Informations principales
Antoine de Montchrestien est un économiste, également poète et dramaturge français, né en 1575 à Falaise en France, et mort le 7 octobre 1621 dans la commune de Les Tourailles, dans le même pays.
Son œuvre économique majeure a été le Traité d'économie politique, publié en 1615, grâce auquel il a étudié la science de la production et de la distribution des richesses au niveau d’un pays. À travers cet ouvrage, Montchrestien a été le premier auteur à employer et utiliser le terme d’économie politique.
Il a notamment mis ses idées en pratique dans le domaine industriel en produisant divers instruments en acier tels que des couteaux, des lancettes, etc.
Le Traité d’économie politique
Le Traité d'économie politique de Montchrestien est un ouvrage publié en 1615 dans lequel il étudie la science de la production et de la distribution des richesses au niveau d’un pays entier. C’est grâce à cette œuvre qu’il sera le premier à employer et utiliser le concept d'économie politique.
Ce traité est divisé en quatre parties qui représentent pour lui les principales thèses mercantilistes du 17ème siècle. Ces parties concernent les manufactures, le commerce, la navigation, et enfin les soins du prince (c’est-à-dire du souverain).
Dans le but d’accroître la richesse de la nation, il défend le travail obligatoire, mais également, et c’était nouveau pour l’époque, l‘industrie et le commerce, qui sont pour lui, au même niveau que l’agriculture. L’objectif est toujours d’enrichir l’État, mais à travers le développement industriel. Cela implique, selon lui, que l’État donne l’exemple en créant de grandes activités, comme cela est le cas avec les manufactures.
Antoine de Montchrestien promeut aussi une intervention de l’État afin de créer des manufactures dans divers secteurs, réglementer les professions, et mettre en place une politique douanière efficace dans le but de défendre les droits et intérêts de la nation. Cela induit qu’il est protectionniste pour les marchandises qui sont produites en quantité suffisante, mais à l’inverse, libre-échangiste pour celles qui manquent au pays, mais seulement à la condition que ce dernier travaille suffisamment pour avoir les moyens de se les payer.
Montchrestien soutient et défend la division du travail, car elle permet une meilleure productivité.
Il accepte aussi la richesse, mais s’oppose aux dépenses excessives. Il a une vision intermédiaire en tolérant une certaine mesure de luxe, tant que ce n’est pas exorbitant.
Par ailleurs, pour lui, la concurrence est nécessaire pour stimuler l’industrie.
Le Traité d'économie politique de Montchrestien est encore étudié aujourd’hui, car il permet d’avoir de nombreuses informations sur la France des débuts du 17ème siècle.
La contribution d’Antoine de Montchrestien au mercantilisme
Antoine de Montchrestien a été très influencé par les écrits et raisonnements d’Aristote. Il a cependant développé sa propre pensée en plaçant l’économie et la politique comme deux savoirs qui sont, selon lui, indispensables à ceux qui gouvernent. Avec ce point de vue, il prend ses distances avec la pensée d’Aristote et s’oppose aussi à la conception qui est proposée par Machiavel dans la manière de gouverner. En effet, pour Montchrestien, il ne s’agit pas d’enrichir le souverain au détriment de ses citoyens, mais plutôt d’enrichir les deux en même temps.
Montchrestien défend l’idée d’un État fort et d’un interventionnisme important de ce dernier. Pour lui, la puissance d’un État dépend de sa richesse. Cette dernière dépend, à son tour, de la richesse des citoyens de la nation, et plus particulièrement de celle des marchands.
Il partage le concept de société organiste développé par Aristote, selon lequel le monarque est le garant de la santé du corps social, ainsi que de l’harmonie entre les différents membres qui en font partie.
Il défend aussi vivement le travail, car pour lui, les individus acquièrent la richesse qui fait leur bonheur et leur prospérité grâce au travail. En effet, c’est le travail qui est produit dans l’agriculture, le commerce et l’industrie qui permet de produire la richesse.
De plus, pour lui, le travail permet de résoudre le problème de la pauvreté et de lutter contre l’oisiveté, qui est une source d’instabilité sociale. Pour Montchrestien, la division du travail permet d’augmenter l’efficacité de la production, et donc d’augmenter la richesse totale.
Toutefois, il considère que l'intérêt de la nation doit passer avec l'intérêt individuel, ce dernier devant être subordonné au premier. L’État doit s’en assurer, en s’occupant notamment de la production et des échanges.
Pour Antoine de Montchrestien, le commerce est l’activité centrale de la nation. Cela implique que le commerçant représente la figure principale de son raisonnement sur l’économie politique. En effet, pour lui, le but ultime de la production est le commerce, puisque c’est ce dernier qui assure les débouchés nécessaires à la production.
Selon lui, la dynamique du commerce se trouve donc dans la perspective du profit et la volonté d’enrichissement, ce qui stimule l’activité économique. Pour Montchrestien, la poursuite de cette richesse n’est pas obligatoirement immorale, parce qu’elle met les individus en condition de subvenir à leurs besoins en travaillant. Cependant, il ne mélange pas la richesse et son expression. En effet, il voit dans les métaux précieux et leur possession le moyen d’obtenir la richesse qui se trouve dans les productions industrielles et agricoles, ainsi que dans le travail qui permet de les produire.
C’est sur la base de ce raisonnement qu’il conseille le monarque en lui spécifiant que la prospérité et le développement du royaume dépend de sa capacité à fournir du travail aux citoyens, et de sa capacité à améliorer la productivité de la main-d’œuvre grâce à l’instruction. Pour lui, la prospérité dépend également de sa capacité à produire, à travers les manufactures royales et les ateliers nationaux. Il est question de produire tous les biens, ce qui inclut les biens de luxe, afin de donner de l’activité à tous et d’assurer ainsi la paix sociale.
Enfin, il recommande d’exclure la concurrence étrangère, car il considère le commerce extérieur comme une sorte de jeu, dans lequel ce que les uns gagnent signifie que les autres l’ont perdu. Pour lui, la France ne doit donc acheter à l’étranger uniquement ce qu’elle ne peut pas produire. Elle doit aussi veiller à vendre davantage, par rapport à ce qu’elle achète et à se protéger grâce à un ensemble de dispositifs protectionnistes.
Les métaux précieux, c’est-à-dire principalement l’or et l’argent, permettent d’assurer la puissance du royaume, ce qui lui permet d’armer des soldats aguerris. De l’or est nécessaire pour avoir une armée performante et remporter des batailles. En effet, pour Montchrestien, les rivalités commerciales peuvent mener à la guerre, il faut donc s’y préparer. De plus, la guerre doit aussi permettre d’assurer l'expansion coloniale. Il considère que, si la France est faible, ses ennemis n’hésiteront pas à lui voler ses possessions.
En ce qui concerne la monnaie, Montchrestien estime que l’État doit émettre de la monnaie, réguler sa circulation, mais en évitant les manipulations monétaires.
Pour lui, il y a une différence entre l’utilité d’un bien caractérisé par sa valeur d’usage et son prix au moment de l’échange, caractérisé par sa valeur d’échange, qu’il attribue à la rareté et à la concurrence.
Antoine de Montchrestien place l’économie au niveau du discours politique, en s’adressant notamment au Roi Louis XIII, et à sa mère Marie de Médicis, afin de les éclairer et de les informer sur les règles de politiques économiques à mettre en place. Le but est toujours d’assurer la prospérité du royaume. C’est notamment grâce à cela qu’il donne une nouvelle dimension à ce savoir.
