Biographie de Gérard Debreu

 

Gérard Debreu
Gérard Debreu

 

Informations principales

Gérard Debreu est un mathématicien et économiste français et américain (à partir de 1974), né le 4 juillet 1921 à Calais, en France et mort le 31 décembre 2004 à Paris, dans le même pays.

Il est le premier Français, en 1983, à recevoir le Prix Nobel d’économie pour ses travaux sur le sujet de l’équilibre général. En effet, il est devenu connu pour sa reformulation mathématique de la théorie de l’équilibre général, initialement théorisée en 1874 par Léon Walras. Grâce aux outils mathématiques, il a pu préciser les conditions qui permettent l’existence et la stabilité d’un équilibre général, c’est-à-dire de la formation de prix qui favorisent l’équilibre des offres et des demandes sur tous les marchés à la fois. Il a démontré que, sous des conditions très précises, il existe un seul système de prix qui équilibre l’offre et la demande dans un marché de concurrence pure et parfaite. Cet équilibre est un optimum de Pareto, c’est-à-dire que c’est une situation dans laquelle aucun agent économique ne peut améliorer sa position sans détériorer la position de quelqu’un d’autre.

De plus, avec son confrère Kenneth Arrow, il apporte une solution rigoureuse à l’un des plus anciens sujets de la science économique, à savoir la fameuse « main invisible » d’Adam Smith.

Il a réalisé une grande partie de sa carrière universitaire aux États-Unis, ce qui lui a permis notamment d’obtenir la nationalité américaine en 1974.

Le travail de Gérard Debreu s’inscrit dans le courant de pensée néoclassique.

Son œuvre est abstraite en traitant des fondements de l’analyse économique et novatrice dans la forme, en intégrant les dernières avancées mathématiques. C’est donc Debreu qui a donné sa formulation définitive à la théorie de l’équilibre économique général. Il est également l’un des artisans principaux de la mathématisation de l’économie. Malgré le fait que son œuvre soit moins abondante que celle de plusieurs de ses confrères économistes, Gérard Debreu est toutefois l’un des économistes les plus influents et les plus cités de la période d’après-guerre.

 

Le concept de l’équilibre général de Gérard Debreu

Le concept d’équilibre général représente la possibilité pour les marchés d’atteindre, de manière simultanée, l’équilibre grâce au libre jeu de l’offre et de la demande. L’équilibre général est différent de l’équilibre simple, dans la mesure où cela signifie que l’équilibre est atteint sur tous les marchés à la fois.

L’idée d’équilibre général des marchés arrive au 18ème siècle au moment où l’économie devient une discipline autonome. L’une de ses premières versions est le Tableau économique développé par François Quesnay et publié en 1758. Pour ce dernier et ses partisans, l’économie devait devenir une science rigoureuse et mathématique. Environ un siècle plus tard, Léon Walras a formulé, pour la première fois, un véritable modèle mathématique d’équilibre général de l’économie.

Cette construction théorique cherche à répondre à une interrogation principale et essentielle, à savoir comment un ordre peut s’établir à partir de l’interaction d’une multitude d’individus qui suivent chacun leurs propres intérêts. Cela revient à chercher à comprendre comment fonctionne la “main invisible” développée par Adam Smith. Concrètement, le marché est le lieu où sont censés se résoudre les problèmes. En effet, sur chaque marché, des agents considérés rationnels, qui ont des préférences propres et des goûts et qui disposent de produits et de facteurs de production, se rencontrent. L’interaction des offres et des demandes permet de déterminer, de manière simultanée, les quantités et les prix qui sont échangés pour chaque marchandise. Dans la mesure où tous les marchés sont reliés entre eux, la quantité offerte et demandée de chaque marchandise dépend de son prix, mais également du prix de toutes les autres marchandises.

Dans son ouvrage Éléments d’économie politique pure, publié en 1874, Léon Walras représente ce modèle à travers un système d’équations linéaires. Le nombre d’équations est égal au nombre d’inconnues, à savoir les quantités et les prix de toutes les marchandises échangées. Il en a conclu qu’il est possible de trouver une solution au système et que l’équilibre général existe. Cependant, cette conclusion reste une sorte d’illusion dans la mesure où cela n’a pas été démontré.

Depuis cette date, l’histoire de la théorie de l’équilibre général se retrouve à rechercher une preuve de son existence, ainsi qu’une preuve de son unicité et de sa stabilité. Afin que cette construction ait un sens, il est nécessaire d’avoir un ensemble unique de quantités d’équilibre et de prix d’équilibre. S’il y a un éloignement de cet équilibre, alors des forces ont tendance à les y ramener.

Tout d’abord, ce sont des mathématiciens qui ont étudié ce problème. Par exemple, dans un article paru en 1937, le mathématicien et physicien américano-hongrois John von Neumann a construit un modèle d’équilibre général en utilisant des instruments qui relèvent initialement de la topologie algébrique (une des branches des mathématiques), et plus particulièrement le théorème du point fixe, qui était utilisé jusqu’alors en physique. Il s’agit de l’un des instruments que vont utiliser Gérard Debreu et Kenneth Arrow dans leur fameux article de 1954, qui est considéré par nombre d’économistes comme la résolution définitive concernant l’existence d’un équilibre économique général

Les deux économistes Gérard Debreu et Kenneth Arrow ont intégré en un seul modèle la production, les échanges et la consommation. En restreignant les hypothèses au minimum, ils démontrent que, si les producteurs maximisent leur profit et que les consommateurs maximisent leur satisfaction, cela va permettre de créer un équilibre concurrentiel. Ils considèrent que, si les équations qui décrivent ce modèle sont consistantes, alors le modèle concurrentiel est une description qui représente bien la réalité. À ce moment-là, l’équilibre général est dans une situation optimale, au sens de Pareto, c’est-à-dire qu’une répartition différente des ressources productives ou des biens ne pourra pas améliorer la situation d’un agent économique sans altérer celle d’un autre. De plus, selon eux, seul un équilibre général concurrentiel peut permettre une réalisation optimale (au sens de Pareto) de l’allocation des ressources.

Gérard Debreu développe son analyse en 1956 dans sa thèse de doctorat, qui donnera ensuite le livre intitulé Théorie de la valeur. La formulation qu’il a proposée est considérée comme la plus aboutie de la théorie de l’équilibre général.

 

L’utilisation des mathématiques dans la science économique est importante pour Gérard Debreu

Gérard Debreu a contribué à d’autres domaines de la théorie économique par le biais de plusieurs articles de synthèse. C’est d’ailleurs à travers ces publications qu’il a participé à une profonde transformation de la discipline économique dans la mesure où l’article prend l’ascendant sur le livre, en tant que principal moyen de transmettre des connaissances. Cela témoigne aussi d’une autre transformation beaucoup plus fondamentale, à savoir la mathématisation de l’économie. C’est à ce niveau que la contribution de Debreu est la plus importante. En effet, en tant que mathématicien accompli, il a introduit de nouvelles techniques sophistiquées, sur lesquelles il a d’ailleurs basé ses démonstrations.

 

Une approche axiomatique et des visions différentes du marché et du rôle de l’État

Au-delà de l’utilisation des mathématiques, Gérard Debreu utilise une approche axiomatique, qui correspond à un mode d’exposition qui se base sur des propositions admises, sans qu’elles soient démontrées réellement, mais qui sont quand même formulées et développées par des raisonnements rigoureux. Selon lui, seule cette approche peut permettre d’atteindre la rigueur, mais également la généralité et la simplicité qui sont les caractéristiques des sciences les plus abouties. Il explique à ce sujet qu’une théorie axiomatique sélectionne tout d’abord ses concepts initiaux en les représentant par un objet mathématique. Ensuite, pour chacun de ces concepts, des hypothèses sont élaborées et les conséquences mathématiques déduites. La dernière étape correspond à l’interprétation économique des théorèmes obtenus. Selon ce raisonnement, une théorie axiomatique possède une forme mathématique qui est entièrement indépendante de son contenu économique.

Théoriquement, le but de ce type d’approche est d’empêcher la théorie économique de faire dire ce qu’elle ne peut pas dire. Par exemple, il est fréquent d’entendre que la théorie de l’équilibre général est un éloge du marché. Mais pour Gérard Debreu, ce n’est pas du tout le cas, puisque cela peut concerner autant une économie capitaliste que socialiste.

Gérard Debreu considère que, autant les défenseurs d’une intervention active de l’État dans l’économie, que ceux qui promeuvent le laissez-faire peuvent s’appuyer sur la théorie de l’équilibre général. En effet, les premiers diront que ce modèle est irréaliste puisqu’il n’est pas possible de démontrer la stabilité et l’unicité de l’équilibre général, ou alors qu’avec des hypothèses extrêmement contraignantes, complètement éloignées de la réalité. Les deuxièmes se baseront sur la démonstration de l’équivalence entre l’optimum d’un côté et l’équilibre général d’un autre côté, pour affirmer la supériorité de l’économie de marché. Néanmoins, la question reste toujours ouverte de savoir si démontrer l’existence de l’équilibre général n’est qu’un exercice intellectuel vain ou un pas vers une meilleure connaissance de la réalité économique.

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