Informations principales
Thomas John Sargent est un macroéconomiste américain, né le 19 juillet 1943 à Pasadena, dans l’État de Californie, aux États-Unis.
Ses travaux portent principalement sur les anticipations rationnelles, sur les politiques monétaires et sur les séries temporelles. Plus concrètement, il cherche notamment à appliquer la théorie des anticipations rationnelles à un ensemble de cas concrets (comme l’hyperinflation allemande, la stabilisation Poincaré, ou encore les politiques mises en place par Ronald Reagan et Margaret Thatcher) afin de montrer la pertinence de ce cadre d’analyse pour aborder les problèmes économiques contemporains.
Au-delà de ses activités de chercheur, il a exercé dans de nombreuses universités en tant que professeur d’économie et de commerce, dont celle de New York depuis 2002.
Il a obtenu, en 2011, le Prix Nobel d’économie, avec son confrère Christopher Sims, pour leurs recherches sur les causes et les effets en macroéconomie.
Selon la plus grande base de données bibliographiques dédiée à l’économie sur Internet IDEAS, Thomas Sargent se classe, en 2020, au 29ème rang des économistes les plus cités au monde.
Les anticipations rationnelles : une contribution importante de Thomas Sargent
Thomas Sargent a été l’un des premiers à contribuer à la révolution des anticipations rationnelles en macroéconomie, un domaine pour lequel son collaborateur de longue date, Robert Lucas, a obtenu, en 1995, le prix Nobel d’économie.
L’une des principales contributions de Sargent, avec l’économiste Neil Wallace, a été la « proposition d’inefficacité de la politique« , c’est-à-dire l’idée selon laquelle les attentes des individus concernant la politique fiscale et monétaire du gouvernement font qu’il est difficile pour les responsables gouvernementaux d’affecter la macroéconomie de la manière dont ils l’entendent. Si, par exemple, les gens s’habituent à ce que la Réserve fédérale (FED) augmente la masse monétaire lorsque le chômage augmente, ils s’attendront à une inflation plus élevée et ajusteront donc leurs demandes salariales à la hausse. Par conséquent, la baisse du taux de chômage que la FED tentait d’obtenir par une politique monétaire plus souple ne se produira pas.
Cette conclusion était en contradiction avec le modèle keynésien, qui a dominé la pensée économique de la fin des années 1930 jusqu’au début des années 1970. Le modèle keynésien postulait un compromis stable entre l’inflation et le chômage. En 1970, les principaux modèles économétriques américains, fondés sur des hypothèses keynésiennes, prédisaient que le gouvernement pourrait ramener le taux de chômage à 4 %, s’il acceptait une augmentation de l’inflation à 4 %. Dans un article de 1977 intitulé « Is Keynesian Economics a Dead End ? » (“L’économie keynésienne est-elle une impasse ?” en français), Sargent constate qu’au milieu des années 1970, il y a eu 4-4, au lieu de 9-9 pour 9 % d’inflation et 9 % de chômage. Si vraiment les modèles économétriques de 1969 avaient été corrects, alors cela n’aurait pas été le cas.
Une bonne politique monétaire nécessite une bonne politique budgétaire pour Thomas Sargent
Dans les années 1980, Thomas Sargent a étudié les anticipations dans d’autres contextes. Dans leur article très influent intitulé « Some Unpleasant Monetarist Arithmetic« , Sargent et Wallace affirment qu’une bonne politique monétaire nécessite une bonne politique budgétaire.
Sur cette base, Sargent a expliqué comment un gouvernement peut mettre fin à une forte inflation dans « The Ends of Four Big Inflations« . Il a étudié quatre pays qui ont connu une hyperinflation au début des années 1920, à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Pologne. Tous ont eu recours à l’inflation pour financer des déficits publics élevés. Ils ont tous réussi à éliminer l’hyperinflation, mais pour ce faire, ils devaient être crédibles. Ils ont dû influencer les attentes de la population en s’engageant à réduire considérablement leurs déficits budgétaires, voire à équilibrer leurs budgets. C’est ce qu’ont fait les quatre gouvernements pour atteindre leurs objectifs.
Des travaux sur l’assurance-chômage
Sargent a poursuivi un programme de recherche avec Lars Ljungqvist visant à comprendre les déterminants des différences de résultats en matière de chômage en Europe et aux États-Unis au cours des 30 dernières années (jusqu’en 2010 environ). Les deux principales questions abordées dans le cadre de ce programme sont les suivantes : pourquoi, dans les années 1950 et 1960, le chômage était-il systématiquement plus faible en Europe qu’aux États-Unis et pourquoi, pendant deux décennies et demie après 1980, le chômage a-t-il été systématiquement plus élevé en Europe qu’aux États-Unis ?
Dans « Deux questions sur le chômage en Europe« , la réponse est que l’Europe dispose d’une protection de l’emploi plus forte, bien qu’elle ait également bénéficié d’une indemnisation du chômage plus généreuse fournie par les pouvoirs publics. Si les différences institutionnelles sont restées les mêmes au cours de cette période, l’environnement microéconomique des travailleurs a changé, avec un risque plus élevé de dépréciation du capital humain dans les années 1980.
Thomas Sargent, en collaboration avec Lars Ljungqvist, a constaté qu’en raison du niveau élevé et de la longue durée des allocations de chômage en Europe, de nombreux travailleurs européens ayant perdu leur emploi sont restés au chômage pendant des années, ce qui a entraîné une érosion de leur capital humain. Cela les rend alors moins employables à long terme. En 2010, Sergant a déclaré que le fait que le gouvernement américain ait étendu les allocations de chômage possibles jusqu’à 99 semaines dans certains cas et dans de nombreux États américains le remplissait d’effroi.
Le programme d’investissement du Président Obama
Thomas Sargent est en réalité assez rassembleur. En effet, dans une interview de 2010, il a fait l’éloge d’articles rédigés par les économistes de gauche Joseph Stiglitz et Jeffrey Sachs.
Il a souligné que Stiglitz et Sachs ont exécuté un calcul d’attentes rationnelles pour calculer les récompenses des acheteurs potentiels d’actifs toxiques dans le cadre du Programme d’investissement public-privé du président Obama en 2009. Ces calculs ont montré que la proposition de l’administration représentait un important transfert de fonds publics vers les propriétaires d’actifs toxiques.