Biographie de Paul Krugman

 

Paul Krugman
Paul Krugman

 

Informations principales

Paul Robin Krugman est un économiste américain né le 28 février 1953 à Long Island, dans l’État de New York, aux États-Unis.

Krugman a travaillé sur des sujets aussi variés que ceux du commerce international, de la finance internationale, des inégalités, ou encore, de la géographie économique.

Il est l’un des principaux auteurs et économistes qui ont façonné la nouvelle théorie du commerce international. Cette dernière repose sur le commerce intra-firme et intra-industrie, les effets de réseau, ainsi que sur les situations de concurrence imparfaite.

Il a obtenu en 2008 le prix Nobel d’économie pour ses travaux qui ont montré les effets des économies d’échelle sur les modèles du commerce international (dans une situation de concurrence imparfaite) et sur le sujet de la localisation de l’activité économique, ce qui a constitué un apport significatif en économie géographique.

En plus de ses recherches économiques, Paul Krugman a été professeur dans de nombreuses universités comme par exemple celles de Princeton, de Stanford ou encore celle de Yale. Il est également membre du Groupe des Trente, groupe de réflexion basé aux États-Unis, composé d’universitaires et de financiers importants qui cherchent à approfondir la compréhension des problèmes économiques et financiers et à analyser les conséquences des décisions des secteurs publics et privés se rapportant à ces sujets.

Depuis 1999, il tient une tribune dans le New York Times (NYT), quotidien américain, ce qui a favorisé sa notoriété auprès du grand public. Il était toutefois déjà connu, depuis la fin des années 1980, pour ses ouvrages de vulgarisation économique qui ont eu pour but de rendre l’économie accessible au plus grand nombre. À travers ses nombreuses publications, et notamment celles dans le NYT, il s’est illustré comme l’un des plus importants critiques du Parti Républicain (positionné à droite sur l’échiquier politique américain) et notamment de l’ancien président George W. Bush qu’il accuse, entre autres, d’avoir augmenté les inégalités de revenus et de fortune à cause de sa politique de dérégulation. À l’inverse, il soutient une hausse de la fiscalité et davantage d’interventionnisme public aux États-Unis, ainsi que la mise en place d’une sécurité sociale pour tous. De plus, selon lui, les États doivent accompagner la mondialisation.

Paul Krugman se définit plutôt comme un libéral et à gauche politiquement et en tant qu’économiste, ce qui n’est pas incompatible aux États-Unis. En effet, il est considéré comme un néokeynésien, courant de pensée économique qui intègre certaines théories de l’école néoclassique au keynésianisme originel.

Selon le Research Papers in Economics, projet collaboratif de centaines de bénévoles dans de nombreux pays visant à améliorer la diffusion de la recherche en économie, Paul Krugman fait partie des cinquante économistes les plus influents et les plus cités au monde.

 

La nouvelle théorie du commerce international de Paul Krugman

L’une des principales contributions de Paul Krugman à la science économique a été d’analyser l’impact des économies d’échelle (ce qui correspond au fait que le coût moyen de production diminue quand la quantité produite augmente) au niveau du commerce international.

Avant son apport, il y avait deux théories dominantes concernant le commerce international. Il y avait celle de l’avantage comparatif de David Ricardo selon laquelle chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose du meilleur avantage comparatif, ou à défaut, du moins pire. Il y avait également celle du Modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS) qui explique le commerce international par les différences de dotations en facteurs de production des pays qui y participent, ce qui implique par exemple qu’un pays exporte des matières premières, tandis qu’un autre exporte des biens manufacturés. Cependant, ces théories traditionnelles qui sont fondées sur la concurrence pure et parfaite et qui ne prennent pas en compte les économies d’échelle n’arrivent pas à expliquer les flux du commerce mondial.

En 1978, Krugman décide de s’intéresser aux rendements croissants avec l’objectif de les intégrer dans la théorie des échanges internationaux. C’est dans ce cadre qu’il constate que l’essentiel du commerce international ne se fait pas entre le nord et le sud (avec des termes inégaux) comme le pensait la théorie dominante, mais entre pays du nord qui s’échangent des biens très similaires (par exemple des voitures). Cela signifie donc que le commerce international n’est pas fondé sur la spécialisation des pays, contrairement à ce que disait la pensée dominante.

En 1979, il apporte une analyse en partant du constat que les consommateurs préfèrent avoir à leur disposition une grande diversité de produits et que la production permet de réaliser des économies d’échelle. La préférence des consommateurs pour la diversité permet d’expliquer par exemple le fait qu’il existe différents modèles de voitures de plusieurs constructeurs de différents pays. Cela va donc à l’encontre de la théorie classique puisque selon celle-ci, chaque pays se spécialise dans un secteur en particulier. Cette logique permet donc de comprendre pourquoi il y a une spécialisation par marque, et pas par produit. Krugman explique donc les flux internationaux grâce à la notion de concurrence imparfaite et en se basant sur des modèles qui reposent sur la différenciation des produits (c’est-à-dire le goût du consommateur pour la variété des produits d’une même branche) et sur l’existence de rendements croissants (c’est-à-dire les économies d’échelle).

Depuis cette analyse, une grande majorité des modèles de la théorie du commerce international intègrent le raisonnement de Krugman. Ils prennent également en compte le concept d’économies d’échelle dans la production, et la volonté de diversité des consommateurs.

 

La position changeante de Paul Krugman sur le sujet du libre-échange

Paul Krugman avance le raisonnement que même si une économie se retrouve dans une position défavorable lors d’un échange à cause des économies d’échelle au niveau de la production, le commerce international reste quand même bénéfique, y compris entre des pays qui ont des économies identiques. En effet, cela reste bénéfique parce que cela permet aux entreprises d’économiser des coûts grâce à un plus grand nombre de consommateurs, par rapport au seul marché national. Cela permet aussi aux consommateurs en question d’avoir accès à une plus grande variété de produits, c’est-à-dire d’avoir plus de choix et à des prix plus bas, étant donné qu’il y a davantage de concurrence entre les différentes entreprises. C’est notamment pour ces raisons que Paul Krugman est un fervent défenseur du libre-échange et de la mondialisation, tout en se montrant critique de l’intervention publique dans la politique industrielle.

À partir des années 1980 et durant toute sa carrière, Paul Krugman se pose donc en défenseur et en promoteur du libre-échange aux États-Unis, mais également dans les pays européens. Il reconnaît que le libre-échange peut nuire aux industries, aux collectivités et à certains travailleurs, mais il juge que c’est un système gagnant-gagnant, dans la mesure où toutes les parties à l’accord peuvent s’enrichir. Il estime que cela permet en plus d’obtenir la paix économique, étant donné que les échanges commerciaux sont mutuellement profitables. En effet, selon lui, le déficit commercial n’est pas important, et ne serait pas dû à une absence de protection commerciale, mais à un manque d’épargne nationale. De plus, il estime que les droits de douane et les restrictions commerciales ne permettent pas vraiment de réduire le déficit commercial global.

Toutefois, à partir de 2007, il prend des positions contraires dans plusieurs articles en appelant par exemple à mettre en place des droits de douane de 25 % sur les importations chinoises à destination des États-Unis. En effet, cette année-là, il constate que dans le système de libre-échange, les salaires réels des travailleurs les moins instruits diminuent à cause de la concurrence des importations peu chères. Les salaires chutent plus que les prix à l’importation et en plus de cela, le problème s’aggrave parce que le commerce avec les pays à bas salaires s’intensifie généralement avec le temps et la mondialisation. C’est sur la base de ce raisonnement qu’il admet que le libre-échange a un effet important sur l’inégalité des revenus dans les pays développés.

Plus tard, en 2010, il juge que la Chine poursuit une politique mercantiliste, et même prédatrice parce qu’elle maintient sa monnaie sous-évaluée dans le but d’accumuler des excédents commerciaux grâce au contrôle des flux de capitaux, ce qui donne à son secteur manufacturier un avantage de coût sur ses concurrents. Les excédents chinois impactent donc la demande américaine et ralentissent la reprise économique des pays avec lesquels la Chine fait du commerce, y compris avec les États-Unis. Paul Krugman admet donc que les déficits commerciaux appauvrissent les États-Unis, au profit notamment de la Chine et représentent une menace. Il explique que le renminbi (nom officiel de la monnaie chinoise) qui est sous-évalué revient à imposer des droits de douane élevés ou à accorder des subventions à l’exportation, puisque lorsqu’une monnaie est moins chère, cela améliore la compétitivité et l’emploi.

C’est sur la base de cette analyse qu’il préconise de taxer temporairement les produits de certains pays (et notamment ceux de la Chine à hauteur de 25 %), afin de les forcer à réajuster leur monnaie. Cela signifie donc qu’il pense que les restrictions commerciales et les droits de douane peuvent avoir un impact réel pour réduire le déficit commercial global, sachant par conséquent que ce dernier n’est pas lié à une absence d’épargne nationale comme il le pensait.

Il explique également que lorsqu’il y a un conflit commercial dans une économie mondiale déprimée, ce sont surtout les pays excédentaires qui ont à perdre, alors que les pays déficitaires, quant à eux, pourraient gagner, même s’ils font face à des mesures de représailles et à des perturbations économiques. Il juge que le protectionnisme n’est pas forcément une mauvaise chose quand le chômage est élevé ou quand la situation économique n’est pas bonne.

C’est à ce titre qu’il a apporté son soutien au protectionnisme de certains pays à l’égard de la Chine, parce que cette dernière refuse de laisser sa monnaie augmenter comme cela devrait être le cas. Selon lui, dans le cadre d’une guerre commerciale, le protectionnisme ne mène pas à des récessions puisque les exportations et les importations diminuent de façon égale pour l’ensemble du monde. En effet, l’effet négatif d’une baisse des exportations va être compensé par l’effet expansionniste d’une baisse des importations.

 

Une version simplifiée du Modèle Brander-Spencer publiée par Krugman

Paul Krugman a publié une version simplifiée du Modèle Brander-Spencer selon lequel, sous certaines hypothèses, un gouvernement peut subventionner les entreprises nationales pour les aider dans leur concurrence contre les producteurs étrangers et par la même occasion, améliorer le bien-être national

Dans la version de Krugman, deux entreprises, une étrangère et une nationale, envisagent de pénétrer un nouveau marché d’exportation dans un pays tiers (ou éventuellement dans le monde entier). La demande sur le marché d’exportation est telle que si une seule entreprise entre, elle réalisera un bénéfice, mais si elles entrent toutes les deux, chacune subira une perte. Si l’État accorde une subvention à l’entreprise nationale, alors elle réalisera un bénéfice, même si l’entreprise étrangère est présente aussi, ce qui pousse cependant cette dernière à ne pas venir sur le marché visé. Du point de vue du pays d’origine, la subvention permet d’améliorer le bien-être de la population.

À travers cette publication, Paul Krugman veut montrer que le libre-échange ne peut pas être toujours présenté comme la solution idéale à tous les problèmes, mais que cela l’est une grande partie du temps.

 

La nouvelle économie géographique

Si le commerce, qu’il soit national ou international, est en grande partie conditionné par les rendements d’échelle (c’est-à-dire que plus la production est grande et plus les économies d’échelle seront elles aussi grandes), alors cela signifie que les régions économiques qui ont la plus grande production vont devenir les plus compétitives et attirer davantage d’entreprises. L’analyse de Paul Krugman amène donc l’idée que l’implantation des lieux de production et de commercialisation vient en réalité d’un arbitrage entre les économies d’échelle (qui favorisent la concentration) et les coûts de transport (qui au contraire favorisent la dispersion).

Pour lui, ce raisonnement permet d’expliquer pourquoi, au lieu de s’étaler partout sur la planète, la production a plutôt tendance à se concentrer dans quelques pays, régions, ou même villes qui deviennent alors très peuplées et qui bénéficient de revenus plus élevés.

Paul Krugman va développer cette analyse dans plusieurs articles publiés dans le Journal of Political Economy, à partir de 1991. Cette théorie forme la base de la nouvelle économie géographique, ce qui fera de Krugman l’un des pères de cette nouvelle économie.

 

La finance internationale et la macroéconomie internationale

Paul Krugman a acquis une certaine influence dans le domaine de la finance internationale et de la microéconomie internationale en 1979 avec la publication d’un modèle de crises des changes. Ce modèle montre qu’un régime avec des taux de change fixes se termine par des attaques spéculatives. De plus, il explique que ce sont les mauvaises politiques des États qui causent les crises monétaires. Cet article qu’il a publié dans le Journal officiel Money, Credit, and Banking est considéré comme l’un des principaux apports à la première génération des modèles de crises de changes.

Paul Krugman est également à l’origine de la troisième génération des modèles de crises des changes, selon lesquels les engagements en devises non couverts ont le rôle de catalyseur des crises.

Dans les années 1980, Paul Krugman a commencé à s’intéresser aux zones-objectifs monétaires. Il a émis le raisonnement selon lequel les monnaies se stabilisent lorsqu’elles approchent les extrêmes des zones-objectifs. Néanmoins, cette analyse n’a pas été validée par les faits.

Dans les années 1990, Paul Krugman a aidé à diffuser les arguments de deux confrères (à savoir Laurence Lau et Alwyn Young) selon lesquels la forte croissance qu’ont connue les « tigres asiatiques » (c’est-à-dire la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour) n’est pas le résultat d’un nouveau modèle économique. En effet, elle est plutôt le résultat de la croissance du capital qui n’a cependant pas abouti à la croissance de la productivité globale des facteurs de production. Paul Krugman prédit alors qu’il va y avoir un ralentissement de la croissance économique de ces pays et qu’il sera donc plus difficile de générer davantage de croissance à cause de l’augmentation des importations. Les prédictions de Krugman se sont finalement révélées exactes avec la crise économique asiatique de 1997 (également causée par les taux de change fixes).

Par ailleurs, il a émis des critiques sur les investisseurs ou fonds d’investissement dont les profits dépendent en grande partie du maintien des taux de change fixe.

Afin de lutter contre la dépression économique que connaissait le Japon dans les années 1990, Paul Krugman préconisait une politique budgétaire agressive parce qu’il considérait que le pays se trouvait dans une trappe à liquidité (situation dans laquelle, à cause des taux d’intérêt très bas, les agents économiques préfèrent garder leur monnaie plutôt que de détenir de la dette).

Lors de la crise financière de 2007 et 2008, il reprendra la même analyse en comparant la situation qu’a connue le Japon à celle des États-Unis durant cette crise. Il préconisera auprès du président américain d’alors, Barack Obama, de mettre en place un véritable plan de relance massif de type keynésien, jugeant qu’il valait mieux pécher par excès que par défaut.

Durant les années qui ont suivi, il ne cessera de critiquer les politiques d’austérité mises en place en Europe, qu’il considérait comme un danger très grave pour l’avenir de l’Europe en question.

 

Le sujet des inégalités de revenus

Durant les années 1990, Paul Krugman a réalisé des travaux à destination du grand public avec l’objectif de vulgariser les thèmes économiques qu’il jugeait importants. C’est dans ce cadre qu’il a notamment écrit que les inégalités de revenus croissantes aux États-Unis ont été provoquées par la “nouvelle économie” américaine mise en place dans les années 90. En effet, pour lui, l’augmentation de ces inégalités est causée, en partie, par les changements technologiques, mais également et surtout par l’affaiblissement de l’État-providence depuis la présidence de Ronald Reagan (président américain de 1981 à 1989).

Par ailleurs, il a également repris, et même popularisé le terme de “Grande compression” qui décrit initialement la compression des écarts de revenus aux États-Unis qui a eu lieu entre la fin des années 1930 et le début, approximativement des années 1940. Pendant ce laps de temps, les inégalités économiques entre les plus riches et les plus pauvres ont été fortement réduites grâce à une plus grande redistribution des richesses, à un pouvoir de plus en plus important des syndicats et à une très forte imposition des revenus les élevés.

Paul Krugman reprend ce terme et l’applique pour nommer plusieurs périodes des États-Unis entre la fin de la guerre de Sécession et 2007, date de publication de son ouvrage sur le sujet, intitulé L’Amérique que nous voulons.

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