Biographie d’Irving Fisher

 

Irving Fisher
Irving Fisher

 

Informations principales

Irving Fisher est un économiste américain, né le 27 février 1867 à Saugerties, dans l’État de New York, aux États-Unis et mort le 29 avril 1947 à New York, dans le même pays.

Il a étudié les mathématiques à l’université Yale, avant d’y soutenir sa thèse d’économie en 1891.

Au début du 20ème siècle, Irving Fisher était une figure majeure de l’économie, renforcée par les fonctions qu’il a occupées comme par exemple celle de président de l’American Economic Association en 1918, ou celle, à partir de 1930, de premier président de la société d’économétrie, qu’il avait co-fondée. Néanmoins, le krach de 1929 et la Grande Dépression des années 1930 ont nettement porté atteinte à sa réputation et à sa fortune personnelle.

Il a acquis sa notoriété grâce à ses travaux sur les taux d’intérêt et la théorie du capital. En effet, Irving Fisher a inspiré le néofisherisme, théorie économique selon laquelle une augmentation des taux d’intérêt permet une hausse de l’inflation. C’est lui qui est à l’origine de la formulation mathématique de l’équation de la théorie quantitative de la monnaie (M.V = P.T). À partir de cette équation, il a réalisé d’autres développements plus poussés.

Ses théories monétaires ont permis de mettre en évidence que l’inflation était un effet monétaire qui pouvait être bien caractérisé et bien délimité. De plus, il a élaboré le concept de déflation par la dette en mettant en évidence qu’il pouvait y avoir l’existence d’un cercle vicieux déflationniste qui s’auto-alimente.

Il est le premier économiste à avoir proposé le 100 % monnaie qui désigne un système monétaire dans lequel l'émission de moyens de paiement serait entièrement assurée par l’État, en opposition avec le système actuel dans lequel la monnaie est créée par les banques.

Par ailleurs, il a mené plusieurs campagnes de santé publique et a été le président de la Société américaine d’eugénisme, qui soutient l’idée selon laquelle il peut y avoir une sélection réalisée sur les collectivités humaines à partir des lois de la génétique.

 

La théorie quantitative de la monnaie d’Irving Fisher

L’une des œuvres les plus importantes d’Irving Fisher sera la publication, en 1911, de son livre intitulé Le pouvoir d’achat de la monnaie. Dans cet ouvrage, il propose une équation des échanges, qui constitue un développement de la théorie quantitative de la monnaie, théorie qui a ensuite été améliorée et enrichie par de nombreux économistes au fil du temps.

Pour ce travail, Irving Fisher reprend les intuitions de ses prédécesseurs, mais en les formalisant mathématiquement. Selon cette théorie, M.V = P.T, sachant que M correspond à la quantité de monnaie en circulation, V à sa vitesse de circulation, P au niveau des prix et enfin, T au volume des transactions.

Cette équation n’est pas une théorie en soi, mais une identité comptable, ce qui signifie qu’elle sera parfois interprétée de différentes manières par des économistes aux pensées opposées. Toutefois, les partisans de la théorie quantitative de la monnaie considèrent que V est fixe et que T est indépendant de la quantité de monnaie en circulation, ce qui implique qu’une variation de la masse monétaire se répercute, de manière mécanique, en une variation du niveau des prix. Concrètement, une augmentation de la quantité de monnaie crée automatiquement de l’inflation.

La théorie quantitative de la monnaie a été défendue dans la seconde moitié du 20ème siècle par le monétarisme, courant de pensée dont Milton Friedman était l’un des principaux représentants. Selon celui-ci, l’inflation est toujours un phénomène monétaire dans la mesure où elle ne peut être générée que par une hausse plus rapide de la quantité de monnaie par rapport à celle de la production, vision que ne partagera pas, par exemple, John Maynard Keynes.

En prenant en compte l’équation précédente, Irving Fisher a aussi introduit l’équation M.V + M’.V’ = P.T. Cela signifie donc qu’il fait une distinction à l’intérieur de la masse monétaire entre les agrégats M et M’ qui désignent la masse fiduciaire pour le premier et la monnaie scripturale en circulation dans l’économie pour le deuxième.

Grâce à ce raisonnement, Fisher ouvre la voie à une analyse plus fine, en faisant l’observation que les différentes formes de monnaie sont utilisées différemment par les agents économiques, et donc qu’elles ne circulent pas à la même vitesse, d’où le fait qu’il introduise deux vitesses différentes, M et M’.

Depuis son raisonnement, cette équation a encore été complexifiée par d’autres économistes qui ont suivi la même méthode en considérant qu’il y avait des comportements monétaires différents pour chaque forme de monnaie.

 

Le krach de 1929 et la Grande Dépression des années 1930

La réputation professionnelle d’Irving Fisher, ainsi que sa fortune personnelle ont été très négativement impactés par le krach boursier de 1929. En effet, il n’avait pas anticipé ce qui allait se produire et continuait à considérer, peu de temps avant, que les prix des actions avaient atteint une sorte de haut plateau permanent. Il avait aussi déclaré que les tremblements de la bourse n’étaient liés qu’à la folie de quelques-uns et que les cours boursiers n’avaient pas encore atteint leur vraie valeur, ce qui le poussait à considérer qu’ils allaient continuer à augmenter. Même des mois après le déclenchement de la crise économique, il continuait d’être optimiste en estimant que la reprise était imminente. Avec ce krach et les années de crise qui l’ont suivi, Fisher a perdu une grande partie de sa fortune sur les marchés financiers et ses erreurs de prédiction ont entaché sa réputation économique.

Irving Fisher pensait que la valorisation boursière, très forte à ce moment-là, n’était que le reflet de l’amélioration productive de l’économie américaine liée à la prohibition (à savoir l’interdiction de la production et de la consommation d’alcool sur l’ensemble du territoire américain à partir de 1920). En effet, pour lui, la sobriété des travailleurs avait pour conséquence majeure de permettre une augmentation de leur productivité. C’est à ce titre qu’il se positionnait en faveur de la prohibition.

C’est à la suite de ces erreurs de prévisions qu’Irving Fisher a commencé à s’intéresser aux fluctuations économiques et a abandonné la thèse du rééquilibrage automatique du marché (grâce à la loi de l’offre et de la demande) au profit de sa théorie sur la déflation. Cette dernière justifie une intervention de l’État dans l’économie, condition nécessaire, selon lui, à l’arrêt de la spirale déflationniste.

 

Le cercle vicieux de la déflation par la dette : grand secret d’Irving Fisher

Peu de temps avant le krach économique de 1929, Irving Fisher considérait que le prix des actions avait atteint une sorte de haut plateau permanent. Il n’avait donc pas vu venir le krach et la Grande Dépression des années 1930 qui l’a suivi, ce qui l’a ruiné et nuit à sa réputation. C’est à la suite de cet événement qu’il décide de se concentrer sur les mécanismes de l’instabilité financière et publie un article, en 1933, dans lequel il met en avant ce qu’il qualifie de grand secret au cœur de la majorité des dépressions économiques, à savoir le cercle vicieux de la déflation par la dette.

 

L’instabilité financière trouve son origine dans les périodes de boom économique

Irving Fisher explique que l’instabilité financière trouve son origine dans les périodes de boom économique. En effet, les progrès technologiques, ainsi que la conquête de nouveaux marchés permettent d’envisager des opportunités de profits et provoquent l’emballement et l’enthousiasme des agents économiques. Cette situation crée un climat de confiance, autant chez les offreurs, que chez les demandeurs de financements, les premiers prêtent alors plus facilement, tandis que les seconds s’endettent pour investir, en prenant davantage de risques. Néanmoins, portés par ce mouvement d’euphorie, les agents s’endettent davantage, ce qui les rends plus fragiles financièrement et les poussent à réaliser des rendements plus importants afin d’honorer leurs engagements.

La période d’optimisme se termine quand les débiteurs se rendent compte que le rendement effectif de leur investissement est moins élevé que ce qu’ils avaient anticipé et espéré. Peuvent alors survenir des défauts de paiement qui sont une indication du surendettement des agents économiques, ce qui déclenche un retournement des anticipations. Étant donné que les perspectives de profit qui les avaient poussés à s’endetter ne sont pas à la hauteur, les agents cherchent alors à se désendetter pour assainir leur situation financière.

Les créditeurs sont aussi pris par le pessimisme car ils redoutent de ne pas être remboursés, ce qui les pousse à réduire leur offre de financements. L’accès à la liquidité est de plus en plus difficile comparé à avant, alors que les agents économiques endettés auraient besoin d’y accéder et de s’en procurer pour pouvoir rembourser leurs dettes. Pour tenter d’y arriver, ils sont alors forcés de procéder à des liquidations d’actifs.

 

L’effort que font les agents pour réduire la charge de leur dette a pour effet d’augmenter cette dette

En voulant se désendetter de manière simultanée, les agents ne font en réalité qu’augmenter la valeur réelle de leur dette. En effet, quand le crédit est rationné et les dettes remboursées, cela a pour impact de diminuer la quantité de monnaie en circulation. De plus, dans une situation de crise, la demande n’est pas suffisante pour absorber l’offre massive d’actifs que les différents agents économiques cherchent à liquider. Cette liquidation des actifs se fait alors généralement à rabais. Tous ces éléments amènent à une situation de déflation, c’est-à-dire à une baisse du niveau général des prix.

De manière plus précise, les ventes massives d’actifs réalisées pour dégager des liquidités participent à faire baisser les prix des actifs en question, ce qui réduit mécaniquement la quantité de liquidités que les agents économiques peuvent en retirer. Les prix des biens et des services d’une manière générale suivent la même trajectoire, puisque la nécessité des agents de réduire leur endettement les contraint à réduire leurs dépenses courantes.

C’est à ce moment-là qu’Irving Fisher met en évidence un grand paradoxe, à savoir que l’effort que font les agents pour réduire la charge de leur dette a pour effet d’augmenter cette dette, puisque la course aux liquidations a pour effet de gonfler la valeur de la monnaie. Concrètement, si le prix des actifs baisse d’ici demain, cela signifie que les agents devront en vendre davantage pour rembourser leur dette, que s’ils l’avaient fait aujourd’hui, on dit donc que la valeur réelle de la dette augmente.

 

Ce mécanisme est à l’origine des dépressions économiques

Pour Irving Fisher, c’est ce mécanisme qui est à l’origine des dépressions économiques, c’est-à-dire le cumul du surendettement des différents acteurs de l’économie et une situation déflationniste (qui correspond à une baisse du niveau général des prix). Encore au-delà, il juge que c’est le caractère auto-entretenu de la déflation, causé par la dette, à travers les anticipations des agents, qui la rend problématique.

En effet, d’un côté, la hausse de la valeur réelle des dettes amène les agents économiques à se désendetter le plus vite possible, ce qui entretient la déflation et le renchérissement de la valeur réelle des dettes.

D’un autre côté, les anticipations déflationnistes des ménages et des entreprises (c’est-à-dire qu’ils anticipent que les prix vont baisser) les incitent à décaler dans le temps leurs projets d’investissement, afin de bénéficier de prix plus avantageux dans l’avenir. Cela a pour effet de faire reculer la demande, puisque les entreprises ne sont plus incitées à produire, et par prolongement, à embaucher. Cela peut même les pousser à licencier, ce qui fragilise encore plus la situation financière des ménages et accentue la probabilité qu’il y ait des défauts de paiement et des faillites. Face à tous ces éléments, l’économie entre alors dans un cercle vicieux déflationniste qui s’auto-alimente.

Afin de casser cette dynamique négative et de relancer l’économie, Irving Fisher préconise que la puissance publique intervienne, notamment à travers l’injection de liquidités. En effet, en tant qu’adepte de la théorie quantitative de la monnaie, il faut augmenter la masse monétaire pour stimuler les prix, dans le but de les faire repartir à la hausse, ce qui doit briser le cercle vicieux.

 

Le 100 % monnaie

Dans l’objectif d’éviter la survenue de krachs, Irving Fisher a proposé l’abandon du système de réserves fractionnaires, qui avait été mis en place, de manière officieuse, par les banquiers. Avec ce système, ces derniers gardaient l’or en faisant plutôt circuler des reconnaissances de dettes à la place. Sauf qu’ils ont commencé à distribuer plus de ces reconnaissances de dettes par rapport à l’or qu’ils détenaient, ce qui a eu pour effet de créer de la monnaie par le crédit. Fisher estime que les crises arrivent quand cette monnaie est détruite par le remboursement des dettes correspondantes, ou quand beaucoup de clients veulent retirer leur monnaie des banques (ce qui est souvent le cas au moment des crises économiques).

C’est sur la base de ce raisonnement qu’il propose de revenir à un système de réserves intégrales (qu’il appelle le 100 % monnaie) qui ne permet plus aux banques privées de créer de la monnaie. Cela signifie concrètement qu’elles ne pourraient donc prêter que de la monnaie que les clients auraient, au préalable, déposée sur les comptes d’épargne rémunérés (ce qui n’inclut pas les comptes courants). Dans ce système, l’émission de moyens de paiement et la création de la monnaie seraient donc intégralement assurées par l’État.

 

Irving Fisher : un militant de l’hygiène et de l’eugénisme

En 1898, Irving Fisher a eu la tuberculose, la même maladie qu’avait eue son père et qui l’a tué. Suite au diagnostic de cette maladie, Fisher a dû passer trois ans dans des sanatoriums (des maisons de santé où l’on traite les malades de la tuberculose) où il s’est finalement complètement rétabli. Cependant, cette expérience a fait naître en lui une vocation sur l’importance de la santé et de l’hygiène. C’est à ce titre qu’il préconisait de l’exercice physique régulier et l’évitement de la viande rouge, du tabac et de l’alcool. Dans un article qu’il a écrit sur le sujet, il explique par exemple que le tabac abaisse le tonus général du corps et diminue sa force vitale et sa résistance, il le compare même à un poison narcotique.

C’est sur la base de cette pensée que Fisher a soutenu la prohibition aux États-Unis, c’est-à-dire l’interdiction de la production et de la consommation d’alcool sur l’ensemble du territoire américain à partir de 1920, pour des raisons de santé publique et de productivité économique.

Par ailleurs, en tant que partisan de l’eugénisme, théorie qui cherche à réaliser une sélection sur les collectivités humaines à partir des lois de la génétique, il a aidé à fonder, en 1906, la Race Betterment Foundation, a siégé au conseil consultatif scientifique de l’Eugenics Record Office et a été président de l’American Eugenics Society.

Lorsque sa fille Margaret a reçu un diagnostic de schizophrénie, Irving Fisher a voulu la faire soigner à l’hôpital d’État du New Jersey à Trenton, dirigé alors par le psychiatre Henry Cotton. Celui-ci croyait en une théorie de la septicémie focale, selon laquelle la maladie mentale résultait de matières infectieuses présentes dans les racines des dents, les selles et d’autres endroits du corps. Collon a alors affirmé que l’ablation chirurgicale des tissus infectés pourrait atténuer les troubles mentaux du patient. La fille de Fisher, Margaret Fisher, s’est donc fait retirer des sections de son intestin et de son côlon, ce qui a finalement entraîné sa mort. Irving Fisher est néanmoins resté convaincu de la validité du traitement de Cotton.

Merci de me suivre et de partager :
Follow by Email
X (Twitter)
Visit Us
Follow Me
INSTAGRAM

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page

Retour en haut