Biographie de Jean Tirole

 

Jean Tirole
Jean Tirole

 

Informations principales

Jean Tirole est un ingénieur général des ponts, ainsi que des eaux et forêts et un économiste français, né le 9 août 1953 à Troyes, en France.

Ses travaux portent principalement sur l’économie du bien commun, sur le droit de la concurrence, sur le rôle de l’État dans la régulation des marchés et sur l’économie industrielle. Il juge notamment que la régulation ne doit pas entraver l’innovation et favoriser le maintien de règles équitables, ce qui passe pour lui par la lutte contre les monopoles et les oligopoles. Par ailleurs, il a beaucoup utilisé la théorie des jeux dans ses travaux. Cette théorie s’intéresse aux situations dans lesquelles les décisions qui sont prises par un agent économique ont un impact sur la façon dont les autres agents économiques agissent et réagissent.

Il est considéré comme l’un des économistes les plus influents de l’époque contemporaine et ses travaux sont reconnus dans le monde entier, ce qui lui a valu de recevoir de nombreuses distinctions académiques. Jean Tirole a d’ailleurs obtenu, en 2014, le Prix Nobel d’économie pour son analyse du pouvoir de marché et de la régulation. Il a étudié les cas plus particuliers des télécoms et du secteur bancaire.

Durant sa carrière, il a exercé de nombreuses responsabilités, il a par exemple été élu, en 2011, à l’Académie des sciences morales et politiques et a été directeur ou président de nombreuses organisations.

Il est généralement considéré comme l’un des représentants du courant néoclassique orthodoxe. C’est à ce titre qu’il a reçu des critiques de la part de partisans de lignes plus hétérodoxes.

 

De nombreux domaines de recherche étudiés par Jean Tirole

Jean Tirole a mené des recherches sur l’économie industrielle, en l’appliquant à la régulation des industries de réseau et du système bancaire. Il a aussi étudié l’économie internationale, la finance d’entreprise et les mécanismes incitatifs à l’intérieur d’une firme. Il a également étudié les liens qu’il y avait entre l’économie et la psychologie. L’un de ses apports les plus importants a été d’utiliser certains outils de la théorie des jeux et de la théorie de l’information dans le but d’analyser les comportements des entreprises et le fonctionnement des marchés.

Dans le cadre de ses travaux, il s’est par exemple intéressé aux modèles d’affaires des entreprises qualifiées de “bifaces”, c’est-à-dire qui s’adressent à deux catégories de clientèles distinctes. Il a notamment préconisé de mettre en place des mesures de régulation face aux monopoles et aux oligopoles qui disposent d’une position dominante aux dépens de leurs clients.

D’une manière générale, il appelle les économistes à ne pas utiliser seulement leurs propres outils, mais à adopter une attitude davantage pluridisciplinaire, en s’appuyant notamment sur les autres sciences sociales, et plus particulièrement dans le cas de l’économie comportementale. C’est dans ce cadre qu’il a publié de nombreux articles en psychologie comportementale, avec son confrère, l’économiste français Roland Bénabou.

Ses travaux, pour lesquels il a obtenu le Prix Nobel, justifient, entre autres, la nécessité d’une intervention des pouvoirs publics pour surveiller, contrôler et réglementer les marchés, et cela, au nom de l’intérêt général. Il précise que cela importe peu que les marchés en question soient dominés par un petit nombre d’entreprises (c’est-à-dire en situation d’oligopole), ou qu’ils soient dans une situation de monopole naturel.

Au-delà de ses recherches, Jean Tirole a été à l’initiative de l’Institut d’études avancées de Toulouse (connu sous le sigle IAST pour Institute For Advanced Study in Toulouse). L’objectif de cette institution est d’aborder les questions fondamentales concernant la société et la nature humaine. Le programme scientifique qui en découle s’organise autour de dix disciplines, à savoir l’économie, les sciences politiques, les mathématiques, le droit, l’histoire, la biologie, l’anthropologie, la sociologie, la philosophie et la politique. Même s’il enseigne dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur dans le monde, il reste rattaché à la Toulouse School of Economics.

 

L’économie du bien commun

Dans son livre intitulé L’économie du bien commun, publié en 2016, Jean Tirole décrit sa vision de la discipline économique et explique les réformes qui sont, selon lui, nécessaires pour améliorer la société. Pour lui, la recherche du bien commun correspond à la recherche d’institutions qui font en sorte que l’intérêt individuel et l’intérêt collectif ne rentrent pas en conflit.

Dans cet ouvrage, il défend tout d’abord, dans la première partie, une économie ouverte aux autres disciplines académiques comme le droit, la sociologie, l’histoire, ou encore la psychologie. Il aborde les sujets de l’état de la recherche en sciences économiques, des différentes versions de l’homo œconomicus, des limites sociales du marché, du rôle de l’État dans l’économie, de la gouvernance et de la responsabilité sociétale des entreprises, etc.

Selon lui, l’économie doit documenter et analyser les comportements individuels et collectifs et doit avoir pour objectif de rendre le monde meilleur en émettant des recommandations de politique économique. C’est dans ce cadre qu’il compare l’économie à la médecine et l’économiste au cancérologue. Les deux doivent réaliser un diagnostic et proposer le meilleur traitement et le plus adapté, en prenant en considération qu’ils n’ont pas toutes les connaissances nécessaires (ce qui correspond à un état imparfait). Il ajoute que si cela n’est pas nécessaire, ils peuvent recommander l’absence de traitement.

Jean Tirole soutient la vision de l’individualisme méthodologique, selon lequel les phénomènes collectifs sont le résultat de comportements individuels, qui affectent aussi ces derniers. Il a beaucoup utilisé la théorie des jeux dans ses travaux. Cette théorie s’intéresse aux situations dans lesquelles les décisions qui sont prises par un agent économique ont un impact sur la façon dont les autres agents économiques agissent et réagissent.

Dans la seconde partie de son livre, Jean Tirole s’est intéressé plus particulièrement à la situation de la France et aux politiques économiques qui sont nécessaires à mettre en place. Il revient aussi sur le rôle de l’État dans la sphère économique.

Il défend l’économie de marché, mais il reconnaît qu’il existe des défaillances. En effet, il explique que les intérêts individuels, dans une économie de marché, ne vont pas toujours dans le sens du bien commun. Il juge alors que c’est l’État qui a le devoir et le rôle de corriger ces défaillances de marché. En effet, pour lui, l’État est responsable de la solidarité et c’est à lui de responsabiliser les acteurs économiques. Toutefois, il précise que l’État ne doit pas interférer à l’intérieur du marché, il doit simplement définir les règles du jeu et corriger les éventuelles dérives du marché. Il ajoute que pour assurer l’indépendance de l’État dans la durée et pour permettre à la démocratie de tempérer les excès de la tentation électoraliste, il est nécessaire de déléguer les décisions politiques à des autorités qui seraient indépendantes.

Dans ce livre, mais aussi dans son discours d’une manière générale, il soutient qu’une réforme du marché du travail français est indispensable et primordiale. C’est à ce titre qu’il défend la création d’un contrat unique pour remplacer le contrat à durée indéterminée (CDI) qu’il juge trop protecteur et le contrat à durée déterminée (CDD) qu’il ne juge pas assez protecteur. Sa vision globale défend un marché du travail beaucoup plus flexible parce qu’il estime qu’il faut protéger le salarié, et non pas l’emploi, ce qui est différent pour lui. C’est sur la base de cette vision qu’il propose de mettre en place une tarification du licenciement sur le principe du licencieur-payeur. Cela impliquerait que les employeurs qui licencient trop, paieront davantage de cotisations sociales (ce qui correspond à un malus), tandis que les employeurs qui licencient peu, paieront moins de cotisations (ce qui correspond à un bonus).

 

Jean Tirole : de nombreux avis et prises de position dans le débat public et économique

Depuis 1999, Jean Tirole est membre du Conseil d’analyse économique, groupe de réflexion pluraliste qui a vocation à conseiller le Premier ministre français. C’est dans ce cadre qu’il a rédigé de nombreux rapports sur le sujet de l’économie industrielle (et notamment sur la grande distribution et sur la propriété intellectuelle). Toujours dans le cadre de cette fonction, il propose, en 2003, la création d’une taxe sur les licenciements qui consisterait à moduler les contributions des entreprises au système de l’assurance-chômage en fonction du taux de licenciement, dans le but de responsabiliser les entreprises. Il suggère aussi de remplacer le contrat à durée indéterminée (CDI) et le contrat à durée déterminée (CDD) par un contrat de travail unique, tout en augmentant progressivement les droits des salariés en fonction de l’ancienneté.

Début 2017, il signe, parmi d’autres, une tribune dans le journal Le Monde pour dénoncer les incohérences et les risques du programme anti-européen de la candidate aux élections présidentielles cette année-là, Marine Le Pen.

Début 2019, il publie une tribune dans laquelle il fait le constat que les revendications du mouvement des gilets jaunes sont contradictoires. En effet, il estime que ces derniers ne font aucune proposition concrète pour répondre aux principaux facteurs qui alimentent les inégalités en France, à savoir l’éducation et l’accès au marché du travail. Il affirme par la même occasion que les citoyens n’ont pas une perception de la situation économique du pays qui est en phase avec la réalité. En effet, pour lui, il n’est pas possible d’affirmer, de manière rigoureuse, que la France est un pays inégalitaire.

Concernant la revendication de ce mouvement qui défend l’idée de référendum d’initiative citoyenne, il s’y montre opposé en considérant que cela pourrait conduire à la mise en place de toute sorte de politiques économiques démagogiques. Il défend plutôt le modèle de la démocratie représentative. En effet, il estime que les représentants du peuple ont davantage accès à l’expertise que les citoyens “moyens” et ils ont aussi plus de temps à consacrer à une réflexion, celle-ci devant permettre d’avoir des compromis nécessaires aux différents choix de mesures politiques.

Au cours de l’année 2021, dans un rapport qu’il a remis au Président de la République Emmanuel Macron, il soutient que la taxation de l’héritage dans le pays ne contribue pas assez à réduire les inégalités. Il propose alors une réforme de cette taxation pour remédier à cela.

Fin 2023, il est nommé membre permanent du Conseil présidentiel de la science, créé au même moment par le président de la République Emmanuel Macron. Ce conseil est composé d’une dizaine de chercheurs majeurs dans leur domaine (en économie, histoire, médecine, philosophie, mathématiques, etc) qui ont pour vocation à le conseiller sur les sujets scientifiques. Ils doivent aussi aider la mise en œuvre des politiques publiques en veillant à ce qu’elles prennent bien en compte ces sujets scientifiques.

Par ailleurs, il a reçu certaines critiques. En effet, certains économistes considérés comme hétérodoxes l’accusent d’avoir une vision trop libérale, et même de vouloir imposer une forme de pensée unique dans le domaine économique. De plus, quand il a reçu son Prix Nobel, des critiques du libéralisme économique ont considéré qu’il était favorable à ce qu’ils qualifient de capitalisme financier, à la privatisation du service public, et à l’inverse, qu’il était opposé au droit du travail. Jean Tirole est souvent critiqué pour être l’un des représentants du courant néoclassique orthodoxe.

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