impact de cela. Par exemple, l’Autorité de la concurrence ne doit pas uniquement avoir une approche en termes de pouvoir de marché parce qu’il peut y avoir de bonnes raisons, liées aux coûts de transaction, qui poussent les entreprises à développer des opérations en commun, à s’entendre sur certaines activités, etc.
Au final, Oliver Williamson estime que le marché n’est pas la solution ultime, même s’il peut l’être dans certaines situations. Toutes les solutions comportent des avantages, des inconvénients et des défauts qu’il faut donc corriger, ce qui pousse à l’innovation technologique, mais également à l’innovation organisationnelle, ainsi qu’au changement institutionnel.
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