Biographie de John Hicks

 

John Hicks
John Hicks

 

Informations principales

Sir John Richard Hicks est un économiste britannique, né le 8 avril 1904 à Warwick, dans le comté de Warwickshire, en Angleterre et mort le 20 mai 1989 à Blockley, dans le comté de Gloucestershire, dans le même pays. 

Il a obtenu en 1972 le Prix Nobel d’économie (avec Kenneth Arrow) pour sa contribution à l’équilibre général et à l’économie du bien-être.

John Hicks est le créateur du modèle IS/LM qui représente la relation entre le taux d’intérêt et le niveau de production (matérialisé par le produit intérieur brut, le PIB) dans une économie. En partie grâce à ce modèle économique, il est considéré comme l’un des pères de la Synthèse néoclassique, avec notamment Paul Samuelson

Pendant sa carrière, il a évolué aisément entre plusieurs courants économiques, étudiant autant le travail de Keynes, que de Marshall, de Ricardo ou encore de Walras. C’est pour cela que durant toute sa vie, il n’a pas cessé de se remettre en question et d’opérer des virages, autant sur le plan théorique, que politique. Il se montrait également particulièrement autocritique.

Au début de sa carrière, John Hicks avait des positions ultralibérales, suivant les idées de Friedrich Hayek, avant de s’en éloigner dans les années 1930 pour se rapprocher de la pensée keynésienne. C’est à partir de là qu’il devient l’un des principaux promoteurs de la Synthèse néoclassique, qui va s’imposer comme le courant économique dominant dans la période de l’après-guerre. Toutefois, il va ensuite prendre ses distances avec l’orthodoxie néoclassique à laquelle il avait pourtant participé, allant même jusqu’à la critiquer. 

Il est l’un des économistes les plus importants du 20ème siècle.

 

La création de la microéconomie moderne

John Hicks a débuté sa carrière en tant qu’économiste du travail, en montrant notamment comment les salaires sont déterminés par le jeu de l’offre et la demande, dans un marché concurrentiel.

Dans son ouvrage intitulé La théorie des salaires, publié en 1932, il propose un nouveau concept sous le nom d’élasticité de substitution, dans le but d’analyser les décisions des entreprises dans le choix qu’elles font concernant l’utilisation du capital et du travail. Dans un autre article publié en 1934, il a intégré à l’analyse de la valeur, les courbes d’indifférence en montrant comment il était possible de dériver une courbe de demande à pente négative. Il explique comment l’effet du prix d’une marchandise qui change peut être décomposé en un effet revenu (qui correspond à une variation globale du niveau de la satisfaction des consommateurs) et en un effet de substitution (qui se traduit par le remplacement d’un produit par un autre).

Dans son ouvrage paru en 1956 Valeur et capital, John Hicks développe l’analyse microéconomique (qui traite des éléments à petite échelle) en suggérant un modèle d’équilibre général inspiré des travaux de Léon Walras et illustré au moyen d’un appareil géométrique. Ce modèle est utilisé par John Hicks pour analyser la stabilité d’un système d’échanges multiples. Il introduit dans son étude le concept d’équilibre temporaire qui permet de prendre en compte les anticipations des agents. À travers ces travaux, il propose entre autres une reformulation de la théorie du comportement du consommateur.

Dans plusieurs de ses articles, John Hicks applique ses méthodes d’analyse à la théorie du bien-être. Là aussi, il développe des instruments analytiques qui vont ensuite s’imposer pendant la période d’après-guerre. Ces instruments sont notamment l’évaluation du revenu social, le test de compensation et la définition et la mesure du surplus du consommateur.

 

La monnaie n’est pas neutre selon John Hicks

John Hicks remet en question, dès le début des années 1930, l’idée selon laquelle la monnaie est neutre. Il critique la théorie néoclassique standard, qui selon lui, ne parvient pas à intégrer la monnaie, les anticipations et l’incertitude de manière satisfaisante. Dans un de ses articles paru quelques années après, il avance des idées qui ressemblent à celles que Keynes a développé au même moment, et notamment le concept de la préférence pour la liquidité.

Dans le dernier livre qu’il a écrit et publié après sa mort, il abordait le sujet de la théorie monétaire, traitée dans une perspective historique.

 

Le modèle IS/LM développé par John Hicks

Un an après que John Maynard Keynes a publié son œuvre majeure intitulée Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, John Hicks en propose une formalisation algébrique illustrée par un schéma géométrique connu sous le nom de modèle IS/LM. Avec cela, il a cherché à montrer que le modèle de Keynes n’était pas une théorie générale, mais un cas particulier d’un modèle plus général, qui permet de déterminer à la fois le taux d’intérêt et le revenu, matérialisé par le produit intérieur brut (PIB).

Le modèle IS/LM développé par Hicks est une interprétation, de manière formalisée, de la Théorie générale développée par Keynes. Pour ce dernier, le principal facteur qui permet de fixer le niveau de production et le niveau de l’emploi est la demande. De plus, le modèle IS/LM permet d’avoir une représentation graphique d’une économie quand elle est à l’équilibre.

Modèle IS/LM de John Hicks
Modèle IS/LM de John Hicks

Concrètement, le graphique de ce modèle met en relation le niveau de produit intérieur brut (PIB) d’une part, avec le taux d’intérêt d’autre part.

La courbe IS correspond aux combinaisons des taux d’intérêt et du revenu national qui permettent d’assurer l’équilibre sur le marché des biens et services. Cette courbe est décroissante parce qu’une hausse du taux d’intérêt diminue la demande globale (en ralentissant la consommation et l’investissement), et donc par prolongement, le PIB.

La courbe LM, quant à elle, correspond aux combinaisons des taux d’intérêt et du revenu national qui permettent d’équilibrer le marché de la monnaie. Cette courbe est croissante parce qu’une augmentation du PIB entraîne une hausse de la demande de monnaie (qui est nécessaire pour réaliser davantage de transactions). Dans la mesure où l’offre de monnaie est constante et ne bouge pas (puisque son niveau est déterminé par la Banque Centrale), cela implique que le prix de la monnaie va croître. Concrètement, cela signifie que le taux d’intérêt augmente.

Dans ce modèle, il n’y a pas de commerce international (c’est-à-dire que le raisonnement se fait en économie fermée) et les prix sont considérés comme étant fixes.

Le point d’intersection entre les deux courbes (IS et LM) signifie que l’équilibre est atteint sur ces deux marchés, et donc que l’économie est stable et que la situation équivaut à l’équilibre général. Néanmoins, cela ne signifie pas non plus que le plein-emploi est atteint, puisque le niveau d’investissement qui dépend du taux d’intérêt d’équilibre n’est pas forcément suffisant.

Le modèle IS/LM est une synthèse de John Maynard Keynes et de Léon Walras qui montre comment les deux marchés sont reliés. C’est notamment pour cette raison que cette version du keynésianisme est appelée la Synthèse néoclassique.

Ce modèle a ensuite été davantage développé par plusieurs successeurs de John Hicks, dont notamment Paul Samuelson et de nombreux étudiants s’initieront à la théorie de Keynes par son biais. De plus, le modèle IS/LM a été utilisé pour prévoir les effets des politiques fiscales et monétaires mises en place, lors de l’apogée du keynésianisme. Par exemple, pour déterminer quelles politiques économiques devaient être mises en place pour atteindre le plein-emploi ou le rôle des politiques budgétaires et monétaires d’une manière générale. L’impact de ces politiques peut être vu grâce au déplacement des courbes sur le graphique.

Néanmoins, lors de la crise du keynésianisme et de la montée du courant monétariste, Kicks critiquera son propre modèle en lui reprochant de ne fournir qu’une version étroite et appauvrie de la théorie de Keynes, en excluant notamment le temps, les anticipations et l’incertitude.

Toutefois, le modèle IS/LM est considéré par beaucoup d’économistes comme à la base de la macroéconomie.

 

D’autres apports économiques

Durant toute sa carrière, John Hicks a traité presque tous les domaines de la théorie économique, et en particulier l’économie internationale, la théorie de la croissance, des crises et du capital, ainsi que l’histoire de la pensée économique. Il a toujours tenté de développer de nouveaux concepts comme par exemple ceux de la “traverse” dans son modèle horizontal bisectoriel, dans lequel il y a une transition entre deux régimes de croissance, en considérant que la condition du plein-emploi des capacités productives et de la main-d’œuvre est respectée. Cette analyse comprend notamment un modèle à prix fixes et à prix variables.

Au-delà de la théorie économique pure, John Hicks s’est également intéressé aux questions de développement, de politique économique et de fiscalité. Accompagné de son épouse, il a souvent voyagé dans les pays les plus pauvres du monde, afin d’y exercer des activités de conseiller.

En plus de l’économie, Hicks était passionné d’histoire, comme son père avant lui. C’est à ce titre qu’il publiera en 1969 un ouvrage intitulé Une théorie de l’histoire économique

Il s’est aussi intéressé à la philosophie en émettant des réflexions sur plusieurs disciplines différentes telles que les relations qui existent entre le développement du marché, celui des institutions, ainsi que celui des connaissances et des idées.

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