Biographie de John Kenneth Galbraith

 

John Kenneth Galbraith
John Kenneth Galbraith

 

Informations principales

John Kenneth Galbraith est un économiste et professeur américano-canadien né le 15 octobre 1908 à Iona Station, dans la province d’Ontario au Canada, et mort le 29 avril 2006 à Cambridge aux États-Unis. Il a enseigné à l’université d’Harvard et dans un certain nombre d’universités européennes. De plus, il a aussi été le conseiller économique de plusieurs présidents des États-Unis, à savoir les démocrates Franklin Delano Roosevelt, John Fitzgerald Kennedy et Lyndon B. Johnson.

Galbraith opte très tôt pour le keynésianisme. Il ralliera d’ailleurs le président Kennedy à ce courant de pensée, avec l’aide de son ami l’économiste Paul Samuelson.

Il se caractérise comme “un libéral impénitent”, mais libéral d’un point de vue anglo-saxon, c’est-à-dire concrètement, un homme de gauche. Galbraith s’oppose à ce titre au néolibéralisme et va combattre Milton Friedman. Avec son livre intitulé La crise économique de 1929, publié en 1955, il dénonce les erreurs des économistes prévisionnistes. Dans son autre ouvrage L’Ère de l’opulence, publié en 1958, il critique les excès de la société de consommation, ainsi que la création de besoins artificiels dans le but d’entretenir la production.

Galbraith a acquis sa notoriété pour ses concepts de la filière inversée et de technostructure.

 

Positionnement économique de John Kenneth Galbraith

John Kenneth Galbraith a développé ses théories sur des tendances principalement keynésiennes, mais également institutionnalistes, c’est-à-dire en se concentrant sur le fait de comprendre le rôle des institutions, et cela, afin de modeler le comportement économique et social des individus.

Cependant, Galbraith reste également très hétérodoxe, c’est-à-dire peu conforme, tout en étant critique envers ses collègues. C’est à ce titre qu’il va fortement critiquer la politique de dérégulation qu’a mis en place le président américain Ronald Reagan. Il condamnera aussi ce qu’il considère comme de l’intégrisme économique de la part de son grand rival Milton Friedman.

Galbraith est classé parmi les économistes keynésiens de gauche. C’est à ce titre qu’il a critiqué la théorie néo-classique de la firme qui correspond à un ensemble de théories économiques cherchant à décrire et à expliquer la nature de la firme (c’est-à-dire de l’entreprise), sa vie, sa structure ou encore son rapport au marché.

Il a également critiqué le concept de la souveraineté du consommateur selon lequel ce sont les préférences du consommateur qui déterminent la production de biens et de services. Il a aussi remis en cause le rôle autorégulateur du marché, ce qui implique qu’il juge nécessaire une intervention de l’État.

 

Le pouvoir de marché des grandes entreprises

John Kenneth Galbraith s’est intéressé au pouvoir de marché des grandes entreprises. Concernant ce sujet, il estime que ce pouvoir de marché amoindrit le principe du consommateur souverain.

La souveraineté du consommateur se manifeste par le fait que les quantités produites des biens et services, mais également leur nature, le sont en fonction des attentes des consommateurs, et donc de leur satisfaction. Selon Galbraith, cette souveraineté est donc affaiblie par le pouvoir de marché des grandes entreprises. En effet, ces dernières peuvent fixer les prix au vu de leur taille, ce qui leur permet de réussir à avoir une plus grande part de marché, et par conséquent, de produire davantage que ce qui serait efficace socialement. Il considère aussi que ce pouvoir de marché a un impact sur la création de l’inflation. Pour Galbraith, cela rend nécessaire et essentiel un certain niveau de contrôle des prix, et cela, d’autant plus que cela sera plus efficace dans une situation où il y a peu de vendeurs et peu d’acheteurs.

 

La théorie économique classique n’est plus pertinente et efficace dans une société riche pour John Kenneth Galbraith

Dans son ouvrage La société de l’abondance, John Kenneth Galbraith émet l’hypothèse que la théorie économique classique n’est plus pertinente et efficace dans une société considérée comme riche. En effet, il a analysé qu’au cours du 20ème siècle, les pays développés sont passés d’une économie de pénurie à une économie qui est capable de satisfaire tous les besoins primaires de ses membres. Cela implique donc que les entreprises doivent créer de nouveaux biens, pas primaires mais superflus, et cela, grâce notamment à la publicité.

Néanmoins, il considère que ce mouvement se fait avec l’arrivée d’externalités négatives, à savoir que la création de biens publics est négligée. En effet, il met en avant que si un grand nombre d’individus peuvent consommer des articles de luxe, alors cela va impliquer un sous-investissement chronique dans l’école publique, ou bien engendrer la création d’une pollution à grande échelle. Il estime donc que les moyens de production seraient bien mieux utilisés dans la production et la fourniture de ces biens publics, plutôt que dans la production et la fourniture de biens superflus. Cela signifie concrètement, pour lui, que la publicité détourne les capacités de production vers des secteurs qui n’ont pas une grande valeur ajoutée pour la société.

Galbraith considère donc que l’une des solutions serait une juste redistribution des richesses. Cela peut par exemple être la mise en place d’une taxe Pigouvienne (qui vise à internaliser le coût social des activités économiques, notamment concernant la pollution) ou de taxes sur le capital. Il estime que ces mesures sont plus efficaces d’un point de vue social, que les taxes sur le travail.

 

La filière inversée

Afin d’expliquer l’apparition de la société de consommation au moment des Trente Glorieuses, John Kenneth Galbraith a développé, dans son ouvrage l’Ère de l’opulence, publié aux États-Unis en 1958, le concept de filière inversée.

Il a tout d’abord fait un constat très simple, à savoir que ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non pas l’inverse. Cela implique, pour lui, que le concept d’économie de marché n’a pas de sens.

Selon les théories classique et néo-classique, les entreprises prennent leurs décisions de production en fonction de la demande qui vient des consommateurs. En effet, ce raisonnement est l’idée de base de l’équilibre, qui est un concept essentiel dans l’économie libérale. Selon cette analyse classique et néo-classique, il y a d’une part l’offre collective, et d’autre part, la demande collective. C’est la rencontre de cette offre collective et de cette demande collective qui permet de déterminer le niveau de la production. Cela sous-entend une régulation idéale de l’optimum économique (c’est-à-dire une situation dans laquelle il n’est pas possible d’améliorer la satisfaction de l’un, sans réduire la satisfaction de l’autre) qui satisfait à la fois les consommateurs et les producteurs.

Néanmoins, John Kenneth Galbraith refuse cette théorie. Il considère que son angle d’approche est mauvais, car elle se base sur un individualisme méthodologique (qui prend en compte l’individu qui est rationnel), alors que lui, défend l’holisme méthodologique (qui prend en compte le collectif). Il juge également que son caractère, basé sur la déduction, la rend assez peu réaliste.

À la place de cela, il propose la théorie de la filière inversée. Pour Galbraith, c’est parce que les plus grandes entreprises ont un poids économique, politique et médiatique immense qu’elles peuvent justement imposer l’achat de certains produits, à des prix imposés, aux consommateurs, et cela, grâce à la publicité et à un accès au crédit à la consommation facilité. Par conséquent, pour lui, ce ne sont plus les consommateurs qui dirigent le marché. En effet, les consommateurs en question sont conditionnés par le marché. Galbraith ajoute que ce dernier est guidé par les décisions de ce qu’il a appelé la technostructure.

Ce nom de filière inversée vient du fait qu’au lieu que les entreprises recueillent l’information à travers les prix afin de déterminer le niveau de demande de leur production, ce sont en réalité elles-mêmes qui se fixent des objectifs à atteindre, et qui font pression sur les consommateurs dans le but d’atteindre les objectifs concernés.

La principale conséquence de ce raisonnement est qu’une hausse de la production ne permet plus, au final, de réduire les besoins, étant donné que les entreprises créent constamment de nouveaux besoins. Cela implique donc que l’augmentation de la production devient une fin en soi, et ne sert plus à améliorer le bien-être.

 

Le concept de la technostructure

Dans ses ouvrages, John Kenneth Galbraith critique l’économie à travers la description d’un modèle abstrait qui justifie le laissez-faire.

Il distingue dans l’économie moderne deux secteurs principaux

Le premier est conforme à la théorie économique dans laquelle la détermination des prix se fait grâce à une confrontation de l’offre de la part de petites entreprises et d’industries d’une part, et de la demande des consommateurs, considérés comme étant souverains et rationnels d’autre part.

Le second secteur est celui qui correspond à la technostructure. Cette dernière a réussi, selon Galbraith, à conditionner les consommateurs, à les asservir en leur imposant leurs produits et leurs prix. Concrètement, la production crée le besoin. Cette technostructure est en fait un groupe social qui possède le pouvoir économique. Toutefois, il ne s’agit pas, par exemple, des propriétaires des grandes entreprises, car ils ont généralement délégué leur pouvoir de direction à des managers. Il s’agit donc de ces derniers qui s’entourent de différents individus ayant des compétences techniques, ce qui leur permet de réussir la monopolisation du pouvoir.

L’une des raisons de ce mouvement vient, pour Galbraith, des progrès de la technologie. En effet, il avance l’idée selon laquelle les individus qui prennent vraiment les décisions des entreprises n’appartiennent plus à la classe qui détient les capitaux, mais à une nouvelle catégorie qui s’impose grâce à ses connaissances technologiques et organisationnelles. Cette classe correspond aux gestionnaires (ou aux membres du management). C’est donc en particulier cette catégorie que John Kenneth Galbraith appelle la technostructure.

Les moyens utilisés pour conditionner la demande et asseoir leur pouvoir de persuasion à consommer sont la publicité et le marketing. Lorsque l’appareil de production arrive à façonner la demande à un tel niveau d’asservissement, John Kenneth Galbraith utilise la théorie de la filière inversée. Cette théorie stipule que ce sont les grandes firmes qui dictent les choix des consommateurs en créant leurs besoins. Avec des consommateurs plus “soumis”, le système industriel peut poursuivre sa recherche de produits et de services toujours plus sophistiqués.

Cette technostructure cherche à maintenir sa position et son pouvoir. Elle y arrive grâce au soutien des actionnaires, en leur versant notamment des dividendes suffisants et également en assurant la croissance économique. Galbraith considère cependant que la recherche du profit n’est pas un but en soi, mais plutôt un moyen qui doit permettre de développer la technostructure. Elle doit permettre à chacun de ses membres de poursuivre et de développer sa carrière, d’accroître son pouvoir et d’assurer son niveau de vie. Galbraith ajoute que la technostructure échappe entièrement aux lois du marché, étant donné qu’elle le maîtrise.

John Kenneth Galbraith considère donc que l’économie moderne est duale (c’est-à-dire avec deux éléments). Il estime aussi que le pouvoir de la technostructure peut être limité grâce à l’intervention de l’État et à la mise en place de contre-pouvoirs, et en particulier syndicaux.

Au-delà des politiques économiques qui visent une régulation de la demande, il justifie une intervention plus importante de l’État, et cela, à travers notamment la nationalisation de certains secteurs comme celui de l’industrie militaire, des soins médicaux, des logements et des transports. Toutefois, selon Galbraith, l’État doit lui aussi s’émanciper des grandes firmes. C’est notamment pour cela que durant toute sa vie, il critiquera la pensée libérale et les politiques monétaires restrictives. Il a ajouté à ce propos que si les salaires étaient baissés, alors c’est le chômage qui augmentera.

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