Biographie de Nikolaï Kondratiev

 

Nikolaï Kondratiev
Nikolaï Kondratiev

 

Informations principales

Nikolaï Dmitrievitch Kondratiev (aussi orthographié Kondratieff) est un économiste soviétique né le 4 mars 1892 à Vitchouga, dans l’Empire russe et mort le 17 septembre 1938 à Kommunarka, site d’exécutions de masse, près de Moscou, en URSS.

Il est célèbre pour avoir mis au point une théorie des cycles économiques appelés Cycles de Kondratiev en se basant sur des séries chronologiques des prix de gros, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, entre 1790 et 1920. Selon cette théorie, les économies capitalistes connaissent une croissance de long terme importante et durable, avant de faire face à une période de dépression économique. Les cycles de Kondratiev sont d’une durée de 50 à 60 ans environ et sont constitués de trois phases principales. La première est une phase d’expansion de 20 à 25 ans, il y a ensuite une courte phase de retournement de la conjoncture d’une dizaine d’années, avant une phase de dépression de 20 à 25 ans. Durant ces cycles longs, d’autres économistes ont constaté qu’il existait des cycles plus courts, d’environ 10 ans, mais qui ne remettent pas en cause les cycles longs.

Kondratiev a aussi apporté son soutien à Lénine et à la Nouvelle politique économique (NEP) que ce dernier a mise en place dans les années 1920. Celle-ci a introduit une libéralisation toute relative avec pour objectif de redynamiser l’économie soviétique, en situation difficile à ce moment-là. La Nouvelle politique économique devait faire une place au capitalisme, mais d’une manière limitée et pour une durée limitée, ce qui devait ensuite permettre l’émergence du socialisme et du marxisme.

Kondratiev est mort fusillé en 1938 lors des Grandes Purges de Staline à cause de sa pensée et de son travail selon lesquels le capitalisme se relevait toujours après une crise économique, ce qui allait à l’encontre de la vision officielle qui voulait que le capitalisme se terminerait pour laisser place au socialisme et au marxisme.

 

Les Cycles de Kondratiev

Durant les années 1920, Nikolaï Kondratiev a émis l’hypothèse qu’il existait des cycles de longue durée. Il a développé son raisonnement dans son ouvrage intitulé Les vagues longues de la conjoncture, publié en 1926. Kondratiev a fait cette théorie en se basant sur des séries chronologiques de 1790 à 1920 des prix de gros aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Il a compilé de grandes quantités de données pour chaque pays, telles que les prix, les balances commerciales, les taux d’intérêt, la production de charbon et de fonte, etc.

Après l’analyse de ces séries chronologiques, Kondratiev à constaté qu’il y avait eu des cycles récurrents d’environ 30 à 60 ans. En effet, d’abord de 1792 à 1850, ensuite entre 1850 et 1896, et enfin, entre 1896 et 1940, cycle qui n’était pas encore terminé à la mort de Kondratiev. 

Pour chacun de ces cycles, il y a d’abord une phase ascendante qui est caractérisée par une forte croissance, une multiplication des entreprises (de type familial) et par les importants risques pris par ces dernières. Après une courte phase de retournement, il y a une phase descendante (aussi appelée dépression) qui est caractérisée par un ralentissement de la croissance, par une augmentation du chômage et par une concentration des entreprises qui s’organisent pour survivre à la crise. La phase descendante s’accompagne régulièrement de phénomènes critiques ponctuels comme cela a été par exemple le cas de la crise de 1929.

Certaines critiques ont été émises envers les Cycles de Kondratiev, mettant en avant certaines faiblesses dans les conclusions. Il leur est notamment reproché un traitement statistique contestable de certaines données et le fait qu’il n’y ait pas une convergence des cycles dans tous les pays.

Cette analyse de Kondratiev a été reprise et enrichie par Joseph Schumpeter dans son livre intitulé Les cycles des affaires, publié en 1939. Il a observé que chaque cycle prend naissance dans des circonstances historiques particulières qui engendrent un nouveau développement des forces productives, ce qui implique donc qu’il n’est pas la répétition du précédent. Il constate même que pendant la phase de déclin de chaque cycle, il se produit un nombre important d’inventions dans les techniques de production et de communication, qui sont ensuite utilisées à grande échelle au début de la phase ascendante du cycle suivant. Schumpeter attribue donc les phases de croissance à l’apparition d’innovations technologiques majeures, qui stimulent l’économie et les phases de déclin à la maturité de ces innovations technologiques.

Concrètement, le début de chaque cycle peut être associé à une « grappe d’innovations » réalisées dans certains secteurs. Cela signifie donc que la phase d’expansion est engendrée par l’exploitation de découvertes scientifiques, tandis que la phase de déclin vient de l’épuisement de leur potentiel, ce qui fait alors stagner la productivité. Il a par exemple observé que le premier cycle a démarré grâce à la machine à vapeur et à la mécanisation de l’industrie textile, le deuxième cycle a débuté grâce à l’apparition des chemins de fer et le troisième cycle grâce à l’apparition et à la généralisation de la chimie et de l’électricité.

En plus de Joseph Schumpeter, plusieurs économistes ont tenté d’apporter des explications aux Cycles de Kondratiev. En effet, il a par exemple été avancé la théorie de la demande des biens d’investissement et du principe de l’accélérateur de l’investissement qui l’accompagne. Selon ceux-ci, la reprise des investissements se passe toujours plus lentement et plus tardivement que la reprise de la consommation. Ce n’est qu’ensuite qu’il y a une accélération des investissements de sorte que lorsqu’il y a une variation de la demande de consommation, il y a une variation encore plus importante de la demande d’investissements. Cette situation entraîne une création monétaire et de l’inflation qui engendrent à leur tour des crises financières qui ralentissent la production et par prolongement la croissance, ce qui crée les phases de retournement.

Au-delà de cette théorie, certains économistes ont mis en avant le rôle des structures des systèmes économiques pour expliquer les Cycles de Kondratiev, et plus particulièrement leurs transformations. En effet, selon eux, tant que des zones motrices de l’économie mondiale (c’est-à-dire des zones qui entraînent le reste du monde) disposent de monopoles sur des secteurs innovants, alors la croissance est importante et rapide. Ils prennent pour exemple le Royaume-Uni lors du 19ème siècle avec la Révolution Industrielle ou encore les États-Unis au 20ème siècle. Cependant, dès que la compétition s’installe et que la concurrence s’accroît, les cartels et les monopoles sont brisés, ce qui fait diminuer les prix et les profits. Le cycle peut alors recommencer quand de nouveaux pays deviennent, à leur tour, des moteurs de l’innovation économique.

Par ailleurs, en expliquant que le capitalisme connaît des cycles de 30 à 60 ans, Kondratiev a remis en cause les thèses marxistes, puisque ces dernières prévoyaient la fin du mode de production capitaliste.

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