Informations principales
Alban William Phillips est un économiste néo-zélandais, né le 18 novembre 1914 à Te Rehunga, en Nouvelle-Zélande et mort le 4 mars 1975, à Auckland, dans le même pays.
Il a passé la plus grande partie de sa carrière universitaire à la London School of Economics, prestigieuse université de recherche publique britannique, dans laquelle il a exercé en tant que professeur d’économie.
Son apport le plus important à la science économique est celui de la Courbe de Phillips, qui porte son nom et qu’il a développé en 1958. Cette courbe, d’inspiration keynésienne, met en avant une relation décroissante entre le taux de chômage et l’inflation.
Par ailleurs, il a conçu et construit, en 1949, un ordinateur hydraulique de sciences économiques nommé MONIAC.
La Courbe de Phillips
Lorsqu’il était à la London School of Economics, Alban William Phillips a concentré ses travaux à l’analyse et à l’étude statistique des données britanniques (concernant l’évolution des salaires nominaux, assimilée à l’inflation et du chômage) sur la période allant de 1861 à 1957. Il a notamment observé que les années où le taux de chômage était élevé, les salaires avaient tendance à être stables, voire à baisser. À l’inverse, lorsque le chômage était faible, les salaires augmentaient rapidement.
Cette relation avait déjà été remarquée précédemment par Irving Fisher, mais en 1958, Phillips a quand même publié son travail sur le lien entre l’inflation et le chômage, et cela, en l’illustrant par la Courbe de Phillips. Sur cette dernière, le taux d’inflation se trouve sur l’axe vertical et le taux de chômage sur l’axe horizontal.Cette publication montrait notamment l’impossibilité de concilier à la fois une économie de plein-emploi et une faible inflation, ce qui a attiré l’attention de nombreux économistes et universitaires. Cela signifie donc qu’un gouvernement doit faire un arbitrage entre avoir davantage de chômage ou davantage d’inflation.
La Courbe de Phillips met en avant le rapport de force entre les salariés et les employeurs. En effet, en période de forte reprise de l’activité et de faible chômage, les entreprises se retrouvent en concurrence entre elles pour conserver ou attirer des salariés devenus plus “rares”, ce qui les pousse à augmenter les salaires. Elles répercutent ensuite ces hausses de coûts en augmentant les prix de leurs produits, qui deviennent alors moins compétitifs et qui alimentent l’inflation.
À contrario, en période de ralentissement économique, le rapport de force change et ce sont les salariés qui, par peur de se retrouver au chômage ou d’y rester, doivent renoncer à de meilleures rémunérations. Les pressions à la baisse des salaires sont fortes, ce qui amène à une situation de désinflation (ce qui correspond à une hausse moins rapide de l’inflation), voire même de déflation (ce qui correspond à une baisse des prix).
Cette relation a été empiriquement établie (c’est-à-dire en se basant sur les faits et l’expérience) jusqu’à la période de stagflation (caractérisée par une stagnation économique, couplée à de l’inflation) causée par les chocs pétroliers des années 1970. Cette nouvelle situation s’est illustrée par un chômage et une inflation qui ont évolué dans le même sens, contrairement à ce que disait la Courbe de Phillips.
Peu après la publication de l’article de Phillips, l’idée selon laquelle il existait un compromis entre une économie forte et une faible inflation a captivé l’imagination des économistes universitaires et des décideurs politiques. Les économistes Robert Solow et Paul Samuelson ont écrit un article qui a eu un grand impact et qui décrit les possibilités suggérées par la Courbe de Phillips dans le contexte des États-Unis. La vision de la Courbe de Phillips a beaucoup changé au fil du temps, mais reste une caractéristique importante de l’analyse macroéconomique des fluctuations économiques.
L’ordinateur hydraulique de sciences économiques nommé MONIAC
Durant ses études à la London School of Economics, Phillips a conçu et construit un ordinateur analogique hydraulique dont le rôle était de modéliser le fonctionnement de l’économie britannique. Cet ordinateur a été appelé MONIAC pour ordinateur automatique de revenu monétaire national (Monetary National Income Analogue Computer en anglais).
Concrètement, l’écoulement de l’eau à travers les tuyaux et les réservoirs de l’ordinateur simulait, de manière assez précise, les flux monétaires dans l’économie. La capacité du MONIAC à réussir à modéliser les interactions subtiles des différents paramètres économiques tels que les taux d’intérêts et les taux d’imposition, en faisait un outil performant pour l’époque. Cette prouesse a d’ailleurs inspiré le terme de “macroéconomie hydraulique”.
Alban William Phillips a présenté cet ordinateur en 1949 aux principaux économistes de la London School of Economics, qui l’ont beaucoup apprécié. Cette création l’a aidé à obtenir un poste d’enseignant dans cette école, d’abord comme maître de conférences en 1951, puis comme professeur à partir de 1958.