Informations principales
Johann Heinrich Gottlob von Justi est un économiste et homme politique allemand, né le 28 décembre 1717 à Brücken, en Allemagne et mort le 21 juillet 1771 à Küstrin, en Pologne.
Il était le leader, au 18ème siècle, du caméralisme, science allemande de l’administration publique (durant le 18ème siècle et début du 19ème siècle) dont l’objectif était une gestion forte d’une économie centralisée, principalement au profit de l’État. C’est pour cela que le caméralisme est souvent considéré comme la version allemande du mercantilisme, même s’il y a des contradictions. En effet, certaines pensées de von Justi, son chef de file, se rapprochent plutôt du libéralisme d’Adam Smith.
Durant sa vie, von Justi a exercé de nombreuses responsabilités, telles que celles d’enseignant, de directeur de police, ou encore de directeur des mines nationales et prussiennes. C’est d’ailleurs dans le cadre de ces dernières fonctions qu’il a été, en 1768, accusé de fraudes par Frédéric le Grand, ce qui lui a valu d’être emprisonné à Küstrin, où il est finalement mort.
Von Justi a beaucoup étudié les œuvres françaises contemporaines, et plus particulièrement, le traité de théorie politique de Montesquieu, intitulé De l’esprit des lois, publié en 1748. Ces influences auront un impact sur sa pensée et sur ses travaux.
Il a écrit le premier ouvrage systématique de la science financière en Allemagne. Son œuvre se compose de plus de 50 ouvrages indépendants qui traitent de questions philosophiques, littéraires, technologiques, géologiques, chimiques, physiques, ainsi que politiques et économiques. Cependant, ses recherches portent principalement sur le sujet de l’économie politique.
Selon lui, la richesse nationale, et plus particulièrement celle de l’Allemagne, vient de la croissance démographique, du commerce extérieur et de l’industrie minière.
Un régime monarchique modernisé
Dans le contexte de la lutte pour le pouvoir en Europe pendant la guerre de Sept Ans, l’objectif principal de von Justi était de créer des monarchies commerciales modernes dans les grands États du Saint-Empire romain germanique, capables d’égaler la puissance militaire, la position politique et les performances économiques de l’Angleterre et de la France. Pour cela, il s’est appuyé sur les idées de penseurs français tels que Montesquieu, mais aussi Fénelon, Saint-Pierre et d’Argenson.
Dans ses écrits politiques, von Justi souligne qu’un pays ne peut connaître le succès économique et commercial que s’il est dirigé par un gouvernement modéré qui reconnaît l’inviolabilité de la propriété privée. En revanche, le despotisme (c’est-à-dire un régime autoritaire, voire tyrannique) conduit nécessairement à l’appauvrissement et à l’affaiblissement militaire du pays. Sous l’influence de Montesquieu, von Justi a longuement réfléchi au sujet des avantages et des inconvénients des différentes formes de gouvernement, mais a conclu que la seule forme de gouvernement capable de coordonner et de mettre en œuvre des réformes économiques de grande envergure était un régime monarchique modernisé.
Un large éventail d’idées de réformes économiques défendu par von Justi
Von Justi a proposé un large éventail d’idées de réformes économiques. Au-delà des mesures qui visent à soutenir la croissance démographique et à encourager la concurrence (en réduisant le pouvoir des corporations et des guildes notamment), il considérait que les axes majeurs de la réussite économique correspondaient à l‘augmentation de la consommation privée (en abolissant les lois somptuaires, c’est-à-dire les lois qui encadrent ou limitent des habitudes de consommation, souvent en fonction de l’appartenance sociale, ethnique ou religieuse des individus), la diffusion des produits manufacturés et des entreprises, ainsi que la croissance du commerce extérieur (avec l’aide de sociétés commerciales soutenues par l’État et l’abolition des interdictions relatives à l’importation et à l’exportation de marchandises). Ces mesures devaient s’accompagner d’améliorations dans les secteurs de l’exploitation minière et de l’agriculture.
Enfin, ces réformes ne pouvaient être couronnées de succès que si elles étaient soutenues par une réforme fiscale globale conduisant, entre autres, à l’abolition de la taxe d’accise (Akzise en Allemagne), c’est-à-dire l’impôt indirect prélevé sur la consommation ou le commerce de certains produits.
Sur certaines questions, Justi semble adopter des positions qui se rapprochent de celles d’Adam Smith. Cependant, son argumentation générale, à savoir la nécessité d’interventions gouvernementales à court terme, pour obtenir un ordre économique libéral à long terme, est beaucoup plus proche de penseurs comme l’économiste James Steuart.