Biographie de Bernard Mandeville

 

Bernard Mandeville
Bernard Mandeville

 

Informations principales

Bernard Mandeville est un philosophe, économiste, médecin et écrivain néerlandais, puis britannique (à partir de 1690), né le 15 novembre 1670 à Rotterdam, aux Pays-Bas et mort le 21 janvier 1733 à Hackney, dans le Grand Londres, en Angleterre.

Il est essentiellement connu pour sa Fable des abeilles. Il est considéré comme l’un des précurseurs du laissez-faire. Ses travaux ont influencé d’autres économistes tels que Karl Marx, John Maynard Keynes ou encore Friedrich Hayek.

Bernard Mandeville a été l’un des écrivains les plus lus, mais également l’un des plus critiqués de son temps. Sa langue maternelle était le néerlandais, mais il a beaucoup écrit en français et en latin, avant d’apprendre l’anglais, qu’il a rapidement maîtrisé pour l’utiliser dans des écrits (sous la forme de dialogues), des satires, des poèmes et des essais.

 

Une carrière de médecin

Avant d’être écrivain ou philosophe, Bernard Mandeville était d’abord médecin, comme les trois générations d’hommes avant lui.

Il était un spécialiste des maladies nerveuses et des maladies de l’estomac. Jusqu’à la fin de sa vie, il a pratiqué ce qui sera appelé plus tard, la psychiatrie.

Concernant le domaine médical, il a publié un important ouvrage en 1711 intitulé Traité des passions hypocondriaques et hystériques, dans lequel il a insisté sur la nécessité de traiter les patients sur une longue période, mais également par la parole, par la méditation et par les régimes.

Comme d’autres économistes avant lui, Mandeville a utilisé ses connaissances médicales pour les appliquer à l’économie. En effet, il existe un lien étroit entre celles-ci et les idées qu’il a développées sur la manière dont marche la société. Il appuie ses idées sur les conceptions de la nature humaine et sur le fonctionnement de l’esprit humain, concepts qu’il a beaucoup travaillés en tant que médecin.

Dans son Traité, il écrit que chaque individu est un composé de passions, qui le gouvernent au fur et à mesure, qu’il le veuille ou non. Il considère donc que l’esprit humain n’est pas rationnel, puisque la raison est utilisée pour justifier les demandes qui sont nées des émotions. Cette analyse est à la base de la théorie sociale qu’il a mise en avant.

 

La Fable des abeilles, poème majeur de Bernard Mandeville

La théorie sociale que Bernard Mandeville a développée a été exposée pour la première fois dans un poème publié en 1705 de manière anonyme et intitulé “La Ruche mécontente, ou les coquins devenus honnêtes”.

Dans cette œuvre, il y décrit une ruche prospère, dans laquelle les abeilles vivent dans le confort et le luxe et dont le gouvernement est relativement équilibré, éloigné autant de la démocratie que de la tyrannie.

Les abeilles étaient en fait des représentations (en petit modèle) des habitants de l’Angleterre du début du 18ème siècle. Ces abeilles en question pratiquaient divers métiers, dont certains considérés comme malhonnêtes tels que les escrocs, voleurs, proxénètes, joueurs, faux-monnayeurs, charlatans et devin. Mandeville considère que personne, au sein de la ruche, ne possède pas de vices, y compris les gens braves, travailleurs et ingénieux. Cela n’empêche pas le tout de ressembler à un paradis.

Bernard Mandeville estime que les coquins, comme il les appelle, contribuent au bien commun parce que le goût du luxe permet de donner du travail à énormément d’autres abeilles. Cela signifie que, pour lui, l’envie, la cupidité, l’orgueil ou encore la vanité stimulent l’industrie et la richesse. Cependant, la prospérité engendrée ne dure que jusqu’au jour où Jupiter décide de supprimer la malhonnêteté de la ruche, suite aux appels des abeilles bien-pensantes. Néanmoins, cette décision s’est révélée être catastrophique dans la mesure où cela a provoqué un effondrement des prix, des dépenses et une augmentation du chômage et de la pauvreté. Ces effets causent une rapide dégradation de la ruche et en font une proie facile pour ses ennemis. In fine, la ruche en question sombre dans le désordre et le chaos, jusqu’à se désagréger.

Mandeville conclut son poème par la morale selon laquelle le vice est au final bénéfique, s’il est cependant encadré et restreint par la justice. Il ajoute que le vice est nécessaire, autant pour l’État que pour un peuple, s’il veut être grand. Il réalise une comparaison entre le vice qui est nécessaire à la société d’une part, et la faim qui est nécessaire pour que l’individu mange d’autre part.

Bernard Mandeville a ensuite inclus ce poème, précédé d’une préface et suivi de plusieurs commentaires en prose, dans un livre intitulé “La Fable des abeilles, ou les vices privés font le bien public, publié en 1714. Il a publié en 1723, une seconde édition en y ajoutant des textes supplémentaires, dont une critique des maisons de charité, ce qui lui a valu de nombreuses critiques.

En 1728, il a publié une seconde partie de la fable, constituée d’un ensemble de dialogues dans le but d’approfondir ses thèses. Ces écrits lui ont permis de développer ses idées sur le fonctionnement de la société et sur celui de l’économie. Ils auront une certaine influence.

Le thème central de ce livre se trouve dans le titre de l’ouvrage, à savoir que les vices privés sont à l’origine des vertus publiques. Dans la préface qu’il a écrite, il explique que les vices sont indissociables des sociétés puissantes et importantes, et que la richesse et la grandeur ne peuvent pas exister sans eux.

Ce raisonnement de la part de Mandeville s’appuie sur une conception assez particulière du vice. En effet, il définit comme vicieuse, toute action qui est motivée par l’intérêt personnel, par l’égoïsme, sans prendre en compte ses conséquences sur le bien public. Cela inclut donc, pour lui, autant les actions motivées par l’altruisme que les sacrifices et l’humiliation, étant donné qu’ils découlent, au final, du désir d’avoir des compliments et des félicitations ou de la crainte d’être blâmé, et donc concrètement, de l’orgueil et de l’égoïsme. Mandeville estime que les passions, qui sont à la base de l’action humaine, sont liées, de manière très étroite, à l’amour-propre et à l’amour de soi.

 

Bernard Mandeville, un précurseur de la pensée économique qui sera développée après lui

Autant dans son poème, que dans ses commentaires, Bernard Mandeville explique que, si chaque individu suit son intérêt personnel, sans avoir de considération particulière pour le bien-être de ses compatriotes, cela amène des résultats imprévus et favorables, à savoir, la stimulation du commerce, la richesse, l’emploi, l’innovation, le progrès économique, et donc, au final, les vertus publiques. À contrario, Mandeville considère qu’une société vertueuse est forcément condamnée à la pauvreté et à la médiocrité. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il soutient et promeut l’anarchie et le crime, ce dont il a parfois été accusé. En effet, il affirme qu’il faut condamner le vice si celui-ci se transforme en crime. Il ajoute également que le gouvernement est nécessaire pour transformer les vices privés en vertus publiques.

En exposant les mécanismes qui permettent d’obtenir ce résultat paradoxal, Mandeville met en avant un certain nombre de thèmes et de concepts majeurs de la pensée économique à venir, qui seront développés plus tard. L’un de ces thèmes est celui de la division du travail, dont il est le premier à utiliser l’expression. 

Il montre également comment la croissance économique et la multiplication des métiers peut être favorisée en laissant les individus suivre leurs intérêts personnels, y compris les plus pervers, comme par exemple, ceux des libertins. Il publiera d’ailleurs, en 1724, un ouvrage faisant l’apologie des maisons de joie.

Bernard Mandeville s’est opposé aux idées qui étaient dominantes à son époque, et qui condamnaient notamment les dépenses de luxe. En effet, lui à l’inverse, il insiste sur l’importance de ces dernières pour stimuler l’emploi. À ce titre, il critique et dénonce la frugalité et l’épargne, qu’elle soit privée ou publique. Il considère que l’argent doit circuler. Il juge même que le vol, qui peut être condamné d’un point de vue moral, reste un moyen de faire circuler l’argent qui avait été mis de côté par les riches.

Par ailleurs, Mandeville estime que dans une société normale, il existe toujours des pauvres et des habitants qui sont astreints à des travaux pénibles. Pour lui, c’est une situation qui est inévitable, mais que la croissance économique peut atténuer. Néanmoins, il n’est pas possible d’éradiquer la pauvreté. Il considère même qu’il faut beaucoup de pauvres dans une société prospère. C’est cette analyse qui l’amène à critiquer le fait qu’il existe des maisons de charité, dont la mission est de fournir une éducation aux pauvres en question. Il estime que les pouvoirs publics n’ont pas à intervenir dans la vie économique de la société. C’est pour cette vision que Mandeville est considéré comme un précurseur du concept de laissez-faire, même s’il défend également des mesures jugées mercantilistes, pour ce qui concerne le commerce extérieur.

 

Un héritage contrasté

L’œuvre de Bernard Mandeville a été très critiquée, autant de son vivant, qu’après. Il a cependant réellement acquis sa célébrité bien plus tard. En effet, son travail a influencé de nombreux économistes, aussi différents les uns que les autres, tels qu’Adam Smith, John Maynard Keynes, Karl Marx, David Hume ou encore Friedrich von Hayek.

En critiquant sa conception du vice et de la vertu, Adam Smith a repris un passage de Mandeville sur la division du travail, mais en le reformulant, et sans en citer son auteur originel.

Karl Marx a aussi repris le style de Mandeville, notamment quand il a écrit sur les répercussions importantes qu’avait le crime sur le développement des forces productives, mais également de son utilité pour faire vivre les juges, les avocats, les bourreaux, les geôliers et les serruriers. Il cite Mandeville en le qualifiant d’audacieux et d’honnête.

John Maynard Keynes, quant à lui, considère Mandeville comme le précurseur de sa théorie de la demande effective. Il cite par ailleurs longuement La Fable des abeilles à la fin de sa Théorie générale.

À l’inverse des économistes qui défendent l’épargne, qu’elle soit privée ou publique, Bernard Mandeville met en garde contre les dangers et les risques de la frugalité. C’est notamment pour cela qu’il prône une stimulation de la demande, et en particulier par l’encouragement des dépenses de luxe. Au-delà de cela, Mandeville estimait que, pour rendre une nation prospère, il fallait donner la possibilité à chaque individu d’être employé. Keynes partageait cette vision sur la stimulation de la demande et sur l’emploi.

À l’opposé de Keynes, Friedrich von Hayek considérait aussi que Mandeville était un précurseur, mais pour avoir développé l’idée de la croissance spontanée de structures sociales ordonnées.

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