Biographie de Thomas d’Aquin

 

Thomas d'Aquin
Thomas d’Aquin

 

Informations principales

Thomas d’Aquin est un religieux italien de l’ordre dominicain, né probablement en 1225 (ou peut-être en 1226) au château de Roccasecca, près d’Aquino, dans la région de Latium, dans le Royaume de Sicile (dans l’Italie du Sud actuelle), et mort le 7 mars 1274 à l’abbaye de Fossanova, dans la commune de Priverno, dans les États pontificaux, également dans la région de Latium.

Au-delà de son rôle de religieux, il a été, durant de nombreuses années, enseignant dans différentes écoles et universités. De plus, il a conseillé plusieurs grandes personnalités mondiales de l’époque, dont notamment le chef de la chrétienté. Il est notamment considéré comme l’un des maîtres majeurs de la théologie catholique et de la philosophie scolastique, d’où son surnom de “prince des scolastiques”. Il est parfois qualifié avec le titre de Docteur angélique pour mettre en avant sa grande vertu.

Thomas d’Aquin a acquis sa notoriété grâce à son importante œuvre théologique et philosophique, dont l’ouvrage le plus notable sera Somme théologique, publié en 1274. 

Thomas d’Aquin a été canonisé (c’est-à-dire que l’Église catholique l’a reconnu comme Saint) le 18 juillet 1323 par le Pape Jean XXII. Il a également été proclamé docteur de l’Église en 1567 et fait patron des écoles, universités et académies catholiques en 1880, ainsi que patron des librairies

Thomas d’Aquin est le représentant principal de la pensée scolastique, qui a atteint, en même temps que l’art gothique, son apogée au 13ème siècle. La scolastique correspond à la philosophie qui est enseignée au Moyen Âge dans les universités européennes. Elle cherche à concilier autant que possible l’héritage de la philosophie antique, avec la théologie médiévale.

Thomas d’Aquin a été lié à plusieurs controverses, notamment lors du conflit entre l’ordre des Dominicains auquel il appartenait et l’ordre des Franciscains, mais également avec certains philosophes musulmans, ou encore avec sa famille qui était opposée à son entrée dans l’ordre Dominicain.

Le nom de Thomas d’Aquin a abouti au thomisme, qui est le courant philosophique et théologique qui se base sur ses travaux et qui en développe ses principes.

Son œuvre peut être vue, par certains aspects, comme une tentative de synthèse entre la raison et la foi. Il a par exemple essayé de concilier la philosophie d’Aristote avec la pensée chrétienne.

Par ailleurs, sur le plan économique, il a réalisé de nombreuses réflexions sur l’argent, le commerce, les prix, la justice, le travail, la propriété privée ou encore le prêt à usure, qui ont inspiré plus tard des économistes majeurs tels que John Maynard Keynes ou Joseph Schumpeter.

 

La vision du travail et du droit de propriété de Thomas d’Aquin

Le thomisme, doctrine inspirée par l’œuvre de Thomas d’Aquin, est devenu la doctrine officielle de l’Église, grâce à l’ouvrage Somme théologique, déclaré manuel de théologie. À l’époque, Thomas d’Aquin se plaçait, du point de vue idéologique de l’époque, du côté progressiste, mais aujourd’hui, le thomisme est considéré comme une pensée plutôt conservatrice. Cela vient du fait que le thomisme s’est, sur certains points, éloigné de la pensée originelle de Thomas d’Aquin et de l’évolution du monde et des mentalités.

À côté de la théologie naturelle, qui consiste à connaître Dieu à partir de l’expérience du monde, c’est-à-dire concrètement de la nature et qui est donc fondée sur la révélation, Thomas d’Aquin considérait, en ce qui concerne les différentes disciplines philosophiques, fondées sur la raison humaine, qu’il n’y avait pas de place pour les arguments d’autorité.

Thomas d’Aquin a été l’une des principales personnes qui a permis la réhabilitation de l’œuvre d’Aristote, dont l’Église catholique se méfiait. Il lui a, par exemple, repris le raisonnement selon lequel la communauté est naturelle à l’être humain, ce qui implique donc que l’Homme est un animal politique. Cela signifie alors, selon Thomas d’Aquin, que l’organisation politique ne relève pas de la foi ou de la religion, mais de la raison. Il s’est aussi inspiré d’Aristote pour travailler sur les activités économiques, sujet qu’il a développé dans la partie dédiée à la justice dans son ouvrage Somme théologique.

Toutefois, il émet une différence sur un point essentiel. En effet, Aristote estimait que le travail, et encore plus le travail manuel, était indigne du citoyen, ce qui implique que ce sont les esclaves qui doivent s’en charger. Thomas d’Aquin, quant à lui, et conformément au message de l’Évangile, affirme à l’inverse que le travail est une activité naturelle pour l’individu libre. Pour illustrer son raisonnement, il prend pour exemple Jésus, qui était menuisier et qui s’est même entouré de douze disciples qui étaient aussi des travailleurs manuels comme lui. Par conséquent, il considère que c’est l’esclavage qui n’est pas normal et qui est donc condamnable. C’est à la suite de cette analyse, présente dans la Somme théologique, que l’Église a, en 1981, par la voix de Jean-Paul II proclamé la primauté du travail sur le capital.

Néanmoins, Thomas d’Aquin va, en même temps, défendre la propriété privée, ce qui sera à la base de la condamnation, par l’Église, du socialisme (en tout cas, dans sa version radicale). Concernant ce sujet, il explique pourquoi, selon lui, un individu a le droit de posséder quelque chose en propre. Il estime que la propriété privée est un droit naturel et s’appuie sur trois justifications qui seront ensuite retrouvées dans les raisonnements libéraux des 18ème et 19ème siècles. Tout d’abord, pour Thomas d’Aquin, les individus vont avoir tendance à mieux s’occuper de ce qui leur appartient. Ensuite, s’ils sont à leur propre compte, ils vont travailler davantage et plus fortement que si c’était pour les autres. Enfin, il estime que l’ordre social sera mieux préservé si les conflits liés à la propriété collective sont évités.

Cependant, Thomas d’Aquin apporte une limite importante à ce raisonnement. En effet, si des personnes se retrouvent dans le besoin, par exemple si elles n’ont plus de quoi se nourrir, alors il estime que les biens deviennent communs. Cela implique donc qu’il est permis de voler, si quelqu’un se retrouve dans la nécessité. Cette analyse a notamment été utilisée dans un procès dans la commune de Château-Thierry, dans le département de l’Aisne, en 1898, pour acquitter une mère de famille, Louise Ménard, qui avait volé du pain dans le but de nourrir son enfant.

 

L’analyse du commerce et les notions de juste prix et de juste salaire selon Thomas d’Aquin

Thomas d’Aquin fait une distinction entre, d’une part, la justice distributive qui est réalisée par un dirigeant qui partage les biens entre ses citoyens, et d’autre part, la justice commutative, qui correspond à celle qui gère les échanges entre les individus, sachant que les différences entre les individus sont ignorées et que chacun reçoit la même part. Le principe initial et essentiel, selon lui, équivaut à ce que personne ne doive s’enrichir aux dépens des autres.

Les prix doivent, selon Thomas d’Aquin, respecter la justice commutative. Le concept de juste prix est important dans la pensée économique scolastique. De la même façon, le juste salaire est celui qui doit permettre d’assurer une vie décente aux individus.

Plus tard, l’économiste britannique John Maynard Keynes mettra cette doctrine (qu’il approuvait, soit dit en passant) en opposition avec celle selon laquelle le salaire doit être fixé par le jeu de l’offre et de la demande. L’économiste américain Joseph Schumpeter, quant à lui, jugeait que la théorie de la justice commutative, ainsi que celle du juste prix correspondaient aux prémisses des théories modernes de l’échange et des prix concurrentiels.

Le commerce est naturel, car, selon Thomas d’Aquin, il est le résultat de la division du travail. Il a notamment expliqué à ce sujet que l’achat et la vente ont été inventés pour le bien commun des deux parties, étant donné que chacun a besoin du produit de l’autre, et vice-versa. Néanmoins, il ajoute qu’il y a quelque chose d’indigne dans le commerce en lui-même. En effet, il considère qu’il ne faut pas gagner grâce à l’échange. Il estime même que c’est un péché de vendre plus cher que ce que l’on a acheté.

Toutefois, Thomas d’Aquin concède qu’il existe des exceptions qui permettent de reconnaître au commerce une utilité sociale et qui justifient le profit. Ces exceptions correspondent à la nécessité de vivre, au désir de faire la charité et de servir le bien public avec le gain du commerce obtenu, à la prise en compte du risque pris par le commerçant, à l’amélioration de la marchandise durant l’opération, et enfin, aux différences de la valeur dans le temps et l’espace.

 

La question du prêt à intérêt

Thomas d’Aquin s’est demandé, au cours de ses réflexions, si c’était un péché de recevoir une usure (c’est-à-dire un intérêt dans le cas présent) pour de l’argent prêté. À cette interrogation, il répond par l’affirmative. En effet, son raisonnement se base sur une conception particulière de l’argent, qu’il a reprise à Aristote qui considérait que l’argent, ne peut pas, par nature, se reproduire.

En étant considéré comme un moyen d’échange et comme une mesure de valeur, l’argent n’a, par conséquent, pas d’utilité en soi. Il est en quelque sorte consommé dans l’action de son utilisation, comme l’est par exemple le vin, à l’inverse d’une maison pour laquelle il est possible de réclamer un loyer. En effet, il n’est pas possible de réclamer un loyer pour utiliser du vin. Sur le même principe, Aristote, et ainsi Thomas d’Aquin considèrent que faire payer pour utiliser de l’argent est illégitime, car il consiste à faire payer pour quelque chose qui, au final, n’existe pas.

John Maynard Keynes plus tard, reprendra partiellement cette idée en l’opposant à la conception classique, selon laquelle l’intérêt peut être vu comme la récompense de la non-consommation que cela a induit. Pour Keynes, c’est donc concrètement la récompense pour avoir renoncé à la liquidité que cela représentait. Par ailleurs, concernant les thèses des scolastiques, il jugeait qu’elles méritaient d’être réhabilitées et considérées à la hauteur de leur apport à l’économie. Il considérait, qui plus est, qu’une bonne partie des problèmes du capitalisme venait des taux d’intérêt élevés.

Sur le sujet du prêt à intérêt, Thomas d’Aquin concède là aussi des exceptions pour lesquelles il est permis de réclamer des avantages supplémentaires en contrepartie d’un prêt d’argent. Il prend par exemple le cas où il faudrait se prémunir contre le risque d’une potentielle perte ou encore si, suite à un service rendu, on doit recevoir une récompense. Il y a aussi la situation dans laquelle l’emprunteur réalise un profit avec notre argent, ce qui justifie que l’on lui en réclame une partie. Les exemples sont multiples et vastes ce qui permet donc de justifier l’intérêt. Cette problématique sera reprise et étudiée par les économistes classiques.

Thomas d’Aquin devait participer au concile de Lyon en 1274, mais il est mort sur le chemin pour le rejoindre. Le concile suivant, à Vienne, en 1311 va stipuler que le prêt à intérêt est un péché. La condamnation de l’usure (c’est-à-dire de l’intérêt) sera ensuite réaffirmée plus tard, en 1745 par le pape Benoît XIV dans une de ses lettres envoyée à tous les évêques. 

Cependant, de manière graduelle, une distinction va se faire entre l’usure et l’intérêt. En effet, les congrégations romaines en 1830 vont autoriser l’intérêt légal qui avait été fixé par le Code Napoléon quelques années auparavant. Suite à cela, en 1838, une circulaire a incité les confesseurs à ne pas causer de soucis aux personnes pratiquant un intérêt au taux courant.

 

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