Informations principales
James Edward Meade est un économiste britannique, né le 23 juin 1907 à Swanage, dans le comté de Dorset en Angleterre et mort le 22 décembre 1995 à Cambridge, dans le même pays.
Il a reçu en 1977 le Prix Nobel d’économie (avec son confrère l’économiste suédois Bertil Ohlin) pour sa contribution à la théorie du commerce international, ainsi que pour son travail sur les mouvements de capitaux internationaux.
James Meade est un fervent admirateur de John Maynard Keynes et se place, par conséquent, dans sa lignée économique. C’est la raison pour laquelle il a notamment formulé un modèle simplifié de la Théorie Générale de celui-ci.
Il a aussi généralisé la notion du multiplicateur de Richard Kahn, en l’intégrant à la situation d’un nombre infini d’agents.
À travers ses travaux et ses postes, notamment comme professeur, il a abordé de nombreux thèmes concernant l’économie internationale (les questions d’union commerciale, de droits de douane, de gestion de la balance des paiements et d’accords commerciaux), l’analyse économique, la croissance, la politique économique et fiscale et la comparaison des différents systèmes économiques.
L’équilibre interne et l’équilibre externe, ainsi que le sujet du commerce international analysés par James Meade
James Meade juge que les imperfections du marché empêchent la réalisation d’un équilibre de premier rang (ou optimum de premier rang), c’est-à-dire une situation dans laquelle il y a le libre-échange, ce qui implique le respect des règles du libre-échange en question (ce qui ne signifie pas non plus une absence de règles d’échange).
Si l’équilibre de premier rang n’est pas accessible, alors il est nécessaire de trouver les mesures et les conditions qui permettent d’atteindre l’équilibre de second rang (ou optimum de second rang), y compris dans le commerce international.
L’équilibre de second rang correspond à la seconde meilleure solution quand l’optimum de premier rang ne peut pas être atteint. Cela correspond généralement à une situation de libre-échange dans une zone régionale ou une moins bonne satisfaction des conditions requises pour l’équilibre de premier rang (c’est-à-dire aucunes distorsions causées par les institutions ou peu de taxation par exemple). Ces notions d’équilibre de premier rang et de deuxième rang ont été développées par Kelvin Lancaster et Richard Lipsey.
Sur la base de ce raisonnement, James Meade considère qu’il est nécessaire d’atteindre l’équilibre externe, avant d’avoir une généralisation de l’intervention de l’État. Il prône aussi des politiques économiques d’union douanière, ce qui implique qu’un groupe de pays mette en place et applique un système commun de procédures, de règles et de tarifs pour la totalité, ou quasiment, de leurs exportations et de leurs importations.
Le sujet du plein-emploi
Dans son dernier ouvrage publié en 1995 et intitulé “Le Retour au plein-emploi ?”, James Meade fustige les politiques monétaires de rigueur et défend par la même occasion, les politiques keynésiennes qui doivent permettre de favoriser, selon lui, le retour au plein-emploi, y compris si cela implique d’accepter un taux d’inflation jugé tolérable. Il considère qu’à défaut d’atteindre la perfection classique, il faut se contenter de l’imperfection keynésienne.
Concrètement, afin d’obtenir le plein-emploi, Meade explique qu’il est nécessaire de modifier les pratiques qui régissent la politique commerciale internationale. Il préconise aussi de renforcer la coopération économique, comme l’avait proposé John Maynard Keynes au moment des négociations de Bretton Woods, après la Seconde Guerre mondiale en 1944. Dans cet esprit, il faut, selon lui, favoriser les pays qui pratiquent une politique de relance, et non pas, à l’inverse, pénaliser les débiteurs en les obligeant notamment à en supporter l’intégralité de l’ajustement.
James Meade a toujours craint les mesures protectionnistes et ce qui en découle, à savoir le cercle vicieux entraîné par la fermeture du commerce extérieur. C’est pour cela qu’il est un fervent partisan de la coopération économique internationale qui doit apporter la prospérité, dont le plein-emploi.
Une politique keynésienne en économie ouverte et la défense de la Courbe en J
Grâce à ses travaux, James Meade a donné au keynésianisme une dimension analytique en économie ouverte en exposant les conditions qui sont nécessaires, afin de réaliser un équilibre interne qui soit compatible avec un équilibre externe, c’est-à-dire, au final, celui de la balance des paiements. Concrètement, cela signifie qu’il propose une politique keynésienne, mais en économie ouverte, et non fermée.
Il a également cherché à démontrer que la Courbe en J était valide. Cette courbe stipule qu’une dévaluation provoque d’abord un déficit commercial, avant de finalement engendrer un excédent commercial.
L’économie du bien-être et le concept d’externalité
Sur la même ligne qu’Alfred Marshall et que Pigou, James Meade a travaillé sur l’économie du bien-être. C’est dans ce cadre qu’il a avancé le concept d’externalités positives. Il a notamment appliqué cette notion à l’apiculture (la production de miel) et à l’arboriculture (la culture des arbres à fruits). En effet, selon son raisonnement, les abeilles doivent assurer la pollinisation des arbres, ce qui est censé accroître la production de fruits de ces derniers. Le pollen récolté doit aussi permettre d’augmenter la production de miel. La proximité des deux exploitations permet à chacun des exploitants de pouvoir bénéficier d’externalités positives (c’est-à-dire d’un effet positif sans devoir en payer le prix).
Concrètement, c’est une relation gagnant-gagnant, puisque l’apiculteur bénéficie de la proximité de l’arboriculteur pour avoir un miel de meilleure qualité, qu’il pourra alors vendre à un prix plus élevé, et cela, gratuitement. Pour ce service indirect rendu à l’apiculteur, l’arboriculteur ne sera pas payé. Cela correspond donc bien à une externalité positive.
L’arboriculteur, quant à lui, bénéficie aussi, toujours gratuitement, de la pollinisation de ses arbres, ce qui va améliorer son rendement, et cela, sans devoir faire appel à des méthodes manuelles très coûteuses. L’autre avantage est que la pollinisation aléatoire de la part des abeilles permet également d’enrichir la diversité génétique. Cela permet aux différentes plantations de mieux résister à différentes maladies ou affections. Cela signifie donc qu’il y a, dans les deux sens, une externalité positive.
Toutefois, Meade estime que le marché n’est pas capable de prendre en compte ces externalités.
L’impôt sur la dépense défendu par James Meade
James Meade a présidé un comité qui avait pour mission d’étudier le système fiscal britannique. Cette mission s’est faite dans le cadre de l’Institute for Fiscal Studies, un institut de recherche britannique qui est spécialisé dans l’analyse de la fiscalité et dans l’évaluation des politiques publiques. C’est à ce moment-là qu’il a publié un article intitulé Un impôt sur la dépense.
Meade a donc proposé de mettre en place un impôt, à la fois direct et personnel, sur l’affectation des revenus de tous les contribuables à la consommation, c’est-à-dire sur la dépense. Cet impôt ne doit pas être confondu avec la TVA (la Taxe sur la Valeur Ajoutée), qui est un impôt indirect et impersonnel, payé par l’acheteur final.
L’impôt sur la dépense (c’est-à-dire la consommation) que veut mettre en place James Meade est censé remplacer l’impôt sur les revenus. Son objectif est de taxer, à la fois de manière efficace et équitable, les revenus de la propriété. Meade considère que le but de toute activité économique est la consommation, c’est donc cette dernière qu’il faut taxer. En effet, il estime que, d’un point de vue fiscal, ce qui est mis de côté pour acquérir un revenu correspond à une consommation différée dont la taxation est mise en suspens. Cela signifie donc que toute sortie d’argent, c’est-à-dire l’épargne, les investissements immobiliers ou mobiliers, tous les prêts à autrui ou les intérêts d’emprunt, les montants qui ne sont plus disponibles pour la consommation du contribuable doivent être déductibles de son revenu imposable.
À contrario, toute rentrée d’argent qui provient d’avoirs ou de créances (comme par exemple les loyers perçus, les ventes d’actifs, les dividendes, les intérêts, etc), ainsi que les sommes empruntées (étant donné que l’on reçoit l’argent) s’ajoutent au revenu imposable. De plus, étant donné que l’usage d’un logement par son propriétaire peut être assimilé à une consommation, un loyer fictif, établi par un pourcentage de l’investissement doit être ajouté au revenu imposable de l’individu qui occupe les lieux.
James Meade estime que ce système permet de taxer le train de vie qui est évalué en retirant des entrées (peu importe leur provenance) les différentes sorties qui sont retirées à la consommation.
Par conséquent, excepté l’obligation de faire une déclaration de toutes les rentrées d’argent, aucune transition complexe et laborieuse n’est utile à partir du système existant afin de mettre le nouveau système en place.
La proposition émise par James Meade taxe les gains nets et à leur valeur nominale. Grâce à la globalisation des revenus qui sont dépensés, mais également à l’indexation des barèmes fiscaux et à la défiscalisation des réinvestissements, le système qu’il propose semble plus adapté à l’érosion monétaire (lié à l’inflation). Il prend pour exemple les impôts qui portent sur un revenu entièrement ou partiellement fictif comme les intérêts ou les dividendes qui n’atteignent généralement pas le niveau de l’inflation.
De plus, ce système qui consiste en un impôt sur la dépense, doit permettre d’éviter les incohérences, la complexité et les pièges d’une imposition distincte de la propriété. En effet, comme les revenus à l’impôt progressif (ceux du travail par exemple) sont taxés, cela signifie qu’il tient compte, autant des plus-values que des pertes. Dans la mesure où il est nécessaire de déclarer les investissements productifs afin d’obtenir la déduction fiscale, cela signifie que, de manière spontanée, un registre des actifs économiques détenus par les particuliers va se constituer.