Biographie de Jean-Baptiste Colbert

 

Jean-Baptiste Colbert
Jean-Baptiste Colbert

 

Informations principales

Jean-Baptiste Colbert est un homme d’État français, né le 29 août 1619 à Reims, dans le royaume de France et mort le 6 septembre 1683 à Paris, dans le même pays.

À partir de 1665 et jusqu’à sa mort, il est l’un des principaux ministres du roi Louis XIV, en tant que contrôleur général des Finances (c’est-à-dire ministre des Finances), secrétaire d’État à la Maison du roi, ainsi que secrétaire d’État à la Marine.

Il a été l’inspirateur et le promoteur, pour la France, d’une politique économique interventionniste et mercantiliste, qui a ensuite été appelée le colbertisme, variante française du mercantilisme. C’est dans ce cadre qu’il a favorisé le développement du commerce et de l’industrie à travers la création de fabriques et la mise en place de monopoles royaux avec les manufactures royales.

C’est lui qui a commencé à préparer le Code noir, texte devant gérer l’administration de l’esclavage dans les colonies françaises. La première version de ce texte sera finalement mise au point par son fils et sera promulguée en 1685, après sa mort.

Il a aussi engagé la reforestation du pays dans le but d’avoir davantage de bois pour, notamment, significativement développer la marine royale et favoriser ainsi le commerce.

Il a également augmenté les impôts pour faire face aux nombreuses dépenses de l’État, ce qui l’a rendu impopulaire auprès de la population.

Colbert défendait une vision économique dans laquelle l’État se devait d’impulser, stimuler, prévoir et organiser l’économie à travers un fort interventionnisme. L’objectif était de favoriser le développement économique du pays et de faire rentrer de l’argent dans les caisses du Royaume, afin de financer les guerres et les grands travaux (tel que le Château de Versailles par exemple). Cependant, Colbert ne voulait pas que la puissance publique remplace définitivement les entrepreneurs privés. En effet, pour lui, cela ne devait qu’être temporaire, dans la mesure où l’impulsion publique est censée stimuler l’économie, pour que les capitaux privés puissent ensuite prendre le relais.

Pour élaborer sa doctrine économique, Jean-Baptiste Colbert s’est inspiré des écrits de l’économiste et conseiller d’Henri IV, Barthélemy de Laffemas. Ce dernier s’est concentré sur le développement de l’industrie textile et du commerce colonial, sujets auxquels Colbert s’est beaucoup consacré, en plus de celui de la gestion des finances publiques.

Les partisans de l’intervention de l’État dans l’économie se sont souvent inspirés de la pensée interventionniste de Colbert, comme cela a été le cas, par exemple, avec la planification qui a suivi la Seconde Guerre mondiale.

Durant sa carrière, il s’est opposé à Louvois, secrétaire d’État à la Guerre qu’il a jugé trop dépensier. Sauf que ce dernier a intrigué auprès de Louis XIV, au point que Colbert s’est retrouvé dans une situation difficile quand il meurt en 1683. C’est Claude Le Peletier qui lui succédera au poste de Contrôleur général des Finances.

 

Colbert et la gestion de l’économie du royaume : le colbertisme

Sous le règne de Louis XIV, Colbert ne va pas cesser de vouloir donner à la France une indépendance économique et financière. C’est dans ce cadre qu’il a inventé et appliqué au pays une doctrine qui porte le nom de colbertisme, version française du mercantilisme. Cette dernière repose sur un principe fondamental, à savoir que la puissance, l’influence et la grandeur d’un État sont proportionnelles à ses ressources en métaux précieux, ce qui signifie que, plus un État possède de l’or et de l’argent, et plus il sera puissant.

Selon cette doctrine, l’objectif de l’État doit donc être d’obtenir ces ressources (les métaux précieux) en mettant en place une politique protectionniste, en contrôlant les activités économiques du pays et plus particulièrement le commerce avec les pays étrangers. La ligne directrice du colbertisme est donc le développement de l’industrie et du commerce extérieur

Pour enrichir la France, Colbert veut importer (c’est-à-dire acheter à l’étranger) des matières premières bon marché pour les transformer en produits de qualité qui pourront se vendre plus cher. Concrètement, il souhaite industrialiser la France et ré-exporter (c’est-à-dire vendre à l’étranger) des produits à forte valeur ajoutée, avec l’objectif d’avoir une balance des paiements excédentaires, et donc faire rentrer des métaux précieux.

C’est dans cette optique qu’il estime qu’il faut créer une marine puissante, capable d’importer les matières premières et d’exporter les produits finis, réglementer les corporations, créer des manufactures royales ayant des monopoles pour fabriquer les produits de qualité avec les matières premières (telle que la Manufacture royale de glaces de miroirs, qui deviendra ensuite l’entreprise Saint-Gobain), créer des compagnies (telle que la Compagnie française des Indes Occidentales en 1664), créer des comptoirs (tel que celui de Pondichéry en Inde) et enfin, réaliser une importante réforme comptable afin de privilégier une comptabilité administrative plutôt qu’une comptabilité judiciaire, ce qui implique l’instauration d’un vrai budget.

Pour mener à bien ses projets, il prend la décision de copier les productions des autres États européens, et notamment celles de l’Angleterre et des Pays-Bas afin de rendre la France indépendante de leurs produits. Pour y arriver, il débauche des ouvriers étrangers, et plus particulièrement des verriers vénitiens et des vitriers flamands pour leur savoir-faire et ainsi former les ouvriers des manufactures françaises.

En 1664, il met en place le tarif Colbert, premier tarif des douanes modernes. C’est à travers cette action que Colbert va ensuite être considéré comme le père fondateur de la douane moderne. À partir de la mise en place de ce tarif Colbert, la perception des droits de douane est désormais utilisée librement comme barrière tarifaire (c’est-à-dire comme mesure protectionniste) sur les importations qui sont plus compétitives que la production faite à l’intérieur du pays. En 1667, Louis XIV revoit fortement à la hausse le tarif Colbert envers les Anglais et les Hollandais essentiellement, ce qui aura pour conséquence de créer une guerre économique qui aboutira à un conflit militaire.

À partir de 1664, il étend à tout le royaume la réformation de la noblesse qui avait jusqu’alors été seulement expérimentée en Normandie. Le but de cette mesure est d’établir un catalogue de l’ordre nobiliaire (c’est-à-dire de tous les nobles) afin de rendre imposable à l’impôt direct des milliers de foyers qui étaient jusqu’à cette réforme exemptés fiscalement au nom de leur noblesse. L’objectif de Colbert est de réduire le coût de ce privilège fiscal en rendant imposable une partie des individus anoblis, ainsi que ceux ne pouvant pas produire leurs titres de noblesse et qui ne vivaient pas comme de vrais nobles.

Grâce à ses mesures, Colbert double largement les revenus de l’État ce qui assure un budget en équilibre de 1662 à 1671. Néanmoins, les déficits seront permanents ensuite, notamment à cause de la guerre de Hollande. Cela oblige Colbert à augmenter significativement les taxes et impôts, ce qui sera l’une des causes de son impopularité auprès de la population.

 

Des réformes menées par Colbert dans tous les secteurs

Jean-Baptiste Colbert n’a pas mené que des réformes économiques, pratiquement tous les secteurs et domaines du pays ont été concernés.

Colbert, élu à l’Académie française en 1667, était un protecteur des sciences, des lettres et des arts à travers la création de plusieurs académies. Il a également cherché à favoriser la recherche en créant notamment l’Académie royale des sciences en 1666, l’Observatoire de Paris en 1667 et l’Académie royale d’architecture en 1671. Quelques années plus tard, en 1676, il annonce sa volonté de créer une école académique dans toutes les villes du royaume.

En 1669, Colbert lance une grande réforme sur le sujet des Eaux et Forêts du royaume. L’objectif de ce projet est de protéger et de restaurer la ressource en bois, et plus particulièrement celle du chêne pour les futures constructions navales. En effet, nommé secrétaire d’État à la Maison du Roi et Secrétaire d’État à la Marine, Colbert supervise la marine et passe commande de 276 navires de guerre dans le but de tripler les capacités de commerce maritime de la France et soutenir ses projets commerciaux. Les codes forestiers français publiés ensuite (notamment en 1827 et en 1951) sont les héritiers directs de cette grande réforme forestière.

Grâce à cette réforme de 1669, Colbert fait aménager les forêts en imposant l'obligation de conserver une partie de chacune d’elles, c’est-à-dire mettre environ le quart en réserve, et il fait limiter le pâturage en forêt. La réforme vise également une stratégie de long terme. En effet, à une époque où le bois est le premier matériau de construction et la première source d’énergie, Colbert veut renforcer le patrimoine forestier français afin de répondre à ces besoins dans le temps.

Les forêts françaises avaient été très atteintes avec les défrichements (en faveur de l’agriculture notamment), la surexploitation, le relâchement de leur administration et les conséquences des guerres de religion. C’est l’état des forêts et ses conséquences (manque de bois long pour la marine notamment) qui ont poussé Colbert à agir. Cette réforme sera un succès puisqu’elle permet de significativement développer la marine royale et dès 1670, le bois utilisé est exclusivement français.

En 1673, Colbert instaure le système des Classes (ensuite nommé Inscription maritime) qui consiste à enregistrer les personnes qui pouvaient être appelées à servir sur les vaisseaux royaux. Il y avait donc des contingents annuels de marins formés dans chaque localité littorale, qui étaient appelés à servir sur les vaisseaux du roi. Les inscrits de ce registre devaient faire leur service militaire dans la flotte de guerre et bénéficiaient même d’un régime de prévoyance.

Toujours en 1673, Colbert met en place, à travers un édit qui porte son nom, la législation sur les hypothèques dans tout le royaume. Le but de cette mesure était de protéger les créanciers grâce à la publicité effective des hypothèques. Face aux nombreuses oppositions des nobles qui préféraient le secret et des notaires qui voulaient protéger leurs prérogatives, l’édit fut révoqué l’année suivante. Toutefois, cet essai reste la première tentative dans l’histoire de la publicité foncière de favoriser la sécurité juridique des transactions immobilières et du crédit dans le but, notamment, de protéger les individus de bonne foi, ceux qui réalisent des crédits et de lutter contre les arnaques en tout genre.

D’une manière plus globale, Colbert s’est employé à unir la législation dans le but de la rendre plus claire. Il souhaitait mettre de l’ordre dans le chaos administratif et judiciaire qui avait été hérité des siècles précédents. C’est ce qui l’a poussé à élaborer les ordonnances Civile en 1667, des Eaux et Forêts en 1669, Criminelle en 1670, du Commerce en 1673 et de la Marine en 1681.

Dans le but de favoriser le commerce, Colbert a significativement développé les infrastructures, il a notamment fait améliorer les grandes routes royales, tout en souhaitant en ouvrir de nouvelles et il a fait relier la mer Méditerranée à l’océan Atlantique grâce au canal des Deux-Mers (c’est-à-dire au canal du Midi et au canal de Garonne qui ne sera que construit au 19ème siècle). Avec le canal du Midi, Louis XIV voit l’opportunité de priver l’Espagne d’une partie de ses ressources et de renforcer la souveraineté et l’indépendance de la France.

Concernant la ville de Paris, Colbert lance de nombreux aménagements tels que le fait de faire paver et éclairer la ville, l’embellissement grâce à des quais, places publiques et portes triomphales (notamment celles de Saint-Denis et de Saint-Martin), la création du jardin des Tuileries et la construction de la colonnade du Louvre.

 

Le développement colonial et le Code Noir

En 1664, Jean-Baptiste Colbert décide de partager le domaine colonial français en deux compagnies publiques (c’est-à-dire disposant d’un monopole) avec pour délimitation le sud de l’Afrique. 

À l’Ouest, il crée la Compagnie française des Indes occidentales avec pour mission principale le peuplement de la Nouvelle-France (et notamment le Canada actuel) grâce aux profits de l’économie sucrière des Antilles. 

À l’Est, il crée la Compagnie française des Indes orientales, pour laquelle il va lancer la construction et favoriser le développement du port de Lorient, dont l’objectif était le commerce dans toutes les Indes et mers orientales (et notamment l’océan Indien). La création de cette compagnie avait pour objectif de donner au royaume de France un outil de commerce international avec l’Asie et ainsi lui permettre de concurrencer les puissantes Compagnies européennes fondées au 17ème siècle, et plus particulièrement la Compagnie anglaise des Indes orientales et la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, très puissantes à ce moment-là.

Le développement de ces deux Compagnies et du commerce que cela a favorisé s’accompagne du développement de la traite négrière.

Suite à de nombreuses erreurs, problèmes et à cause de la concurrence de négociants privés, la Compagnie française des Indes occidentales fera faillite et sera dissoute en 1674. La même année, Louis XIV fonde la Ferme d’Occident et la Compagnie du Sénégal, sans leur attribuer de monopoles. La suppression du monopole permettra d’accroître nettement la production de sucre les années suivantes.

La Compagnie française des Indes orientales, quant à elle, va souffrir de nombreuses difficultés liées à la distance, à la concurrence des autres Compagnies, à des décisions inadaptées, à un endettement important et aux conséquences de la guerre de Hollande. Elle sera finalement absorbée en 1719 par la compagnie de John Law.

Colbert a eu un rôle dans l’organisation et la réglementation de l’esclavage dans les colonies antillaises françaises. En effet, il a participé à l’élaboration du premier texte du Code Noir, ce dernier étant un recueil des édits et des ordonnances sur le sujet de l’esclavage. Cependant, c’est son fils, qui lui a succédé en tant que Secrétaire d’État à la marine, qui en achève la rédaction, avant que Louis XIV ne promulgue l’édit en 1685 (soit un an et demi après la mort de Colbert).

L’objectif de cet édit était de combler un vide juridique dans la mesure où il n’y avait pas d’esclavage en France métropolitaine, mais que c’était une réalité dans les îles françaises des Antilles depuis plusieurs décennies. Le Code Noir traite de tout ce qui concerne le sujet des esclaves, à savoir leur conservation (en tant que chose possédée), leur nourriture, leurs vêtements, les crimes et peines encourues, les actions, donations et successions des esclaves, la liberté qui leur est accordée, etc. 

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