L’économie, souvent décrite comme la science des choix, s’appuie sur des concepts fondamentaux qui guident la prise de décision quotidienne des individus, des entreprises et des gouvernements. Parmi ces concepts, trois notions clés se distinguent, à savoir les besoins, les biens et la rareté. Les comprendre est essentiel pour mieux comprendre les dynamiques économiques qui influencent nos vies.
Les besoins humains sont variés et presque illimités. Ils vont des nécessités de base telles que la nourriture et l’abri, aux désirs plus complexes comme la reconnaissance sociale et l’accomplissement personnel. La satisfaction de ces besoins repose sur des biens économiques, des produits et services qui possèdent de la valeur et nécessitent des ressources pour leur production.
C’est à ce moment que la notion de rareté entre en jeu. Les ressources nécessaires pour produire ces biens sont limitées, qu’il s’agisse de matières premières, de main-d’œuvre ou de capital. Cette rareté impose des contraintes et oblige à faire des choix sur la manière d’allouer les ressources disponibles de la manière la plus efficace possible.
Pour mieux appréhender l’économie, il est important de comprendre les concepts de besoins, de biens et de rareté et de voir comment les besoins humains sont classifiés et hiérarchisés, comment les biens économiques répondent à ces besoins, et comment la rareté des ressources influence les décisions économiques et les prix.
Les besoins primaires et secondaires
Le besoin est un manque que l’individu cherche à satisfaire. Les besoins sont différents d’un individu à un autre, d’une époque à une autre et d’un lieu à un autre. Une distinction claire est faite entre les besoins primaires et les besoins secondaires. En effet, les besoins primaires correspondent aux besoins physiologiques, c’est-à-dire vitaux. Cela correspond par exemple au fait de boire, de manger et de se vêtir. Si ces besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, alors la vie humaine est impossible. Les besoins secondaires, quant à eux, correspondent à tous les autres besoins, notamment psychologiques et sociaux. Ils incluent l’affection et le sentiment d’appartenance, tandis que les besoins sociaux englobent la reconnaissance et l’estime. Bien que non vitaux pour la survie physique, ces besoins sont cruciaux pour le bien-être émotionnel et l’épanouissement personnel.
Les ménages ont des besoins illimités, primaires et secondaires. Néanmoins, les biens existent en quantité limitée. Les revenus des ménages sont eux aussi limités, avec de très fortes disparités entre les ménages.
La hiérarchie des besoins de Maslow
Abraham Maslow, psychologue et humaniste américain, a élaboré une hiérarchie de besoins, généralement représentée sous la forme d’une pyramide. La pyramide de Maslow commence par les besoins physiologiques à la base et se termine par les besoins d’accomplissement au sommet :
- Besoins physiologiques : Nourriture, eau, abri, sommeil.
- Besoins de sécurité et de protection : Sécurité physique, emploi stable, ressources, santé.
- Besoins sociaux (aussi appelés le besoin d’appartenance) : Relations affectives, amis, famille.
- Besoins d’estime : Reconnaissance, respect, confiance, statut.
- Besoins d’accomplissement : Réalisation de soi, créativité, épanouissement personnel.
Cette hiérarchie suggère que les besoins inférieurs doivent être satisfaits avant que les besoins supérieurs puissent devenir une priorité.
Les choix économiques des ménages
La hiérarchie des besoins de Maslow met en évidence que les besoins inférieurs doivent être comblés avant que les besoins supérieurs ne puissent devenir une priorité. Cela implique donc que les ménages font des choix et priorisent certaines dépenses à d’autres.
En effet, si par exemple il y a une forte hausse du prix de l’énergie, les ménages vont commencer par réduire les dépenses qui concernent les vacances et les voyages, les loisirs (tels que les sorties au restaurant ou au cinéma) et les gros achats pour le domicile (comme les meubles ou l’électroménager). Les dépenses liées à la voiture viennent ensuite, en repoussant par exemple le changement des pièces qui peuvent l’être. Après quoi, les ménages réduiront les dépenses liées à l’alimentation, soit en quantité, soit en qualité (en baissant de gamme), ou même les deux à la fois. L’un des derniers postes de dépenses sur lequel les ménages vont faire des économies est celui de la santé. Cette dernière est jugée prioritaire par la plupart des individus.
L’évolution des besoins des ménages
Les besoins des ménages évoluent avec le temps. En effet, cela vient d’abord du développement des sociétés. Avec celui-ci, les biens et les services finissent par être accessibles au plus grand nombre. Il y en a alors d’autres qui sont produits et qui entretiennent la frustration des plus pauvres et servent aux plus riches à se différencier. Par exemple, la voiture était durant les années 1950 un symbole de luxe et de liberté inaccessible pour une grande partie de la population, et notamment pour les plus pauvres (tels que les ouvriers par exemple, très nombreux à ce moment-là). À cette époque, seul un ménage sur cinq possédait une voiture. Les autres vivaient sans et les structures publiques (comme les villes) mettaient à leur disposition des moyens de se déplacer, la rendant moins indispensable.
Avec le temps, la situation a évolué au point que la voiture devienne vraiment indispensable. En effet, hormis les grandes et moyennes villes dans lesquelles il est possible de vivre sans voiture, l’urbanisme et les modes de vie se sont adaptés, généralement au détriment des moyens de transport collectifs. Le luxe d’avant est devenu une nécessité d’aujourd’hui, contrainte indispensable pour de nombreuses personnes pour aller au travail, faire les courses ou encore pour aller voir un médecin.
À nouveau, les besoins changent de forme puisque depuis plusieurs années maintenant, les individus cherchent à revenir à l’essentiel et à se rapprocher de la nature et d’un mode de vie plus apaisé. Dans certaines villes, l’usage de la voiture pour tous et pour tout est de plus en plus contesté et de nombreux citoyens réclament, notamment au nom de la défense de l’environnement, le retour de nombreux moyens de transport collectifs, de pistes cyclables, d’espaces verts et d’une moindre place accordée à la voiture.
Cette évolution des besoins peut s’appliquer à de nombreux autres usages, tels que par exemple l’électroménager, l’électronique, les produits culturels, etc.
Les entreprises aussi ont des besoins spécifiques
Les besoins des entreprises sont aussi essentiels que ceux des individus, car ils déterminent leur capacité à fonctionner, à innover et à prospérer dans un environnement dans lequel il y a beaucoup de concurrence.
À la base, il y a les besoins fondamentaux, à savoir le financement initial pour lancer les opérations, l’accès à des infrastructures de base, et des outils technologiques adaptés. Ensuite, il y a les besoins opérationnels, qui incluent l’approvisionnement en matières premières de qualité, le recrutement de main-d’œuvre qualifiée, et l’acquisition de technologies performantes. Mais pour véritablement être efficaces et performantes, les entreprises doivent également répondre à des besoins stratégiques, c’est-à-dire identifier de nouveaux marchés, innover constamment pour rester à la pointe, et gérer activement les risques pour les anticiper.
Une entreprise qui parvient à comprendre et à anticiper ses besoins à tous ces niveaux est mieux préparée à utiliser ses ressources du mieux possible, à saisir les opportunités de croissance et à surmonter les défis qu’elle rencontre. Tout compte fait, une analyse sérieuse et rigoureuse des besoins n’est pas seulement un travail administratif, mais c’est une condition indispensable pour l’avenir d’une entreprise, de sa compétitivité et in fine, de sa pérennité.
Les biens économiques et le concept de rareté
Un besoin doit être comblé par ce qui est appelé un bien économique. En effet, un bien économique est un bien dont le but est de satisfaire un besoin. Il est disponible, mais existe seulement en quantité limitée, ce qu’il signifie qu’il est rare.
Les biens économiques
En économie, tout objet (ou service) qu’il est nécessaire de produire pour satisfaire les besoins des individus est considéré comme rare. Plus un bien est rare par rapport au besoin à satisfaire, et plus sa valeur va être élevée.
Cela implique donc qu’un bien économique est un bien qui possède une valeur et qui est produit ou offert en quantités limitées. Cela implique aussi qu’il a donc un certain coût de production ou d’acquisition pour l’obtenir. Les biens économiques se caractérisent par leur rareté, leur utilité, et par le fait qu’ils nécessitent des ressources pour être produits. Cela suppose qu’ils peuvent être échangés, achetés et vendus. Les biens économiques sont limités et leur distribution nécessite des choix et des arbitrages économiques.
Les biens libres
Un bien économique se distingue alors du bien libre qui n’est, quant à lui, pas rare, limité et donc économique. L’air que l’on respire, par exemple, est un bien libre, puisqu’il est en quantité illimitée, personne ne peut se l’approprier ou le produire pour le vendre. À l’inverse, une bouteille d’air comprimé est un bien économique, puisqu’il y a un coût pour le produire et le distribuer, sa quantité est limitée, ce qui lui procure une certaine rareté.
Il en va de même pour la lumière du soleil qui est un bien libre ou l’eau (quand elle est issue de la pluie par exemple). À contrario, l’eau potable est considérée comme un bien économique, puisqu’il y a un coût pour la traiter et la distribuer. Un bien libre peut donc, par la suite, devenir un bien rare.
L’exemple de la rareté des ressources minières et des “terres rares”
Les ressources minières sont considérées comme rares pour plusieurs raisons. Cela vient en grande partie de leur disponibilité limitée, dans la mesure où elles existent en quantités limitées sur la Terre. Elles ne sont pas renouvelables à l’échelle de temps humaine, ce qui signifie que ce qui est extrait ne peut pas être remplacé naturellement dans un court laps de temps.
Ensuite, leur extraction est difficile et coûteuse, nécessitant des technologies sophistiquées et des investissements financiers importants. Les gisements accessibles en surface sont de plus en plus rares, ce qui oblige les entreprises à creuser plus profondément ou à explorer des régions plus difficiles d’accès.
En plein dérèglement climatique, l’extraction minière est parfois contestée pour ses importants impacts environnementaux, tels que la dégradation des terres, la pollution de l’eau et de l’air, et la perte de biodiversité, sans parler de la réhabilitation des sites miniers et de la gestion des déchets qui s’ajoutent aux coûts globaux de l’extraction. Cela peut pousser les gouvernements à mettre en place des réglementations environnementales ou des lois strictes sur la protection de l’environnement ou pour assurer la sécurité des travailleurs.
Une autre des raisons qui expliquent la rareté de ce type de ressource vient du fait de leur inégale distribution géographique. En effet, les ressources minières et les terres rares ne sont pas répartis uniformément sur la planète. Certaines régions sont particulièrement riches en certaines ressources (comme le pétrole au Moyen-Orient ou le cobalt en République démocratique du Congo), tandis que d’autres en sont presque dépourvues. Cette distribution inégale entraîne des disparités économiques et des tensions géopolitiques.
La demande croissante est l’une des autres raisons de la rareté des ressources minières. En effet, avec la croissance démographique mondiale et la forte industrialisation, la demande pour les ressources minières continue d’augmenter fortement. Des secteurs tels que la technologie, la construction et l’énergie consomment de grandes quantités de métaux et de minéraux. De plus, les nouvelles technologies et les biens liés à la transition écologique sont dépendants de ces métaux (éoliennes, voitures électriques, produits électroniques, etc).
Ce qui est rare est cher, donc la rareté des ressources minières a un impact direct et significatif sur leur prix. Cela vient principalement du jeu de l’offre et de la demande.
Lorsque la disponibilité d’une ressource minière est limitée, mais que la demande reste élevée ou augmente, le prix de cette ressource tend à augmenter. C’est l’un des principes fondamentaux de l’économie de marché. Une offre restreinte, associée à une forte demande, crée une pression à la hausse sur les prix.
De plus, engager de nouveaux projets d’extraction pour répondre à la demande peut parfois prendre des années. Et pendant ce temps, si la demande augmente, alors les prix aussi. Cette hausse des prix peut avoir des répercussions importantes sur les industries qui dépendent de ces ressources, ainsi que sur l’économie mondiale en général.