Informations principales
Evsey Domar est un économiste russe et américain, né le 16 avril 1914 à Lodz, dans l’Empire russe (aujourd’hui en Pologne) et mort le 1er avril 1997 à Concord, dans l’État du Massachusetts, aux États-Unis.
En 1936, Evsey Domar et sa famille ont émigré aux États-Unis, pays dans lequel il restera finalement jusqu’à la fin de sa vie. Après un doctorat à Harvard, il a été professeur d’économie à l’université de Chicago, à l’université Johns Hopkins, puis enfin au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à partir de 1958, et cela, jusqu’à sa retraite.
Il est rattaché au courant post-keynésien, école de pensée apparue dans les années 1930 et qui se présente comme le courant le plus proche des idées originales de John Maynard Keynes.
Evsey Domar a apporté des contributions à trois domaines principaux de l’économie, à savoir l’histoire économique, l’économie comparée et la croissance économique. En 1946, il avance par exemple l’idée que la croissance économique sert à alléger le déficit et la dette nationale. Pendant la guerre froide, il était également un expert de l’économie soviétique.
Il est connu pour avoir développé, avec son confrère Roy Forbes Harrod, le Modèle de Harrod-Domar, modèle économique qui permet d’expliquer la croissance économique de manière formalisée. Ce modèle étudie notamment les conditions d’une croissance équilibrée sur le long terme.
Le Modèle de Harrod-Domar
Le Modèle Harrod-Domar est un modèle économique qui apporte des explications à la croissance économique, et cela, de manière formalisée (par exemple grâce à l’usage des mathématiques). Il est considéré comme l’un des ancêtres des modèles de la théorie de la croissance exogène (c’est-à-dire qui cherche à expliquer la croissance économique par des variables externes au système économique lui-même) et il a ouvert la voie aux modèles modernes de la croissance, et plus spécifiquement au modèle de Solow.
Le Modèle Harrod-Domar s’inscrit dans une logique keynésienne, ce qui implique qu’il considère que l’économie est instable, et que la croissance a tendance à ralentir à cause d’une insuffisance du facteur capital par rapport au facteur travail. Ce modèle incite donc les décideurs publics (et notamment l’État) à soutenir l’épargne et par prolongement, l’investissement.
Alors que les travaux keynésiens originaux se concentraient sur le court terme, ce modèle adapte partiellement la Théorie générale de John Maynard Keynes au long terme.
Il cherche à expliquer la croissance économique en se basant à la fois sur la croissance exogène et sur la croissance endogène. En effet, la production est créée par le facteur travail et par le facteur capital, or le taux de croissance démographique (faisant partie du facteur travail) est considéré comme exogène au modèle, et le facteur capital est considéré comme endogène, car basé sur une fonction d’épargne de la population et sur le ratio capital-production.
Ce modèle affirme que la production se fait avec des facteurs complémentaires, ce qui implique qu’il faut, en même temps, du capital et du travail pour que la machine capitaliste fonctionne. Étant donné que la croissance démographique est considérée comme exogène (c’est-à-dire qu’elle n’est pas déterminée par le modèle), arriver au plein-emploi nécessite d’avoir une augmentation du stock du capital au même rythme que la croissance démographique en question pour que toute la force de travail soit employée. Si ce n’est pas le cas, alors cela engendre une augmentation du chômage. À l’inverse, si le stock de capital progresse plus rapidement que la croissance démographique, alors une partie des capacités de production ne sera pas utilisée, à cause d’un manque de main-d’œuvre.
Dans la mesure où le facteur travail et le facteur capital sont déterminés indépendamment l’un de l’autre, l’équilibre de plein-emploi des facteurs de production ne peut qu’être le résultat d’une coïncidence bienvenue. Selon ce modèle et ses deux auteurs, il n’y a aucun moteur au sein du système capitaliste qui permet d’assurer un équilibre permanent entre les deux facteurs. Ils arrivent donc à la conclusion que le modèle fait ressortir le caractère instable de la croissance économique, aussi nommée par le terme de croissance déséquilibrée.
Pour Domar et Harrod, la déduction de ce modèle est qu’une intervention publique (de l’État par exemple) est nécessaire. En effet, quand le ratio entre le capital et le travail passe sous un certain seuil, la politique économique la plus favorable pour la croissance sera celle qui favorise l’épargne, et donc par prolongement, l’investissement.
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